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127 réponses sur « J’ai avorté dans les années 2000 et je vais bien »
J’avais 27 ou 28 ans, un boulot en CDI assez prenant (cadre forfait jour, l’arnaque), et je vivais, très correctement, à Paris. Cela faisait à peine deux ou trois mois que je vivais une histoire d’amour passionnée avec cet homme, en train de divorcer, père de deux jeunes enfants. On venait de « faire le test » et donc, d’abandonner la capote. Je ne prenais pas la pilule, on se contentait de « faire attention ». Pas suffisamment, évidemment… Quand je lui ai annoncé cette « grossesse » non voulue, il a été très clair d’entrée de jeu, il n’en voulait pas. De mon côté, je me suis posé la question le plus honnêtement possible : non, je n’en voulais pas non plus, ça n’avait rien d’opportun, à aucun niveau. Ça n’a pas été une décision difficile à prendre.
Ce qui a été difficile, c’est le traitement de cette décision et de ses conséquences physiques par l’équipe médicale. Ma gynéco était super, elle m’a trouvé rapidement une place dans une clinique privée. En revanche, l’échographiste, quand il a compris que j’allais faire une IVG, s’est comporté comme un malotru, brutal, froid — limite malpoli. J’ai été tellement surprise que je n’ai rien dit.
Ensuite, la clinique : les IVG étaient toutes regroupées le samedi matin, dans une salle d’attente à part, histoire sans doute qu’on ne se mélange pas aux autres patientes. L’équipe était au mieux indifférente, travaillant mécaniquement, rapidement, comme à la chaîne, au pire visiblement exaspérée d’être là et hostile. Il s’agissait pour moi d’une IVG par aspiration. J’ai ressenti des douleurs intenables dès mon réveil. Au début, j’ai serré les dents, me disant que ça allait passer. De toute façon, l’équipe n’était clairement pas disponible ou à l’écoute. Au bout de 2h, je me tordais sur le lit, en proie à des douleurs très intenses, vomissant… Malgré ce, il a fallu que mon compagnon s’énerve tout rouge et en arrive à quasiment menacer l’infirmière en chef pour qu’elle me donne des anti-douleurs (l’anesthésiste était déjà rentré chez lui).
Je suis sortie de cette clinique dès que les anti-douleurs ont commencé à agir, j’étais dans une rage noire, comment l’équipe médicale avait-elle pu laisser une patiente souffrir ainsi, sans prendre en charge sa douleur physique ?!?
Aujourd’hui, j’attends un enfant, désiré, et qui va arriver au moment choisi par ses futurs parents.
De cette IVG passée, je ne conserve pas d’autre souvenir que cette colère contre des soignants qui n’avaient pas su, voulu ou pu assumer leur rôle.
Je travaillais dans un hôtel pour l’été, au Royaume-Uni. J’ai eu une aventure avec un collègue, le temps de la saison. Je ne prenais pas la pilule, nous n’utilisions pas de capotes. Nous faisions attention, i.e. il se retirait avant d’éjaculer… jusqu’au jour où il n’a pas senti l’éjaculation arriver. Sur le moment, j’ai bien sentie qu’il avait dérapé mais lui m’a dit qu’il avait géré, je lui ai fait confiance. Je me suis rendue compte que j’étais enceinte une fois rentrée en France. Hors de question, évidemment, de mener la grossesse à terme : encore étudiante, situation économique précaire, pas de relation stable. L’avortement était une évidence. Ça s’est très bien passé. Je n’en garde aucun traumatisme. Par contre, quand j’ai réalisais que j’étais enceinte et que j’allais devoir avorter, je me suis sentie bien bête de ne pas pris de pilule du lendemain par précaution ou même de ne pas avoir imposé le préservatif lors de nos rapports sexuels. Depuis, je suis intraitable sur ce point.
J’avais 22 ou 23 ans, à l’époque j’étais au chômage, et dépressive sévère. Je sortais avec un gars qui, au fur et à mesure, avait fini par faire de moi une loque, il n’avait aucune considération pour moi. Et moi je n’étais qu’une pauvre fille qui ne se rendait pas compte du tout de la situation, abrutie par les médicaments, sans aucun recul. Bref, une période pas glop du tout.
Je suis tombée enceinte suite à un oubli de pilule. Et la question de le garder ou pas ne se posait même pas, je n’ai pas réfléchi plus de 5 min. Comment garder un enfant alors que je n’avais pas de travail, deux loyers en retard, et alors que j’étais si mal que j’avais fait plusieurs séjours à l’hopital ? Sans compter le père qui ne voulait absolument pas d’enfant, qui s’inquiètait plus de savoir si j’allais avorter qu’autre chose, qui ne m’a pas soutenue ni accompagnée, et qui m’avait fait énormément de mal. Je me voyais mal avoir un enfant sans père, à lui dire à l’âge de 15 ans : ‘je suis désolée, chéri, ton père n’a jamais voulu de toi, il m’a fait beaucoup de mal’, et surtout à voir sur son visage les traits de son père qui me font tant horreur aujourd’hui. A imposer un enfant du mec que je hais le plus au monde à mon copain actuel, qui l’aurait certes accepté, mais peut-être difficilement.
J’ai avorté dans un centre et tout s’est très bien passé. Mon médecin a été super compréhensif, m’a aidée dans toutes les démarches, et tous les intervenants (écographistes, infirmiers, médecin) ont été exemplaires. J’ai eu très mal pendant l’IVG (par aspiration), j’avais la sensation que l’on m’aspirait les tripes, mais il y avait une infirmière d’une très grande gentillesse qui était à côté de moi pour me rassurer. Je me sentais mal non pas par rapport à l’avortement en lui-même, mais par rapport à toute la situation, je me rendais compte que je touchais le fond, et en ce sens l’avortement fut un déclic salvateur.
Aujourd’hui, tout va bien, je suis guérie de ma dépression depuis quelques temps déjà, je suis en couple et je n’ai jamais été aussi heureuse. Je ne pense quasiment jamais à l’avortement, je n’ai pas été traumatisée. J’ai toujours considéré cet IVG comme étant une chance de ne pas plonger un peu plus à une époque où je ne volais pas bien haut. Bien évidemment, de temps en temps je m’imagine quel âge il pourrait avoir aujourd’hui, ce bonhomme non-né, mais rien de bien sérieux. Point barre.
J’ai eu la chance d’avoir été entourée, et surtout de ne pas avoir été jugée, d’avoir vécu celà dans des conditions très décentes. Je souhaite à toutes celles qui passeront par ça que ça se passe aussi bien. J’ai mal au coeur de voir que toutes ces années après la bataille pour la légalisation de l’IVG, on en soit encore à faire des pétitions, créer des sites pour déposer des témoignages, manifester dans les rues. J’ai mal au coeur de me voir écrire mon histoire, tellement banale, pour faire entendre aux gens ‘ouvrez-les yeux, nous ne sommes pas traumatisées, ou dépressives, ou mortes, parce que nous avons avorté’. J’ai 26 ans et j’ai mal au coeur de voir que les conditions de l’IVG en 2011 peuvent être si excécrables. J’ai mal au coeur de devoir gueuler aux gens qui ne me comprennent pas : ‘oui, j’ai avorté, et je vais bien’.
J’avais 24 ans, en dernière année de Sciences-po. Je sortais depuis quelques mois seulement avec un garçon de mon âge dont j’étais en train de tomber amoureuse. Lui aussi terminait ses études. Une soirée trop arrosée au nouvel an et un accident de capote plus tard, j’étais enceinte. Ma toute première pensée a été : » ça va tout changer entre nous ! ». Pas une seule fois je n’ai songé à le garder, ce petit amas de cellules : je n’avais pas investi des années dans mes études (sans parler de l’effort financier de mes parents) pour tout foutre en l’air au milieu de la dernière ligne droite. Et je n’allais certainement pas me lier à vie avec un homme que je connaissais à peine, quelques soient mes sentiments pour lui !
J’ai eu de la chance : je m’en suis rendue compte très tôt, donc j’ai pu faire ça par voie médicamenteuse. Je n’ai quasiment rien senti. Le moment le plus pénible a été la consultation avec la gynéco (de ville), qui m’a traitée comme une pauvre petite chose seule face à cette horrible décision. Elle m’a même proposé d’attendre encore quelques semaines, alors que j’étais parfaitement sûre de moi.
Je n’ai jamais regretté ma décision, je n’y pense quasiment jamais, sauf quand j’apprends les difficultés qui s’accumulent pour les femmes qui veulent, comme moi, avoir la liberté de décider de leur vie. Un jour prochain je deviendrai mère, mais c’est moi qui choisirai ce jour
un copain de passage. un oubli de pilule.
déjà, j’avais un petit, conçu dans l’amour mais élevé sans son père, parti entretemps.
hors de question de concevoir un être humain sans projet pour lui !
la galère financière aussi, mais pas seulement.
beaucoup, beaucoup pleuré. Oui parce qu’on a aussi le droit de pleurer, hein, les filles, c’est pas comme arracher une dent. Même si ça faisait genre 2 semaines (la chance de m’en apercevoir vite, d’être dans une ville où on peut faire ça vite).
La sale gueule de certaines connasses du centre hospitalier. La compassion de celle qui me remet les cachets. L’obligation de faire ça en « maternité » : quelle hérésie. Croiser des jeunes mères rayonnantes, quand je connais la joie que procure une naissance, l’immense amour.
Psychologiquement on peut avoir besoin d’un suivi. J’ai un jour rêvé de ce « bébé » nul et non avenu, c’était étrange… je croyais l’affaire classée… jusqu’à ce que je réalise que c’était 9 mois pile poil après mon avortement. Etrange !
Bref ! C’est la meilleure décision que j’aie pu prendre dans ma vie. La plus dure aussi.
Je suis aujourd’hui en couple, heureuse, épanouie. Nous avons eu 2 enfants, vécu en couple des grossesses magnifiques (sans gynéco, merci, il y a les sages-femmes pour un suivi bien fait), nous en élevons donc 3, à qui j’expliquerai en long, en large, en travers, les multiples possibilités de CONTRACEPTION auxquelles nous avons la chance d’avoir accès en 2011.
Le top, c’est quand même de pouvoir éviter. Alors, soutenons les plannings, investissons les collèges, apprenons aux jeunes à découvrir leurs corps et le PLAISIR sans vivre une ivg derrière…
J’avais 16 ans, ( à présent 21) j’étais en couple avec un garçon de 19 ans, qui ne vivait pas dans la même ville que moi.Un oubli de pilule et trois semaines après je commence à me poser des questions… J’achète un test de grossesse et m’enferme dans les toilettes de l’appartement familiale.Le test ne fonctionne pas.Je suis sortie et j’ai fait par de mes doutes à ma mère qui m’a aussitôt envoyé faire des analyses.Analyses avérées positives.Ensuite tout est allé très vite, le gynéco qui m’a regardé en disant » et bien madame votre fille sort définitivement de l’enfance », le planning familiale de ma ville qui devait me signer un certificat pour que je ne doive pas patienter pendant 15 jours, eux ce sont montrés très désagréables, ce qui m’avait beaucoup choqué à l’époque.
J’ai avorté par voie médicamenteuse, dans une petite clinique.Ma mère était là ainsi que mon copain, l’atmosphère n’était pas détendue, ma mère et moi nous nous sommes disputées, j’ai fini par m’enfermer dans les toilettes en attendant la fin.Je n’ai pas trop souffert.Sortie de là, j’ai oublié rapidement cette histoire, je n’ai pas une seule fois hésité à avorter et heureusement.je connais beaucoup de filles de mon âge qui ont des enfants, qui le vivent bien, mais non, ce n’est pas le bon moment pour moi.Je reste lucide , il me reste beaucoup de chemin à faire et bien des personnes à rencontrer.
J’étais étudiante et en couple avec des hauts et des bas. Après un « break » et des retrouvailles concrétisées par un rapport sans contraception, je suis tombée enceinte.
Après un test en pharmacie (faux) négatif, je suis allée faire une prise de sang dans un labo. Lors de la remise des résultats, j’ai demandé à la secrétaire médicale si j’allais savoir interpréter les résultats seule ou s’il fallait que je retourne voir un médecin. Elle m’a pris l’enveloppe des mains, l’a ouverte en levant les yeux au ciel et en soupirant « c’est positif ». Le sol s’est dérobé sous mes pieds. J’en ai parlé à mes amis, à mes parents, j’ai pris rdv chez ma gynéco pour entamer au plus vite les 7 jours de réflexion.
J’ai avorté par voie médicamenteuse, dans un hôpital public génial, où je n’ai pas été jugée, où on m’a expliqué tout ce que mes profs de bio du lycée n’avaient pas expliqué (non, non, l’ovulation n’a pas systématiquement lieu le 14ème jour du cycle).
J’ai eu un peu mal le jour même, j’ai été un peu triste, mais j’ai tout de suite su que c’était la bonne décision.
Cet avortement a été décisif dans mon engagement et mon militantisme féministe, et quelques années après (je ne me souviens plus de l’année exacte, c’est dire), je vais bien, merci!
J’avais 24 ans, en couple depuis 7 mois. Une contraception difficile (ne supportant pas les traitements hormonaux, c’est complqiué de trouver une solution autre), un dérapage et je me retroure enceinte. L’angoisse! J’ai beaucoup pleuré, mais la solution était évidente. J’avais beau être amoureuse je savais que si je le gardais, je finirais mère célibataire, non merci! J’ai donc pris rendez-vous au planning familial, où tous le monde a été très compréhensif sauf la gynéco qui m’a fait la morale. Très désagréable dans un moment où j’étais déja assez déboussoulé.
Par ailleurs l’IVG s’est fait sous anesthésie générale, je n’ai pas souffert et le personnel hospitalier a bien fait son travail.
Je ne regrette rien, même si ça n’a pas été facile. Si je l’avais gardé je serais dans une situation merdique, et avec un gamin malheureux!
Je suis maintenant avec un homme merveilleux, un job très intéressant, et nous deviendront parents lorsque nous le décideront.
Je vais très bien, merci!
J’ai avorté en 2000. Je venais d’avoir mon 2e enfant. Ma contraception à l’époque n’était pas efficace (préservatif). Je ne voulais pas d’autre enfant, j’ai décidé d’avorter, mon compagnon m’a dit que c’est mon choix et dans tous les cas le soutiendra.
j’ai avorté par voix médicamenteuse, le médecin m’a prescrit tout cequ’il fallait, et j’ai avorté chez moi, le lendemain je suis retournée le voir dans la clinique (privée) pour contrôler que tout c’était bien. Rendez-vous au petit matin dans un bâtiment à l’écart, c’était glauque à souhait. Mais dans tous les cas, le médecin était très bien.
Je vais très bien et pas de regret, aucun si ce n’est de n’avoir pu avorter à l’hôpital public mais chez moi, sans suivi réel…
et oui je vais et vis bien!
J’avais 17 ans quand je me suis rendue compte que j’étais enceinte du garçon que je venais de quitter, à quelques jours du bac de français.
Je n’ai pas voulu en parler à ma famille, je me suis rendue au planning familial suffisamment tôt pour pouvoir pratiquer un avortement médicamenteux.
C’est étonnant comme des choix peuvent changer une vie. Si j’étais tombée enceinte à 15 ans, j’aurais probablement poursuivie la grossesse, car à cette époque je n’avais aucune perspectives, aucune envie de faire des études, et surtout, j’étais dans ma période « les-enfants-c’est-trop-mignon ». Puis j’ai eu un déclic au début du lycée, j’ai vu qu’en travaillant en cours (pour la première fois de ma vie), je pouvais obtenir de bons résultats, et cette grossesse est arrivée juste au moment où je commençais à avoir de vrais projets pour mon orientation après le bac. Je n’ai pas hésité une seconde, j’ai tout de suite su qu’il fallait que j’avorte.
Je n’ai rien regretté, ni sur le moment, ni par la suite. En dehors du caractère désagréable de l’avortement en lui même (qui rend d’ailleurs absurde les discours sur le soit disant danger que des personnes sen servent comme « moyen de contraception régulier »), je n’ai pas vécu cette période comme difficile, ni même marquante. C’est comme ça, c’était un choix entre moi et moi, et le phoetus avait la taille de l’ongle de mon petit doigt, il ne m’est pas venu à l’idée de culpabiliser.
C’est seulement par la suite, devant la réaction de certaines amies plus « conservatrices » à qui j’ai parlé de cet avortement que j’ai pu sentir la pression sociale qui entourent les femmes qui avortent et me sentir culpabilisée (ou en tous cas, sentir que les gens auraient trouvé normal que je le sois).
Aujourd’hui, j’ai 25 ans, et je poursuis toujours mes études. Je n’ai vraiment pas l’intention d’avoir un enfant avant un bon moment, et si je devais à nouveau avorter un jour pour pouvoir mener ma vie comme je l’entends, je n’hésiterai pas.
Merci pour cet espace de partage déculpabilisant.
J’avais 19 ans, c’était au tout début des années 2000. Je démarrais la fac. Je prenais la pilule, mais l’avais oubliée deux ou trois jours d’affilée. Ce n’était pas dramatique pour moi car nous utilisions également un préservatif avec mon ami, or celui-ci a craqué. J’ai pris la pilule du lendemain, n’ayant pas été suffisamment régulière dans la prise de la pilule.
Première épreuve à subir, je n’ai pas retrouvé le préservatif et ai dû aller chez le médecin pour le faire retirer. Et puis quelques temps plus tard j’ai commencé à aller très mal physiquement sans avoir la moindre idée de ce qu’il m’arrivait. Le médecin de nuit m’ayant auscultée devait, elle, avoir la sienne, car elle m’a prescrit une prise de sang.
« Félicitations, vous êtes enceinte » m’a-t-on dit. A 19 ans, en début de fac, avec un copain qui ne voulait pas d’enfant (on habitait ensemble), ça m’a abattue. Pour mon généraliste, il était évident qu’il fallait que j’avorte. Presque aucun de mes proches n’a été mis au courant, et notamment personne de ma famille. Je voulais des enfants, à l’époque, mais pas comme ça, dans la précipitation, à 19 ans.
Ma mère m’avait assez reproché le fait qu’elle ait dû arrêter ses études jeune, à cause de sa grossesse, je ne voulais pas de ça. De plus, si je le gardais, il était convenu que mon copain s’en irait et que je devrais l’assumer seule. Voulant des enfants, cette décision a été très difficile à prendre. J’ai décidé d’avorter par RU486.
Le parcours du combattant a commencé. Généraliste, planning familial, trouver un RDV dans un hôpital pas trop surchargé (à l’époque ce n’était pas possible à domicile). Une fois à l’hôpital, mon discours à destination de la psychologue était rôdé. En fait, elle n’a pas tant que ça testé ma volonté. J’ai avalé mes pilules. On m’a installée dans une salle où nous étions deux filles en train d’avorter, sur un fauteuil où l’on pouvait allonger ses jambes, à Paris. Nous étions séparées par un simple paravent. C’était très glauque.
Ça a duré plusieurs heures. La fille d’à-côté a réussi avant moi. Moi, ça a duré toute la matinée et le début de l’après-midi. J’ai souffert comme je n’avais jamais souffert de ma vie. J’étais à la limite de perdre connaissance. J’avais mal, je voulais des anti-douleur, mais le médecin n’était pas très coopératif. Là j’ai ressenti que j’étais considérée comme une fautive : c’était de ma faute après tout si j’étais dans cette position, si je souffrais, je n’avais pas assez pris mes précautions. La douleur physique était comme une manière de me faire expier mes pêchés. La fille médecin n’en avait rien à faire de ma situation, elle venait me voir lorsque c’était nécessaire tout en m’ignorant. J’étais tellement mal que je n’avais plus aucun moyen de me défendre, moi qui d’habitude ne suis pas du genre à me laisser faire (bien qu’à 19 ans, un peu plus qu’aujourd’hui tout de même).
Et puis une infirmière est venue me voir. Je lui ai dit à quel point j’avais mal. Elle a eu pitié. Elle m’a fait venir avec elle et m’a fait une piqûre intra-musculaire pour me soulager. J’ai vomi. Ni ça, ni même les suppositoires de Lamaline ne pouvaient me calmer. Je voulais juste un lit, des draps, m’allonger, attendre que ça passe. Mais non, quand on avorte, on n’a pas droit à un lit.
Et puis c’est arrivé. Je suis allée dans les toilettes, au moment de l’évacuation de l’oeuf. On m’avait dit de le donner au personnel soignant, ce que j’ai fait. C’était bizarre, quelque chose qui sortait de moi et qui devait tout de suite être « évacué » de ma vue, de mes mains. Je ne l’ai jamais revu. J’ai lu par la suite certains articles mentionnant que les hôpitaux avaient parfois gardé ce genre de trucs dans du formol, ça m’a fait mal au coeur.
J’avais toujours très mal. L’infirmière m’a dit que je pouvais m’allonger dans la salle d’attente. La salle d’attente, quand même… Mais je l’ai fait. Je suis restée là, une heure, deux ou peut-être trois. Je suis partie lorsque j’ai été en mesure de marcher. J’ai repris mon train de banlieue, mes partiels, quitté mon job alimentaire. On m’avait parlé de suivi psychologique, je n’ai jamais rien eu.
J’étais très mal après mon avortement. D’une part, l’avortement est traité comme un sujet gravissime, on encense la vie, le fait de donner la vie. Je n’avais pas beaucoup songé à la question avant d’y être confrontée. Peu de personnes ayant été au courant de ma grossesse, je n’ai pas eu à subir la réaction des gens. Mais je la connaissais. Les cathos « pro-vie » d’abord, ceux pour qui avorter c’est voler une vie, tuer, égoïste, etc. Eux, j’en avais pas grand chose à faire.
Ce qui était plus dur à supporter, c’était le regard supposé des gens bien pensant prônant l’auto-responsabilité : si l’on avorte, c’est qu’on a fait quelque chose de mal. On n’a pas fait attention, donc il faut bien en payer les conséquences. Ça, ce sentiment diffus qui ne s’exprimait pas en paroles autour de moi mais que je sentais présent, était dérangeant. Je l’ai vraiment vécu à l’hôpital auprès du médecin à qui j’ai eu affaire. Pilule, préservatif, pilule du lendemain : que pouvais-je faire de plus ? Ce qui me gênait donc, ce n’était pas les radicaux, les « pro-vie », entendez « contre-choix », mais tous les autres : ceux qui sont pour l’avortement mais en définissent les frontières, les responsabilités, ceux qui alourdissent au maximum la charge psychologique que cela peut représenter.
Je l’ai très mal vécu. Je voulais un enfant, j’en avais presque un, je l’ai perdu. Je ne le regrette pas, mais il m’arrive toujours de me demander quel âge il aurait aujourd’hui, et la vie que j’aurais. Il aurait 10 ans, et j’aurais sans doute arrêté mes études bien plus tôt. Je l’ai très mal vécu pour trois raisons majeures.
1/ Physiquement. J’ai eu de nombreuses complications durant plus de 6 mois après l’avortement : infections à répétitions, que je n’arrivais pas à soigner par le biais d’ovules. Ces séquelles physiques m’ont marquée sur la durée, je ne pouvais pas oublier ce qui était sorti de moi.
2/ Relationnel. J’ai posé un ultimatum à mon ami : il fallait qu’il se décide, rester avec moi quoi qu’il arrive, ou bien qu’on se quitte après cette épreuve. Ayant trop peur que je ne garde l’enfant, il a décidé de me quitter. C’était très difficile à accepter. Nous sommes finalement restés ensemble mais ça n’a plus jamais été pareil. Déjà, les relations sexuelles étaient rendues très difficiles à cause de mes problèmes physiques (infections). Par ailleurs, je n’avais plus confiance en lui, j’avais été trop déçue par son comportement. Je n’éprouvais plus aucun plaisir sexuel avec lui et je suis allée voir d’autres hommes pour savoir si ce problème était physique (mes soucis d’infection) ou psychologique (plus d’attirance pour l’homme qui m’avait abandonnée). Je lui ai caché ces relations, et j’ai découvert que mes problèmes étaient plus psychologiques que physiques. Il s’est rendu compte que je le trompais, m’a trompée à son tour, et petit à petit nous nous sommes quittés. Ca, je le regrette encore aujourd’hui.
3/ Psychologiquement. Un avortement, ce n’est pas anodin. Avorter, ça ne doit être fait que dans des cas assez spécifiques : trop jeune, viol, etc. J’avais bien en tête tous ces discours. L’avortement était pour moi ce que la société dans son ensemble m’avait fait comprendre que cela devait être. J’avais intégré ces normes, et je me suis beaucoup montée la tête à propos de tout ça. Ca a été dramatique pour moi. Après avoir avorté, j’ai lu sur un forum féministe une fille qui parlait de son avortement de manière très détachée. Elle disait que ça avait été comme si elle était allée chez le dentiste se faire arracher une dent. J’ai été profondément choquée. Je venais de sortir de l’hôpital, et j’ai trouvé ça horrible. J’ai dit à la fille ce que je pensais de son raisonnement.
Et puis j’ai réfléchi. Pourquoi l’avortement devrait-il être considéré comme un acte odieux ? Si l’on considère que ce n’est pas un être humain que l’on tue, alors pourquoi se monter autant la tête à propos de cet acte ? Si on n’a pas du tout investi affectivement cet oeuf, en quoi aurait-il plus de valeur qu’une dent ? La dent on en a besoin pour manger, l’oeuf on peut finalement assez bien s’en passer. Le discours de cette fille a été extrêmement violent pour moi à une époque où j’étais très mal mais il m’a mise en face de ces questionnements.
Pourquoi vivais-je l’avortement comme une tragédie ? Certes, il y avait ces problèmes physiques, difficiles à supporter, mais si je n’avais pas intégré tous ces discours moralisateurs à propos de l’avortement qui est *forcément* vécu comme une tragédie, peut-être l’aurais-je vécu différemment. Vous parlez de prophétie auto-réalisatrice sur votre site, c’est tout à fait cela. Ces discours ont éveillé chez moi de la souffrance, et cette souffrance a eu pour effet les problèmes relationnels que j’ai eus avec mon amis. Si je ne l’avais pas mis au pied du mur, si je n’avais pas été si peu sûre de moi à une époque où l’avortement était encore pour moi ce que le sens commun nous rapporte, je ne l’aurais pas vécu comme une telle épreuve. Et peut-être que nous ne nous serions pas quittés.
Aujourd’hui, j’ai près de 30 ans. Je ne veux plus avoir d’enfants. J’en ai rêvé toute mon adolescence, et puis j’ai découvert le monde. Pour certains, avorter est égoïste car c’est priver un être de la vie sur terre. Pour moi, enfanter est égoïste, quand j’observe ce qu’est la vie sur terre. Lorsque j’ai envie d’avoir un enfant — ce qui arrive parfois -, c’est surtout pour me retrouver un peu moins seule, fonder quelque chose avec quelqu’un. Peut-être changerai-je un jour d’avis et me déciderai à avoir des enfants. En attendant, je regrette toujours la norme visant à poser plus volontiers la question « Pourquoi tu ne veux pas d’enfants ? » plutôt que « Pourquoi tu veux des enfants ? ».
C’était en 2004, j’avais 24 ans, à peine sortie d’une histoire douloureuse avec un garçon de mon âge. Dépression, séjour à l’hôpital… En sortant, je recommence à fréquenter les boites de nuits et j’y rencontre un charmant jeune homme avec qui je suis aujourd’hui en couple. Lors de nos premières amours, j’ai oublié une pilule, je m’en suis rendue compte alors par précaution, nous utilisions des capotes. L’une d’elles à craqué. Je me suis dit « ce serait vraiment un gros coup de malchance de tomber enceinte avec une pilule oubliée et une capote percée… » Sauf que… Deux semaines plus tard, je n’ai toujours pas mes règles.
Je téléphone à mon médecin traitant qui me suis depuis 3 ans. Il me prescrit une prise de sang. Au résultat positif, je lui demande les modalités pour avorter et il me répond qu’avant tout, il fallait des examens pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une grossesse extra-utérine. Je refuse et lui demande de m’orienter vers un hôpital pratiquant l’ivg.
Il me rétorque que le serment d’Hippocrate le lui interdit, qu’il doit sauver des vies et non les tuer. Je repars chez moi, et je regarde sur internet. Pendant ma recherche, le médecin m’appelle sur mon portable et me fait un discourt de près d’une heure sur « mes responsabilités de femme qui doit porter la vie et non la détruire ». Je lui explique que je connais mon copain depuis trois semaines seulement et qu’il va me quitter si je garde cette grossesse, il me dit que c’est mon rôle, que je dois assumer. Voyant que je ne veut vraiment pas d’enfant, il essaie de me convaincre d’accoucher sous x. Puis voyant que je ne cède rien, il me traite d’assassin et raccroche…
S’en suit une longue procédure, à cause des délais « de réflexion » qu’on m’impose, je dépasse la date limite pour la solution médicamenteuse. Dans deux hôpitaux, il n’y a pas de place de libre avant que je ne dépasse le délais légal pour l’aspiration… Dernière chance, je me tourne vers une clinique.
L’aspiration fut la douleur la plus insupportable qu’il m’aie été « donné » d’endurer. Mon copain, venu me soutenir n’a pas été autorisé à entrer avec moi et m’a entendu hurler de l’extérieur… En face de moi : indifférence, mépris. On me dit franchement qu’il faut que je « réfléchisse la prochaine fois » et que l’on « avortait une fois mais pas deux si on ne voulait pas être traitée comme une irresponsable ». On me demande pourquoi je pleure, si je regrette et je répond, acide que j’ai mal et que je ne regrette rien.
Je suis douillette parait-il.
Quand j’en parle librement aujourd’hui, il y a un malaise, on ne parle pas de ces « choses-là » quand on est une bonne fille… On me dit que « tout le monde n’est pas prêt à supporter ce que je raconte ».
La seule chose que je regrette c’est la honte et le traitement que l’on m’a infligé. Je plains les femmes qui ont encore et auront encore à subir ces épreuves.
C’était il y a environ 5 ans. J’avais 22 ans. Si je témoigne aujourd’hui c’est surtout pour dénoncer les comportements et mépris dont j’ai été victime, qui plus est , comportement qui a failli me couter la vie.
Je me suis retrouvée enceinte. Bizarrement, je l’avais pressenti dés la première semaine. Un jour ou je ne me sentais pas bien, je me suis dit « je ne suis pas seule »… Allez savoir pourquoi?
Bref 1 mois plus tard, j’ai fait un test et celui-ci s’est révélé positif. J’en ai tout de suite fait part à mon ami. La décision a été rapide à prendre: nous étions jeunes, en couple depuis peu, étudiants, sans le sou.
Je suis donc allée trés rapidement prendre un rdv pour un avortement à l’hôpital. La liste d’attente était telle que j’ai eu un rdv 1 mois plus tard, soit à 11 semaines de grossesse!
J’ai trés mal vécu ce mois d’attente. Non que j’étais mal psychologiquement (bien que parfois prise par des doutes…) mais surtout j’étais mal physiquement: trés fatiguée, à perdre du poid, des saignements… (je n’était pas suivi par une gynéco: des mois d’attente pour les conventionnées et sinon des tarifs exagérés!)
Bref, mon ami et moi nous sommes rendu au rdv (c’était un 18 février: cette date m’a profondément marquée et tout les 18 février depuis, je me dis: « tiens, j’ai pas oublié qqchose cette année). Non qu’elle m’est marquée parce que j’allais me faire avorter, mais cette date m’a marqué pour la suite.
Le gynéco me reçoit (un homme, d’une cinquantaine d’année). Il nous a posé qq questions à mon ami et moi même puis à mis manu militari mon ami à la porte. Il était trés méprisant (le gynéco, pas mon ami!) . Il m’a demandé de m’allonger et m’a fait l’examen (en cachant bien evidemment l’écran, comme si de voir un foetus de la taille d’un ongle aller nous traumatiser). Je lui ai expliqué que l’examen était douloureux (echographie intra-vaginale) et que depuis un mois j’avais des petite perte de sang (détail qui a son importance, vous le comprendrez par la suite) . Je me tordais de douleur, c’étais comme si on me donnais des coup de couteau dans le bas ventre. Il m’a rétorqué « arrêter de gigoter sinon j’arrête l’examen et vous rentrez chez vous ». J’ai pris sur moi (quand j’y repense je ne sais pas comment, j’avais tellement mal!). Et là il m’annonce: « je ne vois pas de foetus, ou du moins celui-ci fait 6mm (pour une grossesse de 11 semaines, c’est surprenant: je lui ai d’ailleurs fait la réflexion): vous faite une fausse couche ». La je lui demande si c’est pour ça que j’ai si mal et que je saigne, il me répond (imaginez le scénario: un homme, médecin (toute puissance)méprisant; autoritaire, antipathique face à une gamine apeurée) : « vous croyez quoi? qu’une fausse couche est une partie de jambe en l’air! fallait y penser avant mademoiselle ». Sur ces belles paroles, il me demande de me rhabiller et me met à la porte.
Mon ami m’attendait dehors. Je lui explique. La, nous somme reçu par une psychologue qui nous tend des mouchoirs (j’avais envie de pleurer, oui, mais pas parce que avorter c’est dur, parce que j’avais HORIBLEMENT mal dans le bas ventre depuis l’examen) . Elle nous explique que du fait de notre situation (fausse couche) c’était moins difficile, puisque le bébé n’était pas amené à vivre de toute manière (une petite dose de culpabilité!!!) Nous la regardions, un peu attéré, je dois vous avouer.. D’un air de dire: qu’est ce qu’on fous là?? Vraiment je me suis posée la question. C’était tellemnt hors nos préoccupations. Il FALLAIT pleurer. L’institution nous OBLIGE à pleurer.
On rentre. Je ne me souviens plus vraiment de la journée, seulement de la nuit car c’est la pire que j’ai passé jusqu’à aujourd’hui. C’est simple j’ai déliré, j’ai eu des accés de fièvre, j’avais mal au ventre, comme si on me tordais de l’intérieur tout mes organes et particulièrement mes ovaires. Heureusement mon ami était là. Il m’a obligé à appeler ma mère le lendemain pour qu’elle m’emmène aux urgences. Moi je ne voulais pas, puisque « c’étais normal d’avoir mal, je faisait une fausse couche ». Il a insisté, il ne voulait pas partir travailler tant que je n’appelais pas ma mère (vous pouvez vous dire, pourquoi ne l’a ‑t-il pas emmené lui même: sa directrice attendait un faux pas de sa part pour le foutre à la porte) . J’ai capitulé et appelé ma mère. Elle m’a emmenée aux urgences gynécologiques.
J’ai été reçu par un jeune médecin, beaucoup plus sympathique et empathique que son trou du c… de collègue. Je lui explique ma situation. Il m’osculte en prenant soin de ne pas me faire mal (OUFFFF). Et là, il me semble assez surpris, il me pose pas mal de question quant à l’examen de la veille. Je lui demande ce qu’il y a. Et là, il m’explique qu’il semblerait que je fasse une grossesse extra-utérine, que mon oeuf est tellemnt gros, qu’au départ, il l’a pris pour mon utérus et que visiblement, le médecin d’hier a confondu mon utérus et mon oeuf, alors même que je lui avais fait part de tout les symptôme de la grossesse extra-utérine: maux de ventre, saignement!
J’ai été opéré en urgence et j’ai perdu une trompe.
Si mon ami n’avait pas autant insisté pour que j’aille aux urgences et si j’avais écouté ce trou du c… d’incompétent j’aurai pu perdre bien plus qu’une trompe et faire une hémorragie interne.
J’ai entamé une procédure aprés ça mais ils ont interprété mon courrier dans le sens que ça les arrangeait… J’ai laissé tomber, j’en avais pas la force à ce moment, j’avais envie d’oubliais toute cette histoire. Aujourd’hui je le regrette. L’avortement est le seul acte pour lequel les médecin signe une clause de conscience (quelle connerie! c’est scandaleux). Ce médecin m’a maltraité et a mis ma vie en danger. Pourquoi? Pourquoi? Parce que je me faisait avorter sans l’ombre d’un regret? Parce que je ne pleurais pas? Parce que je savais que cette décision était la bonne?
Je vais bien aujourd’hui, oui!!! mais pas grâce à l’institution hospitalière qui nous méprise et nous juge! Dans quel siècle vivons nous? Le droit de disposer de son corps est bien loin d’être acquis dans la tête de nombreuses personnes!
Peut être que le jour où ce droit inaliènable sera acquis dans les faits et dans les têtes, nous irons nous faire avorter en vivant bien cette expérience parce que personne ne nous jugera et attendra de nous que nous pleurons. On respectera et comprendra notre choix!
Un conjoint depuis 7 ans, une vie de couple simple, pleine d’amour, mais je ne veux pas d’enfants. Alors j’ai avorté. C’est plutôt simple, et là merci pour ce blog, ça me permet de ne pas être désolée : non, je ne suis pas désolée !
Moi j’ai du avorter quatre fois dans les années 1995–2005… Oui je ne suis pas douée avec la pilule, et oui mon corps est très peu tolérant aux écarts ! Et je dois dire que j’ai eu mauvaise conscience… de ne pas en faire de cas de conscience. Cette pression de l’institution pour nous obliger à trouver ça grave, à considérer que ce soit obligatoirement traumatisant, que l’on doive culpabiliser de supprimer une vie (putative mais bon, on sent bien le regard des soignant-e‑s et ce qu’il y a derrière…)
Donc oui je vais bien ! J’ai eu trois fausses couches et deux bébés en pleine forme après mes 4 IVG, merci de nous donner l’occasion de nous exprimer ici.
Voici mon témoignage en vidéo. J’ai avorté en Février 2003.
http://www.dailymotion.com/video/x40g84_temoignage-d-un-avortement_news
« D’un côté, on fait les gorges chaudes du prétendu droit à la différence, et de l’autre on exclut le premier qui sort de l’alignement ». (YoshiharuTsuge)
Je ne vois pas pourquoi je devrais me justifier et expliquer pourquoi je suis tombée enceinte. Ne PAS tomber enceinte est difficile, pas l’inverse. C’est vivre et faire l’amour des années sans tomber enceinte l’exception, pas l’inverse.
Mon mec ne se pose pas la question non plus, et pourtant on était deux responsables, alors pourquoi tout le monde me demande pourquoi ou comment je suis tombée enceinte? (Que répondre: Un ange blanc? Un miracle? Du sperme dans l’eau de la piscine?? Mais non, j’ai fait l’amour, c’est dingue, tu connais d’autres moyens toi?)
Je suis d’accord sur le fait de dire qu’on va bien, qu’on a avorté et qu’on va bien. Merci. J’ai pas trop l’impression d’ailleurs qu’il y’ait des gens qui s’apitoient sur mon sort. J’aurais bien aimé un peu plus de soutien tiens, un peu plus de chaleur, ou bien avoir du temps, mais…
Mais j’ai quand même plein de coups de gueule à pousser:
Je ne vais pas bien quand je pense à ces trois imbéciles de gynécologues que j’ai vu, à ces docteurs totalement froids et inhumains, persuadés de tout savoir et d’avoir raison, et qui se permettaient de juger mes décisions (contraceptives ou autres), ou de palper mon ventre comme un steak chez le boucher.
Je ne vais pas bien quand je pense que j’ai préféré payer 500 euros pour avorter dans un pays où les traitements, les médecins, les infirmières étaient adorables, humaines, et m’ont donné mes pilules de myfégine en me disant: ‘tiens, si vous voulez vous pouvez faire ça chez vous, avec votre copain, à l’abri, en sécurité’, plutôt que de rentrer chez moi avorter en France, ou déjà au téléphone les médecins étaient désagréables, et où j’aurais dû attendre jambes écartés et sexe à l’air, concentrée sur mon mal de ventre que ‘ça se passe’. Merci j’étais mieux sous ma couette, j’ai pris un anti douleur, et je me suis endormie devant un film.
Je ne vais pas bien quand je pense que selon les pays les gynécos peuvent vous dire une chose où son contraire, et que c’est pas du tout facile d’avoir de l’information claire, et d’entendre un message responsabilisant sur la question. Et quand je vois que dans mon bled il n’y a qu’un seul gynéco qui accepte de faire les avortements et que les autres ne veulent pas. L’attente, les reculs, les bâtons dans les roues.
Je ne vais pas bien quand ma belle mère me demande: ’ mais pourquoi tu me dis ça’, quand je lui raconte que je me suis faite avorter. Parce que j’ai envie de gueuler à la terre entière que c’est bon, que je suis normale. J’ai l’impression que c’est quasiment social de tomber enceinte, qu’on s’y est mis à plusieurs, qu’il n’y avait pas que moi dans l’histoire. Qu’on a fait ça en société, et j’aimerais bien qu’on le partage.
Mais je vais bien quand je vois qu’il y’a de l’espace pour les filles qui gueulent.
J’espère qu’elles n’en oublient pas de chuchoter, de murmurer d’autres choses à d’autres oreilles.
Va falloir continuer la lutte.
le front des matrices en colère passe à l’action. Ca va chauffer
J’ai avorté en 2007.
Récemment séparée du père de mon enfant, une liaison qui tenait plus à du copinage que de l’amour, abrutie de tranquillisants et d’anti-dépresseurs suite à mon divorce, un préservatif qui lâche et… l’erreur.
Je ne me pardonnerai jamais mon inconscience (j’avais 34 ans, pas 16!), prendre la pilule du lendemain ne m’a même pas traversé l’esprit. J’adoucis un peu mon propre jugement en me disant que cette camisole chimique m’avait embrumée à tel point que je ne voyais plus clair. J’ai cessé tout traitement ensuite.
Je n’ai rien dit au père. Ma décision était ferme (pas d’amour, aucune envie ni courage d’élever un second enfant seule, une situation financière peu sûre) donc je n’ai pas jugé utile de le faire souffrir pour quelque chose qui était de toutes façons définitif. Rien n’aurait pu me faire garder ce petit bout.
Ce moment restera une blessure, toujours. Un acte grave. « Je vais bien », oui, mais. On va plutôt dire que je vis très bien avec.
Quoiqu’il en soit, j’ai eu la chance de traverser cette épreuve dans d’excellentes conditions. Gynécologue très professionnel, personnel soignant très attentif, gentil et doux. Suivi psychologique proposé d’emblée, ce que je n’ai pas fait. Je vis bien cette blessure. Je l’assume. Sans doute parce que j’ai été très bien reçue, écoutée, encadrée.
Merci à toutes celles qui se sont battues pour que ce sale moment se déroule le mieux possible.
Merci à celles qui ont, de ce fait, soufflé sur ma plaie.
J’avais 37 ans, je sortais juste d’une longue histoire avec quelqu’un qui n’avait pas plus que moi voulu s’engager ni avoir d’enfants, et les derniers temps (années!) avaient été de disputes, destructeurs et penibles sur fond de depression, mais la rupture s’est très bien passée. Et là, je sortais depuis un petit mois, presque par hasard, par coup de tete, avec un mec génial, qui est tombé raide amoureux tout de suite. J’avais arreté la pilule suite à ma rupture, mais il y avait une telle intensité dans ma nouvelle relation qu’on a été inconscients… je me rappelle la fois ou en pensant à où on était dans mon cycle, je lui ai dit en rigolant« va falloir qu’on fasse gaffe sinon je vais finir par tomber enceinte :)))) ». En fait, je l’étais déjà, ce jour là. Pour moi, vu mon age, j’étais moins fertile, plus la pilule des années « qu’il parait que ça diminue la fertilité », et en prime, oui, souvenirs des cours du lycée, « avant Jour 14, pas de craintes »… bref, tout faux.
J’ai commencé a me sentir bizarre,fatigue, nausées, et un jour je me suis dit, stop, ecoute ton corps.. et j’ai filé acheter un test, alors que je n’avais que 3j de retard. Je le savais avant de faire le test…
Donc, enceinte du premier coup, à 37 ans, apres 20 ans de pilule arretée qq mois avant, et fecondation à J10 ou 11 du cycle.
Je n’ai pas envisagé de le garder, ca ne faisait un mois et demi qu’on etait ensemble, pour moi cet amoureux risquait fort de n’etre qu’un « pansement », je refusais absolument l’idée de me remettre « vraiment » avec quelqu’un, alors, un enfant…
J’ai été accompagnée, comprise et écoutée par ma famille, et par lui. Il était d’accord, il pensait que ce n’etait pas une bonne idée de mettre des enfants en plus sur terre.
J’ai eu un rendez vous très rapide chez ma gyneco, qui a commis la seule phrase limite de tout l’accompagnement médical de mon IVG: « mais à 37 ans, c’est une chance d’etre enceinte! ». Mais quand j’ai expliqué, elle a par la suite été très bien, sans juger. Elle m’a adressée au service de l’hopital de ma ville « tres bien » m’a t’elle dit.
Et c’etait vrai, a part une echo un peu brutale car sans prevenir par voie interne (il s’est excusé), et le fait que la « zone IVG » (je ne me souviens plus du nom special attribué à cela) est derrière le service, qu’il faut passer par la petite entrée, et c’est un peu bizarre et glauque, surtout le matin de l’opération, j’ai été accueillie, écoutée, conseillée, operée, de facon parfaite, par des gens comprehensifs, competents, sans jugement, certains doux voire carrement sympas. On m’a conseillé l’anesthesie generale et aspiration, alors que je pensais plutot medicament, vu que cela ne faisait un mois et demi. Et avec du recul, meme si l’anesthesie m’a impactée physiquement, je crois qu’en effet, c’etait mieux psychologiquement pour moi, j’étais encore fragile (ce n’est pas le cas pour toutes!).
Très rapide, sortie l’apres midi, peu saigné (sauf les quelques heures apres, oui, quand meme). Coté physique, j’ai été fatiguée, j’ai eu des douleurs au dos, et j’ai eu un gros « coup de mou » qui m’a nuit pour pas mal de choses: exercice physique, travail, mais avec du recul c’etait plus que justement, dans ma tete, je pensais qu’il FALLAIT que je ne sois pas bien.
J’avais été sidérée de voir, avant l’operation,autant de femmes autour de moi qui étaient passées par la. Peu l’avaient bien vécu, toutes meme si elles voulaient m’aider, y allaient de leur sale experience et de leurs conseils (comme pour une femme enceinte!), j’ai fini par éviter d’en parler et éviter les rendez vous qu’elles me proposaient.
Mais je pense que vraiment suite a tout ça, j’attendais « le retour de baton ».
J’ai juste hésité, et pleuré, la veille, quand le père d’un coup a réalisé qu’en fait il le voulait, cet enfant de moi, et m’a harcelée. Mais du coup, j’ai du vraiment poser en moi tout cela, et j’ai pu etre completement sure que non, moi je n’en voulais pas.
Après discussions et malgré ses doutes mon mec avait accepté et respecté ma decision et était la à l’hopital (en fait il voulait cet enfant juste parce qu’il aurait été de moi, dont il etait passionnement amoureux, pas pour l’enfant lui meme)
Par la suite, dans ma tete, ca allait tres bien, le corps un peu moins, donc.
