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22 réponses sur « J’ai avorté avant 1975 et je vais bien »
J’ai connu l’époque d’avant la loi Veil. Inutile de vous dire qu’après, la vie des femmes a changé. J’ai connu l’émancipation de la femme dans toute sa splendeur. Avoir 18 ans en 68, c’était le super pied! Tout à coup, c’était la liberté, dont celle de coucher comme on en avait envie (Je sais, vous devez avoir du mal à comprendre cela). Mais.….Pas de pillule, donc grossesses indésirées et gros problèmes surtout vis-à-vis des parents. J’ai donc connu l’époque où les filles prenaient des bains de pieds dans de l’eau imprégnée de moutarde… (Oui! C’était sensé provoquer une fausse-couche!). Vivant en Belgique, j’ai connu l’époque où il fallait se faire avorter en Hollande où l’avortement était autorisé. Je me souviens avoir pris le train, seule avec ma petite valise, pour me rendre à la frontière et revenir, toujours seule, le jour même ou le lendemain. Je me souviens d’un médecin à Bruxelles qui vendait des gouttes, dont j’ignore toujours les composants, à verser dans de l’eau et à boire à intervalles réguliers, qui provoquaient effectivement une fausse-couche dont vous pouvez imaginer les dégâts par la suite (Pas de curetage…etc…). J’ai vécu cela tant bien que mal et je me porte bien. J’ai une fille merveilleuse de 26 ans qui a été désirée et je suis heureuse. Pourtant, j’aimerais ajouté ceci au risque de vous paraître une emmerdeuse: nous n’avions pas ce moyen contraceptif miracle qui s’appelle la pillule mais vous, les jeunes, vous l’avez. Alors, je me pose la question: pourquoi encore et toujours tant d’avortements? Je voudrais simplement dire que l’avortement n’est pas un moyen contraceptif. Ceci dit et pardon de cette remarque, je suis de tout coeur avec vous. On ne peut pas régresser, les femmes ne peuvent plus vivre ce que nous avons vécu. Il ne faut pas oublier que des femmes se sont battues pour ce droit à l’avortement. Je me souviens du slogan « Notre corps nous appartient », du manifeste signé par ces femmes célèbres et paru dans Paris-Match, de Simone Veil, cette grande Dame qui a dû tout entendre et même le pire lorsque à la Chambre, elle a mis toute son énergie et ses larmes pour que cette loi passe, de ces médecins de l’ombre qui en dépit de la loi, ont pratiqué des avortements clandestins et dont certains ont purgé une peine de prison. On ne peut pas oublier.
Merci pour ton témoignage ! Rappeler les conditions dans lesquelles les femmes avortaient avait la loi Veil est capital ! ton témoignage nous est précieux.
Toutefois, la pilule n’est pas un « contraceptif miracle », il ne convient pas à toutes les femmes, n’est pas accessible à toutes les femmes — par ex. mineures sans possibilité de ses déplacer/sans argent, et qui plus est, personne n’est à l’abri d’un oubli, de la prise d’un médicament diminuant son effet, etc.
Quant à ta question sur la contraception et les grossesses non prévues :
« en 1978, 52 % des femmes « au risque » utilisaient une méthode médicale (pilule ou stérilet) et la proportion est aujourd’hui de 82 %. Il en est résulté une diminution du nombre de grossesses non prévues qui représentaient 46 % des grossesses vers 1975, 36 % quinze ans plus tard, 33 % aujourd’hui ». (source : Population et Sociétés n° 407, décembre 2004, Pourquoi le nombre d’avortements n’a‑t-il pas baissé en France depuis 30 ans ? INED)
sans oublier qu’aucun contraceptif n’est efficace à 100%, pas même la pilule !
Merci pour ces précisions et j’espère que ma remarque n’était pas trop déplacée.
Bravo à vous toutes pour votre initiative et ravie que la relève soit assurée!
Je venais de m’installer à Paris. C’était en 72. Tout allait bien pour moi : emploi, logement, vie affective et amicale. Le gynéco parisien indiqué par une collègue a voulu que je fasse des tests avant de me donner la pillule. Malgré les préservatifs, j’ai eu la surprise de m’entendre dire que j’étais enceinte. C’était au moment de la couverture du « Nouvel Obs » et de l’appel des « 343 salopes ». Inutile de dire que j’ai lu tous les témoignages sur les conséquences d’avortements clandestins faits par des « faiseuses d’anges ». Effrayant ! Je ne voulais pas de cet embryon. J’avais tout fait pour ne pas être enceinte et je l’étais… quelle injustice !
