Vous pouvez laisser vos témoignages en commentaires. Ne laissez pas d’informations qui, croisées, permettent de vous identifier (sauf si vous y tenez) mais dites-nous un peu qui vous étiez à ce moment-là (âge, catégorie professionnelle, situation sentimentale…)
Catégories
12 réponses sur « J’ai avorté entre 1976 et 1980 et je vais bien »
J’avais 20 ans, j’étais étudiante. Des problèmes de sein et des médecins trop prudent-es me privaient de pilule, je n’avais pas encore pensé au stérilet et on ne parlait pas encore du SIDA. Sans partenaire régulier, je profitais de la vie en comptant les jours, méthode contraceptive peu fiable mais qui avait fonctionné pendant plus d’un an. A l’instant où il est sorti de mon studio, cette rencontre de fête dansante, j’ai réalisé que je m’étais plantée dans mes calculs. Joué une fois, perdu ! Heureusement, celui-là savait faire l’amour (ie connaissait l’existence du clitoris et savait en jouer).
J’ai avorté très tôt. Après une consultation chez un médecin encore inconnu qui a dit « faut en parler au père » (Au quoi ?) et l’entretien de rigueur. A la polyclinique de ma ville. J’en garde seulement le souvenir de l’infâme serviette hygiénique qu’illes donnaient aux imprévoyantes.
Je n’ai pas hésité une seconde, je n’ai pas regretté une seconde, je vais bien.
J’étais au pair à Rome où la pilule ne se vendait pas contrairement à la France, et en rentrant en France, les retrouvailles avec une ancienne relation m’ont fait oublier les règles de prudence. Ma situation était encore précaire et je ne voulais pas de cet homme pour père de mon ou mes enfants. Je n’ai pas hésité une seconde (j’avais 22 ans) mais l’avortement n’était pas encore légalisé. Aussi, c’est grâce au Planning familial où j’ai été bien accueillie, moi qui débarquais à Paris, que j’ai eu l’adresse d’un médecin qui a fait ça de façon tout à fait correcte dans son cabinet, en toute illégalité, mais avec beaucoup d’humanité, me disant que quand je le voudrais, j’aurais un enfant que je souhaiterais et que ce serait bien. Depuis, je me suis mariée, ai eu deux beaux garçons et suis grand-mère d’un magnifique petit enfant. Je n’ai jamais regretté cet avortement et n’en ai jamais souffert. Il vaut mieux me semble-t-il avoir un enfant désiré et attendu avec amour plutôt que l’accident qui s’accompagne trop souvent de mal-être et de regrets. Bien sûr, le mieux, c’est d’éviter l’accident.
C’était en 1975. J’étais étudiante et javais 19 ans. Je ne prenais pas la pilule. Insouciante, immature. Puis j’ai eu plusieurs relations sexuelles avec le même homme de 26 ans. Et ce qui devait arriver arriva. J’ai été enceinte. Aussitôt nausées, vertiges, dégoût, panique. J’en ai parlé à cet homme. Il m’a proposé de « garder l’enfant », puis le mariage tout en continuant mes études. Au moins n’était-il pas un goujat ! Mais ce n’était pas l’avenir que je me préparais. J’étais en Belgique lorsque cela m’est arrivée. J’ai tout plaqué et suis rentrée dare-dare chez ma ma mère à qui j’ai tout confié. Elle m’a demandé ce que j’envisageais et m’a proposé de m’aider si je souhaitais avorter. Il est évident que c’était ma volonté absolue !! La loi Veil venait juste d’être votée. Je me suis donc rendue chez un gynéco dont j’étais sûre qu’il ne m’opposerait pas sa « conscience » et qui pratiquait les IVG. C’est avec le personnel de la clinique dans laquelle il opérait que les choses se sont gâtées : aides-soignantes pendant la préparation pré-opératoire, infirmières. Mépris, condescendance, morale. Insupportable et humiliant. Mais bon, l’IVG avait eu lieu. Une huitaine de jours après, je suis retournée en consultation chez le gynéco pour vérifier que tout allait bien. Je lui ai demandé de me prescrire la pilule et là, il m’a proposé un stérilet. J’ai accepté, pour éviter la contrainte de la prise quotidienne de la pilule à la même heure et le risque d’oubli. Et en 1 an, j’ai développé un staphylocoque doré (ce qui avait été diagnostiqué à l’époque) dans l’utérus. Douleurs violentes pendant des mois dans le bas-ventre. Et je me suis demandée, si en fait, le gynéco ne l’avait pas fait volontairement. Ma « punition » ! car tous ceux que j’ai consultés après ont insisté sur le fait que l’on ne pose jamais un stérilet juste après une IVG. J’ai couru le risque d’être stérile à cause d’un gynéco et de son stérilet expiatoire . Ce ne fût pas le cas car j’ai aujourd’hui un grand garçon que j’ai voulu et désiré. Et malheureusement il y a quelques années, me pensant déjà dans l’âge de la pré-ménopause (toujours immature dans mes capacités de reproduction !), j’ai été à nouveau enceinte. Nous étions dans les années 90 et j’habitais une grande métropole française ! Et là, le parcours du combattant fût pire qu’en 1975, 20 ans à peine après le vote de la loi Veil. J’ai dû répondre à un véritable interrogatoire inquisitorial devant le gynéco, le planning familial (si, si !) avant, enfin, d’atterrir dans la clinique qui pratiquait les IVG. Tout cela dans un délai si long que je me demandais si à la fin, je resterais dans la période des 10 semaines légales. A la clinique l’accueil fût agréable et tout s’est bien déroulé. Aujourd’hui, il est scandaleux que cette loi Veil soit si peu et si mal appliquée. Que des médecins opposent leur « clause de conscience » ! Mais il est choquant également que bon nombre de femmes, l’air pincé et la morale au coin des lèvres condamnent l’IVG. Chacune d’entre nous aurait préféré évité d’en arriver là. Ce n’est pas un acte banal ; mais à ce moment de notre vie, nous n’étions pas prête. Pas en mesure d’élever un enfant, de le reconnaître en devenir, pas apte à l’aimer. Aujourd’hui je ne regrette rien. Je n’ai pas de remords. Donner la vie est un acte trop grave pour ne pas le subir, ni le faire subir.