Et on m’a poussée a reprendre la pilule, donc j’ai fini avec une pilule « juste progesterone », qui elle, m’a abimée. Cycles en vrac, prise de poids, libido aneantie, boutons, bref, la, très très moyen. Mais ce n’etait pas du à l’IVG!
Un moment étrange à 9 mois, oui 🙂 Mais pas douloureux, juste je me sentais bizarre et je repensais (alors que cela n’arrivait pas avant) a cet enfant potentiel qui ne serait jamais. Et j’ai réalisé que cela faisait 9 mois…
Et après, j’ai eu de grandes difficultés dans ma relation avec cet homme, auquel je m’etais profondement attachée, d’amour. C’est lui qui s’est éloigné. A un moment, il m’a dit que quand meme nous n’avions pas assez parlé avant que j’avorte et que la décision avait été la mienne seulement. Et oui, bien sur, après la rupture, je me suis demandée si cela aurait changé quelque chose,et j’ai eu peut etre des regrets de ne pas l’avoir gardé, puis je ne sais pas si j’aurais un jour un enfant, du coup, et j’ai peur de regretter.
Mais en fait cela n’aurait rien voulu dire, on ne fait pas un enfant pour garder le père, ni parce que la pression sociale dit qu’une femme doit etre mere pour exister.
Ni pour faire plaisir à un des geniteurs.
Donc maintenant, ça fait deux ans et demi, je ne suis plus avec l’ex futur pere meme si on a toujours beaucoup d’amour l’un pour l’autre et que rien n’est écrit.
Mais je peux dire que meme si j’etais instable, fragile, meme si je ne serais peut etre jamais mère, meme si j’ai eu suite à cela des soucis physiques.
J’ai avorté dans les années 2000, et je vais bien.
J’ai avorté dans les années 2000 et je vais bien, merci.
Grossesse sous pilule, sans oubli qui arrive à 27 ans, comme ca, sans prévenir. Peu de relations avec celui qui étais mon amant, pas de signes, des « pseudo règles » pendant 4 mois… et un jour, le choc, enceinte, enceinte de 4 mois et demie, enceinte et seule, enceinte et surtout pas envie de l’être, enceinte, et trompée par ce corps qui de tout temps était mon allié, enceinte et découvrant que j’avais un sérieux problème psychiatrique, celui du déni de grossesse.
Action, gynéco, qui refuse de m’aider, refuse d’entendre mes arguments, me parle de la « boucherie en Hollande », d’usine à avorter, première écho, et un médecin qui ne comprends pas que j’ai besoin de « voir », non ca ne fait pas mal, cela me permet juste de réaliser(j’avais besoin de voir, et de toutes manières tu n’avais pas éteins le son et ça je n’en avais pas besoin, vraiment).
La PMI toute proche, qui passe plein de coups de fils pour moi, merci madame, j’voulais t’envoyer des fleurs et des chocolats, j’ai pas pu, pardon. Une heure après j’ai un rendez vous au planning familial, et je rentre avec le numéro de la clinique en hollande, pour les avortements tardifs.… En une journée, j’ai appris que j’étais enceinte, pris une leçon de morale mémorable, découvert une PMI formidable et le planning familial.
Une semaine plus tard, je pars en hollande, où je passerait deux jours, car à mon stade l’avortement se fait en deux anesthésie générale.
J’arrive dans un endroit où il est normal d’avorter, aucun jugement, on vous parle d’après l’avortement, de ce qui se passera, on vous fait rire, on est entourée, ni cajolée, ni jugée. La douleur est prise en charge, je me suis limite fait engueulée d’avoir attendu pour demander quelque chose, bref… la perfection.
Le lendemain matin je sors, soulagée, comme jamais, heureuse, et on entame la route du retour. Tout va bien, je suis entourée, je me demande quand même quand les choses changeront…
Je me raccroche à mon boulot, j’avance comme une folle, dans tout ce que je peux faire, et tranquillement mon état psychologique se dégrade. Sur le coup, c’est évident je ne supporte pas l’avortement… Bon ca va mal mais les choses vont bien passer d’elles même, je me débrouille pour continuer d’avancer, je suis entourée, amis, famille…
Avorté en mai, c’est en juillet que les choses deviennent grave. Douleurs, terribles dans le bas ventre, l’utérus qui fait des 8 dans mon ventre, et des saignements, urgences, échographie, et là : madame, vous avez avorté?
Hummmm oui pourquoi? parce que vous faites une rétention.
Là je lui donne les détails de mon cheminement, et elle me prescrit des gouttes (je crois) pour déclencher des contractions qui permettrons d’évacuer le truc collé sur ma paroi utérine aux prochaines règles. Je rentre chez moi sous le choc, et commence mon parcours du combattant, en France, car peu de médecins acceptent de prendre en charge les complications d’un avortement hollandais. J’ai eu droit à « ah oui mais faut pas être surprise non plus » j’ai bien compris que j’avais fait un acte hors la loi, j’ai vu 14 gynécos différents, en ville, à l’hôpital, on me prescrivait des cachets pour « évacuer », je faisais une écho après 4 jours de souffrances nuit et jour, et le morceau était toujours là (une rétention est un résidu d’avortement qui reste accroché à la paroi utérine). Je souffre le martyr, de ne pas être prise en charge, d’avoir ces traitements, on me ment pour ne pas me suivre : un médecin en ville me sors que je fais une grossesse extra utérine et qu’il ne peut me soigner, quand j’arrive moi même à lire l’échographie que je lui présente. Le curetage a eu lieu fin septembre, en service maternité à l’hôpital public, enfin prise en charge par un interne très jeune, sans doute originaire des Pays Bas qui s’est battu pour moi. J’apprendrai plus tard que les deux mois à souffrir ont été complètement inutiles, que la rétention aurait du être vue à l’écho de contrôle, cela n’a pas été le cas, les cachets ne servent à rien 3 mois après.
Je chutais peu après dans une dépression, que j’attribuais à l’IVG, à tord car aujourd’hui relevée, je sais que ce n’est pas cet avortement même tardif qui a déclenché cette dépression, mais bien un état préexistant à mes aventures, le déni vécu comme une trahison, et cette culpabilisation du corps médical.
OUI j’ai avorté, je vais bien!
J’avais tout juste 18 ans, un copain stable depuis 6 mois et un rendez-vous pris pour aller chez le gyneco et commencer la pilule. Mais dans l’euphorie du premier amour, nous avons négligé la capote…Et bim! Quand je me suis rendu compte que quelque chose clochait, j’étais déjà enceinte (je trouve que le terme ne s’applique pas bien dans ce cas) de 3 semaines.
C’était l’été et je me trouvais chez mes parents dans la campagne picarde. Mes parents sont très compréhensifs (ma mère a avorté dans les années 70…et elle va bien!!) et m’ont soutenus.
Par contre, l’hôpital du coin…On ne m’a pas fait la morale, non… J’ai avorté grâce à la pilule RU. On m’a laissé seule, le jour dit, dans une chambre. Dans un couloir quasi vide (été + hôpital peu recommandable oblige). Sans rien pour apaiser la douleur physique. Ça été vraiment vraiment douloureux.
L’expulsion terminée, on m’a donné une serviette hygiénique, qui a pu à peine contenir pendant 3 min le flot de sang qui continuait de sortir de moi. Je me suis donc retrouvée devant l’hôpital, le pantalon plein de sang, le ventre hurlant de douleur, à attendre que ma maman vienne me chercher.
Halala, heureusement qu’elle était là ma maman, on a beaucoup discuté et je n’ai jamais culpabilisé de cette opération. J’étais étudiante en biologie et j’avais des cours d’embryologie, ça m’a aidé à visualiser ce qui c’était passé, ce qui était sorti de mon ventre. Je n’ai jamais considéré ce magma de tissus comme un être vivant. Mon copain de l’époque a été très bien aussi, il m’a soutenu dans la mesure de ses moyens.
Par contre j’en ai longtemps voulu à cet hôpital, à cette équipe qui m’a laissé souffrir seule, sans explication, à ce gynéco qui ne m’a pas donné de rendez-vous pour vérifier que tout était bien parti après (il partait en vacance après). Enfin bref…
Et donc : j’ai avorté mais je vais bien!!
Je pense même à faire un bébé…
On est en l’an 2000, j’ai à peine 19 ans, je viens juste de le rencontrer, et avec lui, c’est mes « vraies » premières fois. La pilule je la prenais déjà depuis plusieurs années, pour d’autres raisons que des « rapports réguliers avec un partenaire », donc au moins ça tombait plutôt bien: pas besoin de passer par la case gynéco pour pouvoir vivre librement nos ébats. Oui mais voila, j’ai eu rapidement le plaisir [ironie] de pouvoir cocher la case des statistiques morbides « je fais parti des femmes qui prouvent les 0,5% d’inefficacité de la pilule ». Alors qu’on vivait notre élan amoureux, notre jeunesse et notre enthousiasme sexuel débordant, ce gros coup de massue est venu nous frapper… sans prévenir, évidemment (sinon c’est pas drôle !).
Je viens d’une famille ouverte, éduquée et où le dialogue est sommes toutes assez libre. J’étais plutôt « informée » sur des sujets tels que la sexualité, la reproduction, les relations hommes/femmes, la psychologie, l’avortement (expériences vécues par mère, tante, grand-mère et même arrière-grand-mère!), les lois, etc. Et pourtant, j’ai accumulé les « erreurs » qui ont transformé un parcours déjà pas naturellement facile à vivre, en parcours de la combattante déchue.
Comment je m’en suis rendue compte? Tout simplement grâce à ma grand-mère, qui a toujours répété qu’elle savait qu’elle était enceinte instantanément car il lui devenait impossible de fumer et de boire du café. Alors… quand mon odorat est devenu un beau matin surpuissant et que j’ai été écœurée par la clope, le café et toutes les odeurs existantes… J’ai su. D’ailleurs, cet odorat hyper développé ne m’a pas quittée depuis. Weird. Mais comme l’intuition féminine ne fait pas tout, je suis quand même allée acheter un test en pharmacie, histoire de. Prise d’angoisse et de doute, je n’ai rien trouvé de mieux à faire que d’aller aux toilettes de la fac… Si vous connaissez les locaux de Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, alors vous comprendrez pourquoi j’aurais largement pu attendre de rentrer chez moi!
D’abord j’ai été prise de panique, j’ai ressenti de la honte, de la culpabilité, du dégout, de la déception, de la tristesse, j’étais dépitée, désœuvrée. « MON PÈRE VA ME TUER ». En parler à ma mère (à qui je dis pourtant tout) ?! JAMAIS DE LA VIE ! A mes ami(e)s?! Ah non alors, trop la honte. Du coup il ne me restait plus personne à qui en parler… et donc je n’ai rien dit, à personne. Là, je suis encore assise sur la cuvette des chiottes de la fac avec le fameux bâtonnet devant les yeux. Les pensées vont vite, les images défilent, le corps lui, est tétanisé. Bon cocotte, va falloir passer à l’action là. Car oui, je n’ai jamais hésité et je ne me suis jamais posée la question quant à l’issue possible de « la chose ». Pour moi, c’était simplement impensable et impossible d’avoir un enfant à 19 ans avec un garçon que je connaissais depuis 1 mois !
D’ailleurs, bah oui, tiens, et le garçon? ou dois-je dire le « père »? Je suis toujours dans les toilettes. Il est chez ses parents en Normandie. Je vais dehors, je sors mon portable, je m’allume une clope. Coup de poing olfactif. Haut le cœur. « Yüüüüürk, c’est dégueulasse, écrase-moi cette chose que je ne saurai sentir ». Je l’écrase. Je l’appelle. Je tremble. Il répond. Je ne dis même pas bonjour. J’éructe un maladroit et brutal « je crois que je suis enceinte ». Gros silence, puis « Et… ». Ma première pensée (intérieure): t’as vraiment pas de couille mon pauvre, même pas capable d’énoncer les deux possibilités qui se présentent à nous tellement tu as peur. Je réponds: « et… il va falloir faire ce qu’il faut ». Et oui: moi non plus je n’avais pas les « couilles » de le dire à voix haute, bien fait: telle est prise qui croyait prendre! Réponse : « ok ». Moi : « … ». Pensées intérieures: OK ?! C’est tout ? C’est quoi ça ?! Espèce de gros connard de merde !! Euh… tu ne comptes pas revenir en courant à Paris pour… je ne sais pas moi: être avec moi, m’accompagner, me soutenir, même silencieusement. Gros naze. J’hallucine, et en plus tu es prêt à raccrocher, là maintenant, comme ça. Moi je vais bien à part ça, merci d’avoir demandé. Évidemment, je n’ai rien dit de tout ça à voix haute. J’ai encaissé. J’ai assumé. Seule… comme une grande, que je n’étais pas, bien entendu.
Bon, à partir de là tout s’est enchainée en mode « freestyle j’accumule la malchance ». Mon gynéco — qui a confirmé la grossesse 5 minutes auparavant avec un euphorique « ah oui! ça, vous êtes bien enceinte! je dirais même d’environ 5/6 semaines » — me parle maintenant comme si j’étais une menteuse inconsciente, car je lui ai dit que je souhaiter avorter. Il m’explique qu’à partir de là il ne peut rien faire de plus pour moi et que je dois contacter un hôpital ou une clinique. Merci. Au revoir.
Que faire, dans quel ordre, qui, quoi, où? À l’ère de l’hyper-information, de l’Internet, des associations de soutien en tout genre, etc. on pourrait croire que tout est accessible. Pourtant, je dois déplorer qu’à l’époque, complétement pétrifiée et choquée, je n’ai pas réussi à trouver un havre qui m’aurait accueillie, guidée et conseillée. En grande partie de ma faute, c’est vrai. Naïveté? Inconscience? Dramatisation adolescente? Manque de débrouillardise? Je ne sais pas, surement un peu de tout. Finalement, ça sera les Pages jaunes. Requête: « hôpital — service obstétrique — le plus proche ». J’appelle. L’appel le plus sympa que j’ai eu à faire de ma vie. Rendez-vous est pris pour dans 3 jours avec M. Obstétrique, M. Échographie et Mme Psychologie (c’est la loi). Ok.
Le jour J. J’attends 2h (ça commence bien). Réception glaciale, du personnel administratif aux médecins. Pas un regard, et surtout, surtout, pas de compassion. Il me pose les questions de son formulaire, coche des cases, ne commente rien. J’atterris ensuite chez M. Échographie, pas un mot. Bbrrrr, ce gel est froid… essuyez-vous. Il sort. Ok. Je passe ensuite dans le bureau de Mme Psychologie: « il faut établir votre profil psychologique afin d’évaluer votre capacité à prendre une telle décision en conscience des conséquences lourdes qu’elle peut avoir ». Autre série de questions, autres cases cochées. Verdict: je pense que vous réalisez ce que vous vous apprêtez à faire, j’autorise donc la procédure. La loi nous obligeant à vous donner un délai de réflexion d’une semaine… je vous revois mercredi prochain. Je suis ravie d’apprendre qu’en plus de ça, j’en ai encore au moins pour 10 jours à « être enceinte ». De manière très naïve, je ne m’étais même pas vraiment imaginée les détails précis, et pourtant: ça parait évident que ça ne se fait pas par l’opération du saint esprit, pas comme ce qui m’a mis dans cet « état ». Je vais bien. Tout va bien. Je suis au top.
Retour devant M. Obstétrique, il a mon dossier dans la main, le lis silencieusement pendant ce qui me semble être de très longues minutes. Un ange passe. J’espère que c’est lui qui viendra chercher et accompagner mon bébé dans la lumière. J’arrive à lire à l’envers une des cases « mono-embryonnaire ». PAF. Et si ça avait été des jumeaux? Est-ce que cela aurait changé quelque chose? Bizarrement, je crois que oui, mais pourquoi : c’est « plus pire »? moins supportable? Aucune idée…
Ah, le monsieur me parle maintenant, tout en griffonnant dans mon dossier. Comme personne ne m’explique rien, je commence à délirer intérieurement: qu’est-ce qu’il peut bien écrire (la liste de courses que Monique lui a demandé de faire avant de rentrer ce soir)? fait-il des mots croisés (H9: destination exotique en 7 lettres)? un gribouillage (ceux qu’on fait machinalement quand on parle au téléphone)… Il commence à m’expliquer, lascivement, qu’il existe 2 méthodes d’interruption volontaire de grossesse. Aaaaah, là tu m’intéresses, vas‑y: développe, explique, cause (je t’autorise à gribouiller en même temps). Soit je prends des médicaments qui provoqueront une fausse couche, soit je passe sur le billard pour une « aspiration ». C’est la même chose. La première est plus douloureuse que la deuxième, mais plus naturelle, avec une possibilité d’échec certes, mais faible sur des sujets jeunes comme vous. Vous préférez quoi ? On dirait un caissier de McDo : « bon, mademoiselle, ça sera le menu 1 ou le menu 2? Avec ou sans frites? » (à prononcer à voix haute à la Élie Kakou). Est-ce que j’ai le droit de dire un WetMcChicken ? Nan hein? Ça ferait mauvais genre quand même, et je ne pense pas qu’il capterait le jeu de mot consistant à insister sur le fait que j’ai les chocottes, grave de chez grave. Je poule-mouille dans ma culotte.
Mon approche d’écriture humoristique-caustique-sarcastique n’enlève rien au fait que je ne prends pas du tout l’avortement comme une intervention, un choix ou une action à la légère, bien au contraire. C’est ce qui explique que j’aie choisis l’option no. 1. J’ai estimé qu’une « simple » opération était un peu trop « facile » (je m’endors, je me réveille, et hop là on n’en parle plus, comme par magie). J’ai donc préféré l’option « naturelle » qui me permettrait de sentir mon corps et par-là même de participer activement au processus de deuil. Donc, mercredi prochain, je reviens ici, je revois Mme Psychologie, et si je décide de procéder à l’intervention, ils me donneront les 2 premières pilules. Ensuite je devrai revenir le vendredi pour prendre la pilule « active » et rester sous surveillance environ une 1/2 journée.
Mercredi. Je passe, je parle, je décide, je prends les 2 pilules, je rentre chez moi.
Jeudi. Je ne me sens pas très bien. J’ai des poussées de tachycardie. J’ai peur. Et si quelque chose clochait. Ma mère est dans le salon… Si elle savait. Ma sœur est au téléphone… Insouciante adolescente. Je suis aux toilettes (décidément… on y revient souvent à ces fameux WC)… victime d’une hémorragie assez colossale. Grosse flippe. MAMAN. Pas le choix, là je dois lui dire, et on doit aller dare-dare à l’hôpital. Je lui vomis la nouvelle en 4 mots, elle encaisse, elle assure, je ne suis plus seule, malgré l’angoisse, quel soulagement ! Finalement plus de peur que de mal, rien d’anormal. Je suis renvoyée chez moi à 2h du mat’ et dois être de retour à 8h. Mais cette fois, je dors bien pour la première fois depuis 15 jours: car demain matin, ma maman m’accompagne. Je ne suis plus seule.
Vendredi. J’ai pris la dernière pilule, maintenant il fait attendre le déclenchement de fausse couche. On est dans la chambre, ma mère me fait rire avec des blagounettes, mais surtout: elle me tient la main. Je passe les détails de ce qui a suivi, un peu trop gore et hardcore à mon gout. Résumons simplement en disant qu’en effet, je l’ai bien senti et vécu à fond. Et surtout: je ne regrette absolument pas d’avoir choisi de le faire par cette méthode. Par rapport à ma personnalité, c’est ce qui m’a permis de faire les choses bien, d’entamer mon deuil de manière positive et constructive, et de l’avoir accompagné ‑à ma manière- ce p’ti bonhomme.
Bon, la suite de l’histoire ‑car l’aventure hospitalière ne s’est pas arrêtée là- est que j’ai gagné 2 avortements en 1… c’était pas Noël, mais apparemment c’était ma fête! L’échographie de contrôle a montré que je devais quand même subir une aspiration car l’avortement n’était pas finalisé, donc pour éviter tout risque de septicémie. Vous deviez bien le savoir mademoiselle, le taux d’échec de cette méthode est de l’ordre de 30%. Ah oui, 30% quand même? Ah si seulement j’avais pensé à demander le chiffre exact correspondant à l’expression « faible taux d’échec » (ou si on m’avait mieux informée…), j’aurais peut-être pondérée ma décision différemment… Donc bon, 6 jours après, rebelote-pelote. Anesthésie générale, opération, salle de réveil. DOULEUR. La putain de sa maman (pardon). DOULEUR.
Bon, je passerai aussi sur le fait qu’ils ont laissé partir ma mère ce matin-là sans nous dire que je ne serai pas autorisée à quitter l’hôpital seule en taxi le soir. Je me suis donc retrouvée, dans la salle des urgences, groggy comme pas deux, à devoir décider à quel ami j’allais passer un coup de fil sympathique et surprenant. « Salut (ton le plus enjoué possible), dis-moi, je t’expliquerai, mais: tu peux venir me chercher à l’hôpital là tout de suite? Non, rien de « grave », ne t’en fais pas. Tu peux? Super, merci, je t’attends ici, merci, mille fois merci, je t’expliquerai oui, encore merci ».
Quoi qu’il en soit, voici les détails qui constituent mon témoignage concernant mon avortement. « Suis-je une mère? » … « Ai-je bien fait mon deuil? » … « Pourrais-je encore avoir des enfants? » … « Blablablu blabli ». À partir du moment où on veut aller bien, alors on va bien. Point barre. Au-delà des détails « techniques » traumatisants de mon avortement, je n’ai jamais eu aucun trouble du sommeil par la suite, ni aucun souci d’étique, ou de problème envers ma moralité ni mes valeurs. Par la suite, j’ai finalisé mon deuil de cette âme qui a voulu s’incarner et arriver sur Terre un peu trop tôt en faisant notamment un enterrement symbolique. Je l’ai également prénommé. Il s’appelle Erwann, il fait partie de moi pour toujours, et aujourd’hui il aurait bientôt 11 ans. Je suis une femme stable et équilibrée, j’ai subi un avortement, et je le vis bien.
Pourquoi raconter mon expérience, et ce, à visage découvert qui plus est? Je dois l’avouer, j’ai d’abord commencé à écrire sous mon pseudo et sans mettre de lien vers mon blog. Puis je me suis ravisée, car après avoir signé l’appel d’un « Miss K. » anonyme, je m’en suis immédiatement voulue de ressentir encore le besoin de « m’en cacher », j’ai de nouveau ressenti de la honte et de la culpabilité, comme si j’étais sale, pas présentable. Or, cette démarche (individuelle autant que collective) cherche justement à déconstruire ce mythe de la honte, de la culpabilité, du silence, du poids et des tabous entourant encore en 2011 l’avortement.
J’avais donc commencé à (d)écrire mon expérience par envie et besoin de catharsis thérapeutique, je ne pensais même pas forcement le mettre en ligne. Au fur et à mesure mon geste est devenu un peu plus engagé, voire même très engagé. Je souhaite appuyer la démarche initiée par les filles des 343. Je vais donc publier mon témoignage ici même, le publier sur mon blog avec un lien renvoyant sur ce site, et je publierai le lien sur mes réseaux sociaux. Ce n’est qu’un modeste apport, certes, mais j’y tiens, car si tout le monde se disait « ce n’est pas assez alors pourquoi le faire? », alors on n’arriverait jamais à aucun résultat, changement ou évolution dans nos sociétés.
Par contre, et au risque d’en choquer certaines, je ne souhaite pas associer mon engagement à du militantisme féministe. Sans forcément pouvoir expliquer pourquoi, cela me dérange. Peut-être que c’est parce que de mon point de vue, l’avortement est un acte intrinsèquement à la condition « d’être femme » (un homme, par définition, n’avorte pas). Il va donc au-delà de la lutte des genres en ce qu’il touche de manière complexe et intriquée à de nombreux domaines : reproduction des espèces, médecine, sciences, religions, étique, psychologie, politique, biogénétique, etc. Quoi qu’il en soit, je souhaite que mon témoignage vienne soutenir les rang d’une voix sourde qui souhaite provoquer une évolution psycho-sociétale. Avoir une grande gueule et s’exprimer librement : oui. Se battre pour une cause qui nous tient à cœur : oui.
Mon histoire est banale, nous sommes beaucoup à l’avoir vécue, et d’autres viendront également; mais nous sommes également toutes uniques et spéciales, et il est bon de se le rappeler. Alors aujourd’hui, c’est décidé: plutôt que de vivre cachée et en dissimulant ce « passé » qu’on n’est supposées ne dévoiler qu’avec une certaine gêne et strictement dans notre sphère intime, je le dis haut et fort: J’AI AVORTÉ DANS LES ANNÉES 2000 ET JE VAIS BIEN !
« Par contre, et au risque d’en choquer certaines, je ne souhaite pas associer mon engagement à du militantisme féministe. Sans forcément pouvoir expliquer pourquoi, cela me dérange. »
Cela est sans doute dû à la mauvaise image médiatique du féminisme, dont on oublie commodément qu’il est au-delà d’une lutte pour améliorer la condition « d’être femme », c’est une lutte globale pour un monde sans discriminations et inégalités, une lutte pour toustes.
Au sujet d’une éventuelle ‘âme’ de l’embryon, considéré comme étant déjà un ‘être’ à qui l’on parle : nous pensons qu’il s’agit de croyances qui peuvent être opérantes pour certaines femmes, et leur permettre de se sentir bien, et non pour d’autres.
Nous tenons à préciser que nous ne souhaitons pas entrer dans ce débat.
Notre but est que les femmes ayant choisi de faire une IVG ne soient pas culpabilisées et se sentent sereines et en paix avec leur choix.
Pour aborder la question de « combat féministe ou pas », il faut se souvenir que jusqu’en 1975 l’avortement provoqué était interdit et pouvait être puni de prison, voire par la peine de mort puisque ça s’est produit sous Pétain. Par ailleurs, les médecins qui le pratiquaient étant menacés de radiation par le Conseil de l’ordre, seuls des non-professionnels, souvent des femmes qui avaient acquis leur expérience par la « pratique » s’y risquaient. Certaines étaient très incompétentes, ce qui explique les nombreuses conséquences graves: infections pouvant aller jusqu’à la septicémie ou à la mort, en tous cas génératrices de stérilités définitives, hémorragies avec également un risque mortel. Les femmes assumaient souvent seules, dans la culpabilité, la honte et la souffrance physique et psychique.
Quand elles ont décidé de s’opposer collectivement à cette situation catastrophique, le combat pour l’IVG est devenu DE FAIT un combat féministe. Il est en train de le redevenir dans la mesure où cette liberté, durement acquise, est menacée.
A chacune de nous de décider si elle s’associe ou pas à ce combat. A condition de ne pas oublier que la situation actuelle, pour imparfaite qu’elle soit, est bel et bien le résultat d’un combat féministe. Moi qui ai participé à ce combat, modestement, je suis toujours un peu blessée quand j’entends prononcer le mot « féministe » avec réticence ou mépris. Nous avons lutté pour la vie des femmes et pour le bonheur d’enfants vraiment désirés.
Il y a quelques années, j’avais 21 ans, j’ai découvert que j’étais enceinte à deux jours de la rentrée. Après trois ans de travail acharné en classe préparatoire, je m’apprêtais à intégrer l’une des Ecoles les plus prestigieuses de ce pays. Je le dis parce que lorsque j’ai appelé le premier numéro d’info IVG que j’ai trouvé sur le net, j’ai trouvé au bout d’une fil une « Marie », voix de mère, qui m’a gentiment expliqué qu’à vingt-et-un ans, j’avais parfaitement les capacités de le garder. A l’aube de ces études pour lesquelles j’avais tant bossé et qui faisaient l’orgueil d’une famille modeste ? Inutile de dire que l’avortement était une évidence ! A part cette scandaleuse première démarche, je n’ai rencontré que sollicitude et compréhension sur mon chemin des hôpitaux et des laboratoires d’analyse. Mention spéciale au planning de Saint-Vincent-de-Paul, Paris 5ème (pourtant, quand j’y suis allée, je redoutais l’accueil : il avait tout l’air d’un établissement crypto-catho !…) : des sages-femmes dévouées et d’une douceur extraordinaire. Les anti-douleurs n’ont pas marché pour moi, et comme j’avais choisi d’avorter chez moi et pas à l’hôpital (erreur…), j’ai bien cru mourir de douleur pendant deux heures… et puis, c’était fini ! A l’instant de la fausse couche, tout s’est dissipé, jusqu’au souvenir même de cet épisode.
Depuis, mes études suivent un cours heureux, je n’y pense jamais, et je vais très bien, merci !
PS : j’ai découvert au passage que les mères de mes toutes meilleures amies avaient aussi avorté, jadis… à commencer par ma propre mère… et elles ont toutes l’air d’aller bien, merci !
J’ai avorté en 2005. J’étais depuis 6 ans avec mon petit ami et je ne me sentais pas bien avec lui, mais comme il était lui-même dans une situation difficile, je n’osais pas m’avouer que j’avais envie de le quitter. J’ai décroché mon premier job à l’étranger et je suis partie pendant 1 an. C’était temporaire, une manière de faire le point sur ma vie. Là, j’ai arrêté la pilule, parce que j’avais envie de ressentir mon corps, sans les effets médicamenteux. De retour en France pendant les vacances, nous utilisions les préservatifs, sauf une fois, mais il m’avait assuré qu’il avait compté les jours par rapport à mon cycle et qu’il n’y avait pas de problème. Comme il faisait des études de médecine, je l’ai bêtement cru. De retour de vacances, j’ai attendu mes règles, mais elles ne sont pas venues. J’ai très vite compris que j’étais enceinte. Quelle panique ! Moi qui songeais enfin à le quitter pour prendre mon envol, j’attendais un enfant de lui. J’ai tout de suite su que je voulais avorter. J’ai donc appelé une clinique et pris un rendez-vous. Une amie m’a accompagnée. Arrivées à la clinique, des manifestants qui brandissaient des pancartes avec des foetus nous ont prises à parti en parlant de Jésus et du diable. J’étais aux Etats-Unis et Bush venait de se prononcer pour une interdiction de l’avoretement. Je suis rentrée dans la clinique comme on entre dans une ambassade en pleine guerre civile.
A l’intérieur, je me suis sentie accueillie et écoutée. J’avais beau parler parfaitement anglais, je butais sur les termes techniques, et tout me semblait d’autant plus sordide. Comme j’avais le choix entre la solution médicamenteuse et l’aspiration, j’avais choisi la solution médicamenteuse. Je voulais ressentir le foetus qui quittait mon corps, je voulais ressentir la douleur, ne pas être endormie, mais vivre cette décision. J’ai donc tout effectué moi-même dans ma chambre, n’ayant pour salle de bain que les douches et les toilettes communes. Tous mes amis étaient partis en vacances, je me suis donc retrouvée seule et pendant 4 jours, je n’ai pas arrêté de pleurer. La douleur était supportable, je me sentais libérée, mais quelle tristesse ! J’ai pleuré pour le bébé, mais aussi pour moi. Peu de temps après, j’ai trouvé le courage de rompre.
Une fois rentrée en France, j’ai eu l’opportunité de repartir, mais j’ai senti qu’il fallait que je reste pour me reconstruire. La vie n’avait plus vraiment grand sens pour moi et je ressentais une grande déchirure. J’ai donc consulté une psychanalyste. Je me suis aperçue que l’avortement n’était que le dernier acte d’une série de renoncement à la vie. Depuis mon enfance, je n’avais cessé de me renier en voulant être aimée. Je m’étais construite une vie d’obligations morales, de barrières et d’impossibles. Je me suis aperçue que je ne vivais pas vraiment, que je n’avais jamais vraiment pris la parole pour moi. Ce fut une révélation. L’avortement reste toujours un épisode difficile, à jamais gravé dans mon corps. Mais il fut également révélateur de l’énergie vitale qui gisait en moi et qui voulait s’exprimer. J’ai changé de vie, je me suis aventurée dans un métier qui me faisait réver mais que je pensais inaccessible. J’ai aussi donné un nom au bébé et à chaque anniversaire de l’avortement et de la naissance, je ressens l’appel de mon corps au souvenir et à la réflexion sur tout le chemin parcouru. J’ai aussi rencontré quelqu’un de merveilleux qui m’a accepté malgré l’avortement et qui a fait de moi sa femme.
Aujourd’hui, je ne regrette pas l’avortement. Ca a été un moment extrêment dur à vivre, une grande période de tristesse, mais aussi un acte fondateur pour mon être, grâce à l’accompagnement de la psychanalyse.
J’ai avorté en 2008 (ivg médicamenteuse à 6 SA et 5 jours), j’avais 24 ans, mon diplôme en poche, en CDD de 2 mois (et avec le chômage comme seule perspective d’avenir), en couple depuis seulement 4 mois (il était encore étudiant).
A la lecture du test positif, j’ai fondu en larmes, le monde s’est écroulé en un instant. Je ne voulais absolument pas d’un bébé (le « papa » n’en aurait pas non plus voulu) alors ma réaction a été instinctive, je devais avorter.
J’ai entrepris les démarches le lendemain même du résultat du test (à cause des horaires d’ouverture du centre de planification assez restreints). Tout s’est déroulé en 10 jours donc je trouve que j’ai eu de la chance.
L’attitude du corps médical a été assez variable. La dame du centre de planification a été assez froide mais totalement neutre, elle n’a pas cherché à orienter ma décision et m’a fourni les informations de base dont j’avais besoin. Le médecin échographe ne m’a adressé la parole une seule fois (ni même un regard) et « communiquait » avec moi par l’intermédiaire d’une infirmière mais le son était coupé et l’écran tourné pendant la l’examen. Le généraliste qui m’a fait entamer la procédure a été totalement neutre et plutôt compatissant (il m’a conseillé d’en parler à quelqu’un pour avoir du soutien). Le médecin (une femme) qui m’a donné la RU486 a été très gentille, elle a pris le temps de répondre à toutes mes questions. En revanche, l’infirmier qui s’est « occupé » de moi pour la prise du 2ème médicament a été horrible. Il n’avait qu’une seule idée en tête, que je m’en aille pour qu’il puisse retourner en pause café avec les collègues… Le médicament ne semblait pas faire effet alors j’étais assez paniquée mais il n’a pas cherché à me rassurer, il n’a jamais voulu regarder le peu que j’avais expulsé pour confirmer ou non la « réussite » de l’ivg. J’ai dû récupérer moi même au fond des toilettes ce qui me semblait être l’oeuf pour qu’il daigne me répondre un « peut-être que oui, peut-être que non, de toute façon, ça ne sert à rien de chercher, c’est microscopique »… Mon oeuf mesurait 2 cm…
Enfin bref, je ne regrette pas d’avoir avorté, c’était la meilleure chose à faire, et je n’ai pas hésité une seule seconde. A la visite de contrôle, j’ai ressenti un grand soulagement, j’ai souri à la lecture du résultat et j’ai repris sereinement le cours de ma vie, contrairement à ce que « tout le monde » pense généralement.
Avant d’avorter, je pensais que c’était obligatoirement une épreuve difficile à vivre (vu comme on en parle d’habitude), et en fait j’ai été finalement surprise de voir que je le vivais très bien. A un moment donné, j’ai même culpabilisé de ne pas culpabiliser, mais en lisant certains témoignages, j’ai compris que ma réaction n’était pas anormale.
Aujourd’hui je vais très bien, je suis toujours avec le « papa », on est très heureux, et je ne veux toujours pas d’enfant (peut-être un jour?). Je n’ai pas ressenti ce fameux « instinct maternel », comme quoi, ce n’est pas si instinctif que ça! Et quand on est sûre de soi, rien ne prédispose à mal vivre son ivg.
Novembre 2006 : j’ai 29 ans, suis en CDI et sors avec quelqu’un depuis 3 mois. Avec lui, on ne s’entend sur rien sauf le sexe, et encore…
Lui n’aime pas mettre des préservatifs et moi, sachant que cette histoire ne durera pas, je refuse de prendre la pilule pour lui. Deux têtes de mules = une grossesse non désirée. Il ne m’a pas fallu plus de 2 semaines pour m’en rendre compte (nausées, plus du tout envie de fumer, dégôut de certains aliments…).
Je n’ai pas envie de garder l’enfant sachant que le géniteur et moi ne feront pas long feu ensemble. Je lui en parle et il me dit qu’il s’en fiche, qu’on « ne va pas m’enlever un truc de 15 cms non plus, et qu’il n’y a pas de raison d’en parler ! ». Fin de la discussion.
Je me débrouille donc seule : rendez-vous chez le médecin, puis 3 rendez-vous à l’hôpital.
Je n’ai pas grand chose à reprocher au personnel hospitalier, sincèrement : discussion déculpabilisante avec la psychologue (entretien de 5 minutes tout au plus, cela dit), autre discussion tout aussi déculpabilisante avec le médecin chargé de l’échographie. Le personnel a été globalement sympathique, ou indifférent dans le pire des cas (mais, hè, ils sont débordés de travail, donc on ne va pas non plus s’attendre à ce qu’ils vous donnent des petites tapes sur l’épaule).
Comme je m’y suis prise assez tôt, l’avortement se fait par médicaments. On m’a demandé de prendre un médicament la veille. Arrivée à l’hôpital le lendemain matin, je vômis et m’évanouis dans la salle d’attente. Peu importe, on me transporte dans une chambre et on me donne LE comprimé. S’en suivent des douleurs assez fortes, puis un saignement abondant. Apparemment, là, on m’a oubliée puisque l’infirmière, ou le médecin n’est revenu qu’un bout de temps après… Peu importe, je n’étais pas à l’article de la mort, et comme je l’ai mentionné avant, le personnel a énormément de travail dans cette structure. Et ça n’a franchement pas été si atroce que ça : pour preuve, je suis retournée travailler l’après-midi même.
Le plus dur dans cette histoire aura été la honte (une grossesse non désirée à 16 ans, on peut le comprendre… à 29 ans, beaucoup moins), et le fait d’avoir été seule pour affronter ça.
Conclusion : chapeau bas au personnel soignant et… j’ai avorté dans les années 2000 et je vais bien, merci ! 🙂
J’ai 20 ans je crois, c’est en 2009, l’année de l’élection d’Obama. Le jour de la conception, l’élection du Président Obama. ma couleur de peau? Je suis noire, mon copain de l’époque est blanc. On a fait la fête toute la nuit en suivant le résultat des élections, Etat par Etat, petits fours, vins, bières, vodka et champagne, soirée avec des amis de science po et de droit, à la limite de la pédanterie je suppose. On fini saoul dans un bar rempli d’américains, à danser à la victoire d’un président qui n’est même pas le notre, dans l’espoir qu’il aurait pu être le notre. Fin saoul, on fait l’amour sans capote, gueule de bois le lendemain, j’oublie la pilule du lendemain, je vais me coucher en espérant que ce mal de tête parte un jour. Ca aurait pu être un bébé Obama, décidemment quelle blague.
Trois semaines plus tard, j’ai deux jours de retard dans mes règles, en me réveillant de la sieste je sais que je suis enceinte, je le sens, comme j’ai pu le lire dans d’autres commentaires, cette sensation dans le ventre qui ne peut vouloir dire qu’une seule chose. Je fonce chez mon copain, on achète un test, positif, on va en racheter un second ( au cas où :S) la pharmacienne nous toise « vous savez ça ne va pas changer miraculeusement », quand on pense au prix des tests de grossesse, elle aurait juste pu nous baiser les pieds d’être paniqués et stupides.
Décision prise de ne pas le garder, question qui ne s’est jamais posée, un ami en médecine me conseille un médecin, qu’il considère de confiance.
Une de mes très bonnes amies m’accompagne à ce rdv qui reste encore aujourd’hui une grande blague dans notre cercle d’amis. Tout d’abord il m’abreuve de propagandes pro vies (petites imageries du développement du foetus et tutti quanti) puis me raconte l’histoire de certaines de ses patientes qui ne s’en sont jamais remises, il déduit ‑je suppose de ma couleur de peau- que j’habite dans un foyer, je lui affirme le contraire, il est surpris que je fasse des études, et dit ne pas pouvoir me conseiller qui que ce soit pour ce genre d’intervention. Il me fait quand même payer, du grand rêve,
Passage par le planning familial, je ne peux pas me faire avorter avant noël, après ce sont mes partiels,je prend donc rendez vous le 21 janvier soit presque à trois mois de grossesse pour l’avortement. Au planning familial les gens sont compréhensifs, aucunement infantilisant, aucunement dans le pathos, ils posent les bonnes questions et acceptent les réponses. Mais je me rappelle de ces trois mois d’horreurs, que j’ai passé à vomir constamment, quand je ne pouvais plus supporter l’odeur de quoi que ce soit, quand chaque effort était un supplice, j’ai perdu 5 kilos, je révisais en même temps, pendant le déroulement des partiels, je buvais des litres et des litres d’eau au citron pour ne pas sortir de la salle pour vomir et je vomissais entre chaque épreuve. Lorsque tout a été fini, j’ai ressenti un énorme soulagement, une liberté immense à me réapproprier mon corps qui était à nouveau MON corps, et ce que j’ai trouvé insupportable alors et ce que je trouve toujours insupportable aujourd’hui c’est le regard plein de malaise quand je dis avoir subi un avortement, d’ailleurs je ne l’ai jamais subi, je l’ai voulu, je le voudrais encore aujourd’hui si c’était à refaire, je me sentais coupable de ne pas me sentir coupable, de ne pas avoir voulu vouloir un enfant, comme si tous ces regards me renvoyaient cette peine que j’aurais du ressentir. Et merci, merci pour ce blog, parce que je comprend que je ne suis pas un monstre de ne pas avoir de peine à avoir avorter, de ne pas considérer que j’ai tué un enfant, parfois je suis un peu triste en repensant à cette période, mais je ne me sens pas moins une femme d’avoir choisi de ne pas avoir d’enfant, je m’en sens d’autant plus une d’être capable de me choisir, et je me sens d’autant plus fière d’être dans un pays où malgré une masse d’ignards, encore trop souvent des femmes, bien souvent des hommes qui n’y comprennent pas la moitié d’une pellicule à ce que ça veut dire d’être enceinte, de vouloir ou de ne pas vouloir l’être, de vouloir ou de ne pas vouloir un bébé, jamais, pas maintenant, d’avoir dans son corps un autre corps etc. que malgré ces imbéciles, on ai le droit d’avorter et de le faire gratuitement.
Alors j’ai avorté et je vais bien merci.
Mais quelle bonne idée, ce blog !
Moi, j’ai avorté deux fois dans le même hôpital, en 2006 et en 2008. La première fois, c’était à cause d’un oubli de pilule. L’IVG s’est très bien passé, l’entourage médical était au top, j’ai découvert d’autres moyens de contraception, etc… La deuxième fois, la capote avait craquée et la pilule du lendemain n’avait pas marché. Je suis retournée dans le même hôpital en me disant que comme pour la fois, ça allait bien se passer. Mais je suis tombée sur une sage-femme qui a littéralement tenté de me déstabiliser et de me traumatiser. Comme c’était la deuxième fois, elle m’a dit qu’il fallait que j’arrête d’être irresponsable, de me mettre en danger et de croire que la pilule du lendemain était un moyen de contraception. « Le coup de la capote qui craque, on connaît… C’est pas sérieux, vous pensez qu’on peut, comme ça, faire une erreur, et hop! ça disparaît. Vous ne vous rendez pas compte… C’est irresponsable… » Bon, passons. Je me suis dit qu’elle était de mauvaise humeur.
Le jour de l’intervention, je suis arrivée sereine. J’ai pris les médicaments et je me suis posée sur un fauteuil. Ça m’a fait beaucoup plus mal que la première fois. Et je devais être hospitalisée 4h. Au bout de ces 4h, je me tortillais de douleur sur mon siège et je n’avais toujours pas éjecté le foetus. Je demande à une infirmière ce que je dois faire. Elle me donne un doliprane et me dit de rentrer chez moi, que ça sortira tout seul. Je demande si je ne peux pas rester un peu. Pas possible, d’autres attendent. Ok. Je pars et je l’éjecte dans ma culotte en chemin. Super… je rentre, dégoutée. Ensuite, je devais partir voir mes parents. Alors, je m’organise par rapport aux rdv’s pour le suivi de l’IVG (prise de sang et examen gynécologique). La semaine suivante, la veille du rdv pour la prise de sang, je rate le train. Je ne peux donc me rendre à l’heure au rdv le lendemain matin. J’appelle le standard de l’orthogénie pour les prévenir et m’excuser. Je cours dans un labo de ma ville pour faire la prise de sang de contrôle, histoire d’avoir quand même des résultats à présenter à l’examen gynécologique. (j’ai demandé au standard si je pouvais le faire malgré la recommandation de faire toutes les prises de sang dans le mêmes labos, ils m’ont dit que ce n’était pas grave, qu’on verrait le lendemain…)
Le lendemain, j’arrive à l’examen et je me fait aboyer dessus par la même sage-femme qui m’avait reçu au premier rdv. Elle crie au scandale parce que je n’ai pas fait la prise de sang dans le même laboratoire, me traite de menteuse par rapport au coup de fil que j’ai passé, me dit que je ne suis pet me laisse avec une interne qui me regardait de travers et qui me dit qu’il faudrait que je sois un peu plus réfléchie et plus mature. Dégoutée, je suis sortie car pour moi, je n’avais rien fait de mal et dans ma tête, c’était clair. C’était pas du tout un acte irréfléchi, je n’étais pas une gosse immature (j’avais 25 ans) qui ne comprenait rien à la contraception et je n’étais pas en train de me mettre en danger.
Sur le coup, j’ai eu un peu de mal à la digérer et en plus, il y avait des gens autour de moi qui commençait à utiliser mon histoire pour dire que l’IVG pouvait être psychologiquement destructeur, qu’il fallait faire gaffe à la pilule du lendemain… Tout un tas d’idées qui déformait mon histoire et qui faisait de l’IVG un acte complètement négatif. Mais maintenant, cette histoire est loin et votre blog est une bonne occasion de la raconter. Je ne regrette pas du tout ce que j’ai fait, je ne culpabilise pas, mais s’il y a une prochaine fois et que je tombe encore sur une personne comme cette sage-femme, je n’hésiterai plus à lui dire ce que je pense et à me défendre plus et lui dire : ÇA VA, JE VAIS BIEN, MERCI !
J’ai avorté deux fois, la première fois à 18ans et la seconde l’année dernière (j’ai aujourd’hui 24ans).
Première fois, glissement du préservatif avec mon petit ami de l’époque. J’ai pris la pilule du lendemain dans les meilleurs délais possibles… elle n’a pas fonctionné.
Pour moi, c’était absolument évident que je ne garderais pas ce bébé, je n’ai pas hésité une seconde.
J’avais 18 ans et trois jours, je me suis présentée au planning familial, il m’ont envoyé bouler froidement sous prétexte que j’étais majeure, sans me donner la moindre piste de personnes à contacter.
Je n’avais pas de médecin traitant, ni de gynéco.