J’ai donc cherché autour de moi, dans mon cercle d’amis. On m’a indiqué l’adresse d’un médecin en banlieue, connu pour pratiquer des avortements en douce. Je l’ai vu, nous sommes tombés d’accord sur une date. Arrivée au rendez-vous, le médecin m’a annoncé qu’il venait d’être contrôlé et qu’il ne pourrait pas pratiquer l’acte en question.
Jamais autant pleuré de ma vie que ce soir-là. Avec mon copain, nous avons donc opté pour la solution « faiseuse d’anges »… chez ses parents, absents de chez eux. La dame est venue, a sorti une sonde et a essayé à plusieurs reprises de la poser. Impossible. C’était une torture, j’avais très mal. Je l’ai vue sortir une aiguille à tricoter (pour que la sonde reste rigide et puisse passer le col). Là j’ai dit « non » ! Je lui ai demandé de partir et de revenir le lendemain, j’avais trop mal.
C’est alors que j’ai pensé à une autre solution : la Suisse. L’Angleterre avait trop mauvaise réputation (boucherie, sans anesthésie). J’avais travaillé à Genève, une partie de ma famille y vivait. J’ai passé un coup de fil à une cousine pour lui demander des adresses. Le lendemain, nous partions mon copain et moi pour Genève, après avoir décommandé la faiseuse d’anges.
J’ai vu le gynécologue, qui m’a expliqué la marche à suivre : je devais rencontrer un psychiatre et lui expliquer pourquoi je voulais avorter et le convaincre que c’était important pour mon équilibre psychologique.
Ce que je fis… j’ai un peu menti, un peu exagéré mon côté « calimero » abandonné par son petit ami et reniée par sa famille. Et j’ai eu son accord. Je suis sortie du cabinet du psy ravie, mon autorisation à la main, tout sourire. J’ai montré le papier à mon mec. Il m’a conduite avec ma Dodoche chez le gynéco où j’ai subi une anesthésie générale avant de me faire avorter. J’ai passé une nuit sous surveillance et suis sortie avec des consignes de précaution le lendemain matin. Je n’avais pas souffert (sauf peut-être d’un mal de crâne certainement dû à l’anesthésie) et j’étais plutôt en forme.
C’est un des meilleurs souvenirs de ma vie, je n’ai aucune honte à le dire. Je ne me sentais absolument pas prête pour être mère. Je ne l’ai d’ailleurs jamais été…
Bizarrement, lorsque je dis n’avoir pas été traumatisée, beaucoup d’amies ou même ma soeur m’affirment que si, mais que je ne veux pas le voir ! J’ai pourtant fait 3 psycho-thérapies, pas pour ça mais à cause de la colère qui m’habitait face à ma mère.
Donc je le crie haut et fort : j’ai avorté début 72 et je vais bien.
Je ne dirais jamais assez merci à mes soeurs, les 343 salopes
;o).
J’ai subi un avortement en …1969 de manière clandestine évidemment à l’époque où c’était interdit.
La sonde que l’on m’avait posée m’a occasioné des douleurs insupportables…et j’ai dû la retirer au bout de 24h tellement c’était horrible, et mon entourage m’a protégé en me faisant des piqures d’antibiotique à forte dose et un rappel antitétanique.
Pendant plusieurs semaines, j’ai souffert de maux de ventre puis ai commencé à saigner.
Lorsque des caillots ont commencé à s’évacuer, j’ai dû aller à l’hôpital pour un curetage et mes parents ont découvert que j’étais en train de faire une fausse couche.
A cette époque-là, c’était particulièrement tabou de parler d’avortement, je n’ai rien dit évidemment, surtout que mon père était médecin.……!!
Mais dans les mois qui ont suivi, j’ai subi la pression de mon père pour me marier avec le responsable de ma grossesse.
J’ai longtemps porté le poids de cette décision à l’âge de 20 ans où nous n’avions aucun autre moyen de ne pas poursuivre une grosssesse non désirée.
Et ce secret est resté bien gardé.
J’ai quand même eu 2 filles qui sont mon bonheur, comme quoi l’avortement est nécessaire à un certain moment de notre vie.
Je défends ce droit comme une affirmation que notre corps nous appartient et que personne n’a le droit de nous dire ce que l’on doit faire et surtout pas les hommes.
L’avortement est légal aujourd’hui et ce droit ne doit pas être remis en cause.
Comme les témoignages précédents, j’ai avorté avant 1975.
