C’est chouette, c’est drôle, c’est profond aussi. Un seul souci : faut attendre la suite !
Catégorie : Vient de paraître
Publiées par l’INED (Institut national d’études démographiques) et disponibles ici.
Le mieux c’est de lire, c’est court et clair.
Je vous mets les trucs qui m’ont semblé plus importants
Le recours à l’IVG diminue. En 1975, le nombre moyen d’IVG par femme était de 0,66. En 2011, il était de 0,52.
Ce qui pourrait signifier qu’une femme sur deux avorte, mais 14% avortent deux fois ou plus. Finalement une femme sur trois avortera au moins une fois (en moyenne 1,5 fois dit l’INED, ahhh, les mpyennes).
J’ajoute que c’est à pondérer par le fait que 10 à 15% des couples ont des problèmes de fécondité, la moitié étant stériles. Ce qui augmente le nombre de femmes fertiles qui avortent au moins une fois.
Ce sont les femmes jeunes (en dessous de 25 ans) qui avortent le plus. Ce taux n’a quasiment pas diminué alors que le taux global a nettement diminué.
L’allongement de la durée pendant laquelle il est légal d’avorter (en 2001, de 10 à 12 semaines de grossesse) a fait légèrement augmenter « l’âge » moyen des IVG qui a depuis baissé à cause du recours croissant (et parfois malheureusement obligatoire faute de moyens) à l’IVG médicamenteuse.
Je vous cite la dernière phrase (résultant du fait que s’il y a moins de premières IVG, il y a de plus en plus d’IVG suivantes) : Le choix d’interrompre une grossesse est devenu un droit plus qu’un dernier recours.
Il a pour titre « On l’appelera Simone ». Le premier tome, c’était « Celle qui ne voulait pas d’enfant ».
La scénariste, Véronique Cazot le raconte ainsi : Jeanne commence une nouvelle vie à la campagne avec Jeff et prépare sa première expo photo. Adeline, toute dévouée à Célestin, 18 mois, a tendance à s’oublier un peu. Sa petite sœur, Lucie, découvre qu’elle est enceinte et ne se sent pas prête à être mère à 20 ans. Entre manque d’information, culpabilisation et obstacles à surmonter, Lucie réalise que, 37 ans après la loi Veil, avorter n’est pas encore simple. Incomprise par sa sœur, mais soutenue par Harry, son amoureux, et bien sûr par Jeanne, Lucie commence alors un drôle de parcours du combattant…
Ici, on parle plutôt de parcours de la combattante mais c’est pareil.
Avec la complicité de la dessinatrice Madeleine Martin, elle nous offre (enfin, faut l’acheter, c’est obligé !) une BD drôle et instructive, qui en plus cite notre blog.
Deux petites pages pour vous donner envie.
Notre livre est depuis le 18 avril disponible chez votre libraire si sa librairie est une bonne librairie. Sinon, commandez-le.
Il est préfacé par Carine Favier, présidente du Mouvement français pour le planning familial et Danielle Gaudry, membre du bureau confédéral du planning familial, chargée de la commission avortement.
Voici le début de l’introduction :
Avant 1975, en France, les femmes avortent dans la clandestinité et à leurs risques et périls. Beaucoup en meurent ou sont mutilées à vie. Chacune fait ce qu’elle peut, en fonction de son carnet d’adresse et de ses moyens. Certaines ont assez d’argent pour aller avorter dans quelque clinique suisse ou anglaise, tandis que d’autres se retrouvent sur la table de cuisine « d’une faiseuse d’anges », entre la marmite de pot-au-feu et le buffet en formica, en échange de quelques billets. D’autres encore sont obligées de se débrouiller seules et utilisent ce qu’elles peuvent pour s’avorter : « aiguille à tricoter, baleine de parapluie ou de corset, épingle à cheveux » mais aussi « des bigoudis, des scoubidous, des tuyaux d’aquarium, des piques (que les vendeuses utilisaient pour marquer les prix) […] des ciseaux, des fourchettes, des branches d’arbre, des tiges de lierre ou de persil, des os de poulet, du fil de fer, du fil électrique, un bout de bois » (GAUTHIER (Xavière), Paroles d’avortées, quand l’avortement était clandestin, La Martinière, 2004, pages 20–21.).
Quelles que soient les conditions, avant 1975,lorsqu’une femme est déterminée à avorter, elle doit supporter le pire. Combien d’entre elles sont allées travailler avec une sonde introduite dans l’utérus, souffrant le martyre dans l’espoir d’interrompre une grossesse dont elles ne veulent pas ? Gisèle Halimi raconte ainsi qu’elle a plaidé des jours entiers au tribunal, avec une sonde sous sa robe d’avocate. Pendant le procès, elle se tient debout, malgré « une douleur intolérable,fulgurante », des « vertiges [qui lui] brouillaient la vue » et « une fatigue atroce » (HALIMI (Gisèle), La cause des femmes, Grasset, 1973, pages 47.). Pour déclencher l’avortement, les femmes essaient de provoquer une infection. Certaines arrivent à l’hôpital à temps :la grossesse est interrompue et l’infection peut se soigner ;d’autres arrivent trop tôt, et repartent avec leur grossesse etquelques médicaments pour soigner l’infection. Et puis il y acelles qui n’arrivent jamais à l’hôpital ou qui arrivent trop tard, alors que l’infection ne peut plus être enrayée : elles perdent alors leur utérus, leurs trompes ou leur vie, à la suite d’une septicémie, d’une hémorragie ou d’une embolie.