Je me suis tournée vers le médecin de famille, qui ne m’avait plus vu depuis mes 13 ans. Elle m’a immédiatement donné toutes les infos et contacts nécessaires et je me suis présentée à l’hopital, où j’ai été reçue par un gynécologue compétent et compréhensif.
Ni culpabilisation, ni morale à deux balles, il m’a demandé si je souhaitais qu’on mette en place une contraception après l’avortement, j’ai dit oui.
Le jour J je me suis présentée à l’hopital seule (mon ami travaillait et étant apprenti, on lui avait refusé de prendre un jour de congé !), avec mon walkman et une pile de livres.
J’ai vécu un avortement médicamenteux tranquille, sans douleurs particulières, toute seule entre mon lit et les toilettes, entre lesquels je faisais de fréquents aller-retour mon bouquin à la main.
Je n’ai ressenti aucune forme de culpabilité ou de souffrance psychologique.
Mon petit ami m’a soutenu dans mon choix, mes parents l’ont su et m’ont approuvé, ainsi que mes amis.
Mon second avortement a été plus compliqué.
Je prenais la pilule en continu (donc pas de règles) et j’habitais en Italie avec mon petit ami italien. Quelques semaines avant Noel, je me suis mise à vomir inexplicablement. Je n’ai pas tout de suite envisagé une grossesse, puisque je n’avais eu aucun oubli de pilule. Mais plus les semaines passaient, plus je dégueulais, plus j’avais des doutes… J’avais très peur et mon ami aussi. Surtout lui en fait. Il était hors de question qu’il devienne père.… mais hors de question qu’il me laisse tomber… et hors de question que sa famille (cathos réacs) l’apprenne, sans quoi ou je me serais fait chasser de chez lui, ou j’aurais du l’épouser (et dans les deux cas son père lui aurait cassé la gueule). Un test de grossesse m’a confirmé ce que je redoutais.
J’ai sauté sur le prétexte des fetes de fin d’année pour rentrer en France (avorter en Italie est un véritable parcours du combattant, et je devais le faire en toute discrétion afin que mon entourage italien ne se doute de rien) et aller à l’hopital en quatrième vitesse.
Je suis tombé sur le pire des gynécologues, réac, moralisateur et menteur : il m’a asséné lors de l’échographie « ah mais vous arrivez trop tard mademoiselle, vous etes à plus de 11 semaines, c’est flagrant ! » (puisque je ne pouvais pas dire à quand remontaient mes dernières règles, l’échographie devait faire foi).
Il m’a ensuite montré le foetus dans les moindre détails, « regardez, il a déjà des pieds ! et son coeur bat ! ».
Lorsque j’ai confirmé que je souhaitais avorter à n’importe quel prix, meme si ça signifiait aller en Belgique, en Angleterre ou sur Mars s’il la fallait, il m’a gratifié d’un discours suant de pédanterie et de paternalisme :
« Allons mademoiselle, si vous venez aussi tard ce n’est pas par hasard. Quelque part, vous le voulez ce bébé, non ? »
Je ne me suis pas démonté et face à mon insistance il a fini par m’orienter vers un service pour « les cas d’urgences comme vous » en insistant bien sur le fait que « de toutes façons c’est trop tard ils ne vous prendront pas, ils sont surbookés ».
Une heure plus tard j’étais réexaminée par une gynéco rassurante et compréhensive, qui m’a confirmé que j’étais ENCORE dans les temps et que l’opération aurait lieu dans la semaine.
Mon avortement s’est déroulé sous anesthésie générale, sans soucis.
Là aussi, aucun regret ni remors.… si, un seul, ne pas etre retourné voir le premier gynéco pour lui coller mon poing dans la gueule !
Je précise que dans les deux cas je suis allé seule me faire avorter, non pas parce que j’étais abandonnée, mais par choix.….
Parce que je ne ressentais pas le besoin d’etre soutenue : j’allais TRES BIEN.
Et aujourd’hui, je vais BIEN.
D abord, un petit mot pour dire qu en lisant certains témoignages, ca me fait chaud au coeur car je comprends exactement ce que les filles veulent dire par {perdu la confiance en son mec qui n a pas eu les couilles de venir pour l ivg}, {période adolescente les-enfants-c-est-trop-chou}, etc.. Je n ai pas beaucoup parle de cette histoire et il n y a, a ma connaissance, aucune pote de mon entourage qui a avorte.
Pour ma part, jetais en couple depuis un bail mais je ne prenais la pilule que quand j y pensais. Je suis tombee enceinte en debut de 2eme annee de prepa HEC. D une part, priorite aux etudes et juste aucun moyen d entretenir un gamin. D autre part, un couple bancal et adolescent avec des tres hauts et des tres bas. On etait tous les deux d accord pour l ivg, mais quand je lui ai demande de venir avec moi a l hopital, j ai eu droit a un {desole, je peux pas}. Ah, cest du joli, le soi disant homme de ma vie, tsss.. Impardonnable, de me laisser tomber juste quand jai besoin de soutien. On est quand meme restes ensemble pour se dechirer encore 1 ou 2 ans avant de se separer pour de bon, mais bref.
IVG medicamenteuse, je ne sais pas ce qu ils m ont donne avec la 486 mais jetais carrement stone, dans le gaz total, je n avais qu une envie cetait de dormir, et l infirmiere qui me harcelait pour me tenir eveillee et me faire marcher pour faire descendre. Finalement ejecte dans les toilettes, et basta. En fait jetais tellement high que je nai pas vrament de souvenir de l ivg, cest brumeux. Apres, ca a ete un peu dur a cause de la tournure que ca a pris avec ce mec dont j etais tres amoureuse. Les quelques jours qui ont suivi, j y pensais pas mal, puis plus du tout, puis un gros coup de bad quand {il aurait eu un an}.
Mais la, presque 3 ans apres, je suis bien dans ma vie, bien dans ma tete, plus de doute ni de culpabilite : c etait le bon choix, sil le fallait je referais tout pareil. J y pense occasionnellement quand je tombe sur des articles sur le sujet 😉
J’avais 20 ans, étudiante en 2ème année de BTS, en couple depuis quelques mois avec un garçon qui, je le savais, n’aurait jamais été l’homme de ma vie…
Je prenais la pilule et suis tombé enceinte. Je m’en suis rendu compte assez tard, 10 semaines, ayant déjà d’avance des cycles irréguliers et prenant la pilule en faisant attention. C’est au moment des nausées que j’ai fais le test et merde, je suis enceinte!!!
Pas de questions à se poser, c’était irresponsable de garder un enfant dans ma situation et je n’en avais pas du tout envie.
Je me suis rendu au planning familial, la femme médecin était très très froide et m’affirmait qu’il était impossible que je puisse tomber enceinte sous pilule. L’anesthésiste m’a aussi fait des leçons de moral et m’a, par sous-entendu, traiter de meurtrière. L’opération (curetage) a été une épreuve assez traumatisante, les infirmières de la salle de réveil ne me parlait pas et je suis parti sans avoir le droit à un repas, n’ayant pas manger depuis la veille au soir.
Ces regards et ces attitudes ont rendu cette épreuve beaucoup plus traumatisante.
4 après, je peux dire oui je vais bien merci mais vous ne m’avez pas aidé.
J’ai appris que j’étais enceinte en 2009, j’avais prévu de partir en angleterre en septembre pour un an, et on était début aout.
Heureusement, des signes peu trompeurs se sont tout de suite révélés (changement d’humeur, seins hyper douloureux, maux de ventre inhabituels, vomissements matinaux) et le test s’est révélé positif au bout de deux semaines de grossesse.
J’avais 21 ans, je devais partir en angleterre, mon copain était un connard de première qui venait de passer son été à me détruire et que je venais de quitter, j’avais meme pas encore décroché ma licence… Je n’ai à aucun moment pensé à garder ce truc qui poussait en moi… mais pourtant j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que je ressentais que ma vie était marquée maintenant, et qu’il n’y avait pas de moyen de retourner en arrière. Il fallait que je sois forte, j’avais encore des exams à passer et il fallait que je jongle entre mes préparatifs pour le voyage, les exams justement et l’avortement.
J’ai pu avoir droit à l’avortement médicamenteux. Malheureusement, il n’y avait pas de place à l’hôpital, j’ai donc du appeler un gynécologue privé. J’ai du en appeler une dizaine avant d’en avoir une qui pouvait me prendre avant que je parte, j’ai eu de la chance. Franchement, je pense à toutes ces filles qui se retrouvent à la limite pour avorter, et je me dis que le système essaie de nous empêcher d’y avoir recours le plus qu’il peut. Les délais sont impressionnants.
J’ai avalé le premier cachet le matin de mon exam. J’ai trouvé ça douloureux psychologiquement, mais pas aussi douloureux d’être contrainte de porter ce truc pendant deux semaines. La gynécologue a été sympa et d’ailleurs, le personnel de l’hopital qui s’est chargé des prises de sang et autres analyses a été sympa aussi.
J’ai donc passé mon exam l’après midi et le lendemain, alors que je faisais les courses pour préparer mon départ, j’ai fait une fausse couche dans le magasin. Je suis rentrée chez moi et j’ai expulsé l’oeuf, avant la prise du deuxieme cachet. Lorsque je suis retournée voir la gynéco, elle m’a dit que le plus gros était passé et que le deuxieme cachet ne devrait pas me provoquer grand chose (ce phénomène est rarissime car le deuxieme cachet est censé provoquer la fausse couche, pas le premier). Je suis restée chez une copine toute la journée après la prise du second cachet, et tout s’est bien passé. La gynéco m’a appelée pour voir si tout allait bien, et m’a dit que je pouvais partir en angleterre tranquille. Je suis partie en saignant encore et avec une ordonnance pour une prise de sang de contrôle deux semaines après.
Or voilà, la France c’est la France et on s’en plaint beaucoup mais l’Angleterre c’est encore plus horrible.
Le jour où je me suis pointée au centre médical pour faire ma prise de sang, on m’a informée que ce genre de prise de sang ne se faisait qu’à l’hopital et que la modique somme de 300 livres (soir 350 euros) me serait demandée. Impossible donc pour moi de la faire.
Un soir, je sors boire une bière, cela faisait une semaine que je ne saignais plus, et là je me remets à saigner (beaucoup). Je pars à l’hopital d’urgence, il est 23H. Les médecins me reçoivent à 5h du matin. Ils me prennent la température (37.9), la tension (je tachycharde, normal un peu non ?). Verdict : je fais une infection de l’utérus. Pardon??? « des douleurs au ventre mademoiselle ? » « Non pas du tout » « ah bon ».
Ils m’imposent de faire un test de grossesse classique, celui que l’on trouve dans les pharmacies. Je leur explique que les hormones de grossesse sont encore en moi et qu’il sera positif. « Non non » me répond-on « aucun risque, il sera négatif ».
Verdict (comme attendu), le test est positif.
Le médecin me dit que je suis encore enceinte, probablement un jumeau qui n’aurait pas été expulsé. Je suis complètement choquée et atterrée par ce qu’il me dit. Je n’y crois pas, je demande à passer une échographie. « Non, désolé mais les échographies ne se pratiquent pas avant le 7eme mois de grossessse ».
Je sors de l’hopital, je vomis à cause du choc… j’appelle ma gynéco le lendemain, elle rigole de l’incompétence de ces médecins anglais, et me rassure.. Non je ne suis pas enceinte, non je n’ai pas d’infection. Et elle a raison.
Tout ça pour dire que la france a des dysfonctionnements certes, mais il y a des pays où c’est le cauchemar pour se faire suivre, vraiment.… Je me serais bien passée de ce traumatisme anglais.
Je n’ai jamais regretté mon geste, j’en tire une immense force à présent, et je reste extrêmement fière d’avoir décroché ma licence et pu réaliser mon année outre manche tout en traversant cette épreuve désagréable. J’ai avorté et je vais bien, merci !
J’ai pu vivre une IVG dans un centre de planning en Belgique en 2002 et j’y ai été extrêmement bien accueillie et accompagnée. La sécu rembourse l’intervention. Mais ce qui m’a le plus touchée c’est la liberté qui m’était donnée avec beaucoup de sollicitude et de professionalisme. Je me suis bien remise de l’IVG et ne regrette rien.
J’ai avorté 3 mois avant mon mariage en 2008. Mon futur mari et moi vivions sur un petit nuage, et par le plus grand des hasards, je me suis retrouvée enceinte alors que j’avais un stérilet depuis 3 ans. Ma gynéco a halluciné, m’a dit que c’était rare, mais que ça existait. Elle était très enthousiaste, ravie pour moi et mon petit ‘bébé stérilet’. Moi j’ai fondu en larme. Car même si j’avais envie de fonder une famille avec mon mari, je voulais le faire plus tard, pas maintenant, pas me marier enceinte.
Mon mari a été ferme : on ne le garderai pas. Mais au fur et à mesure des conversations, il m’a soutenue et m’a dit qu’il accepterai ma décision, même si lui préférerai ne pas le garder.
Moi j’ai eu beaucoup plus de mal que lui à me résoudre d’avorter. Cela n’était pas dans mon ‘schéma mental’. Dans la procédure d’un avortement médicamenteux, ma gynéco m’a envoyée voir une psychiatre. Et c’est grâce à elle que j’ai vécu un avortement facile. Elle m’a rassurée sur ma plus grosse crainte : j’avais peur qu’en avortant, ensuite j’ai un blocage psychologique et je n’arrive plus à avoir d’enfant. Elle m’a assurée que si c’était ma décision, mon choix, je n’aurai jamais de blocage.
Ainsi fut fait. Ma décision prise, ma gynéco m’a fait avorter à 8 semaines grâce aux médicaments. A prendre devant elle, et le lendemain matin pour l’expulsion à la maison. Douleur super bien gérée grâce à des anti-douleurs très efficaces qu’elle m’avait prescrits.
Aujourd’hui je le dis haut et fort. J’ai avorté et je vais très très bien, merci.
En 2010 je suis retombée enceinte par choix cette fois, 2 ans 1/2 plus tard. Mon petit bébé va très bien. Mon mari est ravi, et moi encore plus.
D’ailleurs, quand je vois les concessions qu’un enfant oblige à faire dans une vie de couple, je regrette encore moins mon choix d’avorter. Si l’arrivée d’un bébé n’est pas voulue, tous les petits tracas que sa naissance peut apporter doivent paraître encore plus insurmontables !!
J’ai avorté et je vais bien, merci! Quand je lis les autres témoignages, je met dis même que j’ai eu beaucoup de chance.
J’ai avorté en 2004, j’avais 19 ans, je ne prenais pas la pilule car j’avais perdu du poids et j’avais très peur de regrossir, mais j’avais pourtant l’ordonnance… Je calculais mais mes cycles n’étaient pas réguliers, et j’ai fini par tomber enceinte.
J’ai été très soutenue par mère, qui a été m’acheté le test quand j’ai eu des doutes. Elle m’a dit qu’elle me soutiendrait quelle que soit ma décision. Au début j’étais tentée de le garder, bien qu’étudiante, j’avais des moyens financiers suffisants et j’avais envie d’être maman. C’est le père qui m’a convaincu, il n’en voulait absolument pas et je ne le voyait pas s’occuper d’un enfant, d’autant plus qu’il avait de gros problèmes avec le canabis.
Mon généraliste m’a aussi soutenu et m’a dit que j’avais pris la meilleure décision au vu de mes études. Il m’a recommandé à un gynéco de l’hopital local.
J’ai téléphoné, il n’y avait pas de temps d’attente, mais j’ai pris un rendez-vous volontairement plus tard afin de pouvoir passer mes partiels avant.
Le gynéco a été très compréhensif, ne m’a pas jugé, il m’a montré l’embryon à l’échographie sans me faire la morale, j’en étais à 8 SA. Il a fixé l’intervention pour la semaine suivante. Le père n’est pas venu, mais j’étais avec mes 2 meilleurs amis qui ont été là et m’ont chouchouté, ils ont poireauté longtemps avec moi dans la salle d’attente.
Le jour J tout le monde a été très gentil avec moi, les infirmières, l’anesthésiste (qui m’a même complimenté sur mes cheveux en me mettant la charlotte). Anesthésie générale, je n’ai absolument eu aucune douleur, le soir même je mangeais au restaurant avec mes parents. J’ai appris le même jour que j’avais validé mes partiels et que j’étais acceptée en 3ème année.
A la visite de contrôle, je suis tombée sur un autre gynéco, très gentil lui aussi, il a vite détecté qu’il restait des résidus et m’a donné un traitement pour les évacuer. C’est peut être la seule partie où j’ai un peu souffert, j’ai perdu beaucoup de sang, mais à la visite d’après tout était rentré dans l’ordre.
Finalement, le seul qui n’a pas été exemplaire, c’était le père.
J’ai eu peur pendant longtemps d’avoir laissé passer ma chance d’être maman, mais aujourd’hui j’ai un beau ptit bout en pleine forme pour lequel j’ai vécu une grossesse formidable et sans aucun soucis, qui a un papa merveilleux (pas le même bien sûr) et un bon boulot qui me permet de lui offrir tout ce dont j’ai envie!
Alors voilà je vais bien merci!
J’ai appris ma grossesse en novembre 2009, j’avais alors 26 ans et mon fiancé 24 ans. Nous avions les moyens financiers de garder cet enfant, mais ce n’était tout simplement pas le moment, et je n’ai pas hésité une seconde avant de prendre ma décision.
Venant à peine de déménager, je ne connaissais aucun médecin. J’ai téléphoné à presque tous les cabinets de gynécologie, et à chaque fois la même réponse: « Nous ne faisons pas ce genre de chose! ». Personne pour m’orienter. J’ai mis deux jours avant d’avoir un rdv au planning familial.
Une fois devant le sage-femme, j’ai eu pitié en pensant à toutes les jeunes filles potentiellement impressionnables qui ont dû passer avant moi. J’y suis allée avec mon fiancé, et elle nous a parlé comme si on était des adolescents attardés, elle ne comprenait pas notre décision étant donné la stabilité de notre couple, notre âge, et notre situation financière. Tout cela à demi-mot bien-sûr, en ponctuant son discours de « Je n’essaie pas de vous faire changer d’avis »…
Quand j’ai posé des questions à un médecin (hors du service du planning) sur les risques d’infertilité de l’IVG, il m’a répondu que la seule femme qu’il connaissait qui avait avorté n’avait pas pu avoir d’enfant quand elle a essayé qlq années plus tard…
Sinon au moment de rentrer dans le service pour faire pratiquer l’IVG, je n’ai eu que du personnel sympa, vraiment rien à dire! Tout s’est très bien passé, et aujourd’hui, tout va toujours très bien, nous nous sommes mariés 6 mois après! On va bien, merci!
j’ai avorté à 22 ans et ça a été libérateur… le terme est assez violent, j’en conviens, mais il reflète bien mon état d’esprit de l’époque. J’ai oublié ma pilule 2 fois dans le même mois et avec mon ami, nous n’avons pas pris de précautions particulières. Je sais que ce n’est pas prudent et on me l’ a suffisamment répété… Simplement, nous étions trop perdus l’un et l’autre pour gérer ces oublis « correctement » (comme on nous l’a dit). J ai su tout de suite que j’étais enceinte. je l’ai senti physiquement et « moralement », comme une espèce de fatalité qui ferait coïncider l’implantation dans mon ventre de cet embryon que je ne désirais pas ‑et n’avais jamais désiré- avec une des pires périodes de ma vie sociale, professionnelle et familiale. Avorter a été une évidence. Ma gynéco l’a compris tout de suite, sans que j’aie besoin de me justifier. Grâce à elle, à ses compétences, sa déontologie mais aussi sa vision de son travail et son impact sur la vie des femmes, mon parcours a été rapide, efficace et dénué d’embûches. Mais pas de réflexions insidieuses… Le fait que je sois matériellement en mesure d’élever un enfant m’a valu quelques remarques acerbes et beaucoup d’incompréhension. Le fait que je dise aussi ne pas vouloir d’enfant dans l’absolu, et non juste à cet instant T a aussi été mal compris. Ceci étant, pour moi, il n’y avait pas d’autre alternative. Je ne voulais pas être mère, ni enceinte, ni rien… A cette époque, je n’ai parlé de cet avortement à personne d’autre qu’à mon ami, sa mère et ma soeur; les autres personnes de mon entourage proche n’auraient pas compris ce refus. encore maintenant, quand j’évoque cette part de mon histoire, je vois les têtes se pencher sur le côté et les commissures des lèvres s’abaisser légèrement, dans un signe universel de compassion qui m’agace, comme si je devais forcément compter l’âge qu’aurait eu mon « bébé » ou me tordre dans les affres de la culpabilité et des regrets éternels. Cet avortement a été pour moi une bonne chose, tant par liberté qu’il m’a donnée de poursuivre ma vie telle que je l’ entendais que par la réflexion sur ladite vie qu il a entraînée après. Je ne l’ai jamais regretté et je n’ai même jamais pensé réellement, concrètement, à l’éventuel enfant à venir qui n’est jamais venu. cela fait simplement partie de mon parcours, au même titre qu’une expérience amoureuse, qu’un changement d’orientation professionnelle ou que n’importe quel autre fait qui sort du quotidien. Ni plus traumatisant, ni plus anxiogène, encore moins plus culpabilisant. point. Aujourd’hui, je vais bien, merci… 🙂
J’ai avorté en 2006,en mars quelques mois après la naissance de mon 2ème enfant,
J’avais 24 ans.
Un oublie de capote bête ..et pas de contraceptif .
Pour moi il étais hors de question d’avoir cet enfant,ma vie étais assez merdique comme ça, un ex qui c’est avérée être un pervers-narcissique,une dépression qui m’as conduite en hopital psy et mon bébé placé en famille d’accueil .
Je n’aurais pas pu bien m’occuper de ce 3 éme enfant,je n’en avait pas les capacités financière ni morale.
Heureusement,je m’en suis aperçu très tôt et j’ai pu bénéficier d’un avortement par voie médicamenteuse. le personnel de l’hôpital à été très bien et compréhensif,la psy n’as suivi et accompagné avec douceur sans cherché à m’orienter dans mon choix et je n’ai pas été confronté au femmes enceinte qui étais dans la maternité.
J’ai pu expulser l’oeuf chez moi.. j’ai juste senti en allant au toilette quelque chose qui C’est détaché.Je n’ai pas souffert , j’ai juste eu l’impression d’avoir mes règles.
A mon retour à l’hôpital, j’ai eu droit à un examen de contrôle pour voir si tout avait été bien expulser.
Ce qui n’as étonner au final c’est que je pensais culpabilisé et qu’en fait non.. j’étais sure de mon choix.
Mon entourage et ma mère qui est pourtant très croyante, ne n’as pas jeter de pierres. Aucun n’est venu me voir en me disant que j’étais une horrible meurtrière. Les seules à avoir tenter de me culpabilisé sont les folles qui traine sur les forums dont je tairais le nom.Pour elles ce n’étais pas normal que j’aillent aussi bien.
A elles je veux leur dire; je vais très bien merci!!
Tout s’est passé pendant l’année 2007. Je suis tombée amoureuse d’un collégue alors que j’étais déja en couple avec mon ami depuis 4 ans. J’ai compris le sens du mot passion… Pour la première fois de ma vie, à 24 ans, je n’ai plus rien contrôlé. J’ai laissé mes sentiments me guidaient. J’ai vécu pendant quelques mois une magnifique histoire d’amour cachée. Le secret la rendait encore plus belle et romanesque. Enivrée par la passion, je me suis laissée glissée dans une double vie. Le collégue en question ne soupçonné pas un instant l’existence de mon ami. Je mentais aux deux, mais paradoxalement j’avais vraiment l’impression d’avoir deux vies bien distinctes, bien cloisonnées… Je crois que je les aimais tous les deux. Et puis, tout a dérappé, j’ai perdu le contrôle… je suis tombée enceinte. Je n’ai plus donné de nouvelle à mon collégue du jour au lendemain. C’était comme si cette partie de moi, celle qui était tombée sous le charme de cet homme si sensible et si délicat, avait disparu avec l’horreur de la situation. Je n’ai jamais envisagé même un instant de continuer cette grossesse. Mon ami m’a accompagnée le jour de l’avortement. Il n’a jamais sû la vérité… Mon collégue n’a jamais sû que je suis tombée enceinte. Nous travaillons dans une grande entreprise divisée en agences et je ne l’ai jamais revu. Personne ne connaît la vérité dans son intégralité. C’est la première fois que je l’écrit, que je l’admets. La culpabilité ? Je la ressents mais pour ce que vous pensez. Je ne regrette pas une seconde d’avoir aimé et été aimée par cet homme. Je n’ai pas le moindre remord de l’avoir laissé du jour au lendemain. Je continue à vivre et aimer mon ami, l’homme de ma vie, mon premier amour et mon premier amant. Ne rien lui dire n’est pas douloureux juste nécessaire. Mais j’éprouve une profonde culpabilité dans le fait de ne rien regretter. Dans la conscience collective, un IVG est un acte traumatisant et dévastateur. Je me croyais anormale de ne rien regretter. Ce blog m’a rassuré et ouvert les yeux. La contraception doit rester une priorité absolue, mais non, l’IVG ne m’a pas détruite. Au contraire, sans ce droit ma vie aurait été ravagée. Merci à toutes ces femmes qui se sont battues pour nous.
J’ai avorté 3 fois dans ma vie. Je dois faire partie de celles que certains désigneraient comme prenant l’avortement pour une contraception. Cette idée quand elle ne me met pas en colère me fait marrer : non mais est-ce qu’ils s’imaginent vraiment qu’en 20 ans de vie sexuelle je n’ai baisé que 4 fois en comptant mon môme?
La première fois j’avais 17 ans. Quand je m’en suis aperçue, j’ai été au planning familial, la personne qui m’a reçue, une femme assez douce, m’a expliqué qu’il fallait l’autorisation de mes parents pour pouvoir avorter. C’est cette annonce qui a été le plus dur, j’ai trainé… mais je n’ai pas hésité un instant sur la décision à prendre. Je ne voulais pas être mère à 17 ans point.
La deuxième fois j’avais 27 ans. Suite à l’obtention d’un concours de la fonction publique, entre la prise de poste et le déménagement 15 jours avant, utilisant toujours une pilule comme contraception, une période agitée a suffi certainement à ce que je merde dans la prise sans m’en rendre compte. J’avais déjà un enfant avec mon compagnon de l’époque, nous étions ensemble depuis quasi 10 ans. lui n’avait pas de désir d’un autre enfant, et moi, plus vraiment, et surtout ce n’était pas le moment, l’envie n’était pas là.
J’ai pris rendez-vous avec le planning après avoir été vue par un médecin généraliste. J’ai rencontré un femme, assistante sociale je crois, entretien obligatoire avant le délai de 7 jours de « réflexion ». Je me souviens avoir pleurer. Pas parce que j’avais peur, ni que je souffrais de cette décision, mais parce que je me sentais nulle et honteuse d’avoir merder ma contraception. L’avortement a eu lieu 10 jours plus tard, sous anesthésie générale. J’ai signé une décharge et je suis repartie chercher mon fils à l’école.
En fait, ce qui a été pénible, c’est que tout le temps où j’ai été enceinte, entre le moment de l’annonce et quelques temps après l’avortement, mon compagnon de l’époque ne m’a quasi pas adressé la parole, en dehors des phrases inévitables liées au quotidien. Il ne s’est occupé de rien,surtout pas de moi, je ne crois même pas qu’il ait su quel jour j’avais avorté. Je me dis après coup que si jamais j’avais eu des doutes sur ma décision, ce qui n’était pas le cas, il me les aurait enlevé direct! 😉
Je l’ai quitté 2 ans plus tard ( je sais je suis lente ;-)) et ai mené ma vie en ayant quelques histoires ou aventures avec d’autres hommes, ce qui m’a conduit il y a 6 ans à avorter à nouveau. Un bête accident de capote avec un mec que je voyais depuis 1 ou 2 mois de manière épisodique. Il était évident que j’allais avorter, je n’avais pas envie d’un enfant, et encore moins avec ce mec là que je connaissais à peine et avec qui je m’amusais bien au lit et ailleurs, mais sans plus. Finalement ce fut le même scénario, même clinique, et surtout même silence de la part du mec : il ne m’a pas rappelé, j’ai fini par le faire parce que j’avais besoin que quelqu’un vienne me chercher, ça m’évitait de signer une décharge comme la dernière fois, ainsi que le taxi. Il a dit oui, mais il est jamais venu.
Ce qui m’a marqué, c’est le silence. Le silence de ces deux hommes oui, mais aussi le silence des soignants. Je n’ai pas vraiment subi de propos désagréable, pas vraiment de froideur non plus, juste une espèce d’économie de mots dans les échanges. l’échographiste, le médecin qui d’un coup n’ont plus rien à dire lorsque tu leur annonces que tu comptes avorter, le sourire qui s’efface et le visage qui devient grave. Le drame imposé.
Je me souviens par contre avec une certaine reconnaissance du médecin que j’ai rencontré au planning avant le troisième IVG. Elle n’était pas silencieuse, et on a pu parlé de contraception, longuement et sans jugement. Cette entrevue avec elle m’a libéré de l’espèce de tabou dans lequel j’étais à propos de la contraception. Le silence, je me le suis imposé longtemps, comme une sorte de fatalité, je méritais certainement puisque j’étais une inconsciente pas foutue de prendre une pilule correctement. A part elle, je n’ai pas de souvenir de médecin avec qui j’ai pu parler de contraception, que ce soit avec mes précédents avortements, à la maternité, les médecins généralistes ou les quelques gynecos que j’ai pu voir. Ca a toujours été : voilà une ordonnance pour 3 mois de pilule merci au revoir. C’est bien la seule qui m’ait offert un choix réel en me présentant ce qui existait, mais aussi en discutant avec moi pour convenir de ce qui serait le plus adapté à qui je suis et à ma vie.
Avoir été aussi longtemps dans le silence, peuplé d’évidence erronée qui ne mérite pas de mots et encore moins d’échange, ça fait un drôle de bilan. Je ne suis ni une idiote, ni une inconséquente. Mais ça a pu m’arriver, peu importe les raisons ou leurs absences. Et alors? Prendre un traitement sans faille pendant au moins 30 ans , elle est là la difficulté!
Ces avortements furent un soulagement à chaque fois.
Je les ai voulu, je ne les ai jamais regretté, et je vais très bien merci!
J’ ai avorté en 2002! J’avais 16 ans à l’époque. Comme toutes ado qui vit cette situation j’avais peur de la réaction de mes parents… En particulier celle de ma mère! Pourtant c’est la personne qui m’a le plus soutenue, sans elle je l’aurais très mal vécu!
Le gynécologue n’a pas été tendre avec moi j’ai bien sentis que sans la présence de ma mère (qu’il a voulu faire sortir mais que nous avons refusés) il ne se serait pas retenu!! Il fait partit des personnes qui ne comprennent pas et qui n’acceptent pas l’IVG! J’avais une boule énorme dans la gorge et je n’arrivais pas à parler, ma mère a voulue m’aider et le gynéco m’a dit d’un ton sec qu’en gros si j’étais assez grande pour avorté j’étais assez grande pour m’exprimer toute seule!!il est resté froid pendant tout l’entretien!Je n’ai pas voulu parler à la psychologue, je lui ai simplement demandé de signer les papiers!!après avoir discuté avec ma mère (je ne serai pas capable de vous dire ce qu’elles se sont dit!!à ce moment là, mon corps était là mais mon esprit était ailleurs!!)Elle a signé, deux jours après j’étais à l’hopital dans une chambre en maternité!!!(sans commentaire!) . Ma maman était là! Je n’ai pas de mauvais souvenir vis à vis du personnel hospitalier mise à part le manque d’information!Quand on est descendu à la salle d’opération le couloir entre l’ascenseur et la salle était lugubre j’avais l’impression d’être dans un sous sol avec toute la tuyauterie au plafond!J’ai attendu devant la porte pendant qu’ils finissaient avec la jeune fille avant moi!!D’où j’étais je pouvais entendre la voix d’un tout petit garçon pleurer sa maman, il hurlait à la mort sans arrêt! Une infirmière d’un ton neutre lui disait « elle va arriver!!! » Je vous laisse imaginer la scène toi qui attends pour avorter et le gamin hurler « maman » sur un cri de douleur…bref!Tout c’est bien passé!J’ai due mettre au moins un an pour accepter…9 ans après je suis heureuse d’avoir pris cette décision parfois je me dis il devrait avoir tel âge…Mais je ne regrette vraiment pas!car j’ai eu la chance de pouvoir vivre ma vie sans cette responsabilité 9 ans de plus!!Je veux des enfants plus tard…Quand JE déciderai que je suis prète pour cela!!Merci mille fois à toutes ces femmes qui m’ont permis de pouvoir continuer mes études normalement et qui aujourd’hui encore me permettent de prendre le temps de choisir un métier qui me plaise sans devoir penser à quelqu’un d’autre que moi!!
J’ai avorté l’été 2003, j’avais 32 ans, je vivais en couple depuis 4 ans avec un garçon dont j’étais vraiment amoureuse et dont je suis toujours amoureuse et qui est toujours mon compagnon de vie. Seulement, j’étais au chômage depuis plus d’un an sans espoir de retrouver un emploi dans un proche avenir et mon compagnon allait se retrouver au chômage peu après et nous vivions plus que chichement dans un tout petit appartement. Nous avions une contraception uniquement via le préservatif, car épileptique et prenant un traitement quotidien lourd, j’avais eu de gros problèmes et effets secondaires avec différentes pilules, sans compter que leur effet était atténué par le traitement antiépileptique que je prends. Sans nous en rendre compte, un préservatif a dû avoir craqué un tout petit peu et cela a suffi à me retrouver enceinte, au plus mauvais moment.
Et pour couronner le tout, dès que j’ai appris ma grossesse, je me suis retrouvée très malade, vomissant quasi sans discontinuer, de la fièvre, ne pouvant plus manger sans rendre et avec l’impression d’être à la fois violée et dévorée de l’intérieur. J’en ai conçu rapidement un désir d’avortement mais aussi des pensées à la fois suicidaires et meurtrières assorties d’une immense dose de culpabilité. Comment pouvais-je réagir ainsi alors que j’avais une image de la maternité, de la grossesse plutôt idéale, bonbon rose, attendrissante mais aussi des convictions religieuses plutôt opposées à l’avortement?
C’était un choc de découvrir que mon corps ne supportait pas cet état, le rejetait profondément, le considérait comme un viol, une atteinte à mon intégrité physique, psychique et déclenchait tout une panoplie de réactions à la fois physiologiques mais aussi psychiques pour dire que je n’étais pas prête à vivre une grossesse, une maternité.
J’ai donc immédiatement pensé à l’IVG. Il n’était pas question pour moi de poursuivre une grossesse dans des conditions pareilles. J’aurais eu l’impression à la fois d’un suicide personnel, d’un rejet profond de l’enfant à naître donc l’impossibilité de pouvoir envisager de ressentir de l’amour pour lui ou elle mais aussi l’impression d’une condamnation à la misère perpétuelle.
Je savais que financièrement, la situation que je vivais avec mon compagnon était très difficile. Qu’un enfant aurait considérablement grévé notre avenir à tous les deux et ne nous aurait pas permis de pouvoir retrouver chacun une autonomie financière via un métier qui nous épanouisse. Et je savais qu’avec un jeune enfant, à l’âge que j’avais, ça aurait été encore plus compliqué pour retrouver un emploi et encore plus dans le secteur publicitaire créatif dans lequel auparavant je travaillais.
J’ai donc sollicité l’avortement auprès de mon médecin qui a refusé d’accéder à ma demande. J’ai trouvé son attitude odieuse et moralisatrice, d’autant que c’était mon médecin de famille et aussi celui qui me suivait pour mon épilepsie et qui donc connaissait les problèmes que j’avais eu avec les différentes pilules et qui avait dit que c’était très bien le préservatif dans ce contexte. Seulement pour lui, je ne devais pas avoir d’accident. En gros mon compagnon et moi avions fait une faute. Et pour lui nous devions poursuivre cette grossesse, d’autant que j’étais suffisamment âgée pour ça. Peu importait pour lui qu’à l’époque, je sois au chômage et financièrement dans la gêne. Mais aussi peu lui importait que je refuse cette grossesse. Pour lui, c’était un caprice, il rejetait , niait en bloc le sentiment de détresse et d’horreur que j’éprouvais profondément et que je lui avais livré.
Consternée par son attitude, je me suis donc rendue avec mon compagnon au Planning Familial qui nous a reçus avec une belle écoute et une ouverture que nous avons beaucoup appréciées.
Ensuite j’ai heureusement pu avoir rapidement un rdv avec le service gynéco de l’hôpital pour l’avortement. Seul mauvais souvenir: l’échographie avant l’IVG en clinique, avec un toubib qui faisait exprès de me faire mal en appuyant très fort et qui m’a laissée un moment à grelotter et à vomir mes tripes, sans doute pour me faire payer mon désir d’avorter.
Autre mauvais souvenir: ma mère qui a tout fait pour me culpabiliser à la fois d’être enceinte et en même temps d’avorter. Mais elle m’a culpabilisée aussi d’exprimer le fait que ce début de grossesse pour moi était plus un enfer qu’une bénédiction. Pour elle, religieusement, humainement parlant, c’était inacceptable, atroce, abject. C’était pourtant mon vécu, mon ressenti, ma personne.
A part ces déconvenues, mon compagnon a été auprès de moi et m’a assistée dans mes décisions (j’ai eu à ce titre énormément de chance car c’est très peu courant), les a respectées. Il a pu voir à quel point j’étais malade physiquement et complètement mal aussi psychiquement et émotionnellement à cause de cette grossesse. Il m’a accompagnée quand j’ai avorté (sous anesthésie générale et par aspiration). Aucune douleur physique, mais au contraire au réveil, un puissant sentiment de libération, de renaissance, de retrouvailles avec une intégrité physique et psychique dont ce début de grossesse m’avait privée. Alors que j’avais l’impression d’être anéantie, dévorée de l’intérieur quand j’étais enceinte, je me suis sentie après l’avortement, comme euphorique tant j’avais plaisir à retrouver mon corps sans vomir tout le temps, et mon esprit apaisé sans avoir des envies de suicide et de meurtre.
Pour moi, le début de grossesse a été un vrai traumatisme, alors que l’IVG a été une renaissance, une libération. Cela a choqué profondément certaines femmes à qui j’en ai parlé. Mais c’était vraiment ce que j’ai vécu. Et je n’ai pas culpabilisé du tout d’avoir avorté. Même pas religieusement. Pour moi, c’était tellement insupportable ce début de grossesse que je ne pouvais pas imaginer que Dieu m’en veuille d’avorter. J’ai un rapport à Dieu suffisamment épanoui et positif depuis toute petite fille pour savoir qu’il ne juge pas ni n’est sadique mais aime profondément ce que nous sommes et ne veut pas nous voir souffrir.
J’ai en quelque sorte sauvé ma vie (physiquement et psychiquement) en avortant. J’en ai conscience. Comme j’avais conscience qu’avorter allait me permettre de pouvoir me réouvrir des portes professionnellement ainsi qu’à mon compagnon. Et ça a été vrai. Même si ça a pris encore du temps, nous sommes mon compagnon et moi sortis tous deux de la misère et avons trouvé un job qui nous plait et que nous exerçons avec bonheur et passion depuis maintenant 8 ans.
Nous n’avons pas encore d’enfant, mais nous y pensons de plus en plus car maintenant, nous avons à la fois le désir d’en avoir un et les moyens de pouvoir le nourrir, l’accueillir et l’élever correctement sans ressentir que cela constituerait une amputation personnelle, professionnelle.
Par contre, étant donné les symptômes de panique, de vomissements et les pulsions suicidaires et meurtrières que j’ai ressenties lors de mon seul début de grossesse, j’ai développé une terreur d’être enceinte. J’ai découvert il y a deux ans que ça s’appelle la tokophobie et j’ai compris pourquoi je souffrais de ce problème à la fois psychique et physique: j’ai été violée par mon père à 17 ans et abusée enfant pendant deux ans par ma grand-tante. Je ne pouvais donc pas ressentir une grossesse comme positive.
Aussi, depuis l’an dernier et parce que j’ai malgré ces paniques, un vrai désir d’enfant avec mon compagnon, j’ai entamé une thérapie EMDR (Mouvement des yeux, désensibilisation et retraitement (de l’information)) avec un psychiatre et avec le soutien de ma gynécologue.
C’est une démarche qui me permet d’une autre façon que l’IVG, de me libérer et aussi de retrouver une intégrité, un équilibre intérieur et une sérénité. Je soigne à la fois mes blessures d’enfant et d’adolescente abusée sexuellement, je me reconnecte avec celle que j’ai été adolescente en évacuant toute la douleur que je vivais pour ne garder que les choses positives. Et cela m’aide à avancer dans le projet de parentalité et d’équilibre plein au plan personnel que je vise depuis toujours.
Et je mesure à quel point, parce que beaucoup de femmes se sont mobilisées mais aussi de médecins sur ces questions, j’ai de la chance de pouvoir bénéficier de ces avancées médicales (l’IVG a été pour moi sans douleur alors qu’avant tant de femmes ont souffert et parfois sont mortes) mais aussi de vivre dans un pays où les thérapies psy liées aux traumatismes graves d’enfance et d’adolescence sont possibles, encadrées et remboursées intégralement. Le secteur public si honni par nos politiques et si malmené aujourd’hui est grandement utile pour pouvoir à la fois éduquer, secourir, soigner tout le monde dans la dignité et avec des remboursements corrects.
Tant de femmes ont souffert, se sont parfois suicidées de désespoir ou ont avorté dans des conditions atroces…juste parce la société civile, les religions ont toujours comme volonté d’enfermer les femmes dans la maternité à tous prix et aussi dans une certaine fatalité qui les renvoie à un statut d’objet soumis en leur déniant d’être des sujets pouvant décider de leur vie et de leur corps.
Nous ne sommes pas des objets mais des sujets pensants qui avons droit à décider ce que nous voulons faire de nos vies, de nos corps. Qui avons droit d’accorder nos vies à nos désirs ou non-désirs. Et nous avons droit à la dignité, à un respect de nos choix sans jugement. A un accompagnement dans notre parcours santé, sexualité sans jugement moral non plus ni volonté de nous asservir, de nous contrôler ou de nous faire payer financièrement et moralement, socialement nos choix.
Je milite pour la conservation du droit à l’IVG, à la contraception, à disposer de son corps et à pouvoir être soignée et remboursée pour les soins de santé aussi bien génésiques que de santé globale. Je milite pour le maintien des services publics tous secteurs confondus.
Je remercie chaque jour dans mon coeur toutes les femmes qui ont permis que ces droits puissent être exercés et accompagnés médicalement sans douleur.
Par contre, j’ai conscience que ces droits sont très attaqués et qu’on cherche à les supprimer en France comme ailleurs en Europe. Tous les gouvernements réactionnaires alliés des religions (religions qui se sont beaucoup radicalisées ces vingt dernières années) tentent de nous retirer ces droits qui nous permettent de choisir nos vies.
Et je n’oublie pas que le droit à l’IVG est lié directement aussi au droit à la contraception. Les intégristes qu’ils soient catholiques, protestants, juifs, musulmans, hindouistes, animistes qui prétendent n’être qu’opposés à l’IVG sont tout autant opposés à toute forme de contraception. Simplement pour que les hommes puissent continuer à contrôler les femmes et le corps des femmes, l’assujettir. Et cela est inacceptable. Je le dis en tant que femme et aussi en tant que croyante pratiquante.
Dieu n’est pas pour que la femme soit inféodée à l’homme. Il est pour la liberté des individus, aussi bien femmes que hommes. Ceux et celles qui pensent que la femme doit être totalement soumise à l’homme, sont des intégristes, des fous qui n’ont rien compris ni à Dieu ni à la vie ni à l’amour.
On ne naît pas femme, on le devient. On ne naît pas mère, on le devient ou pas, selon son désir, ses projets, son équilibre intérieur.
Comme on ne naît pas homme, on le devient. On ne ne naît pas père, on le devient ou pas selon son désir, ses projets, son équilibre intérieur.
Chaque être humain quel que soit son sexe a besoin de temps, de désir profond, de se sentir sécurisé, aimé, compris pour accéder tant à l’état d’homme, de femme, que de père ou de mère. Et cela n’est pas obligatoire d’être parent pour être un adulte comblé et complet.
Ne pas confondre non plus maternité avec féminité.
Et ce n’est pas la maternité, la grossesse qui feront qu’une fille sera une femme.
Ca n’a rien à voir. On peut rester une petite fille dans sa tête et dans ses comportements en ayant des enfants, en étant en couple. On peut être mère, épouse sans jamais pour autant atteindre un équilibre et une sérénité intérieure ni avoir une vie de couple épanouie et vraiment épanouissante. Mais ça, la société omet à dessein le plus souvent de le dire aux filles, aux femmes, aux hommes. Il en va de même pour les hommes. Ce n’est pas avoir une sexualité et devenir père qui va faire la maturité intérieure et la paternité dans ce que cela suppose d’engagement et de responsabilité. Il faut que déjà il y ait une stabilité personnelle et un vrai désir, des projets. Sans cela, rien n’est possible.
Il y a une telle frénésie à vouloir que l’humain se reproduise comme si c’était la quintessence du bonheur. Ca ne l’est pas automatiquement. Et ça n’est pas l’unique façon d’être heureux.
Je vis avec mon compagnon depuis plus de 12 ans sans enfants et je suis très heureuse, lui aussi. Parce que nous nous réalisons d’une autre façon, professionnellement, artistiquement, socialement. Et c’est une vraie joie d’être bien dans nos vies. Parce que ça procède d’une démarche à la fois personnelle et de couple, d’un vrai partage. Et c’est ça le bonheur pour nous…
J’ai avorté, je vais très bien et je ne me sens coupable de rien, au contraire très heureuse parce que je sais que c’était vraiment LA chose à faire dans le contexte de souffrance à la physique, psychique et matérielle que je vivais.
Oui on peut très mal vivre sa grossesse et la ressentir très mal, comme une atteinte à son intégrité physique, psychique et morale. Et ce n’est pas horrible d’éprouver cela. Ca peut arriver à plein de femmes et de jeunes filles quand on est pas prête (physiquement, psychiquement, affectivement, matériellement) et/ou quand on a vécu comme moi des incestes, un ou des viols. Parce qu’aussi une grossesse n’est pas toujours bienvenue, qu’on peut tomber enceinte même si on fait très attention (simplement parce que nous ne sommes pas des machines) et qu’entre faire l’amour et devenir parent dans tous les sens du terme, il y a un fossé abyssal, même si biologiquement, ça pourrait se faire potentiellement à chaque rapport sexuel.
Donc bien choisir sa contraception, vraiment la partager avec son ou sa partenaire.
A ce titre, je trouve qu’il serait bien que le collectif féministe universaliste se mobilise par rapport à la contraception masculine qui permettrait, quand les femmes ne peuvent pas, comme moi, avoir une contraception hormonale, disposer d’un moyen de contraception qui soit aussi sécurisant que peuvent l’être nos contraceptions féminines. Le préservatif c’est déjà pas mal, mais que les labos puissent élaborer mieux, ce serait vraiment bien.