Je pense qu’il faut absolument toujours rappeler dans quel contexte cette loi a été votée, et pas sans mal ! Terrifiant de réentendre les insultes de la Chambre à Simone Veil…
L’avortement a été un crime passible de la peine de mort, puis encore de prison. Il fallait se méfier des tests de grossesse qui pouvaient vous dénoncer, trouver des « réseaux » pour se faire avorter, dans le meilleur des cas par des médecins qui risquaient gros…et se faisaient payer cher. C’était très douloureux (physiquement), pas une partie de plaisir ! Donc celles qui le faisaient avaient de bonnes raisons. Et la morale sociale aussi : une jeune fille devait être vierge au mariage , on ne devait pas avoir de relations avant. Et si on « tombait » enceinte, il fallait partir ailleurs, se cacher, etc… De nos jours tout ça paraît invraisemblable et pourtant ce n’est pas si vieux ! Et puis, lorsqu’il y a eu la pilule, certains médecins refusaient de la prescrire à des femmes non mariées : à plus de 30 ans, années 70, je me suis fait dire par un médecin à qui je la demandais que je n’avais qu’à me marier !!! C’était contraire à ses principes ! On pourrait citer tant de faits …
J’ai 69 ans, je ne me suis jamais mariée (par choix, mais j’ai eu de compagnons !), je n’ai jamais eu d’enfants (mais étant prof j’en ai côtoyé des milliers !), et je ne regrette pas d’avoir avorté. A l’époque il était IMPOSSIBLE pour moi d’élever un enfant. Il faut lutter pour préserver ce DROIT aujourd’hui sérieusement menacé pour toutes sortes de raisons, en particulier le retour de l’Ordre Moral , les intégrismes religieux…
Malgrès que je prend la pilule de façon très régulière et surveillé, celle ci n’étant pas 100% efficace, je suis tombé enceinte (j’ai fais une fausse couche au bout de trois semaines, c’est comme ça que j’ai su que j’étais enceinte) Ayant pris des antibiotiques et de la cortizone au même moment à cause d’une grosse grippe, je ne l’aurais pas gardé si j’avais eu le choix… (et puis je suis jeune, pas de boulot, etc…)
Ma mère a avorté (dans les années 80 je crois), elle était tombé enceinte, sous cortizone aussi. Les infirmières ont été très désagréables avec elle, et quand elle a dit qu’elle avait mal, on lui a répondu « fallait y penser avant de le faire! ».
J’ai aussi eu la version de grand-mère , arrière-grand-mère et arrière-arrière-grand-mère… La première se jetait dans les escaliers et les deux autres faisait ça avec des aiguilles à tricoter…
A côté de ça, j’ai entendu parler de filles (de mon âge) qui utilisait effectivement l’avortement comme moyen de contraception… 25 ans, et a déjà avorter 6 fois. J’ai trouvé ça complètement dingue… Mais c’est vraiment une minorité, heureusement.
Bravo pour ce site, je suis de tout coeur avec vous.
j’ai avorté deux fois en cette période : avant les grandes periodes militantes pro-ivg et pendant;
avant : ça a été assez horrible et ce que je regrette c’est d’avoir du le faire faute d’une contraception adaptée… et un peu trop d’insouciance de ma part et de mon partenaire of course). je n’ai pas d’autre regrets, et je ne porte aucun « deuil »…
pendant : j’ai eu la chance de trouver des medecins militants et ça c’est passé dans de bonnes conditions physiques et psychologiques. là non plus pas d’autres regrets que d’avoir du en arriver là (même causes mêmes effets que la première fois, c’est un peu con).
je n’ai eu aucun pseudo « deuil » à faire.
presque 40 ans plus tard, c’est la même chose : regret de ne pas avoir pratiqué une contraception correctement, pas d’avoir avorté.
ç’est très « gonflant » d’entendre et de lire les articles qui culpabilisen
t les femmes, les obligent à l’attitude politiquement correctes du regret, de la souffrance, du deuil à effectuer ect… que je mets dans le même sac de la tendance « leache league », l’allaitement « obligatoire », les couches à laver, le co-dodo, le retour au « naturel » (exit la péridurale), ect..
mais ou va-t-on ?????
dire « je ne regrette rien » : faux, car je regrette le manque d’éducation reçue, le manque de dialogue avec nos parents et éducateurs, les discours sur la contraception (mon futur beau-père : la pillule, c’est rendre les femmes salopes).
l’accès à la contraception est évidemment infiniment préférable.
mais c’est tout.
manip reactionnaire, puritanisme insensé.