j’ai avorté un mois après le vote de la loi. J’ai donc eu droit à une vraie clinique, mais, curieusement, j’ai tout de même du retourner chercher des espèces pour payer le chirurgien. Je n’ai eu qu’une insensibilisation, pas une vraie anesthésie. Je ne me sentais pas coupable du tout, en mon âme et conscience, et je n’ai pas fini d’être surprise par la pression culpabilisante ou apitoyée de l’entourage de l’évènement. On touche là à un tabou irrationnel, tandis que tout le monde est habitué à considérer la guerre comme inévitable, voire nécessaire. J’ai du taire et garder pour moi ce qui était une immense joie et non un drame: éviter à une mère (moi) et à son enfant non désiré le malheur affectif et financier, le temps de leur vie entière.
Depuis, j’ai eu quatre enfants (ils vont bien, merci) et j’ai du avoir encore recours plusieurs fois au RU 486 parce que ma physiologie est complexe et que la contraception pour moi est une chose très compliquée. Pour autant, je ne souhaitais pas avoir douze enfants et n’aurais certes pas été capable de les assumer, ni financièrement, ni affectivement. Ma santé non plus ne me l’aurait pas permis. Je préfère m’occuper correctement des quatre que j’ai là. Une naissance est parfois dramatique mais l’avortement l’est très rarement.
J’ai avorté en 1979 à l’Hôpital Beaujon (Clichy). Je n’ai pas eu l’impression qu’on ait essayé de me culpabiliser. Juste que l’entretien préliminaire avec une assistante sociale m’a semblé un peu inutile car le passage en revue des moyens de contraception m’a semblé inutile dans mon cas : je connaissais déjà, j’avais juste arrêté la pilule pendant 2 ou 3 mois parce que j’en avait marre qu’elle me fasse mal au seins (après, j’en ai trouvé qui m’ont fort satisfaite, jusqu’à ma ménopause, merci le progrès !). Bien traitée, infimières et médecins sympas, un confort de soins « comme une maladie normale ». Alors je profite de l’occasion que m’offre ce blog pour remercier tous ceux qui ont pu faire en sorte que je puisse vivre comme je le souhaitais. Mais c’était il y a longtemps ! Le discours actuel me désole.
Je n’ai culpabilisé ni avant ni après. Et 35 ans après, je ne regrette toujours pas ce choix.
Je me suis retrouvée enceinte en 1978 ; j’avais 18 ans, je commençais mes études d’enseignante. Cette grossesse non désirée était une catastrophe. Sans hésitation, j’ai avorté. A 30 ans, j’ai désiré et eu un enfant. Quel bonheur de vivre cette grossesse et cette maternité voulue. Aucun regret, aucune culpabilisation. J’ai 51 ans. Je vais bien.
J’avais 20 ans en 79. J’ai bénéficié d’un avortement thérapeutique à l’hôpital Brunet à Toulon. Un changement de pilule avec l’arrivée des mini, peut être un oubli, bref grossesse enfin diagnostiquée à 15 semaines ! Par chance le foetus n’était pas correct, ce qui m’évita un avortement à l’étranger.