En plus, je pense vraiment que la participation partagée à la contraception dans un couple permet d’engager le couple beaucoup plus dans une responsabilité à la fois sexuelle, amoureuse et parentale.
Si les garçons pouvaient, comme nous les filles, à l’adolescence, disposer de visites chez un médecin qui pourrait à la fois les informer, les rassurer sexuellement mais aussi les guider dans une contraception, je pense que nous autres filles, avorterions moins, serions aussi plus à l’aise dans nos sexualités et dans notre rapport à notre corps.
Encore trop de contraceptions hormonales entraînent chez nous les filles une baisse de la libido et des effets secondaires pas forcément très agréables pour pouvoir prendre plaisir à la sexualité. Cela j’ai pu le mesurer souvent en en discutant avec différentes femmes et jeunes filles. La contraception aujourd’hui devrait relever des deux partenaires et ne pas relever de l’exclusive responsabilité des filles et des femmes.
Car si la contraception, l’accès à l’IVG médicalisé et dépénalisé ont été une formidable avancée dans la libération des femmes mais aussi dans la transformation de vies de couples, je trouve que cela n’a hélas pas suffisamment libéré les femmes pour qu’elles s’autorisent à jouir pleinement sexuellement. Le poids de la responsabilité contraceptive qu’elles portent encore le plus souvent seules, a tendance à enterrer assez rapidement leur libido et aussi leurs espérances de sexualité épanouie. Et ça c’est vraiment très dommage.
Je milite donc pour que la contraception soit partagée dès l’adolescence pour que les jeunes filles, les femmes, les jeunes hommes, les hommes puissent accéder ensemble à une sexualité plus sereine, plus épanouie et puissent comprendre les merveilles d’énergie et de régénération psychique, émotionnelle, affective, un rapport sexuel amoureux consenti et attentif tant à son plaisir qu’à celui de l’autre, peut apporter de vertébration intérieure et de joie.
Je laisse un petite référence qui parle de ce sujet:
Femme désirante, femme désirée, du docteur Danièle Flaumenbaum.
Et, parce que femme fontaine depuis l’âge de 23 ans, fière et heureuse de l’être, j’ai pu mesurer à quel point l’accès à l’orgasme qu’il soit ou pas fontaine, est plus compliqué avec une contraception hormonale, qui a tendance à restreindre la libido.
Donc je milite aussi en faveur de moyens contraceptifs qui génèrent moins d’effets secondaires sur l’appétit sexuel des femmes. Et aussi sur moins de tabous sur le plaisir sexuel féminin y compris l’orgasme fontaine.
C’est arrivé en 2007, j’avais 17ans.
C’était il y a presque trois ans. J’avais un copain depuis quelques mois et puis pas envie de le dire aux parents, pas envie de demander la pilule, pas envi de leur étaler ma vie…
Donc pendant ces quelques mois rapports peu voir pas protégé, pourtant je suis d’un milieu social moyen donc tout à fait au courant des risques encourus. Pas assez apparement puisque je suis tombé enceinte en septembre, j’avais pris la pilule du lendemain… trop tardivement.
Deux semaines plus tard les rêgles qui n’arrivent pas, la peur qui commence à se faire sentir.
J’ai donc pris rendez-vous au planning familliale de ma ville puisqu’il était hors de question pour moi de parler de quoi que se soit avec mes parents.
Le fameux rendez-vous arrive: le test aussi, on vous fait faire pipi dans un bocal, la « gentil » infirmiere y trempe un petit bout de papier… il faut attendre… C’est a se moment qu’elle me regarde, l’air plein de compassion avant de me dire : » ah bah oui, parce que la vous etes enceinte ! »
Merci pour le tact, même s’il n’y a pas 100 facons d’annoncer se genre de chose j’imagine qu’elle aurait pu s’y prendre autrement.
J’encaisse le coup, je pleurs, et la elle me demande se que je souhaite faire .
Je doit avouer que sur le moment je n’ai même pas compris sa question: « comment ca se que je veux faire ? »
-« Bah oui, vous souhaitez le garder ou pas ? »
-« NON ! »
-« Vous ne voulez pas y reflechir ? »
-« Ah mais non mais c’est deja tout vu pour moi ! »
Aprés ca, elle vous annonce qu’elle va vous examiner pour confirmer le diagnostique. Imaginez , moi gamine de 17ans qui n’a jamais vu un gynéco de sa vie.…
Pour faire une parenthèse je dirait que ce qui m’as le plus marqué dans toute cette histoire ce n’est pas l’avortement en sois, ni l’acte en lui même (ça c’est fait pas médicament) ni le coté éthique de tout ca mais bien toutes les démarches et la facon dont vous etes traité. Du betail. Dans la salle d’attente minuscule où les murs sont peint rouges sang (très subtil comme colorie) on été bien une 10aines à attendre deux heures qu’un gyneco nous examine.
Suite à ca, l’infirmiere me demande comment je compte en parler à mes parents; je lui répond que je n’ai pas l’intention de leur en parler.
Voila que cette trés chère madame m’explique que je suis obligée etc… Or m’étant tout de même renseigné avant je savais qu’il suffisait d’être accompagné de quelqu’un de majeur.
La conversation close, je doit rencontrer une psy quelques jours plus tard pour voir si je confirme ma decision ( avec du recul ‚j’ai eu l’impression que tout était fait pour dissuader les femmes d’avorter)
Le rendez vous avec la psy:
Pour le coup, j’ai eu à faire avec une personne agréable, compréhensive et qui m’a bien expliqué mes droits. Soulagement.
Soulagement aussi de savoir que comme j’avais réagie rapidement, il n’y aurait pas d’intervention chirurgicale mais une prise de médicament en deux etapes.
Avant la premiere prise qui doit permettre à la muqueuse uterine de se détacher et donc d’emporter les indésirables cellules avec elle, j’ai dut faire une prise de sang.
La prise de sang:
Nouveau problême, ayant tout payé, je demande à ne rien recevoir chez moi. Mais un beau jour en rentrant des cours, je trouve un message sur le répondeur de la secretaire de mon médecin disant qu’elle ne pouvait rien dire à ma mère et que celle ci devrait voir avec moi.
Affolée, j’appel le médecin, et sous couvert de celui ci j’ai pu raconter que cette prise de sang allé servir à ce que je puisse prendre la pilule.
Mini savon de la part des parents… rien de bien méchant en comparaison de ce que je leur caché.
A se moment là, je n’avais plus qu’une hâte: en finir et vite.
Je ne supportais plus de savoir que quelque chose était en train de pousser dans mon ventre.
J’ai donc pris à l’hopital les premiers médicaments et 48h apres j’ai passé une mâtiné à l’hopital pour la deuxième prise.
Autant vous dire que se ne fut pas une partie de plaisir, je pense n’avoir jamais autant souffert de ma vie. Entre les bouffées de chaleurs dut aux hormones et la douleur du aux contractions j’était plutot mal !
Le soir même ca allé deja mieux et j’avais mes règles « classiques », c’est aussi la que j’ai commencé la pilule.
Par la suite j’ai eu une visite de controle pour voir que tout allé bien.
A aucun moment je n’ai eu de regret mais le sentiment qui m’habite même après 3ans c’est toujours celui de la honte.
Honte d’avoir cru que ca ne pouvait arriver qu’aux autres, aux « pauvres filles », et honte de se que les gens pourraient penser de moi s’ils le savaient.
La plupart de mes amies étaient au courant, je n’ai jamais été jugé.
Pour ce qui est du garçon et bien il a été absent de toute ces démarches comme s’il ne se rendait pas réelement compte des enjeux. La seule chose qu’il a pu faire pour m’aider c’est me prêter de l’argent pour les médoc.
Là ou je fus agréablement surprise c’est lorsque je dut parler de tout ca à une Cpe de mon lycée car le lendemain de l’intervention j’était tres mal en cours (merci les hormones).
La Cpe voulait me faire voir l’infirmière mais je lui ai simplement dit que sa ne servait à rien et que si j’était comme ca c’est parce que je venais d’avorter.
Elle m’as simplement dit en souriant que si je l’avais garder j’aurais été comme ca pendant 9mois! Ca légèreté ma fait du bien.
Dernier (faux) problème, quelques jours plus tard elle me convoque et me ressort tout les mots d’absences fait et signé par mes soins , en me disant qu’elle suppose que mes parents ne sont pas derrière tout ca.
Effectivement.
Elle m’a juste dit que j’aurais dut lui en parler plus tôt. Et puis c’est tout.
Quand j’y repense j’ai eu de la chance car mes parents n’ont jamais rien su de tout ca, en France on peu « soit disant » avorté sans leur en parler mais dans les faits c’est un vrai parcours du combattant.
J’ai été aidé par de bonnes personnes: mon médecin, sa secretaite, mes amies, la Cpe,la psy, certaines infirmières…
Mais les lourdeurs administratives rendent le tout trés compliqué, l’attente aussi auront été le plus dur pour moi.
Finalement toutes ces choses ont fait que je m’inquiété plus de garder mon secret que de me poser réellement la question de l’avortement.
Je n’ai jamais ressenti de regret, de peine ou d’hésitation, depuis le depart tout était trés clair pour moi et je pense que cette experience m’aura fait grandir et murir.
Certes si j’avais pu l’éviter cela aurait été mille fois mieux mais bon.…
C’est la première fis que j’en parle de façon aussi détaillé, et je pense que je peux enfin tourner une page sur tout ca. Plus de m’éloigne de ces douloureux moments (au sens stricts du terme) mieux c’est.
J’ai avorté en mai 2009… et je vais bien :o)
Quand je suis «tombée» enceinte, c’était à moitié par
étourderie, à moitié par flemme, et surtout parce qu’après
plus de 10 ans de vie sexuelle «pilulée» mais pas hyper sérieuse
(avec de nombreux oublis) ça ne m’était jamais arrivé, et
j’en étais venue à penser que j’étais peut-être stérile (pour
des raisons médicales, on m’avait dit que c’était
possible).
Bref, donc c’était peut-être aussi inconsciemment à moitié
pour «tester» ma capacité biologique à être enceinte, et tester
également la réaction de mon partenaire. J’avais un réel
désir d’enfant, mon compagnon pas du tout, il était même
complètement contre (aux dernières nouvelles). J’ai
ressenti tout d’abord une grande culpabilité d’être
«tombée» enceinte alors que j’avais les moyens de l’éviter, et
limite d’avoir provoqué la situation.
Au bout de 10 jours passés à tourner en rond tous les deux, mon
compagnon et moi, chacun coincé dans nos petites pensées, nous
avons décider d’appeler à l’aide les pro : le planning
familial.
Je précise que nous étions des grandes personnes de plus de
30 ans, stables et tout, et que ce cliché du «planning
familial c’est fait pour les petites ados paumées qui n’ont pas
d’autres solution» me collait au cerveau (re-culpabilité) et
c’est mon compagnon qui m’a poussée à aller plus loin que le
bout de mon nez.
Là nous avons rencontré des conseillères
extraordinaires, qui nous ont aidés à créer un espace de
discussion où lui et moi nous avons pu trouver ensemble le
chemin qui nous paraissait le bon. C’est dans ce bureau du
planning familial que j’ai entendu mon amoureux me dire qu’il
n’avait finalement rien contre le fait de faire un enfant avec
moi, mais qu’il aurait préféré un autre moment. Pour moi (et mon
désir de faire un enfant avec lui) c’était la révélation du
millénaire !
Et c’est d’autant plus génial que cette conversation sur
l’IVG ait été tournée, grâce à l’écoute et à la
compétence de ces conseillères, dans une direction
positive (au sens «trouver une solution qui soit la bonne
pour tous les deux, sans que l’un des deux ait l’impression de se
faire avoir»).
Ces conseillères (on en a rencontré deux différentes)
m’ont montré à quel point ma culpabilité d’être
enceinte changeait ma perception de mon désir d’enfant, et
m’empêchait de voir la réaction de mon ami. Je leur suis très
reconnaissante d’avoir su me montrer que malgré mes 30 ans,
ma pilule et mes soi-disant connaissances en contraception,
j’avais tout de même ma place en face d’elles, en train de
demander de l’aide, et que j’avais le droit, malgré mon
désir «dans l’absolu» d’enfant de remettre en question
cette grossesse pourtant désirée, de préférer l’IVG. Que ce
n’était pas de la schizophrénie, ni un avortement de
confort.
Bref, par la suite (je vais pas tout raconter, c’est trop long)
nous avons pris notre décision, nous avons été très bien
aiguillés, reçus, conseillés, renseignés.
Le jour J la sage-femme qui nous a accueillis nous a tout bien
expliqué, elle m’a également prévenue avec beaucoup de
douceur «je vais sans doute vous faire pleurer» : sans trop savoir
ce qu’elle entendait par là, ça m’a aidée. Je me suis sentie
autorisée à me sentir peinée et triste. Ma décision avait
été si difficile à prendre que je m’étais blindée pour ne
plus ressentir la moindre chose, pas la moindre tristesse,
j’avais peur en me laissant aller de laisser entrer un doute, une
autre culpabilité.
Ces sentiments contradictoires étaient hyper fatigants,
presque impossibles à exprimer. Alors de l’entendre me dire
ça, dans cette chambre d’hôpital tranquille où il n’y avait
que mon compagnon et moi, ça m’a incroyablement aidée à
pleurer, à passer le cap.
Je me rappelle assez bien de l’intervention en elle-même, même
si j’étais un peu shootée : peu de personnes dans la salle (au
bloc, j’imagine), beaucoup de calme et d’apaisement, des voix
rassurantes… j’ai entre autres le souvenir précis du
gynéco-obstétricien qui m’a «aspirée» me dire «Vous avez été
formidable, madame, bravo» quand tout était fini.
Cette phrase m’est revenue plusieurs jours après, et ne m’a
pas quittée depuis.
Du coup, mon expérience de l’IVG a été un réel
accompagnement dans une décision qui a été la mienne. Je
n’ai rencontré que des professionnels ultra
compétents et très à l’écoute, et je les remercie
infiniment.
Depuis j’ai souvent envie de parler de cette période, comme
d’un tournant très positif dans ma vie, même si c’était un
cap difficile à passer et pour moi, et pour mon ami. Quand
j’aborde le sujet, les gens qui m’entourent sont d’abord un peu
tendus, mais ça passe. C’est quand même encore délicat pour
moi de dire naturellement dans une conversation au café
devant les copains «ah ben ouais en mai 2009 on y était pas à
l’anniv de Machin, rappelle-toi chéri, on a avorté».
Ceci dit, je me bats encore un peu avec ma culpabilité, parce
que j’ai beau la ramener, je l’ai encore pas raconté à ma mère,
par exemple…
Pour l’épilogue : nous avons décidé par la suite de faire ensemble
un enfant volontairement, et j’accouche à la fin de ce mois !
Je me sens bien par rapport à ce petit qui arrive, je sais qu’il est
accueilli dans les meilleurs conditions, par des parents qui ont
attendu sa venue avec une conscience particulière.
Pour l’enfant auquel nous avons renoncé en 2009, je sais aussi que
nous avons pris alors la meilleure décision, en tant que parents, de
ne pas le laisser venir.
Et voilà !
C’était en 2007. J’étais folle amoureuse de mon ex, qui m’avait quittée l’année d’avant. On se revoyait de temps en temps, quand je lui demandais s’il voulait de nouveau « être en couple » avec moi, il répondait non. Par contre quand il s’agissait de coucher ensemble là il disait toujours oui… Et j’avais arreté la pilule, marre de prendre des hormones pour rien, surtout qu’elles avaient déréglé mon cycle. on a donc testé les tampons spermicides… Erreur! Ca ne fonctionne pas des masses (70% de réussite je crois). J’avais beau essayer de rompre, je retombais toujours dans ses bras, jusqu’à ce que je décide de partir en Irlande, pour couper les ponts et trouver du taf (à l’époque c’était l’âge d’or, on parlait du tigre irlandais dans le monde économique). Au bout de 2 mois là bas : pas de règles, mais je panique pas parce que de toute façon mon cycle est complètement déréglé… et puis finalement je vais chez le médecin, parce que j’ai envie de vomir du matin au soir et en même temps une dalle de fou… Quand le médecin m’a rendu le test de grossesse positif, j’ai envoyé un texto à mon ex, j’ai réservé un billet pour le surlendemain en France, parce que l’avortement est illégal en Irlande… En tout cas le planning familial à vraiment assuré, en une grosse semaine c’était terminé. Mon ex était là, mais le jour de l’avortement il est arrivé tard, parce qu’il avait fait la chouille le soir… Belle façon d’assumer ses responsabilités. C’était la deuxième fois qu’il faisait avorter une fille. L’avortement en soi n’a pas été douloureux physiquement ni moralement, c’est juste l’attitude de l’ex en question qui continue de me donner envie de le pourrir (parce que monsieur aussi ne supportait pas les capotes, pauvre petit), mais je crois qu’il vaut mieux pardonner…
Ma famille a assuré, comme toujours; pas de souci.
Je suis heureuse d’être en France pour ça en tout cas…
J’ai avorté de jumeaux à 42 ans. Mon nouveau compagnon, qui avait 54 ans, avait déjà 4 enfants de 2 mères et de mon côté, j’avais 2 enfants de 2 pères. Cela nous paraissait suffisant et surtout suffisamment compliqué. Même si nous étions ravis de cette grossesse gémellaire, nous ne désirions pas garder les fruits de notre amour.
Il est très compliqué d’expliquer que l’on est ravi d’une idée, mais pas de la réalité qu’elle sous-tend.
Non seulement, nous ne voulions pas d’enfants ensemble mais une grossesse supplémentaire présentait, pour ma santé, des risques certains. Néanmoins, malgré ces risques, notre âge et notre décision consciente, adulte et mûrement réfléchie, nous avons eu droit à tout le chemin de croix de l’avortée : gynéco, échographie, AS, psycho, médecins, anésthésiste… il nous a fallu faire profil bas devant tous les acteurs de la filière IVG. Ecouter leurs moralisante rengaine était déprimant en soi… Je crois que devant l’AS nous n’avons même pas hésité à soupirer !!!
Avec une détermination inébranlable, j’ai décidé d’avorter sans anésthésie.
Je crois que le médecin qui a pratiqué l’avortement était plus souffrant que moi… Je ne me rappelle pas avoir souffert, moi-même, abrutie par les calmants que l’on m’avait fait avaler. Je voyais le médecin transpirer, essayer de me rassurer, bafouiller. Il n’avait pas dû pratiquer depuis longtemps sans anésthésie et paraissait perdu. Finalement, cela me faisait rire…
Ce que je retiens de cette matinée, c’est un petit bâtiment honteux caché au fond d’une cours, une ambiance feutrée et grave de pompes funêbres. Je retiens également, une fois l’acte médical accompli, une volonté farouche de me renvoyer, comme pour oublier, enterrer cette épisode de la vie. J’ai eu le sentiment qu’avant l’acte, tout le monde était aux petits soins pour moi. La préparation s’est fait sur le mode hospitalier habituel en cas d’opération : prise de température et de sang, prise de médicaments, surveillance de la tension, mesure de la douleur…
Après l’acte, plus rien. Tous avaient disparu, infirmière, médecin. Le vide dedans et dehors. Une personne de l’administration m’a gentiment priée de quitter les lieux. Ni Doliprane, ni arrêt maladie, ni conseils : entrée à 7h, sortie à 11h et hop ! retour au boulot ! Vous n’êtes pas malade !
Je suis donc sortie du petit bâtiment honteux, écoeurée, fatiguée, carrément révoltée mais sans aucun regret.
Le droit que nos ainées ont arraché au législateur est encore aujourd’hui très difficile à appliquer : peu de gynécologues postulent en orthogénie et les siècles de judéo-christianisme polluent toujours nos esprits et nos conduites sociales…
Nous devons donc continuer le combat, alerter nos filles, nos petites-filles et participer à des actions comme celle que nous propose ce blog. Merci à celles qui l’ont initié et à toutes celles qui y témoignent.
J’ai avorté dans les années 2000 et je crois avoir été plus affectée par l’attitude révoltante des professionels de santé et la trop grande décontraction de mon compagnon d’alors et quasi-père que par l’acte lui même. Quand j’ai eu confirmation que j’étais enceinte (sexe sans protection, ce qui est aussi inexcusable qu’irresponsable et idiot à notre époque), je n’ai pas hésité une seconde. A aucun moment je n’ai envisagé de mener cette grossesse à son terme. J’avais 27 ans tout juste, étais étudiante, boursière sur critère sociaux, en DEA et envisageant de faire une thèse…je connaissais mon compagnon en crime depuis moins de 6 mois, et n’étais pas très convaincue par sa capacité à être père. Dès les trois premiers jours de retard, j’ai fais les tests. Rapidement après les résultats, j’ai pris la décision d’avorter et en ai informé le quasi père qui m’a laissé prendre la décision avec un soulagement mal dissimulé mais assez évident pour moi. Etant dans les temps, la voie médicamenteuse m’était toute ouverte. C’est alors que le chemin de croix de bien des aspirantes à l’avortement a commencé. On m’a imposé 2 rendez-vous avec l’assistante sociale pour vérifier ma motivation à avorter. Bien que tout concourre à montrer que l’avortement était la meilleure solution dans mon cas, j’ai quand même eu droit à une attente angoissante et un questionnement très intrusif et inutile de l’AS. Elle m’a ensuite envoyée à l’Hopital ou l’on pratique les avortements à la maternité dont tous les murs sont ornés de tableaux représentants des bébés joufflus de toutes origines avec leurs mères extatiques devant la perfection de leur progéniture…Il y avait des statut de la mère et l’enfant, des poèmes…bref, un spectacle hallucinant. Loin d’être miteux, l’endroit avait été refait à neuf, lumineux…bouillonnant d’hormones et éclatant de…« vie ». Là, encore un rendez-vous de discussion avec une autre AS, cette fois-ci du planning familial. Qui m’a envoyé chez moi réfléchir et prendre rendez-vous avec une échographiste pour dater la grossesse. J’ai détesté l’expérience tant il était évident que le but de la spécialiste était de me blesser pour le choix que je faisais et non pas de m’accompagner dans cette voie qui est la meilleure dans cette situation. J’ai du emmené l’échographie « honteuse » à l’obtétricienne de l’hopital (encore une étape obligatoire) qui a du m’expliquer ce qui allait se passer dans mon corps. Elle est la seule à m’avoir rassurée et comprise: non à ce stade là le foetus n’a pas de fonction vitale évidente, non l’amas de cellules n’est pas en mesure de comprendre ou de ressentir quoi que ce soit etc. Dans sa salle d’attente, se croisaient autant les parents qui menaient leur grossesse à terme que les aspirantes à l’IVG. Après tous ces avis et bien des semaines d’attente inutile pour ma part, j’ai enfin eu droit aux médicaments salvateurs. Tout cela…pour avaler deux comprimés avec un verre d’eau!! J’ai du revenir à l’hopital, je crois pour prendre le deuxième médicament et que l’on s’assure que j’étais bien délivrée de tout. Encore un moment d’anthologie avec des infirmières que j’aurais volontiers cloué au mur tant leur intentention de me culpabiliser était évidente. Après une attente de plus de deux heures au milieux de toutes sortes de bléssés assise sur une chaise très inconfortable dans le grand hall, j’ai eu l’autorisation de partir. Et j’ai quitté cet enfer avec un soulagement non négligeable. Pour me soigner l’âme de tant de méchanceté, je suis allée au resto et ai cassé ma tirelire d’étudiante pauvre!
Depuis, j’ai appris par des amis médecins et anesthésistes que l’attitude du personnel médical servait à imprimer dans l’esprit des femmes « irresponsables » la « gravité » de cet « acte qui ne doit pas être anodin ». Hé bien, mesdames et messieurs les professionnels de la filière avortement, je ne vous remercie pas plus que je ne vous félicite, et vous prie de bien vouloir aggréer l’expression de mon mépris le plus sincère.
Je découvre avec le temps que je ne suis pas une grande fan des enfants (je ne l’ai jamais été) surtout les bébés jusqu’à…9 ans! Je ne suis pas mécontente des choix que j’ai fais et je estime ne pas avoir à en rougir. Il manque à ce forum par ailleurs fantastique une rubrique pour les jeunes filles et les femmes…qui ne veulent pas devenir mère…ET QUI VONT BIEN!! (LOL)
Bon courage tout le monde!
Je ne livre pas vraiment un témoignage mais vous conseille ce livre : ‘La fille du docteur Baudouin’ de Marie Aude Murail, qui livre le parcours d’une ado de 17ans, pourtant fille de médecin, tombée enceine par accident et voulant avorter. Un tres beau roman, ecrit pour les ado mais que ‘on peut lire a tout age.
Quand j’ai débuté ma vie sexuelle, j’étais consciente du risque d’une grossesse non désirée, d’où un éventuel recours à l’IVG. Je trouvais cela angoissant car, comme beaucoup, je pensais que le choix et l’acte seraient fortement traumatisants.
10 ans plus tard, au chômage, et un test positif à la main, ma première réaction est… la colère contre moi-même ! J’avais arrêté la pilule à cause d’effets indésirables, et sous la passion du moment oublié le préservatif. Ma seconde réaction est de me jeter sur mon pc, et chercher le numéro du planning familial le plus proche.
Chose faite, j’obtiens un premier rendez-vous assez rapidement. Contrairement à ce que je craignais, le choix est très vite fait, et ce, sans état d’âme.
Au premier rendez-vous, j’ai la chance de faire affaire à une excellente sage femme qui a su rester neutre. Il n’empêche que la peur de culpabilité me pousse au mensonge : j’ai prétendu utiliser le préservatif, sachant ce dernier moins efficace que la pilule. L’échographie confirme la possibilité d’utiliser la méthode médicamenteuse. Ok ! Je demande à voir l’embryon, mais la professionnelle me le déconseille. Je n’insiste pas.
Mais peu importe. Lundi matin, je prends le premier cachet au planning, et mercredi hospitalisation en ambulatoire à l’hôpital pour le second. Mon compagnon m’accompagne. Je partage la chambre avec une autre fille, présente elle aussi pour les mêmes raisons. Les infirmières ont été particulièrement gentilles. Peut-être trop. Mais tant mieux, je préfère ça à la moralisation et à la culpabilisation. En plus de l’ultime cachet, on nous donne un anti-douleur en suppositoire, le plus efficace. Et quelques conseils, comme marcher pour favoriser l’évacuation de l’indésirable.
Le plus dur a été les semaines suivantes : des saignements persistants, et la crainte de l’échec de l’ivg. Suite à un surf sur un site quelconque, j’ai eu un coup de blues : statistiques alarmantes sur les risques de fausses couches plus élevées, les autres solutions comme l’adoption… mais le lendemain, je reprends mes esprits. D’une, il est facile de jouer avec les chiffres, et leur faire interpréter ce que l’on veut. De deux, subir une grossesse jusqu’à son terme pour abandonner son enfant doit être infiniment plus traumatisant. Je me suis fait avorter à quatre semaines. A ce stade, le cœur ne bat pas encore, et il n’y a aucune onde électroencéphalogramme. Ce n’est pas encore un enfant, mais un amas tissulaire qui se différencie et se met en place à peine. Encore une fois, je m’en veux de m’être fait avoir par un site officiellement pro-choice mais officieusement anti quand on regarde de près le contenu.
Dernier rendez-vous, dernier écho. L’ivg est réussi. Un mois plus tard, je me fais poser un DIU en cuivre, que je supporte à merveille. Que du bonheur !
Finalement, était-ce vraiment une épreuve si terrible, si traumatisante ? Pas tant que ça, en fait. Des témoignages d’anonymes lues sur le net confirme bien ce fait : l’avortement peut effectivement être vécu comme un soulagement ! Et cette croyance au traumatisme est particulièrement malsain. J’y vois une forme de culpabilisation et d’auto-punition. Et tout ce tabou autour ! Ce n’est pas l’acte de traumatisant, mais bien toute cette morale bien pensante autour : l’échec de la contraception, comme si toutes les méthodes étaient sûres à 100% et comme si nous n’avions pas le droit à l’erreur. L’acte, forcément douloureux, alors que les anti-douleurs existent. La culpabilisation de tuer un enfant, alors que ce n’est qu’un simple embryon, pas un fœtus. L’incapacité à vivre normalement après, et pourtant je vais bien, merci !
J’ai avorté en 2003, quand j’avais 18 ans. J’étais en première année de fac, j’habitais depuis peu à Paris où je ne connaissais quasiment personne, et j’étais très déprimée à cause d’une rupture que je n’arrivais pas à digérer.
Un soir, j’ai un rapport sexuel sans préservatif avec mon ex, j’avais oublié de prendre ma pilule quelques jours dans le mois, alors au réveil je vais m’acheter la pilule du lendemain dans une pharmacie en grinçant un peu des dents devant le prix, mais en me disant qu’il vaut mieux être sûre.
Dans les semaines qui suivent je commence à me sentir fatiguée tout le temps, mais je bosse dur pour la fac et j’ai un petit boulot à côté, alors je me dis que c’est pas étonnant. Je mange énormément, j’ai tout le temps faim, je grossis beaucoup. Un week-end chez mes parents, ma mère m’observe et me dit « tu serais pas enceinte par hasard ? » et je lui réponds, archi sûre de moi « non non, c’est juste que j’arrête pas de bouffer, les partiels approchent et je suis stressée ». J’ai pas mes règles, mais de toute façon je les ai plus depuis 8 mois alors…
Je ne me souviens pas trop de ce qui se passait dans ma tête à ce moment-là, j’ai eu plein d’occasions de comprendre ce qui m’arrivait, mais j’avais décidé que je n’étais pas enceinte alors je ne l’étais pas. J’ai été sourde aux réflexions de ma mère, des copines, j’ai trouvé des explications rationnelles à tous les changements que j’observais dans mon corps.
Jusqu’à ce que ça devienne vraiment très très flagrant et que je me résigne à aller chercher un test de grossesse. Je l’ai vécu comme une capitulation : je savais bien que j’étais enceinte, mais je ne voulais pas l’admettre.
J’ai fait le test, et je me suis lancée dans une course contre la montre : au PF de Paris, pas possible d’avoir de RDV avec une gynéco avant… trop longtemps, on m’explique qu’à Paris les délais sont très longs. Je décide de rentrer chez mes parents, je file de suite chez le médecin de famille qui me fait un peu la morale mais appelle une gynéco de sa connaissance pour qu’elle me reçoive immédiatement. J’explique à la gynéco que je veux avorter mais que j’ai peur d’avoir dépassé les délais légaux. Elle me fait une échographie et m’annonce qu’il va falloir que je le garde. Elle me montre le foetus sur l’écran, me dit que tout se passe bien pour l’instant et qu’il faudra revenir faire une échographie plus tard.
Je suis rentrée chez mes parents à pied, complètement hébétée, à essayer d’imaginer ma vie avec un gosse : l’enfer. Je croisais des gen.tes que je connaissais dans la rue, et en les saluant je me disais « oh la la si illes savaient dans quelle merde je suis… » J’étais complètement abattue, je me sentais impuissante face à ma situation et je me suis dit que je n’avais plus qu’à me résigner. J’ai dit à mes parents que je ne pouvais plus avorter, que je n’avais pas le choix.
Et puis j’ai appelé une pote à qui j’avais raconté que j’étais enceinte et qui me soutenait pas mal. Elle m’a tout de suite parlé de l’Espagne et des Pays-Bas où les délais légaux étaient beaucoup plus longs. Elle a insisté sur le fait que les délais étaient absurdement courts en France, que ce n’était pas dangereux d’avorter après ce délais, que c’était illégal mais qu’il ne fallait pas que je le garde si je n’en voulais pas. Et elle a appelé mon ex pour l’engueuler (il ne décrochait pas quand je l’appelais).
J’ai trouvé le contact d’une clinique à La Haye et j’ai pris rendez-vous quelques jours plus tard. Mon ex a fini par m’appeler et a accepté de m’accompagner. Je venais de toucher une bourse de la mairie de Paris, s’illes savaient à quoi elle à servi… Je crois que l’opération coûtait à peu près 750 euros, le reste de l’argent m’a servi à payer le train. Heureusement que j’avais cet argent !
Là-bas ça s’est bien passé, les infirmières et les médecins étaient tou.tes à l’écoute, bienveillant.es, bien qu’un peu étonné.es quand j’essayais d’expliquer que je ne m’étais pas rendue compte que j’étais enceinte alors que c’était tellement visible. J’ai été opérée sous anesthésie générale, par aspiration. Le réveil a été douloureux mais je crois que l’infirmière m’a donné des anti-douleurs rapidement quand je lui ai dit que j’avais mal.
Ce qui a été dur dans cette histoire, c’était qu’on me renvoie que j’étais forcément débile de ne me pas m’être rendue compte que j’étais enceinte plus tôt. Je comprends mal ce qui m’a convaincue que je n’étais pas enceinte, que ça ne pouvait pas m’arriver, mais c’est effectivement ce qui s’est passé dans ma tête et je refuse de culpabiliser pour quoi que ce soit. Les délais légaux sont ridicules, surtout quand on sait qu’il faut souvent attendre longtemps avant d’avoir les rendez-vous nécessaires et qu’une place se libère.
On m’a fait sentir le peu de contrôle que j’avais sur ma vie, je me suis sentie dépossédée de mon droit de choisir comment je veux vivre ma vie.
Je n’ai jamais culpabilisé d’avoir avorté. Aujourd’hui j’ai 26 ans et je me dis que je n’aurais rien pu faire de toutes les aventures incroyables que j’ai vécu depuis 8 ans si j’avais eu un gosse. Je n’en veux pas et je n’en aurais pas.
Je repense souvent à la pote qui m’a soutenue et je n’en fini pas de la remercier dans ma tête…
C’était en 2008, j’avais 31 ans. Je ne voulais plus prendre d’hormones (donc plus la polule) et j’avais déjà un rendez-vous chez le gynécologue pour poser un stérilet. Cela me « laissait » trois semaines environ sans contraception.
J’étais dans une relation avec qq’un que j’aimais et je pensais que c’était réciproque même s’il avait des engagements ailleurs. Nous faisions l’amour « sous plastique ». Mais une fois ou deux, j’ai accepté sa demande (le faire sans capote). J’étais folle de lui et en moi-même, je me disais qu’il était peu probable que je ne tombe enceinte. Plusieurs années avant, j’étais restée 9 mois sans contraception car j’avais un projet de bébé avec l’homme qui partageait ma vie. Si en neuf mois, ça n’avait pas été, il aurait été bien malheureux que « je ne sois prise » pour deux écarts. L’homme dont j’étais folle me disait vouloir un enfant de moi. Cela ne m’aurait sans doute pas déplu. Mais avec lui.
Je suis convaincue d’avoir senti un « pincement » à l’intérieur de moi lorsque le spermatozoïde est entré dans l’ovule. J’ai eu très vite (avant le retard) des signes de grossesse (nausée le matin, seins gonflés). J’ai néanmoins attendu le retard pour acheter un test de grossesse. Sans aucune surprise pour moi, il était positif. Je savais que ce genre de test n’est pas sûr à 100%, mais que les fausses confirmations sont rares (ce qui arrive plus souvent, c’est le test négatif alors qu’il y a grossesse, mais trop neuve pour être détectée).
Je le lui ai annoncé. Sans doute pas de la « meilleure » manière, mais sa réaction m’a déçue (même si, finalement, pas vraiment étonnée): il s’est effondré, m’a dit que ce n’était pas possible, que ce n’était pas le moment, que cela n’allait pas, qu’il fallait que j’avorte… que sinon, il se tuerait…
Je vous passe la litanie.
J’ai réfléchi à ma décision. En me demandant quelle serait ma vie si je poursuivais la grossesse ou pas. Quelle serait la vie de l’enfant potentiel à venir aussi. Je n’avais pas envie de devoir assumer le regard de mes collègues et de ma famille (« fille-mère », ce n’est pas le genre de la famille…) et surtout, je n’avais pas envie de répondre à un enfant qui me demanderait qui est son père que celui-ci était un lâche qui, alors qu’il m’avait dit souhaiter un enfant avait fait du chantage pour que j’avorte; que finalement ses mots n’étaient qu’une façon pour lui d’avoir accès à mon lit. Je ne pense pas qu’un enfant puisse se construire correctement dans ces conditions. Je suis sûre que je ne souhaite pas élever un enfant seule. Aujourd’hui, je suis sous stérilet non hormonal et je pense demander une ligature des trompes pour prochaine contraception. J’aime les enfants, mais je n’en veux pas. Le monde ne me donne pas envie de mettre sur terre un petit humain de plus. Nous sommes déjà bien assez nombreux. Mon amour des enfants, je peux le donner dans mon métier et à mes filleules. Cela me suffit. Non, avoir un enfant n’est pas indispensable pour vivre et s’épanouir.
Je vais bien (à l’étonnement de la gynéco, j’ai fait de l’humour pendant l’avortement, par aspiration, j’étais au clair avec ma décision). mais j’avoue que cela m’énerve quand des personnes autour de moi racontent des choses qui sont inexactes et que, n’ayant pas envie de rentrer dans une longue discussion, je ne peux leur dire que je ne suis pas d’accord.
Comme quand cette collègue, à qui je demandais si elle avait des nausées, me disait que ce n’est jamais avant tel moment de la grossesse. (« et si, je suis mieux placée pour le savoir que tu ne le crois, mais c’est possible dès le début » avais-je envie de lui dire)
Ou surtout, quand cette autre collègue (qui a des difficultés à tomber enceinte) explique que « de nos jours, c’est honteux d’avorter; qu’elle, quand elle a eu des accidents a toujours pris la pilule du lendemain »… (pour moi, la pilule du lendemain, c’est aussi un avortement, mais bon…) Je peux comprendre qu’elle trouve injuste d’avoir tant de mal à faire un enfant alors que d’autres avortent. J’aimerais qu’elle comprenne que tomber enceinte « du premier coup ou presque » et de se faire larguer par son mec, ce n’est pas juste non plus.
J’ai avorté par médicaments en 2008.
J’avais 20 ans. J’étais jeune, pauvre, instable, mais si ça n’avait pas été le cas j’aurais avorté quand même. Car la seule bonne raison selon moi est de ne pas vouloir être enceinte. Pas besoin de justification rationnelle supplémentaire, et la manière donc c’est arrivé importe peu, au final !
Je vais très bien, aujourd’hui et avant aussi. Je n’ai pas hésité une seconde et je n’ai jamais regretté.
Les gens du planning familial m’ont orienté vers une gynéco. Ça m’a bien sûr fait tout bizarre de voir ce tas de cellules à l’échographie, en fait j’ai été heureuse de constater que mon corps marchait bien ! Mais je n’ai jamais considéré que c’était un enfant.
C’était un peu embêtant mais je n’ai pas eu très mal.
Personne n’a cherché à me faire la morale ; au pire on m’a un peu prise en pitié et ça aurait été tentant de me rouler dedans et de me plaindre. Mais vu que je ne doutais pas je n’y ai pas vraiment fait attention. J’avais l’impression qu’on faisait tout un plat d’un truc qui n’en valait pas autant la peine.
J’aurais aimé qu’on m’explique un peu plus : j’ai dû demander au pharmacien de m’expliquer ce qu’était exactement chaque médicament inscrit d’office sur l’ordonnance, et de ne pas me donner les antidépresseurs. Mais internet était déjà plein de témoignages, et mon copain était là bien qu’un peu déboussolé (possible que ça ait été plus dérangeant pour lui que pour moi!).
A la lecture de ce blog je me rend compte que j’ai eu de la chance !
J’avais 36 ans, mariée et heureuse, déjà un enfant de 6 ans et pas du tout envie d’un deuxième ! Ni mon mari, d’ailleurs!! Pourtant nous avons une situation bien stable tous les deux, mais avons toujours dit que nous n’aurions qu’un seul enfant.
Quand j’ai découvert que j’étais enceinte, je me suis mise à pleurer; mince alors, comment cela à pu arriver, je prenais la pilule! Le moment de panique passé, je me suis raisonnée et après discussion avec mon mari, nous avons pris la décision de ne pas le garder. Mais qui aller trouver? J’ai confiance dans notre médecin de famille, et c’est vers lui que je me suis tournée. J’ai bien fait, il m’a écoutée, pas jugée, il n’a pas essayé de m’en dissuader, m’a demandé si j’étais sûre de ma décision et m’a alors adressée au planning familial près de chez moi. Là, j’ai trouvé l’aide dont j’avais besoin. Des gens à l’écoute, très doux, aussi bien dans leurs paroles que dans leurs gestes. Ils se sont assurés que ma décision était ferme, que je ne la prenais pas à la légère, qu’elle venait bien de moi. Mon mari m’a accompagnée à chaque fois. A la maison, c’était un peu tendu même si nous étions d’accord, on n’en parlait pas, de toute façon, on ne reculerait pas! Le plus dur, a été d’attendre 4 semaines pour avoir une place pour l’intervention; ah bon, il y a tellement de femmes dans ma situation??? J’avais peur d’être hors délai, mais on m’a assuré que non.
Le jour venu, j’étais stressée et en même temps soulagée, enfin bientôt ce ne serait qu’un souvenir!! Cela s’est fait pas aspiration, là au centre de planning familial. J’ai eu un peu mal, mais le médecin m’expliquait ce qu’elle faisait (j’étais soulagée car c’était une femme, pourquoi, je ne sais pas!). Elle avait des gestes doux et m’a dit gentiment: « voilà, la grossesse est partie. » Je suis allée me reposée une demi-heure dans une pièce de relaxation, puis je suis rentrée chez moi avec mon mari qui semblait aussi soulagé que moi.
Un mois plus tard, j’avais RDV pour une consultation post-IVG. Le médecin m’a examinée, puis elle s’est inquiétée de savoir comment j’allais moralement. J’avais repris le cours normal de ma vie et j’ en étais heureuse! Je me suis bien-sûr, posée des questions: fille ou garçon, aurait-il été normal, … mais au fond de moi, je sais que j’ai pris la décision qui me convenait. Mis à part mon mari et notre médecin, personne ne sait! Pas parce que j’ai honte, pas du tout, mais parce que je connais les gens et leur facilité à juger!!
J’ai avorté et je vais bien!!!
j’ai avorté le 19 mai 2004, année de mes 19 ans, 19 jours après mon anniversaire. C’est marrant les dates. Je venais de quitter mon boulot quand je l’ai appris c’était très limite. Je devais être au début de la sixième semaine.
Mon copain ne voulait pas que notre relation se sache. Je vivais chez mes parents. La décision a été rapide : pas de boulot, pas de copain, pas d’avenir (je n’avais même pas le Bac) et je vivais chez mes parents. Je voulais des enfants, mais sous certaines condition. Pour moi, j’ai évité une vie de merde à un être humain.
La doctoresse que j’ai rencontré a approuvé mon choix et tout est allé très vite. La semaine suivante, je me présentait accompagnée de ma maman (il était recommandé de prévoir un moyen de transport pour le retour). Je me souvient seulement être restée sur les toilettes un bout de temps.
Depuis j’ai eu une petite fille, et c’est comme si j’avais repoussé sa naissance de 2004 à aujourd’hui.
Je ne l’ai jamais caché et j’en parle sans honte. J’ai avorté et je vais bien !
J’avais 18 ans, je n’ai jamais ressenti aucune culpabilité ni aucune peine. Evidemment le choc au moment d’apprendre que j’étais enceinte était énorme mais cette sensation est très vite passée. Je n’ai jamais réussi à faire comprendre aux gens à qui je l’ai dit que je n’ai pas souffert. On me regarde avec un air désolé…mais désolé de quoi ?! De m’être assuré un avenir, de n’avoir pas gâché la vie de cet enfant, d’avoir le droit de choisir ?
Quand je suis sortie de l’hôpital, j’ai été submergée par un sentiment de bonheur total, de liberté et d’envie de croquer la vie à pleines dents…de tout changer, de vivre, d’aimer et bien plus encore! L’avortement a été ma Renaissance. Je vais très bien, ne soyez pas désolés!
J’avais 18 ans, cela s’est donc passé il y a presque 10 ans.
Je suis partie de chez mes parents à 18 ans car ils étaient violents et j’ai emménagé avec le premier garçon venu, mon premier petit-ami ! Il avait mon âge et nous vivions dans un kot. Au bout de quelques semaines… je me suis rendue compte avec horreur que j’étais enceinte!
Je n’ai jamais voulu en parler à personne et la décision d’avorter s’est imposée au bout de 5 secondes, aucune autre solution n’était envisageable. Nous avons donc réuni nos économies et j’ai subis une IVG.
Je peux dire que j’ai toujours très bien vécu avec cela. Je suis restée 5 ans avec ce garçon mais il était également violent et je suis heureuse de ne plus avoir AUCUN lien avec lui. Je n’aurais pas eu les moyens d’élever cet enfant correctement, de plus, je mène aujourd’hui une très belle carrière que je n’aurais jamais pu entrevoir si j’étais devenue maman à cette époque.
J’y repense évidemment de temps en temps avec un petit pincement au coeur… cet enfant que j’ai failli mettre au monde et qui serait à l’école primaire aujourd’hui, mais avec quelle vie et quelle éducation?
Je n’ai pas encore eu d’enfant à l’heure actuelle mais j’ai comme projet d’en avoir un jour.
J’ai toujours été persuadée que ça aurait été un garçon et… comble de l’ironie, ma soeur, qui est ma moitié et sans qui je ne pourrais pas vivre, a eu des jumeaux cette année. Je me dis que, quelque part, l’équilibre est rétabli…
J’ai avorté il y a… 4 ans maintenant. J’étais avec mon copain depuis 5 ans et aujourd’hui nous sommes heureux et mariés.
à l’époque je prenais une année sabatique sans lui ni personne. Sortant des études, éloignés géographiquement, j’hésitais à avorter, plus pas culpabilité que désir. Mais nous en avions parfois parlé avant en se disant que nous n’en avions pas envie tout de suite, trop de choses à construire à deux, à vivre à deux et chacun pour sa pomme avant. BREF.
Deux rendez vous avec des médecins, dont l’un me dit « vous savez que le pape est contre? » et, devant mon regard attéré et choqué, il me dit « je suis obligé de vous le dire »… mon c…
j’ai longtemps eu un sentiment de culpabilisation, et depuis, j’ai résolu tellement d’angoisses enfantines, réfléchi à la transmission, l’éducation, les valeurs, à la facilité de faire des momes sans penser à agir pour leur batir un monde meilleur, que je me sens soulagée d’avoir pris le temps de faire tout ça avant de choisir d’en avoir un .
je suis fière d’avoir été capable de le faire, de braver la peur et la culpabilisation, fière de me déclarer maitresse de mon corps, de ne plus avoir eu à le refaire depuis parce que quand même, c’est un moment que j’ai trouvé très dur à traverser. Mais si c’était à refaire, je le referai. Merde! 🙂
Voilà!
J’avais 20 ans, et j’étais informée autant qu’on peut l’être sur la contraception.