Je ne me rapelle plus l’année où j’ai du prendre cette décision, mais c’était avant la loi Veil ici en France mais j’habitais la Belgique, mon ex-mari étant parti conter fleurette auprès d’une ado de 16 ans m’avais laissé en plan avec un fiston de 2ans et demi et, il ne le savait pas, avec un ovule en pleine expansion dans mon ventre !
Ayant été abandonée je n’avais pas d’autre solution que de me résoudre à ne point garder ce qu’il m’avait laissé sans aucun complexe et en me disant que je n’avais qu’à prendre mes responsabilités pour le garder ou pas.
Mon papa assez moderne pour l’époque ne voulant pas faire souffrir sa grande fille et de concert avec ma mère on trouvé une « sage femme faiseuse d’anges » qui pouvait me délivrer d’une naissance non voulue.
Cela c’était passé sur la table de la cuisine de mes parent, car aucun hopital n’aurait voulu accepter de le faire, la seule chose de positive dans cette affaire c’est que nous avions un médecin qui pouvait prendre en charge si un problème survenait après l’avortement!
Malgré que je sois catholique je n’ai jamais regretté ce que j’ai fait puisque avec un père absent comment assumer la venue d’une nouvelle vie ?
Bonjour,
Sur le « nombre d’avortement qui ne baisse pas » je rajouterai que la population de femmes en age de procréer a augmenté entre 1975 et 2007. Environ 3 millions de plus de femmes entre 12 et 55 ans . Donc .…, le nombre d’avortement baisse. Et puis le problème n’est pas le nombre d’avortement mais ne nombre de grossesse non désirées. L’avortement est une solution.
J’ai 68 ans et j’ai avorté clandestinement dans la peur, mais déjà
sans honte, dans les années 1964–65… et je ne l’ai jamais regretté
ni ne me semble en avoir des séquelles physiques ou psychologiques
!!!
A l’époque je ne voulais pas d’enfant Mon compagnon de l’époque
l’aurait volontiers accepté même s’il ne s’était jamais vraiment
posé le problème, mais pour moi il n’en était pas question. Je
désirais construire ma vie à ma guise et n’avais aucunement de
« sentiments maternels » innés. Le seul problème a été de trouver
« l’adresse » et l’argent. Par chance, cela s’est passé dans de
relativement bonnes conditions, mais après le curetage, j’ai été
mise vite fait dans un taxi sans un mot d’explication et j’ai eu très
peur dans les jours (semaines?) qui ont suivi de tout ce sang qui
continuait à couler alors que je « savais » qu’on pouvait en mourir.
Dix ans plus tard, après avoir milité au MLAC et dans les
mouvements féministes, je suis devenue mère par choix avec un
compagnon prêt à partager la charge d’enfants et c’est un bonheur
jusqu’à maintenant.
Bravo à vous pour reprendre notre flambeau.
Continuez votre œuvre de salut public
J’ai 60 ans.
En 1973, j’ai eu recours à un avortement, curetage sous AG, chez un gynécologue à Jérusalem. Loupé de la pilule. Etudiants, à la charge de nos familles, impossible d’envisager une naissance. Pas de traumatisme. Immense soulagement. A sans doute révélé la « précarité » de notre couple.
En 1975, juste avant le vote de la loi en France, les militants de « Choisir » étant en vacances, c’est à Genève, où vivait le « non-papa », que j’ai eu recours à une deuxième IVG sous anesthésie générale. Pas spécialement traumatisante. Immense soulagement également. Trente ans plus tard, retrouvant mon amoureux de cette époque, ce souvenir complètement enfoui réémergeant a curieusement provoqué des contractions utérines ininterrompues comme pour un accouchement, pendant plusieurs jours.
En 1980, revenant d’un long voyage avec une grossesse non désirée, (malgré contraception orale) j’ai demandé une IVG au CH de ma ville. Aspiration sans anesthésie, très très mauvais souvenir, douleur+++, aucune empathie de l’infirmière, un point positif: parler de mes échecs récurrents de contraception avec la psy…Par contre,j’étais en colère contre le service minimum de l’hopital concernant la pratique de l’IVG. Pas de traumatisme non plus ni culpabilité ni avant, ni pendant ni après.
Par la suite j’ai eu deux enfants sans problème.
J’ai accompagné des jeunes filles enceintes dans leurs démarches de demande d’IVG. Toujours pas de traumatisme constaté.…
Bref, cette histoire de traumatisme, c’est du pipeau, mon expérience le prouve.
J’ai avorté en 1971, j’avais 18 ans et demi… et je vais bien;-)
Certes, la loi Neuwirth autorisant la pilule contraceptive existait déjà, mais j’étais mineure et n’avais jamais osé la demander à ma mère…
J’étais étudiante et vivais depuis quelques mois avec un charmant monsieur et, catastrophe, je me retrouve enceinte.
