L’auteure du blog Dix lunes - Maternités, paternités, histoires de vie. Petits récits et autres brèves de sage-femme nous a envoyé le texte suivant et nous l’en remercions.
Un regroupement se présentant comme un collectif de sages-femmes ‑j’en tairai le nom pour éviter de leur faire de la publicité — réagit et s’oppose chaque fois que la possibilité pour les sages-femmes de réaliser une IVG médicamenteuse est abordée. Un nouvel amendement nous donnant cette possibilité devrait être examiné la semaine prochaine. Sous couvert de défendre les conditions de naissance, ce collectif dénonce le recours à l’avortement ; comme si l’un s’opposait à l’autre, comme si accouchement et IVG n’étaient pas les deux faces d’une seule histoire, celle des femmes.
Dans l’attente de la reconnaissance de cette compétence, j’accompagne déjà des femmes et des couples qui se posent la question de poursuivre ou non une grossesse.
Contrairement à ce qu’affirment les anti IVG, il n’y a aucune fragilité, aucune ambigüité dans ma position. Si l’on s’adresse à une sage-femme, c’est justement parce que l’on sait pouvoir trouver auprès d’elle attention et respect ; il ne s’agit pas de juger mais d’offrir notre écoute pour aider la décision à émerger, quelle qu’elle soit.
La loi Veil a été votée un an avant le début de mes études. Grâce à ce vote, je n’ai pas eu à connaitre les femmes décédant d’hémorragie ou de septicémie après un avortement clandestin.
Pourtant, ce droit à l’IVG est menacé. Certains centres sont fermés, les vacations, sous-payées, sont pour la plupart assurées par des médecins militants de la première heure et donc proches de la retraite. La relève tarde à venir.
Aussi, comme citoyenne, je revendique le droit des femmes à disposer de leur corps et veux bien m’engager plus encore pour garantir ce droit.
Comme militante de la naissance respectée, je dénonce l’amalgame entre défense de la physiologie et opposition à l’avortement.
Et comme sage-femme, je m’indigne de ces assertions qui voudraient nous faire croire que l’histoire des femmes peut se morceler, que nous devons être près d’elles quand elles accouchent mais nous en éloigner quand elles avortent.
Ma place de professionnelle est — toujours — à leurs cotés.
Une réponse sur « Ma place de professionnelle est — toujours — aux côtés des femmes »
Heureusement que des femmes telles que vous existent. Bravo et courage pour ce nouveau combat.