(Lire l’appel : http://jevaisbienmerci.net/)
Le 5 avril 1971, paraissait le Manifeste des 343. 343 femmes déclarant en toute illégalité, avoir avorté pour s’opposer à une situation inique obligeant les femmes à avorter par leurs propres moyens, quitte à en mourir.
Le manifeste des 343 a sorti l’avortement du silence des cliniques privées étrangères que pouvaient se payer certaines femmes, et des appartements miteux où les plus pauvres allaient trouver les « faiseuses d’anges ».
Cet acte de désobéissance civile a rendu l’avortement visible et en a fait une question politique. Il a obligé les politiques à voir en face les mortes et les estropiées que sa loi absurde avait enterrées. Il a obligé les politiques à regarder l’avortement en face.
40 ans plus tard, où en est-on avec l’avortement ?
Du droit à disposer de son ventre… au droit à disposer de son ventre ET de sa tête !
Si en France, on ne meurt plus en avortant depuis 1975, en revanche, on est encore sommée d’en crever… de honte et de culpabilité.
Depuis le vote de la loi Veil en 1975, a‑t-on cessé de prédire le pire aux femmes qui décident d’avorter ?
« On voudrait crier.
L’avortement libre et gratuit c’est : cesser immédiatement d’avoir honte de son corps, être libre et fière dans son corps comme tous ceux qui jusqu’ici en ont eu le plein emploi ; ne plus avoir honte d’être une femme. » (Manifeste des 343, 5 avril 1971)
C’est ce que nous, filles des 343 réclamons aujourd’hui.
Une majorité de médias, de politiques, de médecins présentent sans cesse l’avortement comme un drame et un traumatisme dont on ne se remettrait pas : ces discours sur l’avortement sont des slogans éloignés de ce que vivent la grande majorité des femmes, ils ont pour but de les effrayer et de les culpabiliser.
Nous en avons marre que l’on nous dicte ce que nous devons penser et ressentir.
Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale.
Nous disons haut et fort que l’avortement est notre liberté et non un drame.
Nous déclarons avoir avorté et n’avoir aucun regret : nous allons très bien.
Libérer notre parole sur l’avortement
C’est la raison d’être de cet appel et de ce blog :
- Faire enfin émerger la parole des femmes qui ont avorté et qui vont bien. Cette parole est trop souvent passée sous silence.
- Faire entendre un autre discours pour que les femmes puissent enfin ne plus se sentir coupables de ne pas souffrir d’avoir avorté.
- Permettre aux femmes qui ont avorté et l’ont mal vécu de voir que ce n’est pas une fatalité, que la pression qui pèse sur nos épaules et nos ventres contribue à rendre les femmes malheureuses.
- Faire comprendre que ces discours dramatisant l’avortement peuvent jouer comme des prophéties auto-réalisatrices : lorsqu’on croit que l’avortement ne peut être vécu autrement que comme un drame, comment bien le vivre ?
13 réponses sur « Pourquoi cet appel et ce blog ? »
Je peux témoigner que même si avorter est une décision difficile, l’immense majorité des femmes qui sont passées dans le service où je travaillais s’en sont remises. Et tant mieux. La culpabilité n’a pas lieu d’être. Chacune a le droit de choisir sa vie, surtout quand les grossesses non désirées sont dues (comme je l’ai trop vu) à un manque d’information, à un refus de prescription (de DIU aux femmes sans enfants qui ne toléraient pas la pilule, par exemple) ou à l’incompétence des médecins. Le droit de choisir ça n’est pas, et ça ne doit pas être, une obligation de souffrir, physiquement et/ou moralement. Vous avez tout mon soutien, aujourd’hui comme depuis vingt-cinq ans.
Martin Winckler
Bonjour
Merci beaucoup de votre soutien.
Vous écrivez « même si avorter est une décision difficile »… Les témoignages (et les expériences personnelles qui nous ont fait créer blog et appel) disent que souvent, ce n’est pas le cas du tout. Avorter peut être une décision facile. C’est même souvent la partie la plus facile du parcours qui attend les femmes.
bonjour,
je n’ai pas avorté mais je connais pas mal de femmes, de mon entourage mais également par le biais de mon travail (suis diététicienne libérale) qui l’on fait et trouve que l’avortement est trop souvent vécu comme une culpabilité.