Pour moi (et aussi pour mon compagnon d’alors), il allait de soi qu’on ne voulait pas garder l’enfant…
Moi, d’une part, je n’avais absolument aucun désir d’enfant, d’autre part, je me trouvais beaucoup trop jeune pour une décision aussi grave.
Lui non plus n’avait aucun désir d’enfant (c’était d’ailleurs contraire à son éthique;-).
On a très vite pris la décision : avortement en Angleterre.
Comme nous n’étions vraiment pas riches, je me suis décidé à en parler à ma mère pour, éventuellement, lui demander son aide.
Ma mère a très bien réagi et, comme moi, jugé qu’il ne fallait absolument pas s’engager, tracer son destin si jeune. Bien que guère fortunée elle-même, elle nous a sans hésiter immédiatement prêté une partie de la somme nécessaire (environ 2000 francs à l’époque, plus le prix du voyage).
Je dois dire que pour moi, il allait de soi que cette chose, « enfanter », n’allait pas advenir, que, bien sûr, je/nous arriverions à trouver un moyen.
Ce n’est pas seulement que je n’avais pas de désir d’enfant à ce moment-là… Ce non-désir était beaucoup plus profond (il a d’ailleurs duré tout ma vie;-).
En fait, j’avais pris la décision (que tout le monde me disait prématurée, bien sûr;-) dès mon adolescence de ne pas avoir d’enfant, et ce pour une foule de raisons (que je n’énumèrerai pas ici, ce serait trop long;-).
Je suis assez satisfaite et fière d’avoir respecté cette parole : j’ai aujourd’hui 59 ans et à aucun moment de ma vie, je n’ai regretté ce choix;-)
Donc, nous voici tous les deux partis, mon ami et moi (et notre vieille 2CV;-), de l’autre côté de la Manche, à Londres.
Là, tout s’est merveilleusement bien passé.
Après un entretien avec une psy très bienveillante pour discuter de ma décision et de mes motivations, j’ai passé à peine 2 jours à la clinique (dans des beaux quartiers;-), très bien traitée par tout le monde, médecins et personnel infirmier (vraiment aux petits soins;-).
Quand je ressors, à peine quelques petites douleurs (genre règles un peu douloureuses, rien de plus grave;-).
J’ai le souvenir d’un Londres tellement beau et chaud cet été-là que, ravis et soulagés, nous sommes partis flâner dans les rues et m’acheter une jolie petite robe légère.
Seule fausse note dans l’histoire : notre 2CV, tombée en panne à Reading, que nous avons dû abandonner sur place (il aurait fallu attendre 15 jours pour faire venir les pièces de France:-(
Autre côté positif : après cet avortement, moi qui avais souffert depuis ma jeune adolescence de règles très très douloureuses, absolument plus aucun problème !;-)
Je n’ai jamais regretté ma décision d’avorter et, vu les circonstances très positives de cet avortement et de ce bref séjour anglo-saxon, je garde plutôt le souvenir d’une joyeuse équipée;-)
J’ai avorté en 1973, avant la loi Veil. J’avais 18 ans.
Grace à un docteur du planing familial qui était venu faire quelques leçons et qui (par chance) nous avait laissé ses coordonnées et au MLAC, j’ai pu faire une IVG en Hollande (à l’époque aspiration sans anesthésie). Ma mère s’était rendue compte que je n’avais pas eu mes règles et elle a agi immédiatement. Elle m’a accompagnée chez ce docteur et nous avons pris contact avec le MLAC. Départ en car pour Amsterdam le soir, arrivée le matin et IVG dans la journée. Retour le lendemain en soirée. C’était un peu l’usine mais, par rapport aux faiseuses d’anges et medecins complaisants qui se faisaient grassement payer, c’était ce qu’il y avait de plus sur à l’époque. De plus je me souviens que l’après-midi, la douleur étant passée, je me suis promenée dans Amsterdam.
Quelques années plus tard, je me suis mariée. J’ai pris la pillule jusqu’au moment où, mon mari et moi, nous avons décidé d’avoir des enfants. Nous avons eu 2 filles. Il y a 4 ans, la plus jeune est restée enceinte, un accident… et, habitant en Italie, avec tout ce que cela comporte, je ne vous dis pas le parcours du combattant pour la faire avorter… Aujourd’hui elle a 22 ans et se porte bien!
Moi j’ai 56 ans et je vais très bien.