Tellement que l’IVG m’a toujours été présenté comme honteusement coupable.
Et je tombe enceinte, alors que je suis étudiante, dans une relation de couple chaotique, le moral au plus bas, et que pour moi, les enfants, ça se fait après 30 ans…
Et malgré tout, je me suis posée la question. J’ai passée plusieurs jours, la main sur le ventre, à penser à « mon bébé »… Et j’ai ensuite pensé qu’un bébé, ça se fait à deux, ça se projette, ça se rêve, et ça ne vient pas combler un vide…
J’ai vu sur les conseils d’une copine ayant vécu la même situation, une généraliste censée être ouverte, qui m’a tout de même dit « c’est pas grave, ce n’est pas comme si c’était la 3ème fois »…
J’ai ensuite croisé une laborantine auprès de qui j’ai dû justifier du « pourquoi », et toute une batterie de personnel froid et infantilisant.
Le jour J, la psycho du service vient me voir (devant l’autre femme de ma chambre), me demande si ça va. Peu loquace, je réponds sèchement « oui ». Réponse: « vous devez vous sentir coupable ». Aujourd’hui encore, je crois que je l’ai plus entendu comme une injonction que comme une supposition…
A la sortie, le gynéco du service me prescrit une pilule fortement dosée, alors que je ne l’ai jamais rencontré. Je l’informe qu’ayant arrêté ma pilule mini-dosée suite à d’importants effets secondaires, je ne la prendrai pas, il me donne l’ordonnance avec un autoritaire « c’est comme ça ».
Lorsque je vois un autre gynéco du même service six semaines après, parce que j’ai toujours des saignements, il ne prend pas la peine de me faire un compte rendu de l’échographie qu’il vient de faire, sort alors que je ne suis pas encore rhabillée, et ne revient pas.
Je finis par partir, de crainte de le voir arriver avec une autre patiente.
Le secrétariat me confirme que s’il n’a rien dit, c’est que je vais bien.
Après ça, j’ai culpabilisé, longtemps même… j’ai fait une bonne dépression, j’ai pensé que j’étais irresponsable, j’ai eu du mal à faire l’amour sans y penser, j’ai compté l’âge qu’ »il aurait eu », imaginé des prénoms…
Et un jour, ça m’a passé. Le jour où je me suis rendue compte que ça arrivait à d’autres (plus de 50% des mes amies à ce jour), pas plus irresponsables que moi. Le jour où j’ai pu me repasser tous les commentaires dévalorisants entendus à cette occasion. Le jour où je me suis dit que si ça m’arrivait à nouveau, je le referai, mais que plus personne ne me traiterait comme ça. Le jour où je me suis dit que ce « problème », on me l’avait imposé. Et que ce n’était pas un drame, juste un droit (que les femme aient des droits, c’est peut-être là le drame pour certains!).
Depuis, j’ai eu une petite fille, choisie, et j’ai été plus qu’exigente sur le fait que sa naissance se passe dans le plus grand respect de mon corps et du sien. Ce qui ne coule pas non plus de source pour les équipes soignantes.
Encore dernièrement, en 2011 : je parle avec ma mère, post-soixanthuitarde des plus libérées sur la sexualité, issue d’une génération soi-disant féministe et décomplexée, des femmes qui retombent enceintes immédiatement après un accouchement. J’évoque sans complexe le fait que dans une telle situation, j’aurais avorté.
Elle en a été choquée, et j’ai eu droit à quelques réflexions reflétant mon manque de conscience… Revoilà l’ivg « de confort », preuve d’égoïsme et d’immaturité…
Comme quoi, il y a encore du boulot, et des idées à bousculer…
Ce blog s’y attaque avec courage, merci!
Bonjour
Merci de cette initiative, qu’il fait bon constater que nous ne sommes pas chacune « l’étrange femme qui vit bien son IVG » 😉
Je me suis retrouvée enceinte à 25 ans, après presque deux ans de préservatifs parce que ma gynéco m’avait abandonnée sans contraception (pas de pilule : « si vous ne supportez pas celle là, vous aurez le problème avec toutes », pas de microdosée « ce n’est pas assez sûr pour une femme jeune » et pas de stérilet « contre-indiqué pour une femme sans enfant ») j’étais en thèse et surtout je n’avais jamais eu envie d’avoir des enfants (et à 34 ans, je n’ai toujours pas envie…)
J’ai soupçonné immédiatement que j’étais enceinte parce que j’ai un cycle très régulier, j’ai fait un test en labo et je me souviendrais toujours de l’ouverture de l’enveloppe et de mon effondrement en pleurs, avec cette certitude immédiate et gravée dans la tête « heureusement que l’IVG est légal car je serai prête à mourir plutôt que d’avoir un enfant », pas une seconde je ne me suis posé de questions, c’était une certitude absolue.
J’ai prévenu le père, j’avoue sur un mode pas très diplomate (je me demande si « j’avorte » n’est pas arrivé dans la phrase avant « je suis enceinte ») mais il n’a absolument pas émis d’objections.
Ne sachant pas où aller, j’ai filé au planning où je me suis écroulée en pleurs devant la secrétaire (j’ai la larme ultra facile dès que j’ai la moindre émotion positive ou négative, c’est limite handicapant) coup de chance, la conseillère était libre, elle m’a tout expliqué avec gentillesse et surtout, ce qui était ma grande angoisse, ne m’a pas demandé « pourquoi voulez vous avorter », bien qu’étant très sure de mon choix je craignais de devoir me justifier, alors que « je n’avais pas de bonnes raisons » hormis bien sûr de refuser vertement cette grossesse, dans mon esprit mon choix était plus contestable que si j’avais eu 15 ans ou 6 enfants… Mais heureusement, personne ne m’a cherché des poux.
Le service d’orthogénie au complet a été adorable, de la secrétaire à l’élève sage-femme (Je me souviens d’avoir eu une discussion avec elle car j’avais été étonnée de trouver une sage-femme dans un centre d’IVG) et surtout, j’ai enfin pu avoir un stérilet au cuivre
Pas une seconde je n’ai regretté mon choix, pas une seconde je n’ai été attristée par ce choix, je recommencerai dans la seconde si le problème se représentait!
L’avortement illégal ne dissuade pas les femmes, il ne fait que les mettre en danger, je pense que ne pas vouloir une grossesse est aussi puissant et violent que vouloir un enfant!
Par contre je me suis posée beaucoup de questions après sur le fait que je ne ressentais aucun chagrin, aucune tristesse (parce que j’avais lu des quantités d’articles qui parlaient « du drame/ du déchirement de l’avortement ») j’en avais très peu parlé autour de moi, uniquement à mon compagnon et à un copain
Quelques mois plus tard, lors d’une soirée entre copines, le sujet est arrivé sur le tapis et nous avons constaté que :
— nous avions toutes avorté
— nous n’avions aucun regret/ chagrin/ tristesse (et que donc nous n’étions pas des monstres, idée qui nous avait toutes traversées)
— la seule qui avait des souvenirs douloureux était une copine qui avait été malmenée dans le service d’orthogénie où elle était passée
Merci encore d’avoir créé ce blog!
J’ai avorté deux fois. La première quand j’avais 18 ans, la seconde à 25 ans. J’étais étudiante la première fois, salariée en CDI la seconde. En couple, puis en n’importe quoi. Les deux IVG ont été pratiquées au même endroit, dans des conditions pas parfaites, mais rassurantes et confortables. Je ne me suis jamais sentie jugée. Je ne me suis jamais sentie culpabilisée. Le centre d’orthogénie parisien est certes vieillissant, mais son personnel connaît son métier. Je craignais surtout la douleur. Je ne voulais pas souffrir. J’ai toujours été hors délais pour des IVG médicamenteuses, malgré la bonne volonté de ma gynéco, je suis passée par anesthésie locale et curetage. Les centres sont dépassés par la demande, ils y répondent au mieux. Je leur pardonne beaucoup, c’est vrai.
C’est surtout la chirurgienne et l’infirmière qui ont à chaque fois été formidables avec moi. Chacune dans leur genre. La chirurgienne, précise, professionelle, rapide, pas un mot plus haut que l’autre, mesurée, directe mais habile. Je sentais qu’elle avait fait de cette opération un genre de sacerdoce. Que c’était son « truc ». C’est elle aussi qui m’a orienté vers le port d’un stérilet, lors du rdv préparatoire et de l’échographie, en me le posant sous anésthesie à la fin de ma seconde IVG. Je n’ai rien senti, là non plus, je « bénéficiais » de l’anésthésie. C’était bien joué de sa part. Je ne sais pas si j’aurai eu le courage de retourner m’en faire poser un en cabinet, juste après. L’infirmière, différente à chaque fois, a tenu le même rôle à chaque fois : me tenir la main et me caresser les cheveux. Je pleurais en silence à chaque fois. Pas de culpabilité, pas de douleur (même si l’anesthésie du col n’est pas une partie de plaisir), mais de stress. Et sa présence me faisait redescendre, m’apaisant. C’est elle qui rend le temps plus court. Sa présence m’a été précieuse.
Je suis sortie très vite du service pour rentrer chez moi, les deux fois. Je suis restée une heure allongée, maximum. Le temps de reprendre mes esprits et de changer trois fois de serviette hygiénique. Il faut dire que la chambre commune dans laquelle on parque les candidates à l’IVG n’est pas franchement agréable. Je garde à jamais en mémoire la couleur des murs, ce vert usé, l’odeur des draps de l’Assistance Publique, et le goût du bol de thé servi juste après. J’ai de la chance, je suis toujours passée la première. J’ai toujours tenté de faire bonne figure pour celle qui passait après, pour ne pas l’effrayer. Il n’y avait pas de quoi. Je n’ai pas eu mal.
J’ai la chance aussi d’avoir été accompagnée à chaque fois. La première fois par mon compagnon. La seconde par ma mère. La seule personne que je n’ai pas pu encadrer, c’est l’assistante sociale. Elle tentait de me psychanalyser en 15 minutes. J’ai trouvé ca très désagréable. Elle tentait de me faire rentrer dans un moule. Elle voulait m’expliquer ma propre conduite interne, mon propre fonctionnement psychologique, alors qu’elle me rencontrait pour la première et dernière fois. Elle n’a jamais vraiment posé de question sur l’IVG en lui même et ma détermination. Elle s’attachait vraiment à d’autres choses, comme mon léger surpoids ou le fait que je sois fumeuse. Elle voulait que je parle de mon couple. Je n’ai rien contre contre les psychologues. Mais cette femme était assistante sociale. Il ne faut pas confondre les rôles. Lorsque je suis venue avec ma mère, elle est passée nous voir dans la chambre commune, et elle a lâchée comme ça « alors c’est vous la mère du phénomène ». J’ai trouvé ca très déplacé. J’allais me faire opérer dans 5 minutes. Je n’avais pas besoin de ca.
La première fois que j’ai avorté, c’était un oubli de pilule de 2 jours, je me suis dit « Plus jamais ». Et puis j’ai du me résoudre à y retourner. Je dis résoudre, parce que j’étais à un mauvais moment de ma vie. Je couchais n’importe comment, un peu par désespoir. Avorter m’a permis de me réveiller. De mettre une fin à ce cycle infernal d’abus envers moi même avant que je n’attrape une maladie grave ou que je me fasse plus mal. Un électrochoc.
J’ai avorté deux fois. Je vais très bien. Merci aux centres d’orthogénie qui se battent pour survivre et accueillir le plus grand nombre de femmes.
J’ai avorté à 15 ans, premier amour sérieux, premiers rapports, première fois sans capote, la première fois de trop. Mon copain veut le garder et essai tant bien que mal de me convaincre. Moi je suis surtout convaincue que je n’ai ni la maturité ni les moyens de subvenir aux besoins de cet « haricot ». Je veux vivre, faire des études, voyager. Je veux avorter.
Décidée à ne pas en parler à mes parents pour ne pas les décevoir, j’entreprends toutes les démarches toute seule : rendez-vous au planning familial, prises de sang , écographie… j’ai voulu être trop forte et la réalité me rattrape, je suis obligée d’être accompagnée d’une personne de ma famille n’étant pas majeure. « Maman, j’ai fait une connerie, j’avorte jeudi. ».
S’en suit l’opération par aspiration. Je ne me rappelle pas avoir été mal mené lors de mon hospitalisation, mais plus par l’avant-opération par le planning familial. Pas de rendez-vous avec une psychologue pour moi après l’opération, malheureusement. Mon père n’a pas voulu m’accompagner le jour de l’opération et ne plus adresser la parole pendant 15 jours.
Il m’a fallu longtemps pour comprendre que je n’étais pas un monstre. Et pas mal d’aide d’un ancien amoureux qui a chamboulé ma vie.
Aujourd’hui, je n’ai aucun regret, j’aime la vie que je mène, et vos témoignages m’ont montré que oui, on peut avoir avorté et aller bien.
Alors oui, IVG, je vais bien merci !
Quelle bonne idée que ce partage, tellement j’ai été montrée du doigt et culpabilisée à l’époque…
J’avais 20 ans tout juste, lui aussi, premier flirt un peu poussé et premiers rapports sexuels. Je me sentais « en retard », hors norme sur ce point, donc je voulais commencer ma vie sexuelle, déjà la honte et le regard des autres… Je me trouve donc au hasard d’une soirée un petit copain, très mignon, qui se dit raide dingue de moi, moi il m’attire beaucoup mais je sais que je ne pourrai pas tomber vraiment amoureuse de lui. Quelque part ça me rassure, je me sens « en contrôle ». La suite devait me démontrer que non, hélàs!
Ce mec patiente 15 jours à me « faire la cour », sans même un petit bisou, puis au total deux mois avant le « passage à l’acte », je le trouve très prévenant, un peu old school, ça me va très bien!
Nous allons ensemble voir un gynéco du centre médical à tarif réduit pour étudiants, qui me prescrit une pilule contraceptive. Voilà, tout devait rouler comme sur des roulettes.
Sauf que j’avais des cycles très très longs (36/37 jours) et que le monsieur n’a pas voulu patienter assez pour que j’aie les premières règles qui m’auraient permis de commencer ma plaquette de pilules. Nous avons donc commencé avec préservatif, mais ça ne lui convenait pas (en réalité, il perdait son érection avec un préservatif), il s’est donc mis à me vanter les mérites du coït interrompu, m’expliquant qu’un ami médecin à lui lui avait affirmé que c’était très sûr.
Nous le faisons selon cette méthode, plusieurs fois, dont une ou deux où je sens qu’il y a eu un début d’éjaculation avant son retrait. Je file sous la douche me rincer autant que je peux.
Entre temps, il se met à me tenir des propos étranges, sur sa mère qui commençait à lui parler de ses futurs petits enfants… Nous étions ensemble depuis 3 mois! Là je tremble, je pressens un truc louche.
Puis vient le matin de mon fameux 37ème jour aménorrhée, mais chez moi c’était habituel, je ne me serais pas inquiétée normalement, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai SU, ce matin-là, en me réveillant chez lui, j’ai SU que j’étais enceinte.
Je l’ai plaqué illico, je voulais me sentir libre de ma décision, et je commençais à comprendre qu’il m’avait manipulée et m’avait peut-être assez délibérément mise enceinte. Je file à la seconde au centre médical pour étudiant, prise de sang, résultat positif. Le monde s’écroule autour de moi. Décision immédiate, s’impose : je n’aime pas cet homme, je ne veux pas d’un lien à vie avec lui. Je suis jeune étudiante dans des études exigeantes, il est hors de question de devenir mère, ça n’a aucun sens, ça foutrait par terre toute ma vie! Donc ce sera l’avortement, évidemment, et je ne me suis jamais sentie aussi seule, humiliée, rejetée mais battante et déterminée, que pendant cette période, un vrai parcours du combattant, le mépris en plus.
Je tente d’aller au planning familial de ma ville, qui me dit qu’ils font de la prévention mais pas d’avortement, et me conseille d’aller voir l’hôpital. L’hôpital m’explique qu’il faut attendre des semaines avant la première consultation, ce qui me mettrait hors délais, fichu couperet qui me tombe sur la tête tellement vite parce que mon cycle normal c’est déjà plus de 5 semaines d’aménorrée! Je passe alors à la case des gynécologues privés, bien obligée. J’appelle d’abord une gynéco femme. La secrétaire REFUSE de me dire si la gynéco fait ou non des avortements. Il faut que je vienne au rendez-vous, des jours plus tard, on en parlera à ce moment-là. Et toujours l’horloge du délai légal qui tourne en boucle dans ma tête et me rend folle. Je réussis enfin à avoir un rendez-vous avec un gynécologue qui me dit « oui » quand je lui demande s’il pratique les avortements. Ouf! Je prends rendez-vous.
L’entretien lui-même est atrocement humiliant et pour le coup, j’aurais tellement aimé que le pauvre type qui m’a dit tant de conneries et m’a mise enceinte soit assis à ma place à se faire traiter de semi débile.
— Comment mademoiselle, mais vous ne connaissez pas la contraception?
— Si mais mon copain m’avait assuré que le coït interrompu, etc.
— Comment ça! Mais TOUT le monde sait que le coït interrompu ça ne fonctionne pas, encore moins quand l’homme est jeune et se maîtrise peu.
Et ça continue comme ça…
Et je suis là, moi, à me prendre tout cet ahurissement et ces jugements dans la figure, seule, je finis par me sentir honteuse à force qu’on me regarde de travers!
Honteuse de mon ignorance, honteuse d’avoir fait confiance aux paroles douteuse du fameux petit ami, malgré la petite voix en moi qui me disait « il y a un truc qui cloche »
Puis il faut passer par l’échographie, avec pénétration vaginale, par un homme, quel bonheur! Le but est de voir si « le coeur bat », pour évaluer son âge, donc là encore, quel est le délai possible. On commence à me présenter cet embryon comme une personne, et pour moi c’est à nouveau un affront à encaisser.
Entre temps, l’ex-petit ami essaie d’espionner ma venue dans le foyer d’étudiante où je loge, au point que je dois demander à la responsable de me prévenir quand il est là, pour que je puisse l’éviter. Il me téléphone, me parle de « son enfant », de lui qui est « le père » et qui veut avoir son mot à dire, mettant lui aussi des mots et des concepts sur ma « situation » que je ne veux pas entendre. Non, nous ne sommes pas un couple en train de faire un enfant, je suis juste une jeune femme prise au piège de sa crédulité et qui est en train de tenter de sauver son avenir. Il me fait du chantage au suicide, m’affirmant que si je le quitte et si j’avorte, il se tue. Je suis à tel point répugnée par son attitude méprisable, au moment même où par sa faute je me retrouve à encaisser autant de douleur, que je lui dis « hé bien si tu veux te tuer, vas‑y, je m’en fous! » Au moins ça met court au chantage! Il me laisse tranquille et ne se tue pas du tout!
L’échographie s’avère concluante, le « coeur » ne bat pas encore, je peux donc envisager l’avortement, médicamenteux. Je dois signer des papiers dans lesquels je décharge le médecin de toute responsabilité s’il se passe quoi que ce soit de travers, si je reste enceinte, si ça me rend stérile, que sais-je encore… super rassurant… Mais je n’ai pas le choix, je signe.
Je prends la première pilule, censée « tuer » l’embryon.
Puis je me rends dans une clinique privée pour prendre la deuxième pilule, celle qui provoque l’expulsion, la « fausse couche ». Là seulement j’en parle à ma mère, en lui disant voilà, je suis tombée enceinte, j’avorte tel jour à telle clinique, on me dit que je serai fatiguée en sortant, est-ce que tu voudrais bien passer me récupérer en voiture. Ma mère tombe des nues, me dit « tu dois être incroyablement fertile, pour qu’après quelques rapports… » mais elle accepte.
Ce combat, j’ai voulu le mener seule, jusqu’à cet ultime moment où tout est déjà « fait », tellement j’avais peur que qui que ce soit tente de me faire « réfléchir », changer d’avis… Déjà j’en avais parlé à une collègue de promo qui m’a demandé, toute intriguée et excitée, comme on demanderait à une future jeune maman épanouie : « et alors, ça fait quoi? tu sens le bébé? tu le sens bouger? »… Non, mais c’est pas vrai, arrêtez tous et toutes de me parler de bébé, il n’y a pas de bébé, il n’y en aura pas…
Donc me voilà dans une chambre de la clinique, en chemise de malade, on me dit de mettre une énorme serviette hygiénique sans trop m’expliquer pourquoi, je dois me coucher dans le lit, je prends la deuxième pilule. Je suis sensée appeler une infirmière si ça fait trop mal.
Face à moi une autre femme, elle aussi avorte. Elle est mère de famille nombreuse, son mari et elle ont décidé qu’un enfant de plus ça n’était pas possible. Deux femmes qui se regardent en face et se reconnaissent dans leur choix, leur détermination, leur visage paisible finalement, enfin, la lutte contre tous les obstacles est finie, notre libre choix a enfin eu le droit de s’exercer !
Et là, commence à venir la douleur. De vraies contractions, douloureuses, puis encore plus douloureuses, puis insupportables, . Là j’appelle l’infirmière, qui me donne un anti-douleur. Ça va mieux. Puis je ressens l’envie d’aller aux toilettes, et là, d’un coup, je sens glisser hors de moi dans la serviette une espèce de gros steak d’une quinzaine de centimètres de large. Je le regarde, ahurie, puis je le jette. Une amie qui a aussi avorté me dira plus tard que de l’autre côté du placenta (puisque c’était cela) il y avait l’embryon, qu’elle l’a regardé et s’en est difficilement remise. Bon, moi, je ne l’ai pas vu, je n’ai même pas su quoi regarder, je suis retourner me coucher. Les contractions s’arrêtent, je prends un magazine, mon gynéco passe, soudain redevenu plus humain, sans doute face à ma tête défaite par la douleur.
Je rentre chez mes parents, avec ma mère. Ce que je n’avais pas compris non plus, c’est que pendant tout le mois qui va suivre, je vais saigner abondamment sans interruption, et que c’est épuisant. Et le gynéco m’a prescris une pilule pendant ce mois, je n’ose pas lui dire « si c’est par peur que je ne retombe enceinte, c’est pas la peine, je crois bien que je ne laisserai plus un homme me toucher avant des années ! ». Mais sa pilule est de la première génération, une « Diane » 100% remboursée par la Sécurité sociale, et en plus des saignements, j’ai une migraine atroce pendant tout le temps de prise de cette fichue pilule !
Puis cela s’arrête. Je ne saigne plus, je n’ai plus la migraine. Et là, je décide d’agir en battante dans mes études, comme je l’ai fait pour réussir à avorter. Je me mets à travailler d’arrache-pied, moyen d’extérioriser ma colère contre cet ex qui m’a mise dans de sales draps, contre tout le système médical qui a bien failli me mettre en situation de ne plus avoir le droit d’avorter tellement tout prenait de temps et qui n’a cessé de me regarder comme une pauvre imbécile. Je travaille tant et si bien que je finis première de ma promotion ! Et là, enfin, je souffle, ça y est, je suis redevenue maîtresse de ma vie et de mon corps !
Suis-je heureuse d’avoir avorté? Non bien sûr, j’aurais mille fois préféré pouvoir avoir des rapports sous contraception, sans danger de grossesse. Parfois je me mets à penser au petit « être » qui peut-être était venu vers moi et que j’ai repoussé, et ça me peine, et j’essaie de me dire que s’il « revient » vers moi lors d’une future rencontre, quand je serai prête à être une vraie mère pour lui, je ferai de mon mieux pour le rendre heureux.
Mais cet avortement était vital pour moi, bien sûr. J’étais dans un couple sans avenir et sans vrai amour. L’homme voulait des enfants et s’est « arrangé » plus ou moins consciemment pour m’en faire. Je l’ai d’ailleurs revu quelques années plus tard et oups, même scénario, il avait mise enceinte « par erreur » sa copine du moment…
Moi j’avais envie de belles études, d’une belle carrière, en tant que fille, issue de la classe sociale moyenne basse, je me frottais déjà dans mes études à de la vraie bourgeoisie et de l’aristocratie, je savais que je devrais me battre pour me faire accepter, trouver ma place, m’adapter. Avoir un enfant à ce moment-là? ç’aurait été du suicide! La négation de tout ce que j’étais, je voulais être! Donc, non, je ne regrette pas, et quand j’y repense, je me dis que j’ai été capable d’une sacrée détermination.
Je souhaite que les suivantes aient un parcours plus simple, ne soient pas baladées de service en service avec la peur au ventre, la peur de dépasser le délai légal… Qu’on cesse enfin de les culpabiliser, un enfant ça se fait à deux, une « erreur de contraception » aussi, alors pitié, cessez de taper sur les pauvres filles qui sont bien plus embêtées que vous, soignants, veuillez le croire! Vous vous n’aimez pas pratiquer les avortements? elles c’est leur avenir qui se joue! Alors un peu de douceur, un peu de compassion, s’il vous plait!
Moi j’ai avorté 2 fois dans les années 2000.
La première fois, en 2002. Je commencais juste à travailler à l’âge de 21 ans. Dans un tournant de vie sentimentale : rupture avec mon ex, et démarrage un peu bizarroïde d’une nouvelle belle histoire avec mon conjoint actuel.
Le choix a été très rapide : pas le moment pour moi d’avoir un enfant. Je décide de gérer le truc seul, je le dis quand même au géniteur, mais… je veux gérer seule. Bref, le 17 août, à force de vouloir « gérer seule », çà a débordé de stress, et je suis tombée dans les pommes chez mes parents, et j’ai tout raconté… Ils ont été très gentils et compréhensifs et ont drôlement dédramatisé; mon père m’a dit « il y en a d’autres qui y sont passé, ce n’est ni grave ni honteux, t’es toujours notre petite fille ». Des mots bateaux, mais qui sont pour moi gravés pour toujours comme d’abord des mots de soutien, d’amour, et de fraternité. Ils m’ont accompagné à la clinique privée où j’ai avorté par voie médicamenteuse; et j’ai eu mal, très mal. Ma mère était tout le long avec moi, et je me souviens m’être endormie dans ses bras de douleur en pleurant. Le gynéco était un con, mais çà je ne l’ai compris que bien plus tard, quand j’ai compris qu’il voulait « me faire payer ma faute » : pas de spasfon parce que j’avais mal, des doses ultra dosées, des petites phrases insidieuses du style « ben c’est normal d’avoir mal », il m’avait fait revenir 4 fois avant de faire le papier « pour vérifier votre choix », (alors que mon choix il était clair depuis le début), il m’a montré l’échographie sans me demander mon avis, je suis restée 10h à la clinique privée et je n’ai vu qu’une infirmière 5min dans la journée, à côté de la salle d’accouchement où j’entendais tout… bref un con.
J’ai culpabilisé pendant des mois, tellement que j’en ai pris 10kg. Et je les ai digérés mes kg comme on dit. Un jour j’ai décidé que je devais aller bien, c’est tout.
Le 2ème avortement, il a été bien moins douloureux, et c’est peu dire. En 2010. D’une part, je militais au planning depuis 2 ans, et j’avais entendu bon nombre d’histoires de vie qui m’avait fait avancer. De plus, j’étais toujours avec mon conjoint et nous venions de finir les travaux dans une maison que nous retapions depuis 3 ans. Plus de contraception depuis 6 mois, mais préservatif ; et puis un soir, on n’a pas fait attention (oh mon dieu, se disent certaines peut-être, çà ne lui a pas servie de leçons!!!!! 😉 Là, un peu plus de doutes, càd 2 minutes et demi devant le test de grossesse au lieu de 1 seconde la 1ère fois! Nous sommes allés tous les deux au centre de plannif, et c’est passé comme une lettre à la poste. Un peu mal, mais rien par rapport à la 1ère fois. L’infirmière, elle donnait des spasfons, et je ne suis restée que 2h30 au service gynéco de l’hôpital, dans une chambre bondée avec 3 autres femmes, dont l’une était issue des gens du voyage et la chambre était envahie par maints et maints amis, famille, enfants… On était bien serré dans cette petite chambre, mais j’avais plus l’impression d’être dans une salle d’attente 😉 C’est plutôt même un souvenir assez drôle.
Aujourd’hui 2 ans se sont passés depuis ce dernier avortement, et … je suis enceinte de 5 mois et j’attends mon bébé avec plaisir et sérénité.
Pourvu qu’il puisse avoir droit aux mêmes choix que moi : liberté et autonomie.
Edifiant. Merci pour ton témoignage, qui fait froid dans le dos. Les droits des femmes sont à ce point-là en régression ? Je n’ai jamais avorté, mais des copines l’ont fait, et l’une d’entre elles notamment m’a raconté un peu la même chose que toi, avec des infirmières presque insultantes et un médecin qui semble prendre un malin plaisir face à l’insupportable douleur de sa patiente… Nous devons rester unies, si nous voulons être des femmes libres, et surtout des êtres humains dont on respecte la dignité.
J’ai avorté à 30 ans, je venais de quitter mon boulot et j’étais en couple depuis quelques années. C’était une évidence, je n’y ai pas réfléchi une seule seconde. Je voulais pas d’enfant, point. Et ça n’avait rien à voir avec ma situation amoureuse, sociale ou financière, ça n’avait à voir qu’avec moi. Ce qui a été dur, c’est l’attente entre le moment où j’ai constaté la grossesse et le moment où je me suis fait hospitaliser pour un avortement médicamenteux parce que, enceinte, je me sentais complètement dépossédée de moi-même. L’avortement en lui-même, ça a été un soulagement, même si et contre toute attente, j’ai eu mal. Ceci dit, grâce à l’interne qui me suivait, j’ai enfin pu me faire poser le stérilet qui jusque là m’avait été refusé au motif (illégitime donc) que je n’avais jamais eu d’enfant ! Donc, j’ai avorté et je vais bien, c’est même l’une des décisions les plus sensées de ma vie. J’irai même jusqu’à dire que ça a été constructif parce que cette grossesse avortée m’a fait prendre conscience du fait que j’étais une femme, plus une jeune fille. Et, oui, quand j’y repense, je me sens forte !
J’avais 22 ans. Naïve et soumise aux hommes. L’été. Première relation durable. Il n’aimait pas les capotes… fallait vraiment que je sois conne ! J’ai su tout de suite que j’étais enceinte, je l’ai senti, senti énormément de chose pendant cette grossesse. Bien plus en quelques semaines que lors des 9 mois passés à fabriquer mon bébé tant désiré. Mais j’ai su tout de suite en quelques secondes : non ! pas lui ! pas CE père là pour mon enfant ! J’ai énormément culpabilisée, parce que famille-catho-pas-avant-le-mariage et pro-vie à fond les ballons.
Je me souviens de la femme au bout du fil du numéro vert « santé jeune ou qq chose comme ça » qui m’a gentillement conseillé et répondu ivg quand je disais avortement, je me souviens de la conseillère familiale qui n’était pas dans l’échange, très gentille mais un mur à dire « oui, il ne faut pas le garder » alors que j’étais dans une solitude extrême et que j’avais besoin de parler, de la femme anesthésiste vraiment pas sympa genre je perds pas mon temps avec des gens comme toi, d’un interne à l’échographie d’une pudeur et douceur sans égal. Le jour J, les infirmières trop sympas mais un chirurgien indélicat « vous avez des mycoses, vous vous laissez aller ». Merci, c’est la première fois que je vois un toubib pour ma chatte, dans ma tradition familiale c’est un lieu tabou qui n’existe pas. Et là t’es juste en train de me cureter le bidou, alors ta gueule quoi ! Je me souviens de son geste de repentir quand je pleurais toute seule dans un coin après, il m’a caressé la joue. il m’a caressé la joue comme à une petite fille. J’avais senti l’embryon se décrocher, nettement, au moment précis, la coupure se faire entre lui et moi. C’était fort et dur. Je pleurais.
Et puis virevolte, changement dans ma vie. M’approprier ce corps. Absolument. M’approprier cette vie. Totalement.
J’ai rêvé de lui, il avait un nom dans ce rêve, je l’ai souvent senti dans mes bras, sa tête sur mon sein. Mais je n’ai jamais regretté son départ de ma vie.
J’aime ce conseil dans la constellation familiale : il faut dire merci à cet embryon de vous avoir laissé de la place pour vivre votre vie.
Perso, je dis souvent sa « mort » m’a donné la vie. Cet accident dans ma vie, de la conception à l’IVG, est un événement qui m’a fait avancer dans ma vie, qui m’a sorti d’une certaine déprime, d’un certain déni de moi. Quelque part cela a été un cadeau pour moi.
Aujourd’hui je suis maman, avec un super papa. Je vais bien, merci !
Bonjour
J’ai avorté 3 fois à 23, 28 et 29 ans. J’ai envie d’avoir des enfants mais plus tard.
La première fois j’étais jeune, étudiante et ça a été très clair (même si j’étais en couple) que ce n’était pas le moment. Seulement j’avais dépassé le terme autorisé en France. Je suis allée au planning familial (Paris) et ils m’ont réorienté vers un centre en Hollande qui pouvait me faire avorter. C’est la seule fois où je suis allée dans ce pays. L’équipe était super et en plus, ils parlaient français. Une psychologue nous voyait avant l’opération. C’était rassurant de parler avant. J’ai pleuré dans la gare en partant (la psy m’avait prévenu que ça risquait d’arriver) mais ça a été le seul moment triste. Tout ce que je retiens c’est qu’ils m’ont libérée. Je me suis sentie libre comme jamais après l’avortement sous anesthésie générale qui a duré 1/4h et j’ai pu repartir dès que j’ai fait pipi (comme après toute opération) d’ailleurs ça m’arrangeait bien car j’avais mon billet retour pour Paris!
La 2e fois c’était plus délicat ; j’étais très amoureuse, on se séparait. Puis je suis tombée enceinte ; j’ai voulu le garder ; puis voyant que j’étais seule, et surtout étudiante (en reconversion), après maintes discussions : les filles m’encourageaient dans ma décision de le garder ; le copain de ma cousine qui avait eu une fille à 20 ans m’a dit clairement que sa copine de l’époque n’avait plus pu rien faire de sa vie une fois, mère célibataire. Evidemment je ne voulais pas arrêter mes études ; mais c’est surtout l’idée de l’élever seule qui m’a fait décider d’avorter. Comme c’était la 2e fois : au planning familial ils m’ont conseillé l’anesthésie locale. J’ai fait ça à la maternité des Lilas un samedi matin. On m’a dit que j’avais le médecin aux beaux yeux. Je n’ai pas souffert (pas pire que des règles douloureuses). Je sentais seulement l’effet de l’anesthésiant qui me remontait du bas vers le crane. Je me sentais comme « choutée ». Mon ex m’attendait à la sortie. Je me suis sentie une fois de plus libérée j’étais encore jeune et lui pas du tout prêt.
La 3e fois c’était avec le même garçon (et je suis toujours avec lui!). J’avais déménagé quand je suis tombée enceinte, il m’a dit qu’il m’aimait. Mais il habitait dans un logement beaucoup trop précaire, sans boulot, j’étais encore étudiante et même si on avait envie, on n’était pas prêt à accueillir cet enfant. L’anesthésie était locale, mais moins forte que la précédente. J’ai senti plus le « tiraillement » à l’intérieur ; depuis le début, je tremblais je ne sais pas pourquoi mais l’infirmière était super et connaissait des techniques de relaxation qui m’ont bien détendue. Ce n’était toujours pas le bon moment!!! J’avais encore tellement de choses à apprendre.
Aujourd’hui je me rapproche de la fin de mes études, mon copain a du boulot et on a vraiment envie d’avoir 1/des enfants ensemble. Alors je pense que ce sera vraiment une meilleure situation pour lui et pour nous d’avoir attendu le bon moment.
Moi aussi j’ai avorté dans les années 2000. J’avais 20 ans, j’étudiais à Londres, mon compagnon de l’époque habitait Paris. Une histoire qui n’aurait probablement pas duré cinq longues années nonobstant la distance. Avec le recul, ce partenariat affectif m’a permis de mettre un terme à la relation d’emprise qu’exerceaient sur moi mes parents depuis toujours.
En novembre, week-end prolongé à Lisbonne. Je n’avais pas emporté de pilule. Je savais qu’il y avait un risque, mais j’étais quelque peu ambivalente vis à vis de la maternité, mon compagnon ayant un assez lourd passé relationnel qui se prolongeait encore à ce moment-là dans une situation compliquée et peu claire.
A Noël, nous étions chez des amis à Lisbonne. Je m’endormais tout le temps et mes règles tardaient à venir. Un dimanche, je décide de faire le test. Mon ami n’y croit pas et se plaint de devoir courir les pharmacies de garde. Test positif. Nous ne discutons même pas de l’alternative, la décision est claire des deux côtés: ce n’est pas le moment. Je regrette un peu son absence de préoccupation pour mon ressenti mais après tout… Nous voulions la même chose, pour des raisons différentes mais l’essentiel était dit.
De retour chez lui à Paris, consultation à l’Assistance Publique. Gynéco qui devient expéditif et froid dès que je lui expose la raison de ma visite. L’échéance légale étant proche, le délai de réflexion est raccourci, l’entretien psy escamoté. Je suis un peu surprise, mais cela m’arrange et je suis sûre de ma décision. Malgré tout, je joue encore un peu avec l’idée d’être enceinte, j’aime à penser que lorsque l’on fait l’amour, il y a un bébé de nous en moi.
Puis je commence à me sentir très enceinte. Nausées, vomissements, phobies olfactives. Minimisations agacées de mon copain vis à vis de ces désagréments: « tu n’as RIEN là-dedans. C’est microscopique. » Ok, n’empêche que moi je me sens enceinte.
Au téléphone, le gynéco à qui je demande quoi faire pour calmer mes nausées m’envoie sur les roses. « Inutile de faire quoi que ce soit, de toute façon dans quelques jours vous avortez. » Donc je n’ai plus qu’à morfler. Expier, quoi.
Le jour du curetage, je me retrouve en salle d’attente avec deux femmes candidates à l’IVG, rasant les murs comme moi, un couple effondré venant pour une ITG, et quelques femmes euphoriques qui attendent pour une procréation assistée. Beau mélange.
Les infirmières sont aux petits soins, toute empathie, pour l’ITG. Les IVG sont clairement, quoique non verbalement, désignées comme mauvais objets.
J’attends toute la matinée sur un brancard. Seule. On ne laisse pas mon ami rester. Il n’insiste vraiment pas d’ailleurs. J’ai froid. On ne me répond pas quand je demande pourquoi je dois prendre cet anxiolytique.
C’est l’heure du bloc.
Puis salle de réveil. Je mets du temps à émerger. Je ne sais plus où je suis donc je demande en anglais. Sans succès. J’essaie en espagnol. Pas mieux. A oui c’est vrai je suis à Paris, là. J’ai une grosse serviette entre les jambes. Ca tire une peu dans mon ventre. Plus tard mon ami appelle. On refuse de me passer la communication malgré mon insistance. On lui dit de venir plus tard alors que j’insiste pour qu’il vienne maintenant.
Une heure plus tard, il arrive. on me laisse repartir avec lui, en métro.
Arrivée chez lui, je suis soulagée. Il me prépare mon plat préféré. C’est comme une fête mais sans entrain.
Le lendemain, il part travailler. Je reste seule, mon Eurostar pour Londres n’étant prévu que pour le jour suivant. Gros coup de blues hormonal. J’appelle ma mère, en larmes. Je la mets au courant, de la grossesse et de l’avortement. Je ne reçois pas le soutien escompté. « Quand on fait des enfants, on assume. » Mon ami est bien stigmatisé au passage. Merci, juste ce dont j’avais besoin.
Je finis par rentrer à Londres, et ma vie reprend son cours.
Je n’ai jamais regretté ma décision. J’ai malgré tout gardé la peur de ne plus pouvoir être enceinte. A cause des risques d’adhérences, de synéchies liés au curetage, même si la probablité est très faible. Mais surtout comme une punition que je mériterais parce que j’ai avorté, sur fond de culpabilité judéo-chrétienne bien ancrée. Et donc longtemps j’ai pris plus ou moins consciemment des risques avec la pilule que j’avalais au lance-pierre. Comme si j’avais envie de tester si je pouvais encore être enceinte, tout en ne voulant absolument pas que cela arrive encore, car je prendrais alors la même décision.
Aujourd’hui, je ne regrette rien. J’ai 35 ans. Je suis heureuse, j’ai pu mener à bien de très longues études que cette grossesse ne m’auraient pas permise. J’ai beaucoup baroudé, beaucoup grandi. J’ai rencontré il y a deux ans l’homme avec qui je veux avoir des enfants. C’est notre désir à tous les deux, et nous essayons depuis six mois d’avoir un bébé. Ce projet de famille a fait remonté à la surface l’épisode de mon avortement. Quelques angoisses, encore. Mais toujours la même certitude. Plus que jamais.
J’ai 24 ans , il y a un mois encore , je vivais dans un pays de l’est européen .
Je suis rentrée en France et j’ai avorté deux semaines après mon retour .
En couple depuis 5 mois , nous avions déjà évoqué la question de l’enfant , et à vrai dire je ne pensais pas avorter .
Seule , j’ai vu les deux barres apparaître rapidement et si nettement .
Je n’étais pas tellement surprise , je n’ai pas pleurer , j’ai pris les choses comme elles venaient .
J’ai prévenu mon ami resté en France , il n’a pas dit grand chose .
J’ai quitté le pays précipitamment pour rejoindre mon ami chez lui dans sa famille que je ne connaissais pas encore .
Les semaines précédant l’avortement furent douloureuses , mon ami m’avoua enfin qu’il n’en voulait pas , je me suis sentie trahie évidemment , naïve aussi .
J’ai compris sa décision , même si les arguments qu’il me répétait en boucle me paraissait cliché …
Alors j’ai avorté , parce qu’il me semblait pas normal d’imposer un enfant .
Une fois l’idée intégrée , je me suis complètement détachée de cette grossesse , mais les maux , eux , restent , les vomissements , les odeurs amplifiées , mon ventre et mes seins gonflés , faire » bonne figure » face à sa famille .
Je n’ai pas voulu leur dire .
Rendez-vous dans le centre d’Orthogénie avec une sage femme très professionnelle , elle me récite bravement ce qu’il va m’a arriver , en aucun cas elle n’évoquera la question psychologique . Je trouve cet entretien froid .
Puis rencontre avec le gynéco , un salaud misogyne , qui m’infantilisera …
Prise du premier médicament , qui tordra mon estomac de nausées .
Le deuxième prise est surveillée à l’hôpital , j’ai des contractions horribles , mon corps tremble , je transpire , je saigne comme jamais .
J’expulse l’embryon un quart d’heure après .
Je sors en fin d’après-midi , vidée , lessivée .
Voilà c’est fait .
Je vais bien , ce n’est pas un drame , la vie continue , mais sans être un drame , ce geste n’est pas anodin .
A 17ans, nous décidons de poursuivre ma grossesse, c’était en 1998, mon fils est magnifique, intelligent et très tendre .…. 2002, second bébé, 2005, le p’tit dernier. A 25 ans me voilà marièe avec l’homme que j’aime et mère de 3 superbes loulous que j’aime profondément.
En 2008, 4e grossesse et là c’est non, j’ai repris mes études, nous voulons grandir dans notre mariage … Non, nous ne voulons plus d’enfants. Mon gyné est merveilleux, je l’appelle, je suis enceinte de 15 jours, je ne veux pas .…. Venez, écho, un cachet, revenez samedi (le 13 juillet) second cachet, j’ai avorté dans les bras de mon homme, chez moi .… Tenu ce petit oeuf dans ma main qq secondes et lui ai demandé de trouver sa place ailleurs, dans l’univers, puis je l’ai lâché .……
Mai 2011, accident de preservatif, la pillule ne me va pas, je prends quand même la pillule du lendemain et enceinte à nouveau, c’est toujours NON NON et NON, mon activité pro est sur les rails, notre couple sort d’une crise et nous voulons du temps pour nous pas pourun bébé .….. Mon merveilleux gyneco n’exerce plus .….. Me voilà à l’hopital, acceuillie chaleureusement par de beaux êtres humains MAIS comment ça je ne peux pas avorter chez moi ???!!! La loi ??!!! Quelle loi ??!!!! Je me soumets, délais légaux etc .… Second avortement (médicamenteux) à l’hôpital.… Comment ça mon mari ne peut pas venir dans ma chambre ??!!! Mais moi je veux et .…. Mon homme finira par avoir gain de cause à force de ne pas vouloir quitter la chaise de la salle d’attente, à force de refuser à boire et à manger à force de répondre au « ça va Monsieur ? » Non, je veux être avec ma femme.….. L’expulsion sera rapide, la douleur intolérable (on me donne des antalgiques, les infirmières sont douces) Nous rentrons chez nous, usés, fatigués .…..
Juin, Aïe je souffre, je souffre vraiment, je perds du sang, beaucoup de sang .… Rétention utérine.… On tente d’expulser, il faudra un curretage .… Je veux une ligature !!!! Je ne veux plus être enceinte, je ne veux plus avorter !!!!!!!!! Vous n’avez que 31 ans ! Oui mais je ne veux plus, ok votre mari doit donner son accord !!! Hein ?? Quoi ??? Pour moi, mon corps ???!!! Nous sommes d’accord, unis mais tout de même MERDE j’ai 31 ans !!!
Un gyné merveilleux fait aussi surface, il me demande de raconter et il m’écoute (assez rare pour être souligné) .… Des douleurs ? Des saignements ? De la fatigue ? On va faire une IRM .…… La ligature ne se fera pas, on m’a enlevé l’uterus il y a quelques jours, il était malade et depuis longtemps. Heureusement que je n’avais pas voulu des grossesses précedentes, les complications auraient été terribles.
J’ai avorté, DEUX FOIS, je vais bien, MERCI.
J’avais 14 ans, et un petit ami de 18 ans. A cette age là, on est pris dans le mouvement ( de la connerie ? ). C’était la première fois que je faisais l’amour et je n’ai pas osé dire à mon copain que je n’y comprennais rien aux contraceptions … Ce qui devait arriver arriva, me voila quelques semaine plus tard face à ma mère et à mon père ( qui depuis ce jour là me considère comme un trainée.) Clinique, IVG médicamenteuse, et puis la petite voix de la sage femme : » Le foetus je le met à la poubelle ou vous souhaitez le voir ? » .
Je me suis caché pendant presque 3 ans vis à vis de cette expérience, depuis j’assume mais attention découvrir sa sexualité de cette manière c’est pas tout rose j’vous laisse imaginer les parties de jambes en l’air écourtées ect …
Merci pour ce blog ! ENFIN !
Bonjour
J’ai aujourd’hui 32 ans, suis maman d’une adorable puce de 5 mois 23 jours très désirée, très attendue et très aimée, et ai avorté 2 fois dans le début de ma vingtaine.
Je pourrais rechercher les dates mais n’est pas envie parce que cela doit rester un évènement banal dont je peux sans oublier les dates sans m’en vouloir et non un évènement traumatisant dont je me souviendrai ma vie durant (comme un accident de voiture par exemple…) ou mon accouchement. J’avais 21 et 23 ans environ, étudiante, migraineuse.