De nombreux-ses militants-es luttent contre cette situation intolérable. En avril 1971, 343 femmes prennent le risque de déclarer publiquement avoir avorté, et ainsi enfreint l’article 317 du code pénal français. Ce faisant, elles s’exposent à une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement si le Ministère publicchoisit de les poursuivre – ce qu’il ne fit pas. Par cet acte de désobéissance civile, les femmes signataires du Manifeste des 343ont contribué à faire de l’avortement une question politique. Il faudra encore quatre années d’âpres luttes (Ces luttes furent menées par des femmes, des médecins, des avocat-es… On se souvient par exemple du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de lacontraception), du MFPF (Mouvement français pour le planning familial), ou encore de l’association « Choisir la cause des femmes », fondée notamment par Gisèle Halimi.) pour que soit – difficilement – votée une loi autorisant le recours à l’avortement.
Cette loi, d’abord votée pour un temps défini (cinq années) est arrachée dans un climat d’une grande violence, notamment vis-à-vis de la ministre de la Santé, Simone Veil, qui essuie de nombreuses insultes. Mais la loi est là. Elle permet enfin aux femmes d’avorter dans de bonnes conditions sanitaires, au sein d’hôpitaux français et sans risquer leur vie. Mieux, dès 1982, l’acte est enfin remboursé par la Sécurité sociale. Mais l’avortement est soumis à de nombreuses conditions : les femmes doivent obligatoirement se rendre à un « entretien social » avant chaque IVG, l’avortement n’est autorisé que dans un délai de 12 semaines d’aménorrhée (absence de règles), soit dix semaines de grossesse, et les jeunes femmes mineures doivent obtenir le consentement de leurs parents pour bénéficier d’une IVG. Il faudra attendre 2001 pour que le délai légal passe de 12 à 14 semaines d’aménorrhée (soit de 10 à 12 semaines de grossesse), que l’entretien préalable obligatoire soit supprimé pour les femmes majeures, et que les mineures puissent avorter sans le consentement de leurs parents.
Dix années après la loi de 2001, trente-cinq ans après la loi Veil et plus de quarante années après le Manifeste des 343, où en sommes-nous avec l’avortement ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir à travers les témoignages de femmes, de militant-es et de soignant-es.
« Vous devez vous sentir coupable » Notre action a débuté à l’occasion des 40 ans du Manifeste des 343, en avril 2011. Nous, filles des 343, avons souhaité donner à nouveau la parole aux femmes, pour lutter contre la culpabilité et le silence dans lesquels, encore actuellement, sont enfermées celles qui décident d’interrompre volontairement leur grossesse. À travers les témoignages que vous allez lire, se dessine l’image de l’avortement aujourd’hui en France – et cette image est, c’est le moins que l’on puisse dire, contrastée.
Commençons par ce qui est encourageant. Les femmes venues témoigner sur le site IVG : je vais bien, merci ! sont combatives et lucides. Conscientes que ce droit fondamental est sans cesse menacé, elles ne semblent pas prêtes à baisser la garde.
Un an et Un livre !
Le site « IVG, je vais bien, merci ! » a un an !
L’année dernière, alors que le Manifeste des 343 fêtait ses 40 ans, nous avons décidé de créer un espace de parole déculpabilisé et déculpabilisant sur l’avortement.
Nous en avions assez qu’une majorité de médias, de politiques et de médecins présentent sans cesse l’avortement comme un drame et un traumatisme dont on ne se remettrait pas. Selon nous, ces discours sur l’avortement sont des slogans éloignés de ce que vivent la grande majorité des femmes, ils ont pour but de les effrayer et de les culpabiliser.
Aussi, nous avons voulu dire :
- Nous en avons marre que l’on nous dicte ce que nous devons penser et ressentir;
- Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale;
- Nous disons haut et fort que l’avortement est notre liberté et non un drame;
- Nous déclarons avoir avorté et n’avoir aucun regret : nous allons très bien !
Nous avons lancé un appel et une pétition, qui a pour l’instant recueilli près de 3000 signatures, et que vous pouvez toujours signer en vous rendant à l’adresse http://jevaisbienmerci.net/
UN AN, UN LIVRE !

Depuis avril 2011, nous avons recueilli sur ce site plus de 250 témoignages de femmes qui ont avorté, et vont très bien (merci !).
Nous voulions absolument que ces témoignages puissent être lus et partagés par un maximum de femmes : nous avons donc décidé de les rassembler dans un livre.
Sa sortie est prévue pour le 18 avril prochain, mais vous pouvez déjà l’acheter en ligne, sur le site des éditions la ville brûle.
Des Salopes et des Anges
C’est le titre de la BD que viennent de commettre Tonino Benacquista et Florence Cestac (chez Dargaud). Elle illustre l’histoire de la conquête du droit à l’avortement, avec des vrais morceaux de féminisme dedans. On y suit les tribulations d’un bus de femmes partant avorter en Angleterre, avant la légalisation en France.
Drôle, instructif et pertinent.