Je suis d’accord avec Catherine, il faut toujours rappeler qu’avant la loi Veil, les femmes devaient se débrouiller et les conditions dans lesquelles certaines en mouraient. Merci encore au Planing Familial, aux volontaires, aux docteurs qui faisaient le tour des écoles et des lycées, merci au MLAC et merci à Simone Veil et à toutes celles qui se sont battues pour que l’avortement devienne enfin légal!
J’ai avorté deux fois, la première fois en 1980 j’étais étudiante à Paris. Avec mon compagnon nous avions déjà un enfant d’un an. Je n’ai pas hésité une seconde, il était hors de question de nous retrouver avec deux enfants, nos études à faire…etc J’ai contacté le planning familial et tout s’est très bien passé. La deuxième fois c’était en 89 à Aix en Provence à la suite d’erreur de contraceptif. Et même chose je n’ai eu aucune hésitation. Je suis passée par le planning. J’ai maintenant 56 ans, trois enfants qui ont 34, 25 et 20 ans qui ont été voulu et attendu. Lorsque j’entends certains commentaires sur l’IVG les bras m’en tombent ! Nous serions traumatisées à vie, coupables de je ne sais quoi etc… Je me souviens de l’époque du MLAC, quand des copines de fac devaient partir en bus pour la Hollande ou l’Angleterre…La loi Weil est une nécessité elle a été une avancée énorme pour la liberté des femmes (des couples). Quand je pense qu’aujourd’hui en 2012 des personnes voudraient remettre en cause cette liberté, qu’il existe des parents qui refusent toute contraception à leurs enfants je me dis que rien n’est jamais acquis et qu’il nous faut toujours être vigilantes ! Lorsque mes deux filles ont eu 15 ou 16 ans nous sommes allées ensemble au planning familial, elles ont pu participer à des réunions sur les moyens de contraception, être suivies par des gynécologues qui leur ont proposé un moyen de contraception. Heureusement que le planning existe, bien que leurs subventions soient systématiquement revues à la baisse. Les jeunes filles et jeunes garçons y sont reçus, informés même sans accord parental et c’est très bien comme ça. Il va sans dire que je n’éprouve aucune culpabilité d’avoir avorté deux fois !
Bonjour,
Je suis une jeune journaliste qui réalise actuellement un documentaire sonore de 20 minutes sur l’avortement à partir de témoignages de trois générations de femmes.
Je suis donc à la recherche de femmes comme vous qui voudraient témoigner à mon micro. Votre expérience serait intéressante à partager pour toutes les jeunes filles qui n’ont pas connu cette période.
Vous pouvez me contacter à cette adresse mail : ballea@orange.fr
Merci !
Vous pouvez me contacter
J’ai avortè en 1964, en Suisse. C’était une intervention illegale (sans l’expertise psychiatrique requise par la loi de 1942), mais j’avais trouvé un médecin qui comprenait. C’était un libération, comme si ma vie m’eût été donnée une seconde fois. Je n’ai jamais regretté, cela m’a permi de réaliser mon grand rêve, à l’époque: faire de la danse. Plus tard, j’ai donné naissance à 3 enfants désirés. Nous allons tous très bien, merci.
J’ai lutté pendant 30 ans, en Suisse pour la légalisation de l’avortement, ce que le peuple suisse a adopté le 2 juin 2002. Mais déjà, les anti-avortement repartent à l’attaque: ils veulent abolir l’obligation pour les caisses-maladie de rembourser l’IVG.
C’est pourquoi la campagne a été lancée, en Suisse, le 27 mai, contre cette initiative anti-avortement absurde.
Nous luttons contre la discrimination des femmes et la stigmatisation de l’avortement et pour l’accès à l’avortement légal et sûr pour TOUTES les femmes.
http://www.facebook.com/profile.php?id=100003502197365&ref=tn_tnmn#!/pages/Nein-zur-Initiative-Abtreibungsfinanzierung-ist-Privatsache/277693215634866
Je voudrais tout d’abord remercier l’initiatrice de ce site ainsi que tous celles et ceux qui se battent pour le droit à l’ivg, pour qu’il reste un droit et que pour toutes celles qui ont a prendre cette décision cela se passe bien.
Je ne sais pas si mon témoignage entre dans le cadre de cette page, à la modératrice de décider.
Je suis mère de deux enfants voulus et désirés, je n’ai pas eu à prendre cette décision.
Mais ma mère a eu il y a 46 ans à faire un choix.
Je suis un accident de parcours. Ma grand-mère maternelle a proposé à ma mère d’aller avorter aux Pays Bas.