Dans ma vingtaine j’avais l’impression que mon corps cherchait à être enceinte parce que jeune et en forme, cela aurait été l’idéal pour une grossesse. Migraineuse, j’en vomissais ma pilule sans le savoir. Bref je suis tombée une première fois enceinte et m’en suis vite rendue compte. Pas une seconde, je n’ai pensé le garder, je n’ai même jamais pensé à cette cellule se multipliant dans mon corps comme à un être humain potentiel, juste un problème à régler, un peu comme une tumeur à enlever. Après tout quand on a un cancer on veut le soigner on ne pense jamais « et si je le gardais ? » et personne ne vous regarde bizarrement or c’est la même chose : quelque chose qui se développe dans votre corps sans votre autorisation…
J’ai eu de la chance, j’étais dans les temps pour une interruption médicamenteuse de grossesse. Je suis donc passée à l’hosto pour voir le médecin. Je devais avoir l’air convaincante car je n’ai même pas eu l’entretien préalable. « Merci je vais bien, pour l’instant je n’en veux pas, mais plus tard, un bébé, oui, pourquoi pas ? » C’est tout !
J’ai eu mes médocs, on m’a expliqué comment les prendre et je suis rentrée chez moi.
J’ai donc avorté à domicile sans aucune surveillance médicale et à l’époque je trouvais ça super, d’être tranquille au chaud à la maison. En y repensant, heureusement que tout s’est bien passé ! Je reste persuadé que ça devrait être aussi simple que ça, un peu comme quand on a attrapé une bonne grippe. On va voir le médecin, il vous soigne. Et que les gens « pour l’avortement mais… » se rassurent. On ne fait pas exprès d’attraper une grippe, on ne fait pas exprès d’avorter et ce n’est pas parce que ma grippe sera bien soignée que je ne mettrais pas un pull la prochaine fois pour l’éviter si possible. Ce n’est pas parce que l’avortement sera facilité que je ne prendrai plus ma pilule, mon stérilet, le préservatif ou autre, parce que c’est super sympa de pisser du sang, d’avoir mal au bide, d’être nauséeuse, de se réveiller dans un lit d’hôpital et de manger de la nourriture immonde… alors qu’on pourrait faire des trucs vachement moins sympa comme sortir, aller au resto, lire un livre, voir un film et autres malheurs de l’existence.
La deuxième fois n’a pas été aussi simple. J’ai fait un test de grossesse qui s’est avéré positif et suis donc allé voir le médecin. Prise de sang positive, zou à l’hosto, entre temps j’avais déménagé. Mais à l’hosto aux urgences gynéco pour l’échographie, rien n’apparaissait sur l’écran. Bref pendant une semaine je me suis fait tripatouillée par des tas de médecins avec ou sans la cohorte d’internes en ayant l’impression d’être un tas de viande. « Mais où est donc cette cellule ? » Au bout du compte le diagnostic tombe : « vous êtes bien enceinte ! » Merci, ça je le savais déjà et alors, moi, restée sur l’impression de la dernière fois : « c’est bon, alors vous me donnez les médocs et je pars ? » réponse du toubib « ah non, ce n’est pas comme ça que ça marche, maintenant vous allez au 4e étage au centre IVG ».
Je vais donc au 4e étage au centre IVG, en piteux état craignant que cette semaine de tripatouillags ne m’est mise hors délai pour une interruption médicamenteuse et quant à repasser dans les mains des médecins, il n’en était pas question, trop d’intimité dévoilée pour rester polie. Au centre IVG, réponse : « il faut refaire tous les tests, écho etc. parce que ceux que vous avez fait ne comptent pas ! » Hein, comment ça ils ne comptent pas, ces tests et ces heures d’attente et de mal être, cette impression d’être un tas de viande dont l’intimité est exposée à tous ! De toute façon je ne les ai jamais refait ces tests, parce que le centre était débordé : pas de place pour une IVG médicamenteuse, pas de place pour une IVG par aspiration, allez voir ailleurs.
Je rentre dans un état de stupeur totale : tout ça pour rien, que vais-je devenir ? Sur Paris et environs, après multes appels, pas de place et surtout pas de sympathie, pas de soutien au téléphone, plutôt un « débrouillez-vous ».
Je suis retournée voir mon médecin, un médecin humain ce qui est assez rare. Il a senti mon désespoir et a fait un truc génial pour moi. Il a fait passer ça pour une grossesse arrêtée « soignée » dans une clinique privée par un pote à lui. Heureusement qu’il était là, parce qu’à l’époque j’aurais fait quoi ? Un suicide peut-être, j’étais déjà pas bien dans ma peau en général, alors être jetée d’établissement en établissement, ce n’étais pas supportable.
Jamais je n’ai pensé que j’étais irresponsable, plutôt que je n’avais pas eu de chance, jamais je n’ai été traumatisée par l’IVG en elle-même, c’est mon corps, j’en fait ce que je veux. Seulement gérer le côté médical, c’est pénible. Personne ne vous culpabilise quand vous tentez de vous tuer, on vous prend en charge, on s’occupe de vous et vous avez de la place tout de suite et du personnel aux petits soins mais pour une IVG, c’est le parcours du combattant avec des médecins qui détestent ce qu’ils font et vous haïssent de devoir le faire.
Personne ne remet en cause votre désir d’être mère, votre capacité à vous occuper d’un enfant, l’accueil qu’il recevra de vous, comme si c’était naturel d’être une bonne mère. Mais, moi, à vingt ans, outre que je ne voulais pas d’enfant, si j’avais dû en avoir parce que je n’aurais pas réussi à avorter, j’aurais été une mère infâme, faisant culpabiliser ses enfants de lui pourrir sa vie, peut-être auraient-ils fini par être des enfants sans mère, des cas sociaux à la maternelle, des enfants malheureux d’avoir une mère qui ne les aiment pas. Par contre ce sont des questions que nous nous sommes posées quand le désir d’enfant est venu, avec pour moi cette question supplémentaire « Quand est-ce que les hommes pourront être enceints que nous, femmes, profitions de leur grossesse ? »
Par contre j’ai trouvé lourd que ce désir d’enfant venu, mon entourage me donne l’impression que ça y est, j’allais être une femme accomplie, une vraie femme, parce que, ça y est, j’allais avoir un enfant. Comme si on n’était pas une femme à part entière quand on n’avait pas d’enfant, comme s’il nous manquait quelque chose. Je ne me sens pas changée parce que j’ai hurlé de douleur en accouchant, je ne me sens pas différente dans ma tête, mais j’ai l’impression de faire partie du club des femmes, et je le regrette énormément.
Je regrette que notre société nous impose un enfant pour nous donner l’impression d’être normale. On me dit que la grossesse m’a épanouie, non ce n’est pas la grossesse, pénible, douloureuse et dont je me serai bien passé, ce n’est pas la grossesse, c’est le fait d’aimer un enfant, un adulte, un combat militant, une passion… qui rend belle.
Alors je vais bien, merci, si c’était à refaire je le referai. Je suis heureuse, sereine et bien dans ma peau d’avoir eu la possibilité d’avorter. Quand je vois des mères accablées de soucis par des enfants qu’elles n’ont pas désirés, ça me rend triste. Et je le raconterai à ma fille plus tard, pour qu’elle sache que si elle est là, c’est que je l’ai voulue, pas que je l’ai subie.
J ai avorté en 2003 je crois. Quad on ma dit: vous êtes enceinte, j ai été contente parce que c’est chouette quand même. Puis en 5 minutes ma décision étais prise: j’étais étudiante, je ne vivais même pas avec le papa enfin, pas possible quoi. Aujourd’hui je ne regrette pas du tout 🙂 ça m a permis d’être heureuse et d avoir la vie qui me ressemble mais:
— J ai étais reçu en entretien dit psychologique avec une dizaine d autre filles ou une bénévole incompétente a tenté de nous expliquer qu il fallait être bien sur et pas avoir mal au coeur. Elle nous a parlé de bébé mort ( alors qu il s’agit d’embryon et que même les maternités n ont pas beaucoup d’égard avec les femmes enceintes jusqu’à 3 mois parce que le nombre de fausse couche semblent élevé) On nous as forcé a dire pourquoi on voulait avorter en tour de table. Des filles sont sorties de la pièce. Après ça on a dit au futur non papa qu ils avaient bien du courage d ‘être là (genre…)
— J ai avorté par médicament. Premier cachet et premières douleurs au supermarché. — je le mérite-
— Deuxième comprimé à l hôpital sur un lit de camps. Des filles se réveillent de l aspiration dans la salle d’à côté. On les entend. Je n ai jamais rien vu de plus glauque. Y avait une autre fille avec moi qui a » réussi » tout de suite. Moi j ai attendu des heures et rien… ‑Je l ai cherché -.
Et puis ça s’est passé chez mon mec de l’époque. j ai eu impression d avoir des règles abondantes et extrêmement douloureuses, d’être fiévreuse. D ailleurs, mes règles n ont jamais cessées d’être douloureuse après ça.
J ai dormi pendant des semaines, Je n ai plus été à la fac. J ai culpabiliser. On m’a culpabilisé. On a joué avec mon désir d’être mère un jour… Je pense qu on joue avec ça dans beaucoup de cas. J ai fait une grosse depression aussi.
Aujourd’hui, je vais bien merci, mais pas grâce à ceux qui m ont accompagné dans l avortement… Ceux là ont besoin de formation solide en psychologie
Aujourd’hui, j attend une petite fille. J ai eu très peur de la perdre au début. Peur irraisonnée pour certaines et certain mais pour moi, un vrai challenge. Une histoire entre moi et mon désir d’être maman. D’être une maman libre et une maman qui désire. Tout va bien merci 🙂
P… Je dois tout réécrire, l’ordinateur a planté. Maintenant je l’écris sur office, une fois que je commence à écrire, je ne m’arrête plus.
Si c’est trop long à venir, passez à la moitié de mon commentaire! Ca commence par « L’avortement… » Forcément.
Ma fille dort, mon homme a la grippe.
J’ai peut-être un peu de temps pour expliquer ma situation par rapport à l’avortement.
Je commence par expliquer tout depuis le début. C’est une suite d’évènements. Un amas de regards approbateurs ou pas. Je m’en fous.
Cela fait des années que je me dis qu’il faut que j’en parle. C’est derrière moi.
Mon vécu se résume à un mot: l’épuisement.
Un homme m’a sodomisée (la soif de sexe de certains hommes dépasse l’entendement); j’avais 9 ans. Depuis, j’ai souhaité enterrer cet événement. Mon corps m’a fait sentir que ce n’était pas le bon choix. Je somnolais souvent depuis et un peu moins maintenant. A 11 ans, débute une inflammation des ganglions (ça reste, mais ça s’améliore bien, je fais attention) Cela faisait quelques années auparavant que je suivais des cours de danse. Jusqu’à ce que mon 3e professeur de danse me dise, devant ma mère, que ‘tu as de la poitrine maintenant… (12 ans) et tu n’es plus aussi dynamique. Dommage, tu es si gracieuse’. Merci. Je n’aimais déjà plus mon corps. Je voulais juste au moins encore sentir bouger mon corps, éprouver quelque chose sur une musique tout en la découvrant. Remplacer ma rancoeur, ma haine par une découverte. Par des décpuvertes. ‘Ce n’est plus possible de faire partie du groupe’. Fini les spectacles. Je commence la déclamation, théâtre, mais je continue à me taire! Mon corps change, je deviens une jeune femme. Je deviens même aguichante. J’exagère mes traits comme un déguisement, j’en fais trop exprès. J’avais quand même un couteau sur moi, j’avais quand même peur. J’ai toujours aimé l’excentrisme. Je me suis calmée quand même. Mes parents savent que je veux entamer des études d’arts et veulent tout de même me surveiller, je vais à Bishoffsheim où travaille la femme de mon parrain. Tant mieux, elle est cool. Je me levais tous les matins à 5 heure pour prendre le train de 6h et quelques, puis marathon jusqu’à l’école, puis retour assez tard. Prendre le train avec des connards qui me faisaient du doigté, habillée sexy ou pas, savez-vous! Je pourrais rajouter « Toujours fatiguée, assommée mais heureuse! », mais juste après la phrase précédente, ça donne un ton bien coquin. Les études d’arts en secondaires sont terminées, je choisis d’entrer à L’arba esa de BXL…
L’avortement fut un bon événement pour moi. J’avais tout juste 20 ans. J’entamais mes études d’arts à Bxl. Avec mon copain d’époque, avec qui je suis restée 4 ans… Jusqu’à ce qu’il me trahisse: on est en plein ébat amoureux, juste avant d’entamer l’acte je lui explique que ma pilule ne fait plus effet puisque j’ai eu la gastro, Je le préviens, je lui dit qu’on peut prendre d’autres alternatives. Lui, il semble agacé puisque ce n’est pas habituel. Il semble pressé, je lutte, je lui dis que c’est grave, qu’il y a un risque de grossesse, il me répond que je dramatise. Mais je savais qu’une fois l’acte entamé, il n’était plus question que je parle, il veut faire l’amour en silence! Je lui avais demandé de ne pas se laisser aller, de me prévenir, ce qu’il n’avait pas fait. Pas de bus (grève), pas de voiture, parents pas disponibles (ils n’y peuvent rien, puis j’étais majeure!) pour trouver une pharmacie. D’habitude, je prévoyais toujours la pilule du lendemain, « on ne sait jamais! ».
Il y a des jeunes hommes qui n’écoutent pas leur partenaire, je ne sais pas si c’était un viol (encore un), j’ai encore des doutes. Il n’a jamais su que j’ai avorté. Il m’a dit quand on s’est séparé que je ne sais pas qui je suis, que je suis folle de ne penser qu’à mon avenir. Que je suis vaniteuse de rêver me faire une place dans l’art (alors que je ne prétends pas cela, je veux vivre dans ces découvertes au nom de la culture, de la beauté, du discours, des lettres!) Il n’allait d’ailleurs pas travailler à son atelier d’architecture, il me surveillait de plus en plus dans mon atelier, me demandait si je me sentais bien. Je crois qu’il attendait une certaine « nouvelle ». Il a même menacé de se suicider dans le cloître de l’académie quand je lui ai communiqué mon souhait: rompre. Je lui ai répondu qu’il y a une corde dans le fond du couloir parce que depuis le début du commencement de mon rêve, il me tenait au chantage. « Tu n’es qu’une égoïste, comme tu as changé! » De là, j’ai pu comprendre que j’ai fait le plus beau geste de ma vie: avorter. Tout va bien, merci!
Je ne parlerai pas de la version/rayon « boucherie », le sacrifice (la douleur) en vaut la peine. Comme un accouchement!
Des épuisements, il m’a fallut un certain temps avant de cicatriser. L’infirmière a accepté de m’aider après une longue explication. Autant son explication (les possibles conséquences) que la mienne (pourquoi je veux avorter). J’ai eu des problèmes de santé, par la suite, en 2004, l’année de la défense de mon travail en fin de cycle, devant le jury. J’avais déjà perdu beaucoup de sang en 2000, en 2002, je me remets très mal d’une cystite (le manque de fer n’aide pas à guérir et en 2004 je manquais de suite de vitamines b12 du fait de supporter trop de stress (formation Certificat d’aptitude pédagogique + donner cours à Adolphe Max tout près de mon appartement à Saint Josse ten Noode). Epuisée, j’aurais pu me montrer au médecin pour qu’il me donne un certificat. Mon ex, le « suivant » (avec qui je suis restée jusqu’en 2008, 2000–2008) m’a dit que je me laissais aller, que je n’étais pas capable d’assumer tout ça et on était sur le point de se quitter. Il était aussi un silencieux, mais pas au lit, tant mieux! Je suis quand même venue me « défendre » au jury. J’ai pleuré de fatigue. Deux mois plus tard, il a fallu que je défende mon mémoire de fin d’études: les délires que donne le manque de vitamines B12 m’ont fait faire un mémoire de dingue. Je débarque à Liège là où habite le père du « suivant » qui me dit que maintenant que les études sont finies, lui et moi on peut se séparer, on ne devrait pas se sentir obligés de rester ensemble! Je lui réponds que puisqu’il a bien profité de mon appartement à Saint Josse-ten Noode pour loger son fils le temps de ses études, je peux à mon tour profiter d’être hébergée le temps de trouver du travail à Liège (il n’a pas fallu attendre longtemps), en même temps, je m’étais aperçue qu’il me trompait, alors à mon tour je l’ai trompé. Trompé avec des hommes qui ont soif de sexe et qui n’écoutent rien de ce qu’on ressent. Trompé avec des hommes qui souhaitaient que je sois la mère de leurs enfants avant que je ne puisse leur dire ce qu’il en est de mon épuisement. Je ne suis pas que de la viande et je vaux mieux que « 3 trous »! Et grâce à quelques photographes, j’ai pu me rendre compte qu’ils ne sont pas tous comme ça. Les expositions ont suivit. Je garde notamment de belles photographies de ces rencontres liées à une période de « guérison » Et je ne regrette rien!
Allez, on met la chanson d’Edith Piaf?
Quand je dis « les expositions », je mentionne aussi les miennes. Et les futures miennes.
Merci Esther de ce long témoignage.
Je viens de lire ton témoignage et il m’a totalement scotchée !
Je suis ravie que l’avortement t’aie libérée. Ravie que tu sois une femme qui a la conscience de son corps, de son esprit, de ses choix. Ravie que la thérapie te fasse avancer.
Mais aussi et surtout ravie de tomber sur le témoignage d’une croyante, qui, pour une fois n’est ni fanatique, ni intégriste, ni totalement mouton endoctriné par le Vatican et sa conception étriquée de la croyance, du Dieu auquel tu crois, et de ce qu’il pense ou pas de ce que nous faisons.
De voir une personne croyante et respectueuse de la femme, qui voit sa foi autrement que dans un carcan. Une personne croyante qui ne débite pas de sermons pro-vie sans prendre en compte que c’est mensonger et contre productif.
Pour ce témoignage, bravo, pour tes croyances toutes en nuances et compréhension, respect.
Et je te souhaite cet enfant qu’à présent tu désires et attends 😉
J’avais moins de vingt ans quand je suis tombée enceinte. Je ne prenais pas de contraception, persuadée de sentir ce qu’il se passait dans mon corps et à même de savoir les périodes où j’étais susceptible de tomber enceinte ou non. Ça a marché, jusqu’au jour où ça n’a plus marché ! Avec un peu de recul, je pense que ce n’était pas très responsable, mais pour moi, la pilule c’était hors de question : je ne voulais pas de chimique. Quant au stérilet, beaucoup de médecins rechignent voire refusent de le poser à une toute jeune fille (corps soit-disant encore trop fragile).
Quoi qu’il en soit j’étais enceinte. Quand je l’ai appris, bizarrement, ça a été une grande joie. Je savais que je ne voulais pas le garder, et que j’allais avorter. Mais en attendant, j’avais de la vie dans le ventre. Avant de faire le test, je l’avais senti. Contrairement à ce que disent certains femmes, ce n’était pas désagréable. Certes quelques nausées, mais surtout la poitrine tendue, le sentiment d’une puissance dans le corps, l’odorat et la sensibilité démultipliés. Alors, en attendant l’avortement : j’ai aimé ce qui se passait dans mon corps. Pour autant, c’est sans scrupule ni regret que j’ai avorté. Pour dire simple : si j’étais émerveillée de ce qui se tramait au fond de mon ventre, émerveillée d’être une femme, l’avortement s’imposait : je n’étais pas à même d’élever un enfant.
Je suis donc allée à l’hôpital. En règle général, personnel avenant. Ce qui m’a surprise c’est la lourdeur de la procédure : obligation de voir un psychologue, comme ils m’ont dit, pour « dédramatiser ». Mais précisément, pour moi il n’y avait pas de drame, de la joie seulement. La psychologue me parlait comme à une malade ou une victime quand moi j’avais tout simplement envie de chanter, et que je me sentais investie d’une vitalité nouvelle. Encore une fois, ne pas vouloir avoir un enfant et faire le choix de l’avortement n’empêche pas d’être émerveillée par le phénomène.
Puis le jour de l’avortement est arrivé. C’était par médicament. Je suis restée la matinée là-bas, j’ai pris les deux pilules. Entre les deux prises, comme on m’avait conseillé de marcher pour que ça sorte, j’ai marché dans le parc de l’hôpital. Je précise ce détail, parce que je garde un bon souvenir de cette promenade. En effet, le cadre était incomparable : c’est un vieux bâtiment, en plein centre ville, comme un cloître, paisible, frais. En marchant je croisais d’autres femmes, comme moi, qui marchaient pour que ça sorte. C’était plutôt drôle, nous avons d’ailleurs échangé des sourires complices. Je précise ça parce qu’aujourd’hui le service hospitalier a été transféré en périphérie de la ville et ce vieux bâtiment va faire l’objet d’une restructuration : un projet de galerie marchande ! Aberrant : c’était le seul hôpital en ville, ce qui pour une jeune fille sans voiture facilite quand même l’avortement !
Bref, après quoi j’ai quitté l’hôpital, vers midi, sans avoir expulsé. Expulsion en ville ! Les médecins m’avaient dit de rester chez moi, mais par ce soleil… J’ai senti comme une petite bille dévaler puis le sang. Pas de douleurs. J’étais un peu ailleurs et je n’ai pas eu honte de tout ce sang sur mon pantalon, ça m’amusait même un peu. Ce que je n’ai pas aimé, par contre, c’est la visite de contrôle quelques temps après. J’avais des examens le jour où la visite était prévue, j’ai téléphoné pour demander s’il était possible de ne pas la faire : j’allais très bien ! Ce à quoi on m’a répondu de manière agressive que si je ne venais pas on m’enverrait un recommandé, qu’il était plus que probable que je sois encore enceinte ! (Et le petit embryon que j’ai récupéré dans ma culotte, tu veux que je te l’envoie par recommandé ?!) Je suis donc allée à cette visite. Après une échographie de vérification, le médecin m’a prescrit la pilule. Soit-disant que c’était nécessaire pour que le ventre cicatrice, que sans cette pilule, je pouvais ne jamais m’en remettre et devenir stérile. Il m’a plutôt semblé que c’était un prétexte, une manière de s’assurer que je prenne bien la pilule et que je ne débarque pas à nouveau — insouciante et irréductible émerveillée que j’étais, pour un nouvel avortement ! C’est vrai que ce n’était pas très responsable de ma part de ne pas avoir de contraception, mais c’est là une question difficile : car on est parfois mal informées ! Depuis j’ai rencontré un gynécologue plutôt pas mal, qui au lieu de refuser de me poser un stérilet et de m’inciter à prendre une pilule que je ne voulais pas prendre m’a expliqué que le stérilet est encore souvent mal vu, même chez les médecins. Mais qu’en réalité il n’y a pas de risque à en poser un à une jeune fille, et que les a priori négatifs concernant ce moyen de contraception ressortent jusque dans le nom qu’on lui donne : comme si le « stérilet » pouvait vous rendre stérile à tout jamais.
Je vais bien, merci. Je dirais même ça allait plus que bien, même si aujourd’hui je fais un peu plus attention…
16 ans la première fois. L’année du Bac de français histoire. Ma première relation qui durait plus de 3 mois avec un garçon un peu plus âgé. J’ai rendez-vous chez le gynéco pour prendre ma première pillule. Et une semaine avant je me dis que Mxxxx! ça va tomber en plein cycle… Et puis le cycle n’est pas venu. J’ai donc ma pillule en main, et attends avec impatience de pouvoir la prendre, le retrait n’est pas la plus fiable des solutions, je le sais bien… Et puis je ne mange plus que des aliments à base de tomates (!), le reste me fait vomir rien qu’à l’odeur! L’infirmière du Lycée a été extrêmement professionnelle, compréhensive, a tout organisé, et au planning… « Si on peut dire, vous êtes plus qu’enceinte, ça réagit direct! ». Nous sommes en 2000, j’ai besoin de l’autorisation parentale. Mes parents réagissent avec une compréhension eux aussi à laquelle je ne m’attendais pas… Merci, vraiment, vous avez été parfaits! Maman me serre la main, on m’enlève tout ça, je n’ai rien senti, j’étais étonnée que cela se passe en si peu de temps! Et puis j’ai eu 17 à cette première session du BAC, je l’ai eu l’année suivante, et j’ai continué mes études sans problème de garde ou autre…
2004. Je me sépare de mon conjoint après avoir passé 2 ans de tranquilité puisqu’il se pensait stérile, en tous cas le contraire n’a pas été prouvé. A la suite de cette séparation, j’ai parfois des relations avec un ami, nous nous protégeons, mais ce soir là nous allons trop vite et… Bing! 2eme fois… Mes parents ont d’autres soucis, je ne les implique pas, j’informe seulement le « père » qui m’a laissé l’entière liberté de faire ce que voulais. La décision était prise, j’ai eu mon DUT l’année précédente, ne trouvant pas d’emploi j’avais choisi de continuer les études. Hors de question de m’embêter avec un enfant, je me sens trop jeune. J’ai refusé qu’on m’accompagne, cette fois-ci ça a été douloureux au point que me serais évanouie si ça ne c’était arrêté à temps. Mais bon, quelle douleur face à ma liberté… Je suis même rentrée chez moi à pieds, comme quoi c’était pas le bout du monde!!! A noter, c’est vrai ce que disent les infirmières, là mon corps m’a rassurée, le problème c’était bien mon ex conjoint, moi je suis en parfait état de procréer!
2008, erreur à nouveau… Mais fausse couche avant que je n’ai eu le temps de tout organiser.
2012, je ne regrette rien, j’ai une carrière professionnelle dont je suis fière, des opportunités à l’international, et suis bien heureuse de pouvoir en profiter sans imposer à un (deux!) enfants mon instabilité géographique. Et puis je n’en serais pas là non plus! Bon, j’ai trouvé ce blog en cherchant une contraception sans hormones, car vu que le « problème » semble cyclique, je m’y attends un petit peu! Et si je ne prends pas la pilule c’est parce que je l’oublie, j’ai testé l’implant qui à 24 ans m’a enfin apporté l’acné fulgurant que je n’ai pas eu ado (merci!), et reprenant une relation, j’aimerais que ça ne se solde pas par un 4eme rejet, naturel ou non.
Voilà, mon témoignage de femme de 28 ans heureuse d’être libre, épanouie, même si je ne peux concevoir une vie sans avoir d’enfants, et y penserai dans quelques années.
Ne vous laissez pas non plus avoir par ceux qui disent que deux fois ça rend stérile, ça paut, mais cela reste extrêmement rare.
Bizoo à toutes! (et à tous, qui êtes là concernés par le souci de votre chérie!)
J’ai 24 ans, je suis instruite et informée. Un jour, c’est l’accident et me voilà enceinte. Enceinte, enceinte, enceinte, ce mot a tourné dans ma tête pendant des jours… En fait, j’aimais bien ça être enceinte, cette ivresse qui me faisait rigoler tout le temps, cette lourdeur un peu bizarre dans les hanches
L’éventuel papa a 32 ans, se sent prêt. Moi pas. Mais, on en parle, on en parle encore et je fini par hésiter. Première échographie (intravaginale, what else ?) et j’apprends qu’il y a deux « poches », comme dit l’infirmière. Au moins, c’est réglé. Un, peut être ; deux, c’est non.
Les évènement s’enchaînent. Je fais soixante kilomètres pour prendre un premier cachet. Je suis malade et passe ma journée alitée. Deux jours plus tard, je suis hospitalisée. Une vrai boucherie, j’ai cru y rester : du sang par jets, des trucs non identifiés expulsés douloureusement lors de spasmes. J’ai eu très mal. Après, les saignements ont duré un peu moins d’un mois, j’ai fait une autre échographie, mon ventre était vide et puis voilà.
J’étais pas forcément heureuse en sortant. J’ai fait des cauchemars, j’ai pleuré. Mais je n’ai eu aucun remord et finalement, grâce à de saines lectures et à l’amour que je reçois, je peux le dire aujourd’hui : ça va bien, merci.
J’avais 24–25 ans, un boulot très épanouissant, et un amoureux très amoureux, qui l’est d’ailleurs resté. C’était le début de notre histoire (quelques semaines tout juste), il n’était pas question pour moi de garder cette grossesse. Parce que notre histoire ne faisait que commencer, et qu’il n’était pas question pour moi qu’elle soit définitive à cause de ça. Parce qu’il était sans situation professionnelle, et qu’il n’était pas question pour moi d’assumer cette grossesse puis cet enfant seule. Parce que ma carrière prenait une tournure aussi passionnante que prenante, et qu’il n’était pas question pour moi que cela s’arrête. Je ne lui en ai pas parlé à l’époque. C’était mon choix, mon corps, mon avenir, mon problème. Sur ce dernier point, j’avais sans doute tort.
L’histoire a duré : aujourd’hui nous sommes mariés. Nous allons bien, merci. Nous avons fondé une famille : notre petite fille est né il y a un peu plus d’un an. Elle va bien merci. Je n’y ai jamais vraiment repensé avant de signer l’appel des « filles des 343 » et de constater que le droit que j’ai eu pourrait être un jour dénié à ma petite puce. Je vais bien, merci.
J’ai avorté, et je vais bien.
Deux fois, sur la décennie, avec, entre les deux, la naissance d’une petite fille magnifique, que j’ai désiré garder malgré les réticences premières du père. Nous ne sommes plus ensemble, j’ai assumé seule ce choix, et le choix des IVG, également.
Non, la femme n’a pas un inconscient qui la destine à la maternité, qu’importent les culpabilisations massives qui sont faites par les psy (principaux acteurs à mon sens) dans la prise en charge d’une IVG.
Oui, je me sens bien dans mon corps.
Non, il ne s’agit pas d’un acte médical anodin.
La première fois, j’avais dix-neufs ans. J’étais paumée, en rupture familiale, je m’accrochais à mes études, et j’ai fait un déni de grossesse. Au point que le premier généraliste que j’ai consulté, alors que j’avais des chutes de tensions et des nausées, m’a fourni des anti-acide pour l’estomac -.-’.
Le mec du moment, chez qui je (sur)vivais, a été plutôt compréhensif, et m’a laissée, comme je le souhaitais, en tête-à-tête avec moi-même, et l’équipe médicale. Une vraie partie de plaisir (mode ironique) : discours à la Dolto revisités par la pseudo liberté féminine du moment, et, avant l’opération, le choix d’une contraception durable, genre stérilet ou implant à placer avant la sortie de l’annexe vieillotte de la maternité où les IVG sont pratiquées.
Matin, sept heures, une douzaine de femmes patientent seules à la réception. Il manque des chaises. Une infirmière récupère le groupe, faisant l’appel par le nom de famille. Pour celles qui auraient voulu garder un minimum de discrétion, c’est loupé.
Vague impression de froideur, sommes-nous encore traitées en femmes, en individus, tandis que nous suivons, en file indienne, l’infirmière, que nous enfilons, sans trop d’intimité, les blouses ?
Il ne s’agissait pas d’un « peut-être futur » enfant. J’ai vécu, plus tard, la fausse-couche d’un enfant que je projetais comme tel, et non, à dix-neuf ans, je n’ai pas avorté d’un enfant. J’ai eu, plus tard, un enfant. Il n’a jamais été question pour moi d’ôter la vie en avortant, puisque donner la vie reste, pour ma part, l’acte lié à la naissance. Et oui, l’enfantement est un acte magnifique.
Trop de discours culpabilisants, ou alors une empathie déplacée, il fallait peut-être que je pleure sur un amas de cellule que je n’investissais pas de plus de personnalité que mes amygdales (encore que mes amygdales avaient une fonction physiologique déterminée) ?
Bref, j’ai gardé le silence sur mon ressenti ‑mon absence de ressenti par la même occasion- et mon entourage n’a pas été trop envahissant.
La suite de l’opération n’a pas été correctement suivie. Je n’avais pas le courage, à l’époque, de me retrouver encore face au personnel, ses questions, sa morale.
Il ne devrait pas être question de morale sociale, mais privée. La femme devrait pouvoir décider seule, sans autre regard que le sien… utopie.
Au vue de l’absence de considération que j’ai ressenti pour mon corps et ma volonté, j’ai rechigné à consulter après l’IVG. J’urinais littéralement du sang, des masses de caillots, et la douleur m’a fait perdre connaissance quelques secondes.
Plus tard, remise, j’ai (encore) été traitée d’inconsciente par un gynéco.
Le geste que j’avais décidé n’a pas laissé de séquelle sur mon moral. L’attitude du corps médical, alliée à ma soudaine défiance à son égard, aurait pu me coûter ma fertilité.
Quelques années plus tard, j’ai enfanté. Ensuite, j’ai essayé plusieurs méthodes de contraception. J’allaitais. J’ai mal supporté l’implant après ma première IVG. La petite pilule a eu sur moi tous les effets secondaires, sans empêcher une nouvelle fécondation. À nouveau, je suis passée devant la psychologue. Discours similaire, avec un appuis particulier sur ma « nouvelle » sensibilité maternelle, que j’ai su, cette fois, laisser de côté.
Il fait bon de prendre en assurance.
J’ai regardé l’échographie. Un embryon de 11 semaines, qui aurait pu être, un jour, dans une autre vie, un garçon. Je ne vis pas dans un conditionnel. Je vis aujourd’hui.
Et à l’époque, cet aujourd’hui ne me permettait pas d’envisager cet embryon au-delà d’une échographie.
Point.
J’ai 29 ans. Je vis avec un homme merveilleux, qui se sent également responsable de NOTRE contraception, et qui sait la place importante qu’il occupe auprès de ma fille.
Un jour, nous serons quatre, ou plus, si les moyens et les conditions le permettent.
Voilà. Je vais bien. Je me pose toujours beaucoup de questions quand à l’innocuité de certaines méthodes de contraception, AVC, recul médical sur la prise quotidienne d’hormones pour la pilule ? Rejets et infections liées au stérilet ? Oui, la contraception existe. Mais les risques sont, à mon sens, insuffisamment connus des utilisatrices.
Le médecin, encore, me semble bien en peine de conseiller ses patientes de façon neutre et professionnelle…
j’avais 19ans, et j’étais amoureuse, un soir la capote pète, pas de soucis, je prends la pilule du lendemain. On se sépare, je pleure, je m’en mets plein la tête et le temps file sans que je m’en rende compte : résultat, enceinte de 5semaines, quelques jours après cette nouvelle qui me laisse sur le cul je fais une FC.
Quelques mois plus tard, sans préservatif cette fois ci, on s’en donne a coeur joie. Je prends la pilule du lendemain. Cette fois ci je n’avais pas fais le test que je le savais déjà, je suis enceinte. Je laisse trainer, mais je ne veux pas de cette grossesse et je suis persuadée qu’elle partira toute seule. Mais non …
Je vais dans un hôpital public au planning familial et j’obtiens un rdv pour une IVG chirurgicale, et surtout sous anesthésie générale. J’entre le jeudi soir, le personnel est sympa, prévenant. J’ai le droit a des cachets pour me détendre dés le soir, et dois passer au bloc a la 1ere heure le lendemain.
Mis a part l’attente dans ce couloir morbide, défoncée à moitié a entendre le personnel soignant jacassé sur les uns et les autres, je n’ai aucun souvenir, je me réveille en pleurant, mais je me reprends assez vite. C’est ce que je voulais : pouvoir boire un verre et fumer sans avoir envie de vomir,arrêter de dormir debout alors que je commence mon nouveau job, reprendre ma vie en main de A a Z. Faire le deuil de cette FC, en décidant, MOI de ce que je voulais faire de mon corps.
Je sors de là sans regret, c’était il y a 4 ans, je ne me souviens même plus de la date, je m’en fiche, j’ai eu quelques complications ensuite, pas cool certes mais rien ne m’a fait regretté cette décision. Un enfant, quand je veux, si je veux !
Mais… dans la chambre avec moi ( oui on n’était pas seules) une nana venait faire son 2me IVG de l’année, par médicament. Le personnel médical était au petit soin pour moi, mais pour elle… j’ai même entendu en réponse a une de ces questions » mais vous savez comment ça marche, vous commencez à avoir l’habitude ».…
C’était mon premier copain, j’avais à peine 18 ans et étais encore innocente.
Un soir, un accident de préservatif et je sais tout de suite d’instinct que quelque chose ne va pas. Je n’attend que quelques heures avant de prendre cette pillule du lendemain sois disant miraculeuse, puis j’attend, j’attend, des règles qui n’arrivent pas.
Je vais donc acheter un premier test de grossesse mais ne sachant pas qu’il vaut mieux attendre le matin, le résultat n’est pas franc et massif j’en fais donc un 2ème, le résultat est sans appel, je suis enceinte. 1ère réaction : Au secours! 2ème réaction : quelles sont les solutions qui s’offrent à moi. J’ai eu la chance à l’époque d’avoir un copain attentif qui est venu avec moi au planning familial d’un hopital « mères/enfants » où j’ai très bien été accueilli.
J’avais 18 ans et n’étais donc pas obligée d’en parler à mes parents mais j’avais l’impression de les trahir si je leur cachais une chose pareil. J’ai donc pris mon courage à 2 mains pour réussir à le leur dire et je m’attendais à pas mal de réaction mais pas à celle là, ma mère s’est mise à pleurer en m’annonçant qu’elle avait vécu la même chose à mon âge. Sa mère ne lui avait pas laissé le choix, elle voulait donc que je sache que quelle que soit ma décision elle me soutiendrait nous avons donc traversé cette épreuve ensemble.
Si je témoigne aujourd’hui c’est pour dire que oui j’ai avorté et aujourd’hui je vais bien merci!… mais que ça n’a pas été le cas sur le moment, pas parce que je regrettais mon acte, pas parce que j’ai été traumatisée mais parce que le regard des autres vous fait culpabiliser. Le regard de la pharmacienne à qui j’ai dû demander, génée, cette fameuse pillule du lendemain, le regard des 2 autres pharmaciennes à qui j’ai acheté ces tests de grosesse, le regard des gens qui ont été au courant de ma situation (malgré moi). C’est ce « tabou » autour de l’IVG qui nous fait mal vivre cette situation, il est impensable pour moi aujourd’hui d’en parler à quelqu’un dont je ne suis pas réellement proche, ma mère n’en a presque jamais parlé car « ça ne se faisait pas », même aujourd’hui je suis amenée à travailler dans des pays où l’avortement n’est pas autorisé et ne pas pouvoir évoquer mes antécédents médicaux à un médecin local sans se faire juger ou même banir de l’hôpital en question reste très compliqué.
Merci donc à vous c’est grâce à ce genre de site que les mentalités évolueront petit à petit, du moins je l’espère.
Bonjour !
Ca devait etre en 2006 il me semble, j’avais 17 ans et j’ai fait un avortement « sous X » (je sais pas le nom exact) car je voulais pas que ma mère parte dans les grands sentiments si elle l’apprenait. Je la voyais déjà: « oh ma pauvre ca doit etre difficile, etc… » et je ne voulait pas devoir l’envoyer chier méchamment, car oui pour elle ca aurait surement été difficile.
Avec mon copain de l’époque on en avais parlé avant et c’était clair: si jamais ca arrivait on s’en débarrassait. J’ai d’autant moins compris sa réaction quand on l’a appris, genre: « Mais tu es vraiment sur que tu veux faire ca? » Il avait 10 ans de plus que moi, il se sentait pret à etre père et il a insisté pour qu’on le garde. L’horreur.
Après il faut lui rendre justice il a fait toutes les démarches pour moi et j’avoue que sans lui je sait pas si j’aurais eue la force. Je faisais 45 kgs à l’époque, j’étais toxicomane et le fœtus me prenait le peu de force que j’avais. Je l’ai gardé 3 mois et je suis persuadée qu’avec quelques mois de plus il m’aurait tuée.
Je ne sais pas si je dois en parler (illégalité oblige), si non censurez moi 🙂 mais j’avais dépassé la date légale quand j’ai avorté. L’équipe du planning familiale a falsifiée la date et c’est passé à l’hopital. Toute les équipes médicales auxquelles j’ai eu affaires ont été compréhensives, douces et toujours très humaines. Je ne sais pas si c’est parce que je vis dans une grande ville mais je n’ai a aucun moment ressentie le moindre jugement à l’égard de l’acte pratiqué, si jugement il y a eu ce fut uniquement sur mon mode de vie de l’époque, fort peu adaptée à une lycéenne il faut dire. L’ équipe du planning familiale m’a particulièrement soutenue et je prenais toujours plaisir a passer au centre gratter des capotes, après l’IVG, jusqu’à la fermeture de celui-ci, pour cause de restrictions budgetaires me semble-t-il. C’est vraiment dommage car selon moi c’était un lieu essentiel pour aider les jeunes filles qui, comme moi a l’époque, n’ont souvent aucune idée de comment il faut si prendre. Normal en même temps, personne n’en parle jamais si ce n’est pour évoquer le traumatisme subit. Pourquoi n’est-ce pas intégré dans les cours d’éducation sexuelle dispensés au collège?
Je suis très choquée par certains témoignages que j’ai lus et par l’accueil que certaines filles recoivent par les médecins, psychologues et autres. Je ne comprend pas comment un médecin peut se comporter de la sorte, à croire que certains sont démunis de toute forme d’empathie. Il faut du courage pour continuer à se battre quand on est traitée de la sorte. Je vous tire mon chapeau les filles !
Bref, pour moi tout s’est très bien passé, si ce n’est dans la pharmacie ou j’ai acheté le test et ou les pharmaciens ont tenus à m’adresser leurs félicitations. « J’ai 17 ans connard tu crois vraiment que je vais fêter ca ? » Non ce n’est pas ce que j’ai dit, juste pensé, politesse oblige.
Après tests psychos, entretiens et tout le blabla j’ai passé une journée à l’hopital pour l’opération, genre 3h avant et le temps qu’il m’a fallu pour etre bien après. On m’a amené à la salle d’opération, j’ai compté jusqu’à 2, me suis endormi, ai ouvert les yeux en salle de réveil et c’était finit ! Je n’ai ressentit aucune douleur, je suppose que les médecins ont géré coté médoc. Seule point négatif, je n’ai pas pu avoir de relations sexuelles pendant 3 semaines, sous les conseils du médecin. C’est tout. Le jour de la contre visite j’ai aussi vomi et j’étais dans un sale état mais c’était aussi peut etre à cause du sevrage.
Oui j’ai arrêté la came quelques jours après mon opération, j’ai repris ma vie en main et je suis maintenant licenciée et sur le point de passer en master. Cet acte m’a permis de me rendre compte que je pouvais avoir le controle sur ma vie, et faire les choses bien si je le voulait. Ca a été le début de la fin de mon autodestruction. Je pense que le fait d’avoir été traité en etre humain pour une fois m’a aussi beaucoup apporté. Quand tu es ado, tox, anorexique et dreadeuse par dessus le marché tout le monde te traite comme un animal, ce que les médecins n’ont pas fait. Donc encore une fois merci à eux et au planning pour leur attitude normale et humaine.
Je pense etre la preuve que l’avortement peut etre un acte positif et libérateur, et que le monde de l’avortement n’est pas rempli que de salauds sans cœurs. Quand aux autres, au bucher !!!
Magnifique témoignage. Ton militantisme est particulièrement bien placé il faut le dire 😉
J’ai vécu mon début de grossesse de la meme facon que toi et je pense que j’aurais pu en crever si je l’avais gardé. Mais je pense aussi que c’était une question de circonstances et que, le moment venu, ce sera une expérience enrichissante et épanouissante de porter la vie. J’espère qu’il en sera ainsi pour toi. En tout cas merci d’avoir partagé ton expérience, ca m’a aidé à comprendre pourquoi ca avait été aussi horrible pour moi.
Je partage également ton avis sur la contraception hormonale, je trouve qu’elle prive les femmes d’une vie sexuelle épanouie et décomplexée, d’autant plus qu’elle peut avoir des effets secondaires graves pour la santé. C’est une honte que les femmes ne soient pas mieux informées des risquse qu’elles prennent en s’imposant ce genre de traitements.
Et p***** comme je t’envie d’etre une femme fontaine ! 😀
Avec toute mon approbation
Je suis tombée sur votre récit par hasard. Les attitudes que vous décrivez sont totalement odieuses, empreintes de MACHISME. Cet immonde, hypocrite médecin qui prétend réduire une femme à un « incubateur sur pattes »…un rôle? quelle incroyable prétention qu’à cette personne qui prétend imposer un fardeau aussi lourd que la prise en charge NON DESIREE d’un être, qui se moque de votre vie détruite et de votre isolement. C’est d’une VIOLENCE sans nom. Cette personne utilise le droit à la vie comme prétexte, il est très probablement simplement une personne qui cherche à contrôler les autres, à les manipuler. Bravo de l’avoir compris, de n’être pas tombée dans le panneau. D’autres n’ont pas eu cette force de caractère. Je déteste ces gens qui veulent nous faire croire qu’ils se préoccupent de simples foetus…quel mensonge. Ils désirent juste asservir les femmes. Les femmes qui sont pro-life sont soit des personnes qui ont subi elles-mêmes un lavage de cerveau, et sont furieuses de voir que d’autres ne se laissent pas faire, soit des femmes très jeunes qui avalisent un discours sans réaliser en réaliser la portée et les conséquences. Et ce sont les mêmes qui ridiculisent le féminisme. Lorsque j’entends Alain Soral dire que le féminisme traumatise les hommes, qu’il est à l’origine de l’augmentation de choix de sexualité différents tels l’homosexualité, j’ai envie de hurler. Et que dire des femmes qui se défendent d’être féministe, elles ne comprennent même pas ce que cela signifie. Lâches…
Non, je n’ai jamais eu aucun regret ni aucune souffrance particulière. Sauf physique. Mais il faut croire que les femmes nous le méritons vu le silence du corps médical et son indifférence (règles douloureuses, retour aux grossesse difficiles avec l’encensement du naturel… donc sans péridurale).
J’avais 19 ans. Première année de droit. Un moment difficile, surtout en plein redoublement et après la rupture avec mon mec. J’ai eu des aventures, avec lui et avec un autre ami. Le plaisir physique me redonnait un peu le moral.
Et puis je me sens fatiguée. Je dors toute la journée. Est ce que je suis malade? En plus je n’ai plus mes règles…
Et la tout s’enchaine. Il faut aller vite, surtout quand en pleine déprime on n’a pas trop d’idées du temps. Direction le planning familial. Des petites dames adorables me fournissent des tas d’ordonnances et une liste de centre d’écho, et de prise de sang. Je courre alors. Je courre. Les salles d’attentes. Les résultats pour dans trois jours. Je courre. La salle d’attente. L’écho…un type aussi impassible qu’une huitre m’enfonce un gode en plastique après m’avoir demandé de me foutre a poil. Au moins mon mec aurait dit s’il te plait. a poil. Mais bon…
Il me demande si je veux le garder. Heu…j’ai même pas 20 ans gars?! Enfin je réponds la vérité, non pas top pour une étudiante, et lui tout gentil, « ça ira, votre grossesse est normale ». Soulagement… « ça pourrait être extra utérin » il rajoute. « Ah cool, alors ». Pas de reproches. Bien.
