Je suis journaliste au Nouvel Obs, ami des 343, et nous préparons un dossier sur l’ivg. Je suis chargée d’un état des lieux en France. Je recherche donc des témoignages de jeunes femmes et jeunes filles ayant vécu un parcours d’accès à l’ivg difficile : pour avoir des rendez-vous, attitude du personnel médical, remarques déplacées…
Je peux évidemment garantir l’anonymat ou au contraire faire une photo si vous souhaitez dénoncer ça à découvert.
Merci beaucoup d’avance. C’est un article à rendre vendredi 12 septembre.
Bonne journée.
Cécile Deffontaines
cdeffontaines@nouvelobs.com
3 réponses sur « Un appel à témoignage pour le Nouvel obs »
Hé voilà cela n’arrive pas qu’aux autres pourtant j’ai bosser dans un service d’ivg , j’ai 30 ans deux enfants dont le dernier n’a que 18 mois , il y a quelques jours mon ainé me dit » maman tu as un bébé dans le ventre ! » je ris jaune ; ben oui les gosses ont un 6e sens : j’ai fait 6 tests tous positifs j’ai pleurer , puis bien sur j’ai pas pu faire les beta hcg aux urgences parce que « ma ptite dame on traite pas ca ici c’est les urgences obstetriques » pas ivg !! Paf premiere baffe , jour ferié oblige j’ai du attendre 48 heures pour confirmer ce que les nausées m’avaient deja apprises , taux de 332 , retard de 2 jours… Appel a deux services d’ivg : mais madame c’est trop tot pour faire une ivg il faut faire une echo de datation , notre insomnie commune persiste avec mon mari qui souffre autant que moi de cette situation , nous pleurons , nous doutons , nous aimons trop nos enfants pour imposer de nouveau cette fatigue , ces pleurs , je refuse de perdre encore la liberté que je possede . J’aime malgre moi l’amas cellulaire que je porte mais là maintenant il ne peut pas venir.
J’agis donc , j’agis comme nos grands meres le faisaient , je sais ce qu’il faut faire donc je le fait et je suis en train de provoquer la fausse couche seule chez moi entre deux biberons et une sortie d’ecole.
Je suis professionnelle de santé et aujourd’hui le systeme m’ecoeure , comment nos filles feront si elles sont pas entendues , si on fait durer une grossesse , notre corps nous appartient il vraiment ?
C’est grâce à une émission de Télévision que j’apporte mon témoignage. En 2012, je suis tombée enceinte, j’avais 43 ans. Je rentrais de Guadeloupe où j’avais 15 jours avec mon compagnon. J’avais toujours dit que si cela m’arrivait, je me ferais avorter. Cela m’est arrivé … J’ai pas paniqué . j’ai acheté un test de grossesse en pharmacie … test qui s’est confirmé positif en quelques secondes. La suite, un vrai parcours du combattant, médecin traitant (qui franchement ne pas du tout correctement diriger vers un service IVG), échographie et centre d’IVG de la Croix Rousse. J’ai rencontré une équipe sensationnelle qui surtout ne m’a jamais jugé ou incité à changer d’avis. Je savais ce que je voulais ‚avorter. Prise de sang, entretien avec le médecin … tout c’est passé très vite. Vu que j’étais à 5 semaines, j’ai pu faire une IVG médicamenteuse. Le lundi matin, prise du médicament pour stopper la grossesse (petit doute quand même) et sans réfléchir j’ai avalé le médicament. Deux jours se passent sans soucis jusqu’au mercredi, jour de l’expulsion à l’hôpital. Première prise, rien ne s’est passé pendant les deux premières heures. (Je commençais un peu à stresser). 30 minutes aprés la deuxième prise, l’expulsion s’est faite. J’étais à la fois triste et contente. Il faut dire que cette décision, je l’ai prise seule, je n’en avais parlé à personne ni à ma famille, ni à mon compagnon. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon geste. Je vais bien.
Aujourd’hui j’ai besoin de parler.
J’ai 22 ans et j’ai avorté il y a 5 mois. Je vais bien mais j’ai besoin de mettre des mots sur tout ça car j’ai comme l’impresion que cet épisode n’etait pas réel.
Je venais d’avoir mon diplome, je commencais mon job d’été pour partir ensuite en Nouvelle zelande travailler. Bref j’etais diplomée et pleines d’envies de vivre.