Elle ne l’a pas fait, et de son propre aveu, alors que je lui demandais si elle m’aimait, elle m’a dit qu’elle avait choisi de ne pas avorter pour ne pas devenir la chose de sa mère. J’avais douze ans.
Jusqu’a l’arrivée de mon frère cadet voulu et désiré (et mieux que juste une fille handicapée de surcroit), de huit ans plus jeune, je n’avais pas remarqué mon statut d’échec (déchet?).
A partir de ce jour j’ai eu a souffrir de violences essentiellement verbales quasi quotidiennes ‑elles ont été pour moi pire que les coups-.
Mon père a été et est toujours spectateur. A quinze ans j’ai dit à ma mère que si elle levait encore la main sur moi je lui rendrai ses coups. La réaction paternelle a été « je ne veux pas de violence sous mon toit ». Tout ce qui avait précédé à cet évenement n’avait constitué sans doute que des méthodes pédagogiques. Mes parents sont professeurs de lycée (à la retraite).
J’ai une analyse derrière moi. Elle m’a permis d’être mère à mon tour; je m’efforce de commettre des erreurs différentes de celles de mes parents.
Mon mari me dit que je suis une mère aimante, ma petite fille m’accueille du travail tous les jours avec des effusions de joie; au début je me retournais pour voir s’il n’y avait pas quelqu’une derrière moi. Et mon grand garcon me fait des câlins lorsque il n’y a pas de copains aux abords (not cool at all quand les potes sont là).
Mais cette analyse se révèle avoir été vaine en ce qui concerne ma relation à ma propre génitrice.
Jusqu’au mariage de ma jeune soeur, j’ai eu l’illusion d’une relation apaisée. Je renoncais à ce que ma mère reconnaisse m’avoir infligé des souffrances et en contre partie elle me traitait comme un membre à part entière de la famille.
Elle a décidé de mettre fin à ce fragile équilibre. Le prétexte était futile.
A partir de ce jour, et parce que j’étais également professionellement en situation de fragilité, j’ai plongé dans la dépression.
Toute visite dans la maison de ma génitrice ‑présentation des petits enfants à la demande — est plus que pénible.
J’oublie de dire que la femme qui m’a mis au monde exige que je continue de l’appeler Maman et que je lui fasse la bise. C’est mon père — éternel invité mais fugitif sous le toit de son épouse- qui m’a prié de continuer à appeler sa femme Maman, afin qu’elle ne lui empoisonne pas un peu plus l’existence.
Celle ci a expliqué à mon mari — qui a parfois la main leste — que frapper ses enfants, c’est très mal; elle ne l’a jamais fait. Mes enfants ont de l’affection pour leur grand parents, et sont trop jeunes pour regarder l’édifice familial audelà de la facade rose bonbon.
Oui ma génitrice souffre elle aussi du mal de vivre, mais elle a deux déversoirs dans lesquels elle vomit son mal être:
son mari et sa première née. Mon géniteur m’a toujours dit: j’ai choisi cette femme, je ne la quitterai pas; mais toi tu vivras ta vie.
Aujourd’hui tout contact avec les membres de ma famille me sont douloureux. Même avec mes frères que pourtant j’aime. Ma jeune soeur ayant déclaré que j’ai toujours détesté notre mère sans chercher à me comprendre, m’a par cette affirmation très profondément mortifiée. Elle a un niveau universitaire supérieur au mien et des centres d’intêrets fort différents des miens donc je n’entretiens plus notre relation. La peur de l’inconnu et l’amour de mes enfants me retiennent de mettre un point final à mon existence.
Vous qui lisez ces lignes, si vous n’êtes pas sûre d’aimer l’enfant à venir indépendemment de son physique (handicap) ou des ses traits de caractère, ou de ses performances scolaires ou universitaires, alors n’hésitez plus: avortez.
Bonjour…
j’ai 60 ans et j’ai découvert le 14 juillet 69 à Londres que ce jour là n’était pas férié partout dans le monde.
j’avais 17 ans et la première fois avait été la bonne.… le prince charmant a botté en touche en disant « qu’est ce qui me prouve qu’il est de moi »…
J’ai eu la chance d’avoir une maman attentive qui l’a su avant moi… qui m’a rassurée et qui a réuni je ne sais pas comment la grosse somme qu’il fallait pour un voyage en Angleterre (mes parents n’avaient pas de gros moyens) et trouvé grace à notre médecin de famille qui était une femme super les adresses vont bien.