Puis arrive le jour dit. Je prends ma pilule avec mes copines avorteuses au planning. Sympa les sessions de groupe « bonjour je suis Martine » « bonjour Martine » elles répondent en chœur. « Je suis la pour avorter. » « bonjour Martine »…
Bon. En tout cas retour maison, adieu Martine. Je mets le suppo de lamaline (morphinique anti douleur). Maman a été informé, ex chouchou aussi. Et ils sont là tout les deux a me regarder comme si j’allais crever. Tension palpable et thé à la menthe. Quand finalement ça arrive je souffre le martyr. Mais une fois tiré la chasse et après une bonne sieste, je vais à la pharmacie. Pour mon ordonnance de pilule.
Finalement, je m’en fichais royalement. Même si le sentiment d’être anormale m’a longtemps poursuivi, jusqu’à ce que je rencontre vos témoignages. J’étais contente de ne pas avoir gardé ce foetus. j’avais conscience de ne rien pouvoir apporter à un enfant. Pas de ressources, pas d’indépendance, pas d’étude… Aujourd’hui je suis en master, et je peux enfin dire à mes copines de première année, pourquoi on se parlait plus. Ben oui. J’ai avorté, ce se voit pas, non? Mais j’avais intériorisé une forme de honte. Après tout, le mec ne portait pas de capote, mais quels reproches pour lui? aucun, après tout c’est moi qui ait avorté, c’est mon corps qui a été « souillé ». Laissez moi rire. Aujourd’hui, j’en parle, et je peux vous dire qu’il vaut mieux pas qu’on me culpabilise ou que je croise la route d’un anti ivg… à part s’il ne tient plus à ses dents…
Franchement, je ne sais pas si j’aurai un enfant un jour. Ils sont adorables…
Mais j’adore mon indépendance! (ho oui, je suis une terrible féministe assidue de causette aussi)
J’ai avorté en 2007 j’avais 21 ans. J’avais bien été informé par ma mère sur la contraception et les MST. Je sortais d’une relation difficile et n’avait pas les moyens d’aller chez le gynecologue donc j’utilisais des preservatifs et ne prenait pas la pillule. Je n’allais pas bien et étais en pleine phase d’auto-destruction. Théoriquement j’étais une jeune femme intelligente et consciente des risques d’un rapport sexuel non protégé mais je m’en foutais. J’avais un amant régulier avec qui je buvais beaucoup trop. Je ne sais pas ce qui c’est passé cette fois là. Comme d’habitude trop d’alcool alors le preservatif s’est-il déchiré peut-être n’ y avait il même pas. Nous avons été irresponsable et j’ai eu de la chance de ne pas être en plus malade. Quand j’ai compris que j’étais enceinte je me suis rendu dans un planning familial car je n’avais pas d’argent. Ma mère m’avait dis à l’adolescence que si un jour j’avais un quelconque problème de contraception ou que je devais avorter et que je me voulais pas lui en parler je devais aller dans un un planning familial. Avec le recul je pense que j’aurais du lui en parler mais ma mère n’avait jamais diabolisé l’ivg et me l’avait présenté comme un secours comme un autre car une erreur ou un défaut de contraception est toujours possible. Naivement je croyais donc que cela ce passerait comme une visite ordinaire chez le medecin. Au planning familial j’ai été très mal reçu. On m’a fait faire un test de grossesse urinaire. Puis j’ai eu le droit à un interrogatoire. Non je ne savais pas quand j’étais tombé enceinte. J’avais l’impression d’avoir commis un crime horrible. On m’a baladé de centre de santé en assistante sociale et chaque fois j’avais l’impression d’être rabaissée un peu plus. En plus c’était l’été j’avais vraiment mal choisi mon moment beaucoup de services tournaient au ralentis à cause des vacances. J’ai fini prostré entrain de pleurer dans un couloir d’hopital. Des tas de gens, infiermier(e)s medecins ou autres sont passé indifférents. Je ne voulais pas d’enfant et les jours avaient passé sans même que je sache de combien j’étais enceinte et partout où on m’envoyait on me répétait que c’était horrible ce que j’avais fais que j’allais étre traumatisé à vie. Dans ce couloir d’hopital j »étais à bout je pensais même au suicide mais je ne pouvais plus bouger. Heuresement un medecin est passé et m’a demandé ce qui ce passait, j’ai commencer à lui raconter mon histoire, c »était l’heure de sa pause mais il m’emmené en consultation. Cet homme a été formidable. Il m’a fait faire une échographie ainsi qu’une prise de sang notament pour dépister d’eventuellles MST et comme il le craignait j’approchais dangeuresemt de la date légal d’avortement alors il s’est débrouillé pour que je sois opéré en urgence. Le marin de l’opération il est même passé me voir pour savoir comment j’allais. Je savais que mon amant ne voudrait pas de cet enfant et puis je pensais que cela passerait bien je ne voulait rien lui dire mais après tous il était aussi responsable que moi. Je lui laissé un message juste avant l’avortement et il est venu me chercher après l’opération. Non je ne fus pas traumatisé par cette ivg au contraire ce fut un déclic il fallait que reprenne ma vie en main. Par contre j’ai été choqué par le manque d’humanité de certaines personnes j’ai été choqué de la façon que l’on m’a traité. Quand j’ai fais l’échographie on a tenu me montré l’embryon pour que j’ai bien conscience de ce que je faisais ! Je pense aussi à cette assistante sociale qui m’a dis que je pouvais réfléchir qu’avec des aides je pourrait élever un bébé. Je pense aussi à ces femmes au planning familial qui m’ont disputé comme une petite fille. Etrangement à chaque fois ce fut des femmes qui ont voulu que je me sente coupable. Aujourd’hui à personne n’est au courant de mon ivg. Non pas parce que j’ai honte mais simplement que malgré ce que j’entendu ce ne fut pas un traumatisme et je ne vois l’utilité dans parler. J’en parlerais si parmis mes proches une jeune femme souhaite se faire avorter afin qu’elle sache que ce n’est pas un crime.
J’ai avorté il y a 5 ans. J’avais 32 ans.
J’ai toujours considéré l’avortement comme une solution envisageable, jamais comme un tourment, ni un tabou, une solution tout simplement, un choix qu’une femme pouvait librement prendre.
J’ai fait ce choix librement. On me l’a reproché. Etrangement pas mes proches, ni mes amies, mais de parfait inconnu, souvent des hommes, que je n’ai jamais revu depuis.
Le premier : mon médecin généraliste qui après un instant d’hésitation me demande s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle. Peut-etre aurais-je du mentir? Mais non j’assumais, d’ailleurs je ne voyais pas le mal et je ne le vois toujours pas. Celui-ci fut ouuuuutré d’apprendre qu’une grossesse à ce stade de ma vie était une mauvaise nouvelle.Et ce monsieur pourtant assez jeune a cru bon de dépasser son rôle et de me jeter l’ordonnance de prise de sang au visage, exprimant ainsi tout le dégout que je lui inspirais.
Puis le parcours du combattant…
L’hopital, les conseillères…Cette conseillère qui tente de me convaincre que non je ne veux pas avorter. Moi qui tente de la convaincre que oui je veux, et que oui dans ma tête tout va bien, c’est un choix librement consenti et assumé. Elle aborde le sujet fatidique : « qu’en pense le père? « , oubliant ainsi ma propre liberté.
Comment dire: « le père m’a quitté et ne souhaite pas en entendre parler ». Sentant une faiblesse de ma part sur ce sujet (et oui je suis triste la rupture est récente moins de quelques jours et cette grossesse inattendu n’a pas arrangé les choses) elle insiste pour le rencontrer également…et me voilà devoir la convaincre que monsieur s’en moque et n’assumera pas ni ne m’épaulera.
Et zut!!!! Madame la conseillère, ne saviez vous pas que dans ce beau pays j’étais seul décisionnaire me concernant???
Je ne suis qu’à 3 semaines de grossesse, elle me propose de réfléchir, de tenter d’en discuter avec mon ex…Encore une fois.
C’est d’ores et déjà réfléchi. Quant à mon ex, ce lâche.…
Elle a fini par m’entendre, et finalement me propose différentes solutions d’ivg à savoir, l’ivg médicamenteuse (douloureuse), mais que je pourrais faire dès la semaine suivante ou l’anesthésie semi-général ou général que je ne pourrais pas faire avant 2 mois…soit 2 mois d’attente, et je m’approche dangereusement de la limite des 3 mois.
Que dire? souffrir ou attendre? Et bien je vais attendre, 2 mois de plus, et avorter à 2 mois et 3 semaines…la dernière ligne droite…si je rate ce dernier rendez vous à l’hôpital je n’aurais plus d’autres choix.
Et plus le temps passe plus je peux me raviser, abandonner, trop de pression??…je ne sais pas, mais elle n’avait visiblement pas compris que je ne le vivais pas comme une épreuve.
J’avais 32 ans, je plains les très jeunes filles…probablement impressionable (ou pas d’ailleurs).
2 mois ont passé, le rendez vous, la salle d’attente, la petite dizaine de femmes présente…je ne sais pas si nous sommes toutes là pour les mêmes raisons. Je les observe…toutes différentes. toutes de milieux différents, certaines mal à l’aise, les autres moins. Certaines accompagnées. D’autres seules, comme moi.
Je crois qu’au final nous sommes toutes plus ou moins mal à l’aise…
Arrive la salle d’opération, j’avais opté pour une anesthésie partielle et rentrer chez moi dans l’après midi. Croyez le ou non mais sous anesthésie j’ai entendu toute la conversation du personnel médical…et eux ne m’ont pas jugé.
Peu de temps après je suis allée en vacance seule à l’autre bout du monde…je rencontre une personne qui me demande ce que je fuis pour voyager ainsi seule, je lui raconte mon ex, mon avortement, etc et je pleure…non pas parce que j’ai avorté mais parce que je n’ai pas digéré l’attitude de mon ex…et cet homme à son tour commente non par le comportement de mon ex, mais le mien, convaincu que mon ex m’a quitté parce que et je cite ‘j’ai tué son bébé »…
Alors, cher messieurs, cher médecin, chère conseillère, chères personnes si prompt à me juger, sachez qu’avorter est un choix libre et que je suis libre, parfaitement libre…que votre opinion ne m’intéresse pas et votre « burka » je vous la laisse…
Je vous déteste! pas pour moi (parce que moi je vous emmerde avec un grand A) mais pour toutes ces jeunes filles qui le vivent comme une épreuve.
Ce n’est pas une épreuve, ni un tabou. Dans mon entourage, sur 10 femmes 5 ou 6 ont avorté, sans complexe ni tabou, mais avec les mêmes difficultés que moi, celles que l’on vous (pr)oppose, car nous, nous n’en avons pas.
J’ai avorté en 2007, et je ne me suis jamais posée de questions à ce sujet. J’ai avorté POINT!
J’ai été très contente de voir l’article paru dans le Elle du 14 décembre 2012, qui a rencontré de l’écho chez moi. J’ai apprécié de pouvoir mesurer l’enjeu de cette attitude généralisée, un grand merci pour votre site !
Pour moi, la décision a été facile : avec trois enfants assez jeunes et une vie très remplie, il n’y avait pas de place pour un 4e enfant. J’ai fait une IVG médicamenteuse à la maison, pas très agréable mais qui s’est bien passée. Ensuite je me suis fait poser un DIU. Comme nous avions espacé les naissances de façon assez efficace avec le coitus interromptus, on avait continué mais de fait ça n’est pas une méthode complètement fiable !
Je lis les autres commentaires et je réalise ce à quoi j’ai échappé ! J’ai contacté le planning familial qui m’a bien accueilli et m’a adressé à un médecin sans jugement également.
Nous avions 19 ans, cela faisait 10 mois que nous étions ensemble et nous commencions nos études d’ingénieur. Je ne prenais pas de contraceptif, nous utilisions des préservatif quasiment tout le temps, sauf de temps en temps en comptant pour ne pas tomber dans la période d’ovulation, en suivant naïvement les principe des cours de biologie de terminal « la femme ovule le 14ème jour du mois et l’ovule peut avoir une durée de vie de 3 jours » . Sauf que… toutes femmes ne sont pas réglées comme du papier à musique et n’ovulent pas toute au 14ème jour…c’était mon cas, pas de cycle régulier du tout…et ça je ne le savais pas, à la maison c’était tabou d’en parler, il fallait se renseigner à l’école et l’école c’est pas la vrai vie ! Je nous revois encore avec ce test positif et le livre de bio sur les genoux et se disant c’est pas possible, ça colle pas ! Nous avons tout de suite décider de ne pas le garder, nous étions deux gamins. Nous n’aurions pas pu l’élever, pas d’argent, nous habitions chez nos parents…bref la décision a été vite prise de façon conjointe. Nous avons été très bien accuielli à l’hopital, pas de soucis. Je n’ai pas regretté mais j’ai eu peur pendant des années de ne pas pouvoir avoir d’autres enfants. Et je me suis sentie bête pendant longtemps. A partir de ce moment là, je me suis mise à bosser comme une folle pour prouver que j’étais pas si bête, il fallait que je finisse major de promo chaque année. Aujourd’hui 10 ans après, nous avons deux beaux enfants, mes grossesses ont été parfaites et mes accouchements aussi. J’ai réalisé depuis me mon ainé est né que cet enfant n’aurai pas été heureux nous n’étions vraiment pas prêt à 19 ans et sans situation pour l’accueillir. Je me laisse enfin un peu plus vivre en étant moins exigente avec moi même. Je pense qu’il faufrait mieux informer les jeunes sur la contraception, les cycles des femmes…votre site est super, aujourd’hui je vais bien, merci.
C’était l’été 2007, j’avais 18 ans, je venais tout juste de rater mon bac et j’avais eu une aventure d’un soir avec un garçon que je connaissais peu.
Pas de préservatif et quelque peu irresponsable : grossesse non désirée.
J’ai su très rapidement que j’étais enceinte. Je me suis alors dirigé vers mon généraliste qui m’a orienté vers le gynécologue de ma ville pouvant m’avorter. Le gynécologue, m’a alors proposé les deux méthodes, j’ai choisi l’intervention chirurgicale, bien moins traumatisante selon moi. Le jour J, accompagnée d’une amie et de ma sœur, j’étais très nerveuse car je voulais au plus vite que cet amas de cellules (et de soucis), soit loin de moi. J’ai avorté sous X, c’est à dire que je n’ai rien payé, et SURTOUT mes parents ne l’ont jamais su. Aucune trace n’existe dans mon dossier médical de cet avortement. Je précise qu’à l’hôpital personne ne m’a jugée, ils ont sûrement eu de la pitié de voir une gamine paumée.
Une fois l’opération finie, je suis rentrée chez moi, sans douleur, sans traumatisme. Cela a été le début de belles années, j’ai eu mon bac, je suis toujours en études, je suis toujours folle et insouciante, j’ai rencontré quelqu’un de bien : je profite de la vie. Je ne repense pas à cet événement car je n’ai jamais eu de doute, jamais je ne me suis posé la question de garder cet enfant puisque j’en étais absolument incapable mentalement et matériellement !
Je ne suis absolument pas prête à avoir d’enfant et peut-être que je ne le serais jamais ! Peu importe… cet avortement m’a permis de continuer à vivre, nos mères qui se sont tant battues pour ce droit m’ont sauvé la vie… (et oui, l’avortement sauve des vies!)
Il faut que ce droit reste à tout jamais intact !
J’ai avorté en janvier 2009. J’avais 19 ans, j’étais avec mon copain depuis 3 ans, mais je ne prenais pas à pilule. On mettait des capotes, sauf que cette fois là, on en avait plus. Alors on s’est dit qu’on ferait gaffe. Erreur.
J’ai appris que j’étais enceinte le 2 janvier 2009. La question ne s’est pas posée, je ne voulais pas d’enfant, j’étais beaucoup trop jeune, je n’avais pas fini mes études, il fallait que j’avorte. J’ai alors pris rendez-vous au Planning familial de Lille. L’équipe à été top. J’ai été reçue par une assistante sociale qui m’a bien renseignée sur les différentes démarches à effectuer. Aussitôt, elle m’a pris rendez-vous avec un gynécologue du planning. J’ai eu le rdv le jour même, une heure après avoir vu l’assistante.
J’ai ensuite pris rendez-vous pour une échographie. En arrivant dans la salle du médecin, elle m’a demandé pourquoi je venais faire une écho aussi rapidement. Je lui ai expliqué que je souhaitais avorter. Elle n’a rien dit. Au moment de l’écho, elle m’a demandé si j’avais envie de voir l’écran ou si je préférais qu’elle le tourne. J’ai trouvé ça très gentil de prendre mon avis en compte. Une fois l’échographie réalisée, j’ai du prendre rendez-vous à l’hôpital pour l’avortement. On m’avait donné une liste de lieux avec leur numéro de téléphone. J’ai appelé le premier centre de la liste, celui d’Armentières. J’ai réussi à obtenir un rendez-vous rapidement. Comme je m’étais aperçue de ma grossesse très tôt, je pouvais choisir quel avortement je voulais.
En arrivant au centre d’orthogénie d’Armentières, j’ai parlé à un médecin de ce qu’il s’était passé, des démarches à suivre. J’ai choisi l’avortement par médicament. Il était donc convenu que je vienne deux fois, la première pour la prise du médicament qui arrête l’évolution de l’oeuf, la seconde pour l’expulsion. Le premier médicament n’est pas passé, je l’ai vomi dans la voiture au retour, j’ai donc du revenir le lendemain d’urgence pour le reprendre.
Deux jours plus tard, je revenais pour l’expulsion. Après avoir avalé mes cachets, j’ai du rester hospitalisée pendant 4 heures afin de surveiller. Au bout de 2 heures, j’ai ressenti des contractions assez fortes. j’ai beaucoup saigné, mais je n’ai expulsé quelque chose qu’une fois de retour chez moi. Une semaine après j’ai du faire une prise de sang afin de vérifier que mes hormones de grossesse avaient bien chutées. Sauf, qu’elles avaient augmenté, j’étais toujours enceinte, les cachets n’avaient pas fonctionné.
J’avais rendez-vous le lendemain avec mon médecin du centre d’orthogénie. Il m’a bien confirmé le résultat et m’a proposé de me faire un curetage tout de suite. J’ai accepté et on m’a installée dans une chambre. En attendant de passer, on m’a donné des calmants, un anti douleur pour prévenir et un relaxant. L’effet du relaxant a été immédiat, je me suis pris un fou rire toute seule pendant 10 minutes sans savoir pourquoi.
Quand je suis passée dans la salle d’opération, le médecin m’a fait des piqures anesthésiantes. J’ai eu un peu mal mais c’était supportable. Au moment du curetage, j’avais deux infirmières qui s’occupaient de me parler pour que je pense à autre chose. Elles étaient adorables. L’une d’elles était celle qui s’était occupée de moi lors de mon avortement par médicaments. En me revoyant arriver elle m’a dit, pleine de compassion : « décidément, vous n’avez pas de chance ma pauvre ». Elle était vraiment gentille.
J’ai eu mal vers là fin, j’avais l’impression qu’on m’aspirait tout l’utérus, c’était désagréable. Heureusement ça n’a pas duré longtemps.
Une fois de retour dans ma chambre, je me suis mise dans mon lit pour me reposer un peu. Là, l’infirmière est venue pour m’apporter un jus de fruits et un gâteau. Elle a été très réconfortante. Le médecin est ensuite passé me voir pour me dire que tout allait bien et que j’allais pouvoir rentrer.
Je suis ressortie de là bas soulagée, enfin sereine et pas du tout coupable. Je sais que j’ai fait le bon choix, la preuve, aujourd’hui, je ne suis plus avec mon copain de l’époque et je n’ai toujours pas d’enfant, preuve que c’était encore beaucoup trop tôt. Je ne regrette rien et je ne l’ai pas mal vécu. A toutes celles qui sont susceptibles de me lire et qui vivent dans le Nord de la France, je vous conseille vivement le centre d’orthogénie d’Armentières. A aucun moment vous serez jugées et au contraire, vous serez super bien accompagnées !!
Moi aussi, j’ai avorté, et je vais bien, merci !
J’avais 20 ans, mon copain 26 et je suis tombée enceinte sous pilule. Il n’a jamais été question de le garder, je me sentais bien trop jeune, nous n’étions ensembles que depuis 3 mois. J’ai pris contact avec le centre ivg de lille qui est situé dans une maternité très connue. Ils m’ont dit que je ne pouvais pas avorter de suite étant donné que j’étais sous pilule et que ça pouvait être une grossesse extra utérine. Pendant 3 semaines (non je ne plaisante pas), ils m’ont fait venir tous les jours pour une prise de sang ou une écho. Tout en sachant que je ne le garderais pas. Ils me faisaient toujours miroiter la menace de la GEU. Finalement, après une écho (où ils m’ont fait entendre le coeur batte, sympa!) ils m’ont dit que je pouvais entamer les démarches. J’ai rappelé leur service ivg l’après midi même qui ‘ont dit qu’il était trop tard pour avorter et que de toute manière, à 20 ans je pouvais quand même le garder. J’ai contacté de suite un autre hôpital de la région, complètement paniquée. Il s’est avérée qu’il n’était absolument pas trop tard, mais que leur service était saturé (mois d’Août et la moitié du personnel en congés), et que de fait, ils n’envoyaient pas leurs patientes ailleurs mais préféraient véhiculer des info fausses. Je n’étais pas la première patiente à qui ça arrivait. J’ai avorté dans l’autre hôpital, les gens étaient très humains et heureusement, parce que les premiers avaient vraiment réussi à me culpabiliser. Finalement, je l’ai très bien vécu, je savais que c’était la bonne décision à prendre. J’ai porté plainte contre le premier hôpital.
C’était il y a 8 ans, aujourd’hui je suis enceinte, ce sera mon premier bébé, qui est attendu avec impatience, je n’ai pas regretté une seule fois ma décision.
J’ai avorté en 2007 a l’âge de 15 ans.
Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, ma mère m’a posé la question de savoir qu’est ce que j’allais faire. C’est mon choix, elle ne m’a jamais influencée.
Sans réfléchir je lui ai dit ‘Maman enfin ! Tu te rends compte ? j’ai quinze ans et pas de travail, je ne suis pas apte a élever un enfant, que voudrais tu que j’en fasse ?’
(Je pense que cela l’a soulagée lol, dans le fond ça l’aurait fait flipper que je veuille garder l’enfant !)
J’ai avorté par voie médicamenteuse le 21 avril 2007, je m’en souviendrai toujours car j’ai eu mal a tel point que les contractions me faisaient vomir !
Je l’ai toujours très bien vécu. Ma grossesse (courte, soit.) m’a tellement laissé un mauvais souvenir (fatigue atroce, écoeurement, nausées, je n’arrivais plus a respirer l’odeur du gel douche, ou du dentifrice sans vomir !) que j’en ai été soulagée une fois que c’était fait !
Aujourd’hui j’ai 22 ans, Je fais partie de la communauté de pensée ChildFree (sans enfants par choix) et je parle de mon avortement sans tabou.
Voila 🙂
Mon histoire se passe en septembre 2009. Je suis étudiante et lors d’une soirée très arrosée avec des amis, je rencontre un jeune homme charmant en école d’ingénieur. L’alcool aidant, nous finissons la soirée chez lui puis dans son lit. Je n’ai pas de remord et je le dit sans honte, nous avons eu des rapports non protégés. J’ai protesté au début car je ne prend pas la pilule (question de conviction personnelle) et puis l’envie l’a emporté, il m’a promis de se retirer avant mais ne l’a pas fait. J’étais très en colère contre lui, contre moi aussi. 5h après le rapport, je suis allé à la pharmacie prendre du Norlevo (la fameuse pilule du lendemain) dont l’efficacité est clairement surestimée par les pharmaciens non avertis. Pour moi, c’était évident, j’étais « débarrassée » de ce problème, les semaines ont passés et je suis resté avec le jeune homme en question. Au bout d’un mois, je n’avais toujours pas mes règles; je n’ai jamais été « réglée comme une horloge » et la prise de la pilule m’a fait penser à un retard, un léger dérèglement hormonal, rien de grave… Quelques, jours plus tard, inquiète, j’ai quand mm été chercher un teste de grossesse et là surprise POSITIF !! en gros, en rose pétant, clignotant, je ne voyais que ça! J’ai avertit mon copain, l’évidence était claire pour nous deux, hors de question de le garder. Il a eu une phrase qui restera toujours dans ma mémoire comme une preuve de l’immaturité sans borne des garçons de cet âge « ben c’est pas grave, tu vas avorter » « ben c’est pas grave »… sérieusement ? « ben c’est pas grave, t’iras chercher le pain demain! » « ben c’est pas, grave met un autre T‑shirt » J’avais l’impression de partir aux champignons !! Oui, la démarche était évidente, je ne voulais pas d’enfant, pas maintenant, pas avec lui. Mais merde, quand mm c’est pas non plus une promenade de santé! A partir de ce moment là, notre relation s’est fortement dégradée, je ne le supportais plus, ne supportais plus qu’il me touche, je ne lui pardonnais pas son manque d’implication. J’ai fait les démarches seule et là aussi, je me suis heurté à un mur. Le personnel du planning familial de Brest est juste nul! désagréable, méchant, infecte. J’ai dû attendre 4 semaine entre mon premier rdv et l’opération ce qui fait que je ne pouvais plus prétendre à une IVG médicamenteuse. La gynéco m’a parlé très sèchement, comme à une enfant ! j’étais irresponsable de ne pas avoir de moyen de contraception (mais si si le mien c’est le préservatif madame!!) Bref, je vous passe les détails, humiliation sur humiliation, questions déplacées, réflexions douteuses, la total !! Je devais me faire opérer le jeudi matin. J’avais des saignements constants depuis plusieurs semaines et le lundi, j’ai eu des contractions terribles toute la journée. J’ai appelé la gynéco qui m’a dit « c’est rien, c’est normal » (en faite c’était pas normal du tout dans une grossesse classique…) Le mardi soir, j’ai fait une fausse couche toute seule chez moi. Je suis resté prostrée dans ma salle de bain seule avec ma douleur et mes angoisse car sur le coup, je ne savais pas vraiment ce qui se passait. J’ai finit par appeler une copine qui est venu me chercher pour m’emmener aux urgences à 2h du matin. Dans la voiture, j’ai envoyé un message à mon copain pour lui dire « Je fais une fausse couche, je vais aux urgences » il m’a répondu « bon courage ! bisous » (la blague!) sans le savoir, il venait de mettre un terme à notre relation… Heureusement, et c’est le seul moment « positif » de cette histoire, la chef des urgences gynéco a été adorable!! douce gentille et hyper rassurante! J’étais un peu effrayée par la fausse couche et elle m’a dit quelque chose que je n’oublierai jamais : « 1 grossesse sur 3 se termine en fausse couche. Toutes les femmes dans leur vie en font au moins une. Dites vous que la votre c’est maintenant et que la prochaine grossesse, ce sera la bonne. Votre corps a tout simplement détecté que l’embryon n’étais pas viable et l’a expulsé, c’est tout à fait naturel et surtout, ça veut dire que tout fonctionne très bien chez vous » MERCI !!! J’étais hyper rassurée et en plus, pas besoin de curetage, j’avais vraiment tout expulsé, c’était parfait! Je suis sortie, fatiguée, un peu sonnée mais heureuse, vraiment contente de ne pas passer sur le billard avec les risques que cela comporte. J’ai quitté mon copain, je ne prend toujours pas la pilule (je refuse de prendre des hormones de synthèse alors que je n’ai pas de relation durable dans laquelle chacun fait le test VIH) je n’ai plus jamais eu de rapport non protégé, mm en étant ivre.
Je vais très bien, merci !
J’ai avorté quand j’avais 19 ans, j’était amoureuse d’un gars pour qui je n’était rien de plus qu’un coup d’un soir et qui hélas pour moi était tout! méthode du retrait inefficace c’est pas faute de le savoir! je me suis laisser le temps de la réflexion pour le principe car c’est ça la liberté c’est d’avoir le choix, de le faire ou non! Mon choix c’est la raison qui me l’a dicté 19 ans , pas de mec sur qui compter, pas fini mes études, pas de boulot malgré une partie de moi, amoureuse qui voulait un peu garder ce bébé. Ma décision a été prise je n’en ai parlé qu’à quelque amis . J’ai regretté de tomber sur des gens cons : gynéco qui me parlait comme si je faisais ça toute les deux semaines (si vous faites une hémorragie aller au urgences! ‑euh ouais! ) et échographe qui tenez absolument à ce que je regarde l’image à la vidéo! mais sinon avortement par médicament pas douloureux sauf saignement chiant. Je regrette pas mon choix, car je suis pour l’avortement et je trouve que j’ai fait le meilleur des choix pour moi et pour un futur enfant, je n’étais pas prête et ma vie a continué! Je ne dis pas que c’est rien, c’est pas quelque chose que l’on fait de gaieté de cœur mais j’ai toujours été convaincu que c’était la bonne solution. Avorter ce n’est pas rien ça fait devenir plus adulte et parfois on peut se poser la fameuse question : quel age il aurait? Mais sans douleur.
Six ans après je suis amoureuse et j’ai eu un bébé, un voulu, un a qui j’ai un avenir à offrir. Alors je peux dire j’ai avorté et je vais bien merci !
J’avais 19 ans, j’étais amoureuse de mon chéri de l’époque avec qui je suis restée 6 ans, je commençais à peine mes études d’informatique.
Je bossais en colonie pendant l’été, on ne s’est donc pas vu de tout l’été.
Je n’avais plus de contraceptif (pas eu le temps de prendre rendez-vous chez mon gynéco). A nos retrouvailles, ça a été énorme câlin, sans préservatif car j’étais en fin de cycle et je devais avoir mes règles dans quelques jours.
Je suis tombée enceinte. J’ai vu un premier médecin qui m’a dit que c’était impossible vu les dates de mon cycle et la date du rapport… du coup évidement gros doute d’infidélité de mon compagnon…
Ensuite direction le planning familial où tout s’est très bien passé. J’y ai vu un psy, un gynéco, un anesthésiste. 7 jours plus tard j’y retournais pour l’ivg. Il n’y pas eu de complications, je n’ai aucun remord parce que la vie que j’ai aujourd’hui, je l’aime plus que tout.
Aujourd’hui, 13 ans plus tard, 3 grossesses (dont une malheureusement qui s’est terminée par une IMG… mais ça c’est une autre histoire… beaucoup plus douloureuse), 2 enfants magnifiques.
Et malgré le fait que je sois réglée comme une horloge, toutes mes grossesses sont tardives. J’aimerais retrouver ce médecin qui à l’époque m’avait dit que ce n’était pas possible.… eh ben si, la preuve.
Tout ça aussi pour dire qu’il ne faut toujours être prudent, même quand on pense être hors cycle. Parce qu’il y a la théorie… et la réalité, et parfois ça ne colle pas.
C’est la crainte d’une deuxième grossesse ces derniers jours qui m’a poussé à fouiner sur le net…et de tomber sur ce site.
Et de me rappeler mon avortement d’il y à presque 8 ans, en 2006 .
J’avais 21 ans à l’époque, en couple avec mon chéri ( toujours le même aujourd’hui miracle !) depuis 3 ans.
Je l’ai senti, je le savais, c’est fou, comme on « sent »…
Une fois le test fait et positif ( croix rose maudite, quelle angoisse, un 15 aout en plus !) des sentiments absurdes qui se mélangent. Peur, dégoût.
Et parfois, le sentiment d’avoir un beau secret.
Rendez-vous avec une gynéco plus qu’indélicate devant mon désarroi.…
La semaine de réflexion obligatoire a été affreuuuuusement longue, me dire que « ça » se développait à l’intérieur de moi, alors que je n’en voulais pas, j’aurais voulu qu’on me l’enlève vite, je me sentais mal, comme un alien.…
Puis une fois la décision vraiment prise, j’ai eu peur de l’erreur, moi aussi, peur du « manque « éventuel après l’opération ( j’en étais à 8 semaines), peur nourrie surtout par des témoignages que j’avais lus.…
et en ouvrant les yeux, verdict : je suis soulagée, libre, jeune, et soulagée !!!
Après, aucune douleur, rien.
L’équipe médicale a rendu cet évènement difficile tout à fait surmontable, d’ou l’importance d’être bien entourée.
J’ai voulu voir quelqu’un pour parler avant, m’entendre dire le fond de mes craintes, de mes peurs, de mes fantasmes, m’a fait beaucoup de bien.
J’ai compté un peu, après, quelques mois, je me disais « j’en serais à tant de mois « , il aurait tel ou tel âge »; mais je ne ressens rien quand je me le dis, rien, c’est un calcul automatique, que je ne fait plus depuis un moment d’ailleurs.
Je voudrais juste préciser autre chose qui m’interpelle.
J’ai eu le sentiment, et en lisant certains témoignages, cela ressort aussi, d’avoir inconsciemment voulu vérifier mes dispositions pro-créatrices !
En d’autres terme, il fallait que je vois si j étais féconde !
Bizarre.
En tout cas, aucun regret !
Merci au médecin, anesthésiste, infirmiers, aide soignant et assistante sociale ( psy en vacances en ce mois d’août !) et à mes amies et à mon chéri pour tout, cela a été une chance et a rendu tout…facile.
Heureusement que l’avortement existe ; devant ma jeunesse et mon immaturité, et surtout, mon angoisse, et mon manque d’envie absolue.…comment aurais je fait ?
Je serais devenue folle je crois.
D’ailleurs, j’ai 28 ans aujourd’hui et je ne suis toujours pas prête même si je me sens beaucoup plus mature.
Merci pour votre site , merci pour les combat menés pour nos libertés, il faut continuer.
Bises à toutes
Salut !
j’ai avorté en 2011 ou 2012. Tiens je ne m’en souviens plus. bref. c’est comme mon dernier détartrage, je ne sais plus si c’était en 2013 ou 2012. …
voici mon histoire : j’ai vécu 13 ans en couple, plus de relation sexuelle, une fin de vie de couple en somme, je me sépare, bing, je rencontre quelqu’un, j’ai 36 ans. Je sais que la fertilité baisse énormément à cet âge, et évidemment, j’ai arrêté ma contraception depuis la fin de ma dernière relation.
Amoureuse, je revis et j’oublie cette reprise de pilule en me disant à 36 ans, ça prendra pas. Un peu tard, à 48h, je prends la pilule du lendemain, qui ne marchera pas.
ne sachant pas si je vais refaire ma vie avec lui, je ne garde pas l’enfant.
je vais à l’ap-hp, béclère, un accueil formidable, compréhensif et nullement culpabilisateur, mais quand même, plusieurs fois on me demandera « êtes vous sûre ? Vous avez bien réfléchi ? J’ai apprécié ce sérieux.
Je ne regrette pas, après 3 ans de vie en couple, on s’est séparés, et je suis heureuse de ne pas avoir d’enfant à charge, financièrement, j’en aurais encore plus bavé qu’aujourd’hui…
Psychologiquement, il ne m’est rien arrivé, j’ai continué mes activités, le sport, le boulot. Je crois que ma mère née en 47, et ayant vécu mai 68 à ses 20 ans, c’est plus elle qui était particulièrement plus soucieuse de mon bien être que moi.
Je précise que j’ai toujours pris la pilule, depuis mes 20 ans jusque 36 donc, (d’ailleurs c’était la fameuse diane 35), et j’en ai eu marre du chimique. Depuis mon avortement, l’hôpital béclère m’a proposé le mini stérilet et c’est la bonne solution ! Comme quoi…
une fille qui gère son corps comme elle gère sa vie librement et indépendamment !!!
Suite au retour des intégristes anti-avortement avec des données non
scientifiques pour prouver que l’avortement est néfaste, je voulais
témoigner.
J’ai avorté il y a six ans et demi pour plusieurs raisons. Je venais
de commencer mon internat. Je n’étais pas dans une situation
amoureuse stable.
Le médecin gynécologue qui s’est occupée de moi était exceptionnel
et ne m’a pas jugée. Il a été exemplaire. Je le remercie pour tout!
Je ne regrette pas d’avoir avorté car je pense que cet enfant aurait
porté les stigmates de l’erreur de contraception… c’est à dire
devoir gérer internat et élever un enfant seule.
Six ans après, je suis mariée.
Mon mari et moi avons notre fille de deux ans et demi.
Je vous soutiens.
Merci de continuer à défendre les libertés de la
femme à disposer de son corps.
J’avais rencontré S. dans la rue. L’an 2000, j’avais 20 ans, et j’étais un peu perdue. Il me vénérait, je ne pensais pas qu’on puisse faire l’objet d’une telle adoration. Je prenais la pilule, et bêtement, nous n’avons jamais mis de préservatif.
Un jour, j’ai vomi à la fin d’une soirée arrosée. Je savais beaucoup de choses sur la contraception, mais pas qu’une pilule était inefficace quand on la régurgite …
J’ai senti tout de suite que je changeais. Pas la même odeur, mes seins tendus, des douleurs anormales. Je suis allée très vite voir mon toubib, un médecin de famille à l’ancienne qui fumait ses gitanes pendant les consultations. Un ange, qui m’a tout de suite orientée vers les bonnes structures.
J’ai commencé par une prise de sang. La dame qui me l’a faite a tout de suite vu. Elle avait l’age de ma mère, à peu près. Quand j’ai perdu pied, elle m’a regardé avec beaucoup de tendresse. Elle m’a promis qu’un jour je choisirai de fonder ma famille. Elle m’a pris dans ses bras. Sa gentillesse me sidère encore aujourd’hui.
Les résultats sont vite venus confirmer mes soupçons. Il a fallu prendre rendez-vous à l’hôpital, vite, pour pouvoir éviter l’aspiration. Mon médecin me prévient : « ils sont débordés, appelez-les à l’aube ».
Je me réveille donc à 7 heures, j’appelle, je tombe sur une femme un peu revêche qui me dit que le service n’ouvre qu’à 7h30. La demi heure la plus interminable de toute ma vie. Je rappelle. Tombe sur une dame plus avenante. Qui me dit que les places ont toutes été réservées, dans le dernier quart d’heure. J’implose. Je tombe. Je pleure, hurle, vomis l’injustice dont je viens d’être victime. A travers mon marasme, je sens que la dame ne sait plus quoi faire. Elle me passe un monsieur, très doux, qui me trouve une place in extremis. Sauvée.
S., entre-temps, a disparu. J’apprendrai plus tard qu’il est en ménage.
Je me présente à l’hôpital, un ami m’accompagne. Il y a une dame, d’une quarantaine d’années, et une fille, encore plus jeune que moi. Elles me rassurent, mes compagnes de galère. Le reste, tout simple. Le personnel, adorable, qui prend soin de nous, nous accompagne, nous conseille. Je sens que je saigne, vais aux toilettes. Ne reste plus qu’un immense soulagement.
Voilà. Grâce à ce dispositif qui nous protège toutes, j’ai pu trouver ma voie, poursuivre mes études, exercer un métier que j’aime, et avoir des enfants, quand j’en ai eu envie. Je réalise tous les jours l’immense chance qui m’a été donnée, celle de choisir, tout simplement.
J’avais 17 ans et demi, j’étais terminale. Même en étant informée des différents moyens de contraception, je n’y ai pas pensé ce soir là. Mon petit ami de l’époque ne m’en a pas parlé, et je suppose que par amour, et parce que j’étais jeune et peu consciente, je ne lui ai pas demandé d’en mettre. Je suis tombée enceinte vers le milieu de l’année scolaire. Au début, je ne m’en rendais pas compte que je l’étais, mon ventre gonflait un peu mais je n’ai pas tilté de suite. Quand je m’en suis rendue compte, cela faisait déjà deux mois, j’avais peur, je n’en ai parlé à personne. Je suis allée chez le médecin de famille, qui m’a fait faire une échographie, et qui m’a conseillé d’en parler à ma famille. Je ne voulais pas, j’avais trop honte, je voulais me débrouiller toute seule. Du coup je séchais certains cours pour aller chez le médecin, en prenant soin de signer à la place de mes parents. Ce n’est que quand j’ai vu l’échographie que je me suis effondrée. A ce moment là, j’ai tout de suite réalisé que je ne pourrais rien faire toute seule, je n’avais ni les moyens financiers ni assez de courage pour tout assumer seule. Je suis donc arrivée en pleurs vers ma mère pour tout lui dire. Elle était énervée, elle a pleuré, elle m’a demandé si j’étais consciente de ce qui aurait pu m’arriver si je lui avais caché l’affaire. J’étais dégoûtée de moi-même, d’avoir menti à ma famille, d’avoir été aussi imprudente. J’ai laissé ma mère se calmer, puis nous avons entrepris la procédure d’avortement. J’étais quasiment arrivée à la date limite de l’avortement par aspiration, nous avons dû faire cela très vite. Après l’opération, j’avais perdu beaucoup de sang et j’ai dû rester à l’hôpital quelques heures, mais j’étais terriblement soulagée. A 17 ans, encore au lycée, avec pour le moment aucune perspective d’avenir, sinon juste le bac, je n’aurais pas pu élever un enfant. Sans stabilité financière, j’aurais plus fait souffrir cet enfant qu’autre chose, si je l’avais gardé. Cela fait toujours quelque chose psychologiquement, ne le nions pas, mais est-ce vraiment la chose la plus intelligente que de mettre au monde un enfant qui souffrira toute sa vie car on ne peut rien lui apporter? Je ne crois pas.
L’amour d’adolescente que je portais à mon petit ami m’a fermé les yeux, j’aurais dû me protéger, lui en parler, et s’il n’avait pas voulu, j’aurais du le laisser, car personne ne mérite de souffrir ou de faire souffrir comme ça.
En gros, j’ai avorté, et je vais très bien, merci.
J’ai avorté en 2000. A 16 ans, par voie médicamenteuse. Un petit coup vite fait sur une table de jardin avec un pote du lycée. Pas de capote, pas de pilule et beaucoup d’inconscience. Les filles du planning familial ont été rassurantes, disponibles et à l’écoute. J’ai avorté et je n’y ai plus repensé.
J’ai avorté en 2008. Par aspiration.
En couple depuis deux ans, mon copain voulait très fort un enfant. Pas moi. Alors quand j’ai lu le résultat du test de grossesse, fait dans les toilettes du bureau, ça a été très clair, c’était non, c’était le recours à l’IVG et au plus vite, comme une évidence.
Je lui ai annoncé alors qu’on attendait que les pizzas finissent de cuire au resto. De toute façon, vue son envie d’enfant, je savais qu’il n’y aurait pas de bon moment pour le lui dire. Sans surprise, il a voulu que je le garde, babillant que même jeunes, même pauvres, on allait être heureux, répétant que je ne savais pas ce que je voulais, que j’allais regretter, qu’il fallait que je reste enceinte, pour lui, pour nous. J’ai tenu le coup en dépit de la pression. Et j’ai avorté, le cœur léger. Oui, léger.
Aujourd’hui, à bientôt 30 ans, je ne sais pas si je voudrais un jour un enfant. On verra. Je reprends mes études, tout en travaillant, je suis en première année de Master de socio et passionnée, j’ai quelqu’un que j’aime et une belle vie.
J’ai avorté deux fois. Et tout va bien.
J’ai avorté à 15 ans.
Problème avec le préservatif, bien que je prenais la pilule celle-ci n’a pas fonctionné.
Je l’ai su à 1mois et n’ai eu une place en hospitalisation qu’à 3mois de gestation.
C’était mon choix.
Mon père avait commencé par refuser puis il s’est rendu à l’évidence : Comment allait-on élever un enfant non désiré, arrivé bien trop tôt dans une famille qui a du mal à joindre les deux bouts?
J’ai fais ce qu’on m’a dis. Le personnel lors de la prise de rendez-vous était très froid et réprobateur.
Heureusement j’avais le soutien de certains proches!
Je me souviens d’avant l’endormissement et du réveil avec, cette fois-ci, un personnel rassurant et ne me souviens pas avoir eu une seule douleur : ni avant, ni après. Des signes je n’ai eu que les seins qui avaient légèrement grossis (et ce sans douleur).
J’y ai beaucoup pensé à cette période, de cet embryon que j’aurai pu laisser devenir un enfant. J’écrivais sur ce thème, je l’imaginais, celui qui n’était pas encore là et qui ne l’a jamais été. 10ans plus tard, j’y pense encore (une fois l’an peut-être), à cet acte manqué, à cet enfant totalement imaginaire mais qui aurait pu être et bouleverser ma vie, souvent lorsque je rencontre un enfant qui aurait le même âge (c’est sans doute mon côté romantique, j’adore les histoires…).
Je n’en garde qu’une image positive : ce n’était pas son moment, il ne devait pas être, pas dans cette réalité et tout s’est bien passé… il peut donc continuer de peupler mon imagination. Il m’aide à concevoir mon futur enfant à venir, que j’imagine et qui change dans mon esprit depuis mon enfance : vous savez cette image qu’on cherche à capter et qui sera bouleverser par la vie (mais en bien cette fois!).
Il viendra, je l’espère, dans quelques années, lorsque notre couple sera prêt (8ans que nous sommes ensemble, mon conjoint le souhaite déjà), lorsque je serai prête à lui donner le meilleur de moi-même et que j’aurai vécues certaines choses épanouissantes et incessibles!!!
MERCI à celles qui se sont battues pour qu’on ai ce droit! Pour qu’on ai plus à se faire charcuter lorsque ce n’est pas le moment de mettre au monde un autre être issu de nous!
Grâce à vous j’ai pu retourner au collège le lendemain et finir ces années collège en temps et en heures. J’ai eu l’immense chance de faire des études dans un domaine que j’adore, de vivre pleins d’expériences formidables, ce qui, j’en suis certaine me permettra d’accueillir une autre vie avec la sérénité nécessaire!
Je vais manifester pour que les générations suivantes grandissent avec ce droit qui devrait être adopté par tous les pays!!!
Ma famille, catholique, n’est pas au courant. Et si mon chemin d’amour, comme ils disent, n’emprunte pas la case enfant car cela ne me convient pas, c’est mon CHOIX! Comment peut-on se permettre de croire qu’on peut choisir pour les autres?
Si on veut faire adhérer l’autre, il faut lui donner le choix, quelle est donc cette mouvance liberticide???
J’ai avorté et je vais très très bien, MERCI!
J’ai avorté en 2008 j’avais 22 ans j’étais en école militaire, je prenais la pillule, un oubli une fois juste une fois et me voilà enceinte. Quand je l’ai annoncé à mon compagnon de l’époque hors de question pour lui de le garder et moi je ne le voulais pas non plus.
J’ai pris rendez vous au planning familiale de ma ville, j’ai été reçue avec beaucoup de compassion du médecin. Mais on ne m’a rien expliqué, on m’a juste dit pour vous ce sera une IVG médicamenteuse. Rendez vous pris quelques jours plus tard car il y a un délai de reflexion. Sorte d’attente horrible, mon choix était fait, j’avais peur j’ai regardé sur internet j’ai lu des choses horribles de la part des groupes anti IVG. Puis le jour de l’intervention est arrivé. L’infirmiére qui m’a reçu y a allait de ses petites reflexions sur « tant de femmes voudraient être enceinte et avoir un enfant. Faite attention la prochaine fois. » Elle m’a donné les cachets, douleurs horribles, j’avais peur et je ne pouvais en parler. Ensuite tout est allé plutot vite et je suis repartie de cet endroit glauque sans conseil ni suivi.