En juin je n’avais toujours pas mes regles, mais je ne trouvais personne autour de moi pour faire un test de grossesse. Seule j’avais peur de la reponse.
A la fin du mois ma meilleure amie revient enfin de ses études et nous realisons ensemble ce test. Evidement nous en rigolions car il etait impossible qu’il soit positif.
En ce jour de debut d’été je découvre qu’il est positif.
Celibataire je remonte jusqu’à ma derniere relation, une fete, l’alcool, un peu d’affection entre deux épreuves et le stress du diplome. Pourtant je l’avais prévenue que je ne prenais pas la pilule et je l’avais obligé a mettre un préservatif. Alors Pourquoi ?
J’ai trés vite agis en allant au planning qui m’a dirigé à l’hopital. Mais la, l’angoisse je suis dans les derniers jours pour subir l’IVG.. Tout tourne dans ma tete, ma vie bascule, mes projets, comment est ce possible ?!
Mon RDV à l’hopital je le fais seule, j’attend des heures pour voir enfin cette gyneco, cette femme pour qui j’éprouve beaucoup de rencune. « Il fallait peut etre s’en rendre compte avant » » C’est un peu tard » . Qui est elle pour me juger, si je l’avais su plus tot je n’aurais evidement pas attendu, et l’homme dans tout ça elle y pense ?
Elle me demande d’attendre dans cette petite salle d’attente ou je vois autour de moi que des bébes et des couples heureux d’avoir un enfant. Elle revient enfin pour m’annoncer qu’il etait trop tard et que aucune des medecins voulaient me prendre pour l’opperation… Je me sent trahis par ces femmes. Comment peut on me laisser comme ça ? On me dit qu’on va essayé de me trouver une place dans un autre hopital à 1h de chez moi, elle me donne un rdv chez le psy.
Je ressors effondré de ce RDV, je me sent sale et je perd toute confiance en moi. POURQUOI MOI ?
Je retourne au planning, heureusement une conseillere prend les choses en main et me trouve une place dans un hopital, elle me rassure, elle me soutient.
Le plus dure, l’annoncer à mes parents, leur réaction. Je devais etre soutenue je ne pouvais pas affronter cette épreuve toute seule. et toujours cette question, mais pourquoi ? On en avait parler ? comment est ce possible ?
Savoir la tristesse dans les yeux de mon pére et de mon frere me faisait perdre les pédales et me briser le coeur.
Neanmoins ils étaient la, present et je les remercie de tout mon coeur.
Le jour J est arrivée, ma meilleure amie est venue avec moi, jusqu’a la porte du bloc.
J’ai attendu dans cette salle pendant 1h, je voyais les medecins passer, regarder ma feuille de route, regard de méprisant ou de soutiens.
Mes larmes coulaient, je n’arrivais plus a rien garder, j’avais été forte juqu’à present mais la, je ne pouvais plus. tout ces RDV au service matérnité, ou autour de toi se trouve des femmes enceintes et HEUREUSES, et toi le parasite. Je gardais la tete haute pour ma mere qui m’accompagnait et qui vivait la scene avec le coeur brisé.
Je suis arrivée sur la table d’opperation, je me suis reveillée mon corps pleuré, je ne pouvais toujour pas gerer l’emotion.
Je voudrais remercier ce medecin, cette femme, cette douceur qui ne m’a pas jugé mais qui m’a accompagné. Elle m’a expliqué, elle ma conseillé.
Aujourd’hui je ne me vois pas avec un enfant, j’ai des projets, une vie a mener. Je ne parle plus de cette histoire, mais les actus sur l’IVG me donne envie de parler.
Suite a ça, je n’ai pas déprimé, je ne suis pas allée voir de psy, et j’ai ete soutenue.
Etre entourée et pouvoir en parler c’est la meilleure des therapie.
J’ai un travail dans le domaine qui me plait, je pars en voyage pour une durée indeterminée l’été prochaine, j’ai des reves pleins la tete.
Je pense qu’il faut en parler, j’ai avorté et je ne suis pas une prostituée. Je suis une jeune femme qui vie avec son temps.
Les garcons devraient aussi etre ciblé et prévenu, car eux aussi sont dans l’histoire.
On veut profiter de la vie, c’est ca que l’on dit quand on est jeune. Mais attention les filles, proteger vous , du sexe, de la drogue, et des hommes.
j’apprend de mes erreures, j’avance et je grandis. J’ai 22 ans, j’ai avorté et je vais bien.
MERCI