( le temps de faire tout le circuit le temps avait passé et c’était la limite )
Je suis partie toute seule … train, aéroglisseur, taxi … fait deux médecins pour avoir les signatures … puis rv pour le lendemain dans une clinique de Londres… j’ai passé la nuit dehors car rien n’était prévu et que je n’avais pas d’argent pour un hôtel.
L’intervention s’est bien passée sous anesthésie générale, et nous étions plusieurs en provenance de France dans la même chambre avec les mêmes soucis
Je suis restée deux jours et puis retour par les mêmes moyens..Je me souviens d’avoir été très mal pendant le voyage de retour, douleur et prise de conscience.
Ma mère a eu raison.……mon père « tu lui diras qu’elle n’a pas eu de chance ».…. le Prince charmant m’a téléphoné pour demander si j’allais bien et je lui ai raccroché au nez…
Voilà.… j’ai grandi d’un coup… appris à me méfier des contes de fées .…
je ne regrette pas.…
et j’ai eu depuis 5 enfants.…
La défense de IVG est un des rares trucs qui pourraient me faire descendre dans la rue.
Amicalement Annie
J’ai avorté en 1970, j’avais 18 ans et venais d’avoir mon bac. Ma mère m’avait pris rendez-vous chez un médecin pour qu’il me donne la pillule, j’avais acheté la première plaquette et atttendais les prochaines règles pour commencer à l’utiliser, mais elles ne vinrent pas, il était trop tard !
alors emprunt à un ami de mon copain (il fallait alors 2 000 F, j’en gagnais 1100 par mois en étant surveillante pendant ma première année d’études secondaires). Une adresse à Londres, Bond Street, un marchandage sordide au sous-sol (je ne voulais pas me laisser tondre, j’ai tenu bon en disant ne pas avoir une somme pareille, je n’ai donc payé « que » 1600 F ! Un taxi engagé par le médecin m’a emmenée à une adresse inconnue et sous anesthésie générale l’avortement a été pratiqué. le soir le même taxi m’a raccompagnée jusqu’à un foyer où j’avais trouvé un lit. J’ai eu un peu mal au ventre le lendemain, mais que ce soit tout de suite ou pendant toutes les années passées depuis, je n’ai jamais regretté. J’ai recommencé en 1978, j’avais alors deux enfants (du même père que celui laissé en Angleterre, mais nés 5 et 6 ans plus tard, après mariage et voulus !) cette fois en France et de manière tout-à-fait légale (j’étais sous pillule, c’était donc « un accident » et mon mari ne voulait pas de troisième, surtout si rapproché) ; à quelques kilomètres de chez moi, sans le moindre problème. Je souhaite à toutes les jeunes filles et à toutes les femmes dans le monde de pouvoir choisir d’être mères, c’est un tel cadeau, mais de ne jamais se le voir imposer. Vive la loi Veil !
Quel site intéressant et important! J’ai personnellement eu la chance d’avorter dans un centre de planning familial en 2001, en Belgique, sans culpabilité, sans souci de santé par la suite; un avortement qui s’est bien passé, par aspiration, sous anesthésie locale. J’ai eu cette chance comme le raconte aussi Colombe Schneck dans son livre « dix-sept ans ». Tout de suite après, j’ai lu « L’événement » d’Annie Ernaux: avortement clandestin dans les années 60, semblable à certains de vos témoignages. Avec cette sensation d’être une pauvre fille, une culpabilisation puissante et le risque de mourir. Ces 2 livres sont courts, explicites, à laisser traîner dans les mains de toutes les femmes et les jeunes filles. Continuer à informer, à valoriser nos centres de planning familial qui font un travail extraordinaire, qui sont accessibles tant humainement que matériellement car ils sont à moindre frais! Il sont essentiels! Parce qu’il y a aussi le problème du coût. Aux Etats-Unis des études montrent que l’avortement clandestin est encore fort pratiqué actuellement (même s’il est difficile de connaître les données exactes). Une des raisons évoquées par ces personnes est notamment le manque d’argent : http://www.slate.fr/story/44825/avortement-domicile-diy
Informer, rappeler, profiter de notre chance et ne pas laisser les choses revenir en arrière! Merci Madame Veil! Merci aussi au gouvernement belge d’avoir voté la loi en faveur de l’avortement le 4 avril 1990, pendant que le roi Baudouin, refusant de la signer, s’est mis en incapacité de régner. C’était il n’y a pas si longtemps. C’est une loi précieuse. Abolir ces lois reviendraient à supprimer la liberté aux femmes, les placer dans une état de soumission, de DANGER, et tout simplement de ne pas les respecter. Le CHOIX et les SOINS de SANTE sont indispensables à tout un chacun. Une des filles des 343 salopes.