Aujourd’hui je ne regrette pas ce choix, j’ai avorté et je vais bien trés bien, j’attends mon premier enfant aprés une fausse couche l’année derniére où là encore en demandant mes antécédants j’ai senti un malaise du médecin en parlant de mon IVG.
Je n’ai pas honte merci à ses femmes qui se sont battues pour que l’IVG existe.
J’ai avorté en 2007. Je dois compter sur mes doigts pour me rappeler. Je commençais mes études de droit. Nous habitions ensembles, c’était mon premier amour et pourtant c’était clair dans ma tête et ce dès le début, je ne voulais pas faire ma vie avec lui et pas d’enfant de lui. C’est arrivé tellement vite. Un accident de capote, une pilule du lendemain qui ne fonctionne pas. Je suis enceinte. Je ne pensais pas que ça pouvait m’arriver à moi les accidents de contraception. Alors, parce que je voulais faire des études longues depuis toute petite, parce que je ne l’aimais déjà plus, et puis je n’ai pas à trouver de parce que. C’était une évidence, je ne pouvais pas, je n’étais pas prête. Aucun doute là-dessus dès l’apparition de cette deuxième ligne. Lui non plus ne doutait pas. On n’a même pas envisagé autre chose. On a fait ce qu’on devait faire. Pourtant j’ai pleuré, beaucoup, sans trop savoir pourquoi. C’était l’époque ou quand on cherchait des renseignements sur l’IVG médicamenteuse on tombait sur des témoignages horribles de femmes qui comptaient des anniversaires, qui disaient ne s’être jamais remises. J’avais peur que ça m’arrive à moi. Je me rappelle des mots d’une femme plus agée avec qui je travaillais. Elle m’a dit : « on n’y pense pas tous les jours ». C’est vrai. C’est vrai aussi « qu’aucune femme ne recourt de gaité de cœur à l’avortement ». Une copine plus tard m’a dit qu’on lui avait dit le mot traumatisme au service d’orthogénie. Ca lui a fait peur. Je pense que c’est un traumatisme dans le sens ou c’est une épreuve marquante dans sa vie, que ça fait partie de notre histoire par la suite. Quelques années plus tard j’ai rencontré quelqu’un et j’ai eu ce désir d’enfant assez vite et très fort. Je me suis dit que c’était peut être à cause de mon histoire. Là aussi, dès l’apparition de cette deuxième ligne, pas tellement au bon moment, je n’ai pas douté. C’était clair, j’allais avoir un bébé. Et je vais bien, merci.
En 2007, je suis tombée enceinte.
D’un sex-friend, une nuit où notre taux d’alcoolémie était au-delà du raisonnable. Ce qui nous amena à négliger toute contraception. Irresponsable, parfaitement ma petite dame. La découverte de « mon état » fut tardif. Presque 6 semaines d’aménorrhée. Passons sur l’incrédulité, sur la panique et entrons dans le vif du sujet.
La question de garder cet enfant ne m’a jamais traversé l’esprit.
Ce n’était pas un problème de situation professionnelle, matérielle ou financière, ces aspects là de ma vie de l’époque étaient pleinement satisfaisants. Ce n’était pas un problème relationnel avec le papa, il était un bon ami qui partageait régulièrement mon plumard, et qui considérait que ce choix là m’appartenait avant tout. Mais garder cet enfant était simplement hors de question. La maternité n’a jamais été une option envisageable me concernant.
Je me souviens des multiples aléas de cette démarche. J’avais choisis la méthode chirurgicale. Je me souviens des rendez vous fantômes, des kilomètres parcourus, des questions insidieuses, sournoises, des multiples examens nécessaires qui bien sûr « ne se déroulent pas ici ma petite dame, il vous faut aller à … » « Ah non, on vous à mal renseigné, ce n’est pas ici mais à … » « il vous faut prendre rendez vous » et les délais d’attente, avec ce seuil fatidique qui se rapproche, et la panique qui s’accentue, et la très nette sensation que l’administration, les services hospitaliers, la totalité du monde mondial joue avec vos nerfs, prend plaisir à vous humilier.
je me souviens du traitement qui me fut infligé, de l’irrespect de l’équipe médicale, de leur mépris. Je me souviens de cette gynécologue, qui m’obligea à accepter un énième frotti en utilisant le chantage « si vous n’obtempérez pas, je ne vous avorte pas ». Et de ce docteur, qui pratiqua une échographie à l’aide d’une sonde vaginale, la porte de la salle grande ouverte sur le couloir, exposant mon sexe à la totalité des personnes présentes, et qui ne comprit pas ma colère.
Je me souviens surtout du soulagement lorsque je suis revenue à moi en salle de réveil, lorsque j’ai réalisé que c’était fini, que je n’avais plus rien à craindre, que tout était terminé, que j’étais libre. Je me souviens de cette intense sensation de revivre.
Si j’ai pleuré ce jour là, c’était de joie pure et de soulagement.
En 2007, je suis tombée enceinte comme on tombe malade, et j’ai choisis l’avortement. Je n’ai aucun regret et je n’en ai jamais eu. Je ne suis pas traumatisée par ce choix, et quand j’y repense, j’éprouve toujours la même bouffée de joie ( de joie oui, traitez moi de monstre ).
Par contre, je n’oublierai jamais l’inhumanité des équipes médicales.
J’ai avorté une première fois à l’âge de 18ans, un oubli de pilule qui s’est soldé en grossesse.
J’ai avorté une seconde fois à presque 30 ans. Je vivais avec mon compagnon depuis plusieurs années, nous avions déjà deux enfants mais j’étais extrêmement malheureuse avec lui. Il m’humiliait, me maltraitait, bref pas vraiment la joie.
Et puis, comme la première fois, je crois que j’ai oublié ma pilule mais je ne m’en suis pas rendue compte : je m’explique, je n’ai jamais eu de doutes en prenant ma pilule le soir sur le fait de l’avoir prise ou pas la veille et pourtant, je me suis retrouvée enceinte. A cette époque, et depuis déjà quelques années, mes cycles étaient super irréguliers et surtout très longs. Avec le stress et des épisodes de dépression, il m’est même arrivé de me retrouver en aménorrhée plusieurs fois dans l’année. Je n’ai donc pas soupçonné la grossesse et je n’avais pas de symptômes à proprement parlé. Jusqu’à ce jour de mars, où j’ai ressenti ces petits tiraillements si spécifiques. j’ai réfléchi le plus vite possible, je ne me souvenais pas de la date de mes dernières règles, ce fut la panique à bord. Je savais qu’il était hors de question que je donne un enfant de plus à cet homme qui me faisait tant de mal. Je suis immédiatement allé chercher un test de grossesse en pharmacie et n’ai même pas attendu le lendemain pour le faire : il était positif!
J’ai immédiatement pris rendez-vous avec le planning familial du CHU et le soir même, j’annonçais à mon compagnon que j’étais enceinte mais qu’il était hors de question que je donne vie à un enfant à ce moment précis de mon existence. Je ne sais franchement pas s’il était soulagé ou non et je vous avoue que je m’en fichais éperdument.
J’ai du faire une prise de sang et une écho pour dater cette grossesse et la gynécologue m’annonce que j’ai eu beaucoup de chance car j’étais à la limite légale pour avorter : environ 10 semaines.
J’ai tout de suite imaginé ce qu’aurait été ma vie si j’avais tardé à réagir un peu plus!
J’ai ensuite rencontré une psychologue pour valider cette démarche et je n’ai ressenti que de la bienveillance de sa part. Tout comme avec le reste du personnel médical.
Tellement différent de ce premier avortement 11 ans plus tôt!
J’ai subi une anesthésie générale, au vu de l’âge de la grossesse et un curetage. Je ne peux pas dire que je n’étais pas triste : je m’en voulais d’avoir laissé cette grossesse avancer à ce point. Mais j’ai été parfaitement accompagnée par le personnel du CHU, j’avais plus de maturité que la première fois, je ne l’ai pas vécu du tout de la même façon.
J’ai surtout pris conscience du poids de la responsabilité qui pèse sur les épaules des femmes, notamment en ce qui concerne la maternité, la grossesse désirée ou non.
Cette expérience m’a donné une conscience, et de fait, une force que je ne soupçonnais pas et de mois en mois, après cet évènement, j’ai repris le contrôle de ma vie, j’ai quitté cet homme toxique, j’ai balayé d’un revers tous les carcans et clichés réservés aux femmes,…
Je suis tombée enceinte fin août 2004, à l’âge de 17 ans.
Mon amoureux et moi pratiquions le « coït interrompu » sans se douter du manque de fiabilité total de cette méthode et… ce qui devait arriver arriva.
J’en profite pour préciser que je ne prenais pas la pilule…parce que je n’y avais pas vraiment pensé. Ma mère étant assez pudique, je n’ai jamais reçu d’éducation sexuelle à la maison, et pas non plus vraiment à l’école (peut-être parce que j’étais dans un établissement catholique privé, je ne saurais pas vraiment dire).
Bref, je connaissais l’existence de la pilule mais ne me sentais pas vraiment concernée, et ne savais pas non plus comment n’en procurer discrètement en étant remboursée.
Tout ça pour dire qu’il y a encore un long chemin à parcourir dans l’éducation sexuelle de nos jeunes filles et que même si mon avortement ne m’a pas traumatisé outre mesure, rien de mieux que la prévention.
Bref, je me suis aperçue de ma grossesse suite à une semaine de retard dans mes règles qui étaient pourtant très régulières. J’ai tout de suite acheté un test de grossesse qui s’est révélé positif, suite à quoi j’ai immédiatement pris rdv chez le gynécologue pour une confirmation.
C’était la première fois que je me rendais chez un gynécologue.
Son échographie a confirmé mes craintes : j’étais enceinte. Je n’ai pas eu à réfléchir une seule seconde, je savais déjà que je voulais avorter. Hors de question de faire un autre choix. J’ai toujours grandi avec des valeurs féministes et la conviction que l’avortement était un droit inaliénable. Je suis aujourd’hui contente de toujours avoir eu cette conviction inébranlable, car pour une jeune fille de 17 ans pas encore très sûre d’elle comme je l’étais, j’aurais pu souffrir si j’avais du tergiverser.
Ce n’était donc pas le cas ici. Comment aurait-ce pu l’être : je venais juste de rentrer en prépa, j’avais des capacités et de vrais objectifs pour mon futur. Il me paraissait stupide de tout gâcher pour finir mère au foyer à 18 ans, sans aucune qualification, dans la misère pour un petit amas de cellules qui venait de se former. Au contraire, ça m’a toujours semblé être le meilleur moyen de finir mère frustrée qui fait tout payer inconsciemment à l’enfant « responsable » de cette situation. Bien sûr, toutes les mères-filles ne finissent pas comme ça (bien heureusement), mais connaissant mon tempérament et mes ambitions, je sais que ça aurait été mon cas.
Je pensais (et le pense toujours) qu’il vaut mieux sauver une vie bien partie qu’en gâcher deux.
Le gynécologue que je suis allée voir m’a donc indiqué l’adresse du Planning Familial de l’hôpital près de mon internat de prépa. Le rdv fut obtenu rapidement. J’ai eu un entretien avec une dame très aimable qui a voulu vérifier ma motivation et la solidité de ma décision, et qui devant ma volonté sans faille m’a donc fait prendre rdv avec le service compétent du CHU pour un avortement médicamenteux.
Très peu de temps après c’était fait. Et je n’en garde que des souvenirs assez flous.
Je me souviens à l’époque avoir été beaucoup plus stressée par le fait de devoir rater des occasions de réviser en allant à l’hôpital que par quoi que ce soit d’autre. Je n’ai jamais douté de ma décision, et n’ai jamais ressenti aucun sentiment de remord ou de culpabilité. Je me suis même parfois demandé s’il était normal de ne rien ressentir à ce point. Si je n’étais pas une égoïste sans cœur. Mais j’avais beau fouiller, j’étais parfaitement ok avec mon choix.
Maintenant, et notamment grâce à ce blog, je sais désormais que la souffrance liée à un avortement est une possibilité mais pas la normalité. Il n’y a aucun lien de causalité obligatoire entre avortement et souffrance. Et il est bon de le répéter, car ce dogme propagé par les extrémistes religieux est devenu prééminent dans notre société.
Peut-être l’aurais-je moins bien vécu si j’avais du subir une opération au lieu d’un avortement médicamenteux, mais ça personne ne peut en être sûr.
C’est pourquoi il faut laisser témoigner chaque personne sur son propre vécu au lieu de sélectionner uniquement les moins chanceuses d’entre nous pour propager des idées reçues.
Aujourd’hui j’ai 27 ans et toujours pas d’enfant, car ce n’est pas encore le moment pour moi. Mais mon désir d’enfant est là et je sais que quand je déciderai d’en avoir, je saurais l’aimer et l’accueillir comme il le mérite, parce qu’il aura été voulu.
J’ai avorté en 2007 à l’âge de 28 ans.
Je vivais en couple sans être mariée, depuis plusieurs années, et nous avions déjà deux enfants. J’avais eu mon aîné à 22 ans, par accident et je l’avais gardé par conviction, étant encore très catholique et culpabilisée à l’époque (du genre « tu as voulu coucher, tu assumes, maintenant »), j’avais juste eu le temps de passer (et d’obtenir) le concours du CAPES. Le père, de son côté avait des emplois et des revenus bien moins stables que les miens, aussi j’ai très tôt (et sans support familial) connu l’inquiétude des fins de mois, la découverte simultanée des responsabilités professionnelles et parentales chacune avec leur lot de stress et de culpabilisation, l’angoisse des dossiers administratifs et leur complexité jusque là insoupçonnée, la course quotidienne contre la montre avec un conjoint qui associait tempérament révolutionnaire contre la bureaucratie et attachement conservateur aux privilèges du pater familias…
Notre deuxième fille est née dans un climat d’accalmie, nous étions tous deux en CDI et dans une situation légèrement plus confortable mais nos relations commençaient à se dégrader, j’avais voulu le quitter à deux reprises mais à chaque fois il m’avait promis qu’il ferait des efforts pour m’aider, enfin dès que ses multiples projets professionnels démareraient, nous mettant définitivement à l’abri du besoin. Il s’opposait à ce que je prenne la pilule, pour des raisons nobles en apparence « je ne veux pas que tu te bourres d’hormones, ça te donnera le cancer, on mange bio et on pratique les méthodes naturelles, nous ». Je stressais quasiment à chaque rapport sexuel, ce qui n’arrangeait pas mon épanouissement sur ce plan — ce dont il finissait par se plaindre, sans pour autant se soucier d’en arranger la cause.
Un jour, quelques temps après un rapport trop proche à mon goût de ma date théorique d’ovulation, (« non mais t’es chiante aussi, si on t’écoute, on baise plus jamais, c’est ça ? ») j’ai commecé à sentir certains symptômes (seins durs) et à attendre avec angoisse le jour de mes règles. Ne voyant rien arriver, j’ai fait un test le soir même. Positif.
Je suis alors entrée en mode survie. Quelque chose dans ma tête a fait : Non. Pas cette fois. Le lendemain, j’ai immédiatement cherché les renseignements que je voulais sur Internet et appelé le numéro du service du planning familial de l’hôpital le plus proche (j’ai l’énorme chance d’habiter en ville et juste à côté). J’ai obtenu un rdv très rapidement pour un jour où je pouvais m’organiser.
J’ai eu l’entretien préalable qqs jours plus tard avec une infirmière, jeune, sympathique et sans jugement. Elle s’est tout de même étonnée que je n’en aie pas parlé au père, mais elle n’a pas insisté lorsque je lui ai répondu que je n’étais pas certaine d’avoir son soutien.
Le rendez-vous fut pris pour la semaine suivante pour une IVG médicamenteuse.
Je retrouvai la même infirmière qui m’expliqua la procédure et les possibles effets indésirables. J’ai ensuite été dans une chambre où se trouvait une jeune fille de seize ou dix-sept ans, accompagnée d’un jeune garçon du même âge. Nous n’avons pas parlé, ni pendant la prise du comprimé ni pendant les quelques heures qui ont suivi. Je lisais, eux discutaient à voix basse et de temps à autre, l’une d’entre nous occupait les toilettes.
Je n’ai pas eu mal, à peine quelques contractions sans grande intensité. Je sais que c’est différent pour chaque femme et que certaines peuvent avoir très mal et d’autres non, comme pour les règles. Les miennes ne sont pas très douloureuses, je ne sais pas s’il y a un lien entre les deux. Pendant tout ce temps je me sentais calme, résolue, et pour tout dire, soulagée. A aucun moment je n’ai eu de regret ou de remords.
Puis l’infirmière est revenue nous dire que nous pouvions rentrer chez nous. Je sais aussi qu’il y a eu une échographie de contrôle mais je ne sais plus combien de temps après elle a eu lieu. C’est à cette occasion que j’ai demandé au gynéco de me prescrire la pilule.
Ce que j’ai apprécié, c’est au moment de remplir la fiche de soins pour justifier ma demi journée d’arrêt de travail, la secrétaire a inscrit comme motif un truc neutre « pour que vous ne vous souciez pas de qui va lire ça ».
Aujourd’hui, je suis séparée, avec la garde de mes deux enfants, que j’aime plus que tout, mais à qui mes « plus belles années » ont été entièrement consacrées, sans avoir eu le temps de savoir si c’était vraiment mon choix, avec l’impression d’avoir toujours vécu ma vie d’adulte dans l’urgence et l’incertitude.
Cette IVG a été la première fois de ma vie où j’ai vraiment eu le sentiment de décider.
bonjour,
j’ai 35 ans. Je suis la maman d’une petite fille de 2 ans et 5 mois et d’un petit garçon de 5 mois.
Il y a 10 ans en 2005 j’ai déménagé en Hongrie. Je ne trouvais pas de travail en France, j’ai de la famille du coté de ma mère que je n’avais presque pas vu pendant mes 25 années de vie, donc quitte a finir caissière… Mon choix c’est porté sur le Danube.
Je n’ai pas fini caissière mais j’ai trouvé du travail dans un centre d’appel. j’ai rencontré au téléphone un charmant technicien. Il est venu me rendre visite, nous sommes tombés amoureux. Nous étions « ensemble » depuis 6 mois quand il y a eu l’accident. je dis « ensemble » car je vivais en Hongrie, il vivait en France, nous étions tous les deux établis dans nos vies, et ne souhaitions rien précipiter.
L’annonce de cette grossesse était un cauchemar En fait j’ai su tout de suite que j’étais enceinte. Avant le test, je le savais. Mon compagnon m’a dit « tu fais ce que tu veux ma chérie, mais sache que si tu décide de poursuivre cette grossesse, je ne pourrais sans doute pas te suivre. ». Mais ça je le savais.
Le problème n’était pas vis a vis de lui, mais vis a vis de moi. pour moi un enfant ça se faisait a deux, en couple. Pas seule. c’est comme ça. Et n’étant pas encore en couple durable, étant fraichement employée, il était hors de question de pouvoir avoir une grossesse a ce moment la. Donc quand le test a confirmé mes craintes… Je ne dormais plus, j’avais du mal a manger. J’étais terrorisée a l’idée de ne pas pouvoir interrompre cette grossesse. en plus je vivais a l’étranger, je maitrisais mal la langue, et je ne connaissais pas du tout les procédures.
Le premier docteur que j’ai croisé, me proposait de pratiquer l’interruption a condition de payer l’équivalent de 350 euros (j’en gagnais 750 a l’époque). sans compter que j’ai eu droit a un joli discours pour tout ce que je pouvais faire et demander comme aides et allocations si je gardais « cet enfant » je suis allée voir mon généraliste qui me semblait plus cool. Il m’a expliqué la procédure administrative en Hongrie. Il fallait de toute façon que je paie 100 euros. En Hongrie les IVG ne sont pas prises en charge par la sécurité sociale sauf cas pathologique.
L’angoisse a continué pour moi. Une consultation a l’hopital pour confirmer la date. Mais on m’a demandé si je souhaitais voir l’échographie ou non. J’ai dit non, on a respecté mon choix. une consultation chez une sorte de médiatrice qui m’explique que les accidents de contraceptions sont des actes manqués qui cachent un désir de grossesse. Je ne l’écoute pas. je connais le discours. Ensuite cette gentille dame a essayé de me faire culpabiliser sur le fait que je n’avais pas de double contraception.. bla bla bla. je lui dit que je conns les contraception, les grossesses involontaires, que je suis sure de moi et que son discours n1y changera rien a part me mettre en colere. Elle me donne donc mn papier.
Puis je vais a l’hopital. On fait un dossier, j’attends et une infirmiere vient me voir et m’explique qu1ils ont un grand nombre d’intteruptions a fair ce jour, donc 4 en limite de délais qui ne peuvent pas etre pratiquées plus tard. Je ne suis qu’a 6 semaines… je peux attendre.
Le discours je le conçoit, je le comprend, mais je reste terrorisée… je ne pourrais pas interrompre cette grossesse…
La semaine suivant, je suis prise en priorité car on m’a « éjecté » une fois. Examen pré-op, le gynéco qui ne voit plus que des numéros enfonce un objet dans mon utérus me fait super mal et m’explique que c’est pour voir si le foetus est bien accroché. je suis choquée, mais encore suffisamment lucide pour l’insulter en lui disant que NON cet acte douloureux et gratuit n’était pas nécessaire. Une infirmière viendra me voir plus tard pour me féliciter de mon discours, et me dire que du coup ça a mis les autres patientes en confiance pour rejeter cet acte.
je suis allée au bloc, puis en salle de repos pendant 5 heures, puis rentrée chez moi. sortie du bloc, je pouvais dormir. une fois rentrée chez moi, j’ai fait ma première nuit complète en 7 semaines. Je n’avais plus de problème, j’étais soulagée.
Plus tard, mon compagnon m’a rejoint en Hongrie. Nous nous sommes mariés. Et nous avons ces deux magnifiques enfants.
Je ne me suis jamais posée de question comme « et si je l’avais gardé ? » ou « et si ça avait été une fille ou un garçon »… Au moment de tomber enceinte, je n’ai pas eu d’appréhension du fait de ma précédente IVG. J’avais des appréhension oui, mais vis a vis de ma capacité a être une bonne mère plus tard, ou vis a vis de ce que je pourrais faire ou non enceinte. Le truc normal de futur parents.
l’IVG ne reste pas vraiment dans mes souvenir, pour rapporter certains détails il m’a fallu plonger dans mon journal de l’époque. Mais l’angoisse de cette grossesse, mes amies qui me disaient félicitations quand je disais « j’ai un problème, je suis enceinte », même une qui m’a demandé après mon IVG si j’allais bien. je lui ai dit que oui et elle m’a presque fait la morale, parce que je devais aller mal : j’avais tué mon bébé !
Non je n’ai pas tué mon bébé. ce n’était pas mon bébé. Mes deux grossesses suivantes ont été mes bébés. Je les ai voulu, porté, choyés. Je les aime.
Je pense qu’on ne peut être parent que quand on le désire. c’est si difficile d’être parent. comment on f ait pour tenir bon quand on ne désirait pas nos enfants ? J’ai du mal certains jours a être une bonne mère alors que je les ai souhaité du plus profond de mon coeur. mettre ua monde un enfant que l’1on a pas désiré, souhaité juste pour faire plaisir a d’autres c’est injuste ! Et injuste pour tout le monde.
On entend souvent que ne pas faire d’enfant c’est un acte égoïste. Je pense que faire un enfant est profondément égoïste. et choisir de ne pas en avoir quand on est pas prêt, quand on en souhaite pas c1est au contraire de l’altruisme.
J’étais entre pilule et stérilet. L’homme avec qui j’étais en relation (cahotique, avouons-le) m’a convaincue qu’il souhaitait un enfant de moi et je me suis dit « je suis restée précédemment 9 mois sans contraception vu un projet de bébé à cette époque-là, ce n’est pas pour une ou deux fois sans protection… » et puis, j’aimais cet homme et lui faisait confiance (je l’aime toujours même si je ne lui fais plus confiance et que nous ne sommes plus en relation). Nous avons eu des rapports non protégés deux fois. J’ai senti (qqs heures plus tard) l’implantation de l’oeuf. Attendu un peu pour pouvoir faire un test et « bingo », j’étais enceinte. Réaction de l’homme « tu dois avorter, je ne peux pas, je vais me suicider ».
Je suis allée à mon RDV chez le gynéco (qui devait me poser un stérilet). Quand je lui ai dit « je suis enceinte », il m’a répondu « Félicitations » et moi « euh, non, je veux avorter ». Il m’a dit que dans le planning familial dans lequel il travaillait, ce n’était pas possible, m’a renseigné un autre planning où je suis allée. Après les RDV pour vérifier que j’étais sûre… J’ai avorté. L’avortement s’est bien passé, je me souviens avoir lâché une blague (à deux sous) à la gynécologue.
Je n’en ai pas beaucoup parlé autour de moi. J’en parle parfois.
Je pense de temps en temps à l’âge qu’aurait eu l’enfant et je me dis « ouf ».
Je suis heureuse d’avoir avorté. Si je me retrouvais au moment de la décision en sachant ce que je sais aujourd’hui, je reprendrais la même décision.
Je voulais témoigner moi aussi que l’avortement n’est pas forcément un traumatisme.
J’avais 19 ans, j’étais étudiante et désargentée (ça va souvent de paire me direz-vous), j’étais de nouveau en couple depuis quelques temps avec mon premier amour (avec qui je suis toujours). Enfin bref, nous étions stupides, nous pensions que compter les jours ça fonctionnait, oui ça fonctionne, jusqu’au jour où ça ne marche plus!
Me voilà donc à attendre mes règles, qui ne viennent pas. Pourtant j’ai tous les signes qui les annoncent : mal de ventre, seins douloureux.
Je me confie donc à ma meilleure amie qui passe me prendre dans la journée pour aller faire le test que je n’osais pas faire seule.
Le test est positif et la question ne se pose même pas. La mère de ma meilleure amie chez qui j’étais me fait boire un verre de cognac pour faire passer la nouvelle et m’apporte tout son soutien.
L’IVG s’est faite par aspiration à 7 semaines, mon copain et mes 2 meilleure amies étaient là. Je n’en ai pas parlé à ma mère qui n’aurait pas compris, elle qui m’a eu à 20 ans.
Je n’ai pas particulièrement souffert après l’opération, j’ai pu rentrer dans la soirée, sous réserve que quelqu’un me veille la nuit suivante.
J’ai aussitôt commencé une contraception, que je n’oublie jamais.
Après l’avortement moi qui pensais être un peu triste, j’ai finalement ressenti un grand soulagement.
J’ai vraiment pris la bonne décision, aujourd’hui, je vais sur mes 27 ans, ma situation est différente et nous commençons à penser à avoir un enfant, c’est le bon moment maintenant.
Quant je vois tout ces sites culpabilisants qui parlent de traumatisme ça me révolte. Une grossesses non désirée est une situation suffisamment angoissante pour en rajouter. Je suis juste là pour dire qu’on peut avorter, bien le vivre et ne pas culpabiliser.
J’ai avorté en 2010 le jour de mes 18 ans… J’étais avec le papa depuis mes 14 ans on s’aimait et on s’aime encore aujourd’hui. J’étais sous pilule je faisais attention, puis un seul oublie et 1mois plus tard test positif… J’ai pleurer dans les bras de mon chéri encore et encore… Nous voudrions des enfants un jour mais pas maintenant sortant tout juste du bac et pas encore de travail c’était sur que j’avorterais. Personne ne l’a jamais su sauf le papa qui m’a accompagné au planning et à tout les rendez vous jusqu’au jour de l’IVG à l’hôpital (par médicament). Ce petit être que j’ai garder 1 petit mois je ne l’oublierait jamais. Je n’ai jamais regretté car je n’aurais pas été à la hauteur nous étions un couple unis nous le sommes toujours et nous étions sur de notre choix.
Nous nous sommes mariés 2 ans plus tard et aujourd’hui nous avons un petit garçon qui aura 1 an en juin. Je n’ai eu aucun mal à tomber enceinte en 1 mois c’etais bon. Je pense parfois à ce grand frère ou cette grande soeur, mais je ne regrette rien ce n’étais pas le bon moment. Puis je regarde mon fils qui court à 4 pattes vers son papa qui rentres du travail et je me dis que c’est là qu’il devait arriver… Mon bonheur est la. J’y pense aujourd’hui sans regrets. Nous sommes heureux.
En 2000, divorcée et avec 4 enfants de 20, 18, 16 et 3 ans à charge, je me suis retrouvée enceinte après un seul rapport non protégé, le 5ème jour à peine après la date de début de mes dernières règles (autant dire que la méthode qui consiste à compter les jours n’est pas fiable).
Je m’y attendais si peu que j’ai mis plusieurs semaines à m’en rendre compte, jusqu’à ce que je sente très distinctement l’odeur de miel d’un produit ménager. J’avais pourtant des nausées mais je mettais ça sur le compte d’une hypothétique gastro.
J’ai pris immédiatement rendez-vous chez mon gynéco et demandé un avortement car il n’était pas question d’élever seule un 5ème enfant. Il me semble que le délai m’avait paru long entre cette consultation et l’avortement. De plus, le gynécologue m’a dit que ce serait plus simple de le passer en interruption thérapeutique de grossesse plutôt qu’en IVG. Je n’ai pas cherché à comprendre, car mon souci était surtout de ne pas le garder, mais je n’ai toujours pas compris la raison de cette décision.
Au final, je me suis fait avorter sous anesthésie générale, aucune douleur, aucune séquelle, aucun regret.
J’aurais aimé pouvoir bénéficier de cette simplicité en 1980, lorsque j’ai été enceinte la 1ère fois à 17 ans alors que j’étais en terminale. Mes parents étaient absolument contre l’avortement et parlait de Simone Weil comme de l’avorteuse ou la tueuse. Je ne me suis donc pas tournée vers mes parents mais vers ceux de mon copain. Malheureusement, leur médecin n’était pas très favorable non plus à l’avortement, et j’ai gardé l’enfant parce que je n’ai pas su dire non, ni prendre en charge toute seule cette catastrophe.
Au final, je me suis mariée avec le père, j’ai arrêté mes études et j’ai eu 2 autres enfants avec lui (dont 1 suite à un oubli de pilulle, après un seul rapport non protégé).
Avec le recul, j’ai vraiment le sentiment d’avoir fait une erreur, même si j’adore mes enfants, mais je les ai eus vraiment trop jeune, je n’avais pas la maturité pour m’en occuper comme une mère et non comme une grande soeur
Je suis tombée enceinte à 15 ans, en avril 2006. Cela faisait un an que j’étais en couple avec le même garçon et quelques mois que nous étions actifs sexuellement. Nos familles ne voulaient pas entendre parler de sexualité et faisaient tout pour nous empêcher de commencer une vie sexuelle (les portes de nos chambres devaient rester ouvertes lors de nos visites l’un chez l’autre, il était hors de question de dormir dans la même pièce et les membres des deux familles passaient régulièrement vérifier qu’il ne se passait rien de « suspect »). Évidemment, cela ne nous a pas empêché de passer à l’acte lorsque nous nous sommes sentis prêts. Cette situation signifiait que nous étions livrés à nous-mêmes pour la contraception car nous n’osions pas en demander à nos parents respectifs. D’habitude, nous utilisions des préservatifs, mais n’ayant pas toujours les moyens d’en acheter et n’ayant pas forcément accès à un Planning Familial dans notre petite ville, cette fois là nous nous sommes fiés à la méthode Ogino. Comme je devais avoir mes règles dans les deux jours suivants, nous en avons conclus qu’un rapport non protégé était sans risques. Malheureusement, je me suis vite rendue compte que mes règles ne venaient pas et un test de grossesse fait la semaine suivante s’est révélé positif (j’ai appris plus tard qu’il est conseillé d’attendre 15 jours, il faut croire que mes hormones faisaient du zèle…).
Nous n’avons pas osé l’annoncer à nos parents et nous avions pensé demander à la tante de mon copain de nous avancer les frais pour l’avortement et de m’accompagner en tant que personne majeure accompagnante. Cependant, mes parents ont reçu un coup de téléphone anonyme (des années après j’ai su que c’était une « amie » de lycée que j’avais mise au courant) qui les a avertis. Leur réaction m’a terrorisée à l’époque, j’avais peur d’être mise dehors ou enfermée dans ma chambre. Bien que ma mère ait immédiatement pris en charge les démarches pour l’IVG, tout s’est fait dans une ambiance glaciale et sous une avalanche de reproches, qui ont marqué l’adolescente perdue que j’étais à l’époque. J’étais mortifiée à l’idée même d’être enceinte et de devoir avorter si jeune, je pleurais beaucoup et mes parents n’ont fait que me culpabiliser davantage, encore et encore. Lors de la consultation-entretien avec la dame du Planning, celle-ci a cherché à nous rassurer, mon petit ami et moi, à nous expliquer qu’une erreur pouvait arriver et qu’on avait certes été naïfs et maladroits, mais qu’il n’y avait aucune raison pour qu’on se sente moins que rien. Ma mère a participé à la fin de cette consultation et a vertement « remis à sa place » cette dame en lui disant qu’elle n’avait pas à nous chercher des excuses et que nous étions des gamins idiots, incapables de mener une vie sexuelle.
L’examen gynécologique qui a suivi m’a durablement traumatisée. Le gynécologue m’a traitée très rudement (il m’a fait mal tout le long de l’examen, que ce soit à la poitrine ou au vagin), il m’a à peine parlé ou regardée. J’ai eu l’impression d’être un morceau de viande avariée, comme si le fait de tomber enceinte si jeune et d’avorter me descendait en dessous du niveau de l’humain. Depuis, je suis malade de stress avant chaque examen gynécologique et je suis incapable de laisser un professionnel masculin me toucher. Lors de l’échographie, on a bien fait en sorte de me mettre l’écran sous le nez, sans me demander mon avis.
J’ai avorté par comprimés la semaine suivante. Étant jeune et plutôt fluette à l’époque (je pesais moins de 50 kilos), c’est le premier comprimé qui a déclenché l’avortement. J’ai donc expulsé l’essentiel de la poche et de l’embryon dans les toilettes familiales, en plein repas du soir. Ma mère m’a vue, du sang plein les jambes et les mains, pleurant sur les toilettes. Elle m’a simplement toisée et dit « Tu nettoieras ». Je ne l’oublierai jamais.
Le lendemain, j’ai passé la journée à l’hôpital, à continuer de perdre du sang. Les infirmières m’ont ignoré la plupart du temps, elles m’ont à peine adressé la parole. Lors de l’examen final, attestant de la réussite de l’IVG, la dame qui faisait l’échographie m’a lancé un « C’est bon, mais il était drôlement bien accroché dis donc ! ». Ça aussi, cela m’a marqué. J’ai l’ai pris comme un reproche, ou comme une façon de me faire culpabiliser encore plus.
Aujourd’hui, je vais avoir 26 ans, je vais bien et je ne regrette pas d’avoir avorté. Je savais déjà à l’époque que c’était pour moi la meilleure chose à faire et si c’était à refaire, je n’hésiterais pas. Cependant, je regrette profondément l’attitude des personnes qui m’ont entourée durant cette période (à part la dame du Planning bien sûr) car ils et elles ont ancré en moi un sentiment de culpabilité qui a duré pendant des années. C’était mon corps, mes choix, et mon jeune âge n’était pas une excuse pour me culpabiliser d’en disposer selon ma volonté.
Depuis, je milite pour diverses causes féministes et je n’hésite plus à partager mon expérience sur l’IVG. C’est en informant un maximum les gens qu’on tendra vers un accompagnement de plus en plus respectueux des patientes.
J’ai avorté 2 fois dans les années 2000.
La première fois, en Août 2006, j’avais 17 ans. Mon gynéco de l’époque (celui de ma mère) avait refusé de me prescrire la pilule car je fumais trop. Nous nous en accommodions en utilisant des préservatifs à chaque fois. A la suite d’un accident ‑le weekend, forcément — nous n’avons pu nous rendre dans une pharmacie de garde que le dimanche matin pour la pilule du lendemain. La pharmacienne que j’ai eu m’a pris à part , à l’arrière de la pharmacie, m’a tout expliqué et m’a donné une carte du planning familiale au cas où. Quelques semaines plus tard, impossible de fumer, tout me dégoûtait. J’ai trouvé ça étrange alors j’ai fait un test de grossesse. Direction le planning familiale pour la prise en charge d’un IVG par aspiration sous anesthésie générale, sans en parler à ma famille qui l’a appris un peu plus tard (je ne voulais pas gâcher leurs vacances). La question s’est vite réglée, c’était clairement la chose à faire et j’ai assez peu de souvenir de l’intervention. Ponctuellement quelques pincements au coeur en pensant à l’hypothétique enfant que j’aurais pu avoir mais jamais de regret ou culpabilité, ni de séquelle physique etc.… Le seul bémol a été à l’échographie, où le médecin m’a dit sur un ton méprisant : « vous entendez ? C’est son coeur qui bat » Sa machine dans mon utérus, je n’ai pas osé lui rétorquer « Et ton jambon-beurre de ce midi, t’as écouté son coeur avant de le bouffer ou pas ? » mais avec le recule j’aurais peut être dû le faire.
Pour la deuxième IVG, toujours le même conjoint — alors en période mouvementée et quelques mois avant la séparation — enceinte malgré une pilule de 3e génération en continue sans oublie. J’étais en période d’essai, mal dans mon couple mais je me sentais adulte, j’avais vieilli et c’était moins évident de décider si oui ou non je voulais un bébé. J’ai été la plus rationnelle face à la situation, mon conjoint m’a soutenu, et j’ai avorté de façon médicamenteuse. Là c’était épouvantable. Personnelle débordé, infirmières désagréables, gros jugements sur le fait que c’était ma « DEUXIEME FOIS », merde ! Le mépris d’un couple d’amis qui souhaitais un bébé.… De grosses douleurs pendant 2 jours à cause du cytotec et un début d’infection vite pris en charge grâce à l’échographie de contrôle.
Aujourd’hui, je ne regrette toujours rien, je vais très bien. A 27 ans je suis devenue maman, d’un enfant que j’ai désiré, avec le bon papa, au moment que je trouvais le plus opportun. Mais c’est en repensant à cette 2ème expérience que j’ai souhaité m’impliquer dans la défense du droit à l’IVG. Parce que ce que j’ai vécu n’était pas normal. Les comportements que j’ai observé m’ont choqué et ne devraient plus arriver à d’autres filles et femmes optant pour cette option.
J’ai avorté en… quelle année déjà ? J’étais avec mon copain de l’époque depuis près de 3 ans et on s’était rencontrés un peu avant mes 19 ans… Donc en 2004 ! Que je sois obligée de recalculer tout ça pour retrouver l’année, c’est dire que l’eau coule sous tous les ponts.
Nous étions un petit couple stable, sécurisant pour tout le monde (nous, nos parents, nos potes…). Étudiants tous les deux, dans la même filière avec un an de décalage…
Et puis l’accident de pilule. J’ai jamais été douée pour les médicaments à prendre régulièrement… La décision fut vite prise, jugée responsable par nos parents respectifs, et mon choix de méthode aussi (endormez moi, faites votre boulot, réveillez moi).
Cette expérience ne fut pas le meilleur moment de ma vie. Je me souviens du regard de travers de la gynécologue libérale Old school, choquée que le futur non papa assiste à l’échographie. Je me souviens aussi de la bienveillance du personnel du planning familial de Castres : l’aide soignante qui m’installe dans la chambre et nous chouchoute tous les deux car elle voit rarement des couples dans ces circonstances, le chirurgien qui me tapote la joue comme un gentil papa au bloc avant de mettre ses gants (« allez on va vous soulager jeune fille »), l’anesthésiste qui me rassure (« c’est l’heure de la sieste »). Les suites de l’intervention ? Comme des règles, en moins douloureux, le plus désagréable fut de ne pas avoir droit au tampon hygiénique. Une fugace douleur au dos (mauvaise position sur la table d’opération), qu’un paracetamol et une bonne heure de sommeil dans le lit de l’hôpital calmèrent totalement.
Les conséquences ? J’ai mûri d’un coup : j’ai quitté mon copain peu après car je me suis rendue compte que je n’en étais plus amoureuse mais que j’étais avec par peur de l’inconnu. J’ai remis en question mes vieilles croyances religieuses d’adolescence. J’ai fait des rencontres que je n’aurais jamais faites et qui m’ont enrichie. EN GROS, J’AI PRIS PLEINEMENT LE CONTRÔLE DE MA VIE.
« Ouais OK, en gros c’est devenue une débauché et, elle en est fière » se diront les préjugeurs aux idées courtes. Même pas. Aujourd’hui je suis mariée, j’ai deux enfants désirés, notre couple résiste aux tempêtes, j’ai terminé mes études, je fais LE BOULOT que je voulais et je m’y éclate. J’ai une vie pleine et équilibrée.
Sans L’IVG, ma vie serait bien différente.
Je ne repense à ce moment que dans des occasions très précises : quand mes petits garçons me fatiguent, que je commence à craquer. Je me dis alors :« PUT*** qu’est ce que ce serait avec un gamin non désiré, un mari pas vraiment choisi, et un boulot qui ne me plarait pas mais que j’aurais pris par défaut pour nourrir le mome… »
MERCI LES SALOPERIE, MERCI LES SIMONE, MERCI LE PLANNING FAMILIAL !!!
Ce « professionnel de la santé » ment : depuis la Loi 2001, l’autorisation du mari (fort heureusement pour toutes les femmes qui n’en ont pas !) n’est absolument pas une obligation et n’a donc pas à être demandée. Il suffit d’ailleurs d’être majeur‑e et de ersopecter le délai de réflexion déjà énorme de 4 mois.
J’ai avorté deux fois.
la première, au début des années 2000. J’avais eu une histoire chaotique, passionnelle et violente, j’avais eu beaucoup de mal à laisser un garçon m’approcher à nouveau, et là, paf : week end de fête à la campagne, un garçon séduisant qui me drague, c’est chouette, je prends pas la pilule, je pense au sida et me dit « peu de risques », et la contraception… je n’y pense tout simplement pas (mon ex était stérile, des années que la contraception n’était plus un sujet pour moi). Comment ai-je pu être aussi stupide ? est la question qui m’a beaucoup occupée les semaines suivantes.
Le suivi médical a été parfait. Les gens hyper gentils. Du médecin qui m’envoie au gynécologue pratiquant l’avortement en clinique privée (c’était fin juillet, les hôpitaux étaient pris d’assaut) à l’échographe qui me demande avant toute chose et tout commentaire si cette grossesse est désirée en passant par la secrétaire d’un marchand de tapis que j’ai appelée deux fois par erreur en débitant à toute allure mon problème, et qui m’a souhaité bon courage.
Et le géniteur est chouette aussi. Au téléphone, je lui ai dit « j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que nous ne sommes pas stériles. La mauvaise, c’est que j’en ai la preuve ». Un grand blanc et puis « et qu’est-ce que tu comptes faire ? ». Là, je me suis félicitée d’être une femme : la décision était la mienne, personne ne pouvait m’imposer un enfant que je ne voulais pas. Et la décision était d’une évidence limpide. J’ai pu très vite supprimer son angoisse, et refuser qu’il vienne à Paris me rejoindre et me soutenir. On savait pas où ça allait, notre histoire (nulle part, dira la suite) et les hôpitaux et le sang ne me semblait pas un bon moyen de séduire. Mais il a proposé.
L’avortement est médicamenteux, le médecin est très bien, pas culpabilisant pour un sou, il passe par dessus la semaine de réflexion sans problème (« vous allez l’air de savoir ce que vous voulez, on va pas vous torturer inutilement pendant 7 jours »), mais… il donne pas d’arrêt maladie. J’avale donc la pilule un mercredi soir chez moi, me pointe à son cabinet le lendemain à l’aube pour voir si ça a commencé (ça a commencé) et puis je vais… bosser. Une journée à aller tomber dans les pommes dans les chiottes. A y planquer des couches pleines de sang. C’est pas que j’ai eu vraiment très mal, un peu comme des règles très douloureuses, menfin : on est mieux au lit, avec une bouillotte.
Des regrets ? jamais.
Je trouve que le discours qui entoure l’avortement, même chez ses défenseurs (« c’est toujours un choix très difficile, une épreuve, un trauma ») absurde et en plein contresens : si les femmes sont prêtes à risquer leur vie pour avorter, et on sait qu’elles le sont, c’est bien parce que que l’épreuve et le trauma sont du côté de la grossesse non désirée. L’avortement est alors un soulagement, considérable.
Ce fut le cas pour moi, en tout cas.
J’ai avorté en 2009, lorsque j’avais 30 ans et une situation sentimentale très bancale. Je suis tombée enceinte de mon compagnon de l’époque qui vivait à plus de 800 km de moi à un moment où je remettais en cause le couple que nous formions, mes sentiments n’ayant fait que de diminuer depuis le jour où nous avions décidé de vivre séparés.
J’ai lu plusieurs récits postés sur cette page avant d’écrire. J’ai été assez surprise du nombre de ces récits qui mentionnent une maltraitance infligée aux femmes qui avortent de la part du corps médical. Je l’ai également vécu et ce fut un moment assez traumatisant pour moi. Je vivais et vis toujours à l’étranger et le médecin en charge de l’opération n’a fait aucun effort pour me parler dans une langue que je comprenais au moment de m’expliquer le principe de l’aspiration. Aucune empathie, aucune sympathie, du mépris et une agressivité certaine. Un discours moralisateur pour clore le tout. Je me suis beaucoup renseignée sur cette maltraitance que vivent certaines femmes lors de leur IVG. Une partie du corps médical pratique l’IVG à contre cœur, contre leur conviction profonde qu’ils sont libres d’avoir. Mais du coup, cette situation quelque peu absurde amène parfois des débordements et des abus qui sont fort regrettables pour tout le monde.
Le droit à l’avortement n’est pour moi pas encore acquis et il faudra encore se battre pour cela dans les années à venir.
J’ai avorté seule et complètement perdue face à cette situation. Comme d’autres femmes, j’ai connu des soucis par la suite mais les soucis d’ordre psychologique ont commencé pour moi dès la découverte de la grossesse et même avant.
Je regrette de ne pas avoir d’enfants aujourd’hui mais je ne regrette pas cet enfant-là et j’adopterai probablement des enfants quand ma situation professionnelle se sera stabilisée. J’ai avorté en 2009 et j’ai eu quelques problèmes par la suite mais aujourd’hui je vais bien et si je devais choisir de nouveau, je prendrais la même décision. J’irais seulement chercher du soutien auprès des bonnes personnes, c’est-à-dire des personnes bienveillantes, plus tôt.