Et que dire des femmes à qui l’on a fait une hystérectomie « juste par précaution » et parce que « ça » (=utérus) ne leur servait plus à rien !!!
alors, oui, je soutiens votre démarche.
peut être manque-t-il une section, « je n’ai pas avorté mais j’en connais qui l’on fait »
[…] Pourquoi cet appel et ce blog ? | Les filles des 343 salopes […]
[…] les premiers à nous être tombés dessus lorsque nous avons crée il y a bientôt un an le site « IVG, je vais bien, merci ! », au motif que parler des femmes qui vont bien après leur IVG banalisait l’avortement. (voir à […]
[…] premiers à nous être tombés dessus lorsque nous avons crée il y a bientôt un an le site “IVG, je vais bien, merci !”, au motif que parler des femmes qui vont bien après leur IVG banalisait […]
[…] à nous être tombés dessus lorsque nous avons crée il y a bientôt un an le site « IVG, je vais bien, merci ! », au motif que parler des femmes qui vont bien après leur IVG banalisait […]
Avorté 2 fois, je vais bien merci ! 🙂 Pas de culpabilité, ni de honte, ni de décision difficile : une évidence pour ne pas gâcher 3 vies : la mienne, celle du zhom (qui n’en voulait pas non plus) et celle d’un enfant arrivé trop tôt et non désiré…
Aujourd’hui, 5 ans + tard, le zhom (toujours le même) et moi en voulons des enfants, des désirés, des bien accueillis… donc MERCI A CELLES (et ceux) QUI SE SONT BATTUS POUR L’IVG et pour notre liberté de choix et de vie ! 🙂
Bonjour !
J’y pensais depuis un petit bout de temps sans jamais passer a l’acte mais MERCI pour votre site ! Grande défendresse (comme je peux) des droits de la femme et surtout de celui de l’IVG, je n’avais jamais vu l’avortement de la meme manière que vous. J’ai toujours cru que les femmes qui avortaient souffraient de ce choix parce qu’en soit il n’est pas naturel. Et j’avoue avoir pris une claque d’une certaine manière et que je raterai pas une occasion de parler de cet aspect.
Bonsoir !
De l’intérêt du partage.
[…] Une initiative similaire avait été lancée en France en 2011 à travers un blog, « IVG, je vais bien, merci!« . […]
Bonjour,
Cela fait maintenant 5 ans que j’ai avorté. Grossesse non désirée malgré un contraceptif et encore aux débuts de nos études, la décision s’est assez rapidement imposée à nous. Je dis bien « nous » parce que nous étions et nous sommes toujours deux. Nous avons pris la décision à deux et nous avons vécu cet avortement à deux.
Je n’ai pas ressenti de culpabilité ni de honte même si cela a difficile. Je ne peux pas dire honnêtement que tout c’est bien passé pour moi puisque, même sans culpabilité, je ne l’ai pas bien vécu. J’ai toujours eu envie d’avoir des enfants mais je voulais faire les choses dans l’ordre, d’où une décision rapide, mais difficile.
J’ai la chance d’avoir un conjoint qui m’a soutenue et qui a compris mes sentiments contradictoires par la suite.
Aujourd’hui je peux dire que je suis heureuse de mon choix, je n’ai aucun regret et surtout, surtout, je n’ai pas honte d’en parler, que ce soit avec ma famille ou mon entourage plus large.
C’est important de faire comprendre que l’avortement est droit qu’il faut préserver !
Merci de ce site, merci du soutien envers le choix de l’ivg
je reviens du site ivg.net … Qui me choque énormément par son discours pro-vie.
J’ai avorté 2 fois, je vais bien merci. Mais dès que je parle d’avortement je remarque que beaucoup de femmes y font face au moins 1 fois dans leur vie, et que les 3/4 en souffrent par honte et culpabilité. Souvent des femmes de 10 ans mes ainées. Je fais au mieux pour les détendre et leur faire comprendre qu’il n’y a rien de honteux.
La dictature des médias et des mentalités patriarcales restent encore beaucoup trop présentes jouant toujours sur la sensibilité des femmes et de leurs »faiblesses ».
Quelle grande tristesse.
Merci pour ce site je vais parler de vous et continuez comme ça.