Planning familial, leçon de moral à toutes les étapes du long chemin qui me mena enfin au bloc. Souvenirs flous de réflexions mauvaises des aides soignantes. Dilatation du col avec » crayons » toute la nuit précédant l’intervention. Pas de calmants. J’avais un compagnon, vivait déjà en couple, ne voulait pas d’enfants et n’en ai pas eu. Le soir de l’intervention, j’étais en boîte de nuit, tout allait pour le mieux. J’étais trop jeune pour me défendre, mais quelles garces ces soignantes, je pense que la morale judéo chrétienne était encore très puissante à cette époque. Mais que je suis contente d’avoir pu vivre ma vie comme je le souhaitais, sans être mère. Je pense que je pouvais subir bien pire sans me plaindre pourvu que l’on me débarrasse de cet imprévu.…
J’avais 21 ans en 1976, étudiante à Strasbourg, j’ai fait une pause-pilule, et zut (zut ? plus si sûre maintenant, je voulais sans doute savoir si je pouvais, moi aussi, être enceinte —pas faire un bébé. On se glissait entre copines que l’hôpital, c’était l’enfer, l’interrogatoire, la culpabilisation, et le nom d’un docteur complaisant (ou courageux ?) circulait. Ma mère a été un énorme soutien, à distance, par téléphone. La veille de l’IVG: « Ah, tu sors ce soir avec tes amis, c’est bien, change-toi les idées ». Elle savait que ce n’était pas « une lettre à la poste ». Le médecin a demandé que mon copain soit là parce qu’il me trouvait trop tendue. Il a été là… mais il a vite soulagé son anxiété en tombant dans les pommes. Il va bien maintenant. Moi aussi d’ailleurs. Happy ending: nous avons trois superbes garçons, on a fait exprès de les avoir ces trois là.
J’avais 25 ans , mère de deux enfants âgés de 6 et 5 ans , dans un contexte de vie
conjugale » de fin de parcours ! « A cette époque , seul l’avortement dit « thérapeutique »
était pris en charge par la SS . Ma situation économique d’alors ne me permettait pas
de le financer , mais le gynécologue-obstétricien qui était en charge du suivi de mes
deux grossesses et qui m’avait également accouchée , a pratiqué cet avortement en le
déclarant comme tel . C’était à l’époque une démarche qui faisait preuve d’un engagement certain ( car prise de risque pour fausse déclaration ) et dont à ce jour
encore , je lui suis infiniment reconnaissante .
Bonjour,
Je suis une jeune journaliste qui réalise actuellement un documentaire sonore de 20 minutes sur l’avortement à partir de témoignages de trois générations de femmes.
Je suis donc à la recherche de femmes comme vous qui accepteraient de témoigner à mon micro.
Votre témoignage est très touchant et montre bien aussi les lacunes du système de prise en charge.
Vous pouvez me contacter à cette adresse mail : ballea@orange.fr
Merci beaucoup pour votre réponse !
Je suis née 13 mois après mon frère et ma mère m’a toujours dit que je n’étais pas désirée…
J’ai eu une première fille « stérilet ». Je ne pouvais plus prendre la pilule Stédiril qui augmentait de façon catastrophique mon cholestérol.
Alors, lorsque j’étais enceinte, pour la deuxième fois avec un stérilet « de Lippes », je n’ai pas hésité à avorter. Le gynécologue qui avait posé le stérilet a pratiqué l’avortement par la méthode Karman. En 1980, je connaissais la sophrologie et une sage-femme m’a proposé de me relaxer pour cette intervention. Tout s’est parfaitement déroulé, dans une ambiance sereine, sans anesthésie. Merci encore à ces praticiens grenoblois.
Plus tard j’ai eu une seconde fille qui a été pleinement désirée.
Lorsque mes filles ont été adultes je leur ai raconté cette histoire.
Mais je ne leur ai pas dit que le gynécologue à qui je demandais la ligature des trompes après mes accouchements m’a dit : « C’est contraire à mes convictions. Et, vous n’y pensez pas : s’il arrivait quelque chose à votre mari, en ne pouvant plus faire d’enfants, vous ne pourriez pas vous recasez ». Ce sont des phrases que l’on oublie pas.
Je n’ai jamais eu de regrets.
Je crois — qu’au contraire — j’en aurais voulu à cet enfant qui, à ce moment-là, aurait entravé ma carrière et m’aurait rendue dépendante d’un mari, comme ma mère !
Aujourd’hui j’ai peur de la régression que veulent ces gens qui s’arrogent le droit de décider pour les autres. Les raisons qui poussent une femme à avorter sont tellement diverses. J’espère que mes filles et petites filles ne se laisseront pas faire.
j’avais 16 ans en 1980, j’étais lycéenne. Ma mère avait prit un rdv chez son gynécologue de l’hôpital de Senlis pour que je prenne la pilule. c’est là que j’ai découvert que j’étais enceinte. ensuite ça a été très rapide (il me restait peu de temps pour rester dans le délais légal).
un entretien préalable au planning familial, sans culpabilisation ni rien de ce genre.
j’ai eu le choix entre l’IVG avec ou sans anesthésie. quand j’entend comment certain IGV se passe en 2016 c’est accablant, rien n’est acquis il faut toujours lutter !
je découvre qu’elle chance j’ai eu il y a 36 ans. je remercie ma mère, ce gynécologue et l’équipe médicale.
j’ai 52 ans, j’ai maintenant 2 enfants choisit, dont une fille qui ne se laissera pas faire.
je